Une bonne nouvelle
#6
Toute sa vie était en miette.
Fallait-il bien le prendre ? Sans doute que n'importe qui en aurait eu assez, mais ce n'était pas le cas de Cendre. La jeune femme avait de nombreuses ressources. Avoir passé son enfance au bord de la mort avait forgé chez elle une certaine combativité.
Elle savait qu'une fois la douleur acceptée, elle redeviendrait ce qu'elle avait toujours été, une guerrière virulente, une sorcière sans limite.
Son père n'était qu'un pion, et pour que la partie aille de mieux en mieux, elle savait ce qui lui restait à faire.

Un petit sanglot ravalé, la sorcière entendit des bruits de pas entre les bosquets. C'était à coup sûr Victor, car Lazzare n'avait jamais pris la peine d'être véritablement à l'écoute de sa fille. Il s'était sentit mis à l'écart à un moment de sa vie où pourtant elle avait eu le plus besoin de lui.
Elle inspira profondément pour reprendre son souffle et se mordit la lèvre pour ne pas gémir.

« Cendre, je te ramène à Yris. Viens. »

« N-Non... » hoqueta-t-elle.

Cendre tourna légèrement la tête jusqu'à apercevoir Victor.

Quelque chose dans ses yeux avaient changé.

« R-reste avec eux. Profite... en.. »

Un nouveau sanglot s'étouffa à l'intérieur, mais elle le ravala aussitôt.

C'était après tout ce qui s'était passé pendant plus de dix ans, pas vrai ?
Son sourire devint sardonique alors que la jeune sorcière se relevait lentement, essuyant de nouveau ses grosses larmes sans succès - ses joues étaient rendues humides et rouges.

« Ne viens pas me voir... Ne v-viens pas me voir alors que tu dois être... t-tellement heureux... »

Le feu de sa main se mit à grossir soudainement, triplant de volume. Une aura sombre entourait la jeune femme alors qu'elle faisait un pas en arrière.

« Tellement … heu-reux... »

Une explosion de flamme suivit le crachat du venin de la petite vipère. Un cercle parfait d'herbe fut réduit à un tas de cendre. L'écorce des arbres avait noirci et les feuilles étaient léchées par des flammes qui mourraient aussitôt, évocation éphémère de la colère de Cendre.

Elle renifla une nouvelle fois et son souffle se calma. Elle avait certes ce petit air toujours mauvais, mais elle ne pouvait décidément pas laisser passer ça. Ce n'était pas digne d'un paladin. Ce n'était pas digne de son père.

Elle le darda du regard le plus dur du monde, mais ce n'était pas à lui qu'elle en voulait :

« Tous mes vœux à ta famille. »

Cendre serra les dents pour ne pas laisser éclater de nouveau une aura de flamme. Elle tira sur sa robe et fendit les buissons de ronce pour sortir du petit bois de Malefosse.
Elle ne tenait en effet pas à rester plus d'une minute ici.
Elle allait partir au Nord pour étudier de nouveau avec attention la route qu'avait pris cette petite diligence, et elle révélerait au monde entier de quelle triste façon Cendre Meneldä avait perdu sa mère.
Léonide serait là pour l'épauler à n'en pas douter, car lui aussi avait ce terrible avis sur son frère, et Evrard leur cousin. Elle irait dormir cette nuit chez leur tante qui habitait à quelques pâtés de maison d'ici, et elle ne rêverait plus, car il n'y avait plus rien à rêver à part peut-être de Lenwë.
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