Une bonne nouvelle
#5

Victor esquissa un fin sourire. Il s'en doutait. Si ça n'était pas un enfant, ça ne pouvait être que le mariage. Il y a trop longtemps que Lirulin avait disparu.
Enfin. Cela faisait des années qu'il attendait ça. Depuis qu'il avait compris que ses parents n'étaient pas mariés à cause d'une autre femme. Depuis que Lazzare n'avait pas voulu divorcer pour ne pas achever Lirulin... Et que sa mère en avait souffert. Mais après plus de vingt années ensemble, il allait les voir se marier.
Et peut-être qu'il aurait bien une petite sœur ou un petit frère après ça.

Il avait appuyé son coude sur l'accoudoir du canapé et appuyé son menton sur sa main. Il cachait son sourire sous ses doigts, écoutant et observant la conversation qui s'envenimait à chaque mot. Il surveillait surtout Cendre du coin de l'œil.
Il ne regarda pas son père lorsque celui-ci cherchait son appui et se contenta de dévoiler son petit sourire à sa mère. Il était heureux pour elle. Elle aussi avait souffert de cette relation. D'une autre manière et dans une moindre mesure, probablement, mais sa demi-sœur semblait croire qu'elles étaient les seules à avoir souffert, sa mère et elle.

Il se releva tranquillement lorsqu'elle fit apparaître des flammes au creux de sa main. Il était près d'elle, alors il n'aurait aucun mal à intervenir si elle venait à réellement se servir de sa magie à l'encontre des êtres présents ou même de la pauvre masure, qui n'avait rien demandé.

Mais il n'en eut pas besoin. Après qu'elle est disparue en courant, il posa les yeux sur son père et applaudit. Après quelques clappements, il se stoppa et parla d'un ton badin.

« Excellent premier acte ! J'imagine que c'est l'entracte ?
Je suis sûr que l'histoire de notre famille ferait une excellente pièce dramatique. Non ? »


Il soupira et changea d'air, laissant peser un regard lourd sur son père.

« Peut-être qu'un jour, tu sauras comment t'y prendre avec elle. Et que tu raconteras tout ce qui a bien pu se passer à l'époque. »

Il donna une caresse à Léonard, qui s'était assis sur le canapé et observait la scène, muet spectateur.
Hemina était restée silencieuse, et semblait pour une fois mal à l'aise.

« Ça va aller, maman. »

Le jeune homme l'avait dit sur un ton assuré et le pensait réellement. Ça allait aller pour elle, au moins. Pour Lazzare aussi, puisqu'il se préoccupait plus de sa future femme que de sa fille. Et pour lui-même, au fond, cela ne changeait pas grand chose.

Il fit quelques pas en direction des portes du salon.

« J'imagine que c'est encore moi qui vais devoir recoller les morceaux, si tant est que cela soit possible. Si je ne reviens pas d'ici une heure, ne m'attendez pas pour dîner, ça voudrait dire que je ramène Cendre à Yris. Ou en tout cas assez loin d'ici pour qu'elle ne brûle pas tout. »

Il sortit donc en lançant un : « Tous mes vœux de bonheur !», le sourire aux lèvres.

Il récupéra les affaires de Cendre et sortit pour reprendre son cheval, accrochant les affaires à la selle dès qu'il l'eut remise. Il aida le palefrenier puis partit au trot en direction du bois.
Elle était fatigante. Elle aurait dû savoir que ça allait arriver. Et elle-même savait que sa mère était morte. Elle ne voulait juste pas se l'avouer. Lazzare était égoïste, oui. Mais elle aussi. Qui ne l'était pas ?
Ça faisait bien longtemps que tout était bancal dans leur famille, et peut-être que ça allait enfin s'arranger. Enfin, pour les Di Velija. Lui aussi était égoïste après tout. Il pourrait vraiment récupérer le domaine et tous les biens de son père en plus de ceux de sa mère à présent, puisque sa demi-sœur n'en voudrait pas.

Il observait et écoutait le bois, cherchant à la retrouver. Il finit par entendre des sanglots, et voir un petit corps serré sur lui-même. Il descendit de cheval et se dirigea vers elle.

« Cendre, je te ramène à Yris. Viens. »

Il n'excluait pas la possibilité qu'elle l'attaque, auquel cas il ne pourrait pas faire grand chose. Elle était dans une colère noire en plus de sa tristesse. Après tout, il était le fils d'un chien et d'une chienne qu'elle abhorrait et ses sentiments étaient comme une tempête.
Il n'avait pas envie de la consoler. C'était toujours la même chose. Peut-être qu'il la prendrait dans ses bras pour la calmer.

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