Une bonne nouvelle
#3

Victor poussa un petit soupir. Il aurait préféré voyager à cheval, trottant tranquillement avec Ablette, galopant parfois au milieu des plaines Taliennes. Mais au lieu de ça, il se retrouvait les fesses posées dans une diligence qui cahotait sur le chemin.
Ah, non. Il avait fait ce qu'il désirait et était parti sur sa jument, marchant au pas vers de l'attelage. Parfois, il s'éloignait pour galoper, profitant du vent froid qui fouettait son visage.

Ceci dit, il restait généralement près d'eux, d'abord parce que si jamais Cendre voulait lui parler, il pouvait très bien faire mine de ne pas l'entendre et de s'éloigner, et ensuite parce que s'il faisait vraiment froid, il pouvait au pire rentrer un peu plus au chaud. Une chaleur très relative. Mais il ne faisait pas très froid.

Il allait donc sur le chemin près du coche lorsqu'il entendit la voix de sa demi-sœur s'élever de là.

« Je ne sais pas ce qu'ils vont annoncer, mais si c'est un second enfant, je jure que je brûle le château. »

Il leva les yeux au ciel, accompagnant son geste par un soupir. Il ne savait pas si elle pouvait vraiment le voir là où il était, et à vrai dire il s'en moquait.
De ses paroles, il s'en moquait aussi dans un certain sens. Il se disait que si même elle était invitée, c'est que la raison était d'importance.

« J'imagine que tu n'as aucune information supplémentaire ? J'aurais au moins pu essayé de me préparer mentalement à ne pas le tuer.... »

Il ricana un peu. Décidément, elle ne s'arrêtait jamais. Il savait qu'elle était déjà énervée de revoir Lazzare et Hemina. Cette réunion promettait d'être amusante. Oui, amusante était le mot.
Il esquissa un sourire sarcastique, qu'il maîtrisait à présent si bien. Un sourire du même genre que ceux habituels de Cendre, finalement.

« Allons, moi je serai ravi d'avoir enfin un petit frère ou bien une petite sœur... Même après 21 ans, il n'est pas trop tard !
Peut-être bien que c'est ça. Je vais me préparer à t'assommer au cas où tu songerais à faire une bêtise. »


A cet instant et malgré son sourire, il était très sérieux. Il savait qu'elle l'était quand elle parlait de brûler la demeure, et il n'hésiterait pas à utiliser la force pour l'en empêcher de ce fait. Un bon petit coup sur le crâne. Il savait que c'était efficace...


Le jeune homme laissa les rênes de son cheval au palefrenier dans la cour et grimpa le perron en enlevant ses gants, puis sa chaude cape de voyage de ses épaules. Il les laissa à la bonne qui semblait n'être là que pour les attendre. Il observa un instant son père puis Cendre, puis délaissa leur duel de regards pour attraper le chat qui passait par là.

« Bonsoir. »

Difficile de savoir s'il répondait à Lazzare, ou bien s'il parlait à Léonard, qu'il avait donc pris dans ses bras et qu'il caressait. Décidément, il était vieux. On aurait presque dit Léonide.
Héros ? Héros mon cul oui. C'était à peu près les pensées que le guerrier eut à ce moment. S'ils étaient des héros, ils auraient eu plus de reconnaissance. Mais en vérité, ils n'étaient que des mercenaires utilisés pour éviter de plus grandes pertes aux armées régulières. Qui s'intéressait véritablement à eux ?

Il semblait ne pas se préoccuper des deux autres membres de sa famille, et passa devant son père pour aller dans le petit salon, sans lui accorder un regard. Après tout, Cendre s'en chargeait déjà suffisamment.
Il était aussi grand que lui maintenant. Sa carrure était encore un peu plus fine, mais il était aussi grand. Et plus jeune, et plus beau. Il le savait. Il lâcha le chat sur le canapé et se retourna finalement vers le paladin, croisant les bras. Il ne s'asseyait pas pour l'instant.

Il l'observait un léger sourire sur les lèvres. Rien que dans l'attitude, on pouvait voir qu'il avait changé. Aurait-il seulement fait ça auparavant ? Non.

« Est-ce qu'on a fait bon voyage ? Évidemment ! Un grand ciel bleu, une chaleur de printemps et surtout l'immense joie qui nous transporte d'être là ! »

En vérité, lui était content d'être rentré un peu. Surtout pour voir sa mère. Mais... Il jeta un coup d'œil vers le fauteuil vert. L'atmosphère était simplement chargée du mécontentement et de la colère d'une autre personne présente...

Il ne parla pas plus. Il n'avait rien d'autre à dire sur le voyage, et même s'il aurait voulu, il n'en aurait pas eu le temps. Une femme, la quarantaine, entra dans le salon avec un grand sourire aux lèvres. Les mêmes yeux azur que Victor.
Victor lui offrit le même sourire que celui qu'elle arborait.

« Bonsoir maman. »

« Bonsoir ! Ravie de voir que vous êtes arrivés ! »

Le jeune homme retraversa la pièce pour aller la serrer un instant dans ses bras. Il se recula ensuite.

« Tu es encore plus beau que la dernière fois que tu es venu ! Toi aussi Cendre, tu t'es embellie. »

Oh, elle savait parfaitement les sentiments de sa belle-fille, qui transpirait de tous les pores de sa peau. Mais elle faisait comme si de rien n'était. Elle n'allait pas jouer au jeu de la haïr autant que l'inverse était vrai, et se contentait simplement de se comporter comme une connaissance proche.

Victor alla finalement s'asseoir près du chat, qui n'avait pas bougé, et à droite de Cendre par la même occasion, attendant la suite du spectacle.

Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :