En quête de mithril
#31
Goïmgar toussa violemment, si fort qu'il cru à un moment voir un morceau d'un de ses poumons malmené par la cendre gire à ses pieds.

Ce satané rampant n'était pas à son premier mort, et il semblait vouloir continuer sa journée avec lui... Mais Goïmgar se destinait depuis longtemps à devenir gardien, aussi ne reculerait-il pas !
Cependant, le guerrier n'avait guère non plus envie de mourir, et pour ne rien arranger, ses compagnons venaient de le prévenir comme quoi le maître de cette saloprie ardente arrivait pour se joindre à la fête.

Et misère...

Néanmoins, le rampant semblait s'affaiblir, devenir moins consistant...
Alors, Goïmgar eu soudain une idée. Stupide, certes, mais c'était une idée quand même.

Empoignant fermement son écu, il commença à brasser énergiquement l'air devant le rampant, espérant ainsi créer un déplacement d'air assez important pour l'éparpiller dans tout le tunnel.

-Tu vas voir, j'vais te descendre, sale tas d'cendre !
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#32
L'ordre avait vite été suivit par la compagnie. Hagnûr était très satisfait de la discipline qui régnait dans sa guilde, et chez son peuple en général. Même Goïmgar Frontdur, parfait inconnu à la Confrérie, mais envoyé comme elle par la maison Grunderson, avait pris note des directives de Krajnisson et s'était précipité avec Parnel pour défendre les maîtres des runes qui, de leur côté, s'étaient placés en cercle. Hâtivement, mais avec une précision sans faille, Deraor, Komodo, Barnek et Hagnûr gravèrent sur le sol un pentacle orné de quelques runes avant de se placer chacun à une extrémité.

Les quatre maîtres se regardèrent un moment avant de commencer. La tension était palpable. À vrai dire, Hagnûr n'était pas rassuré; il n'avait pas fait d'incantation de groupe depuis ses études à l'école de magie de Karad. Une telle expérience ne s'oubliait pas, la fusion des énergies magiques était une sensation à la fois déroutante et délectable. Un sentiment de puissance et de dépossession de ses forces en même temps. Le gardien du Roc se souvenait de la marche à suivre, et ses compagnons aussi espérait-il.

Mais voilà, dans ce genre de situation, quand le coeur bat la chamade, qu'une créature invulnérable menace à tout instant de frapper et que, par les étroits couloirs de la mine, l'écho et les lueurs orangées rappelle qu'un démon fou furieux approche, difficile de rester maître de soi. Un faux pas et c'était la catastrophe; l'effondrement de la mine sur le groupe ou, au contraire, un échec ridicule suivit rapidement d'un tête à tête avec le Khörg qui, parlons franchement, avait fort peu de chance de bien tourner.

Les maîtres des runes fermèrent les yeux pour se concentrer, mais chacun dans sa tête visualisait parfaitement le morceau de roc à faire tomber. Hagnûr fit appel à toute l'affinité à la Terre dont la nature l'avait doté. Un sentiment de calme et de force l'envahit. Il n'était plus Hagnûr Krajnisson, gardien du Roc. Il était partie intégrante de la pierre, de toute la mine environnante. Il sentait les vibrations dans la terre, ne faisait qu'un avec les parois. Plus il se concentrait, plus il sentait son âme fusionner avec son environnement, et rapidement il sentit d'autres présences au plus profond du roc. Ses trois compagnons aussi étaient en train de se disperser dans les entrailles de la terre.

Une fois bien à son aise, se sentant maître des parois, dans une sorte de transe, il commença à psalmodier quelques mots en langue Khazad primitive. Les quatre maîtres des runes murmurèrent ainsi leur chant à l'unisson. Un spectacle très impressionnant de l'extérieur, dégageant une sérénité absolue. Les voix semblaient venir d'un autre monde, le monde de la terre et du roc, le royaume de Thuri et Grungar. La voûte commença à trembler, et le roc visé par les compagnons commença à se décrocher du plafond, progressivement, découpé avec une précision d'orfèvre.

Faire tomber la plaque rocheuse était en soi un jeu d'enfant pour un maître des runes aguerrit. Mais le plus dur, et de loin, ce qui nécessitait que les Nains fassent ce rituel et fusionnent toutes leurs énergies avec la terre, c'était de faire en sorte que les parois de la mine tiennent bon et que tout le tunnel ne s'effondre pas en même temps que cette pierre...
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#33
[Image: 1330725147093909300.png]
C'était fait.
Grâce à leur magie, les nains venaient de faire tomber un puissant roc. Le rampant semblait avoir perdu de sa superbe et agonisait...
Qui a dit que les nains étaient les pires magiciens?

[Image: 1330727311075679400.png]

Mais le rampant semblait toujours plus enragé. Il est probable que son prochain assaut va être dévastateur. Mieux valait blinder un guerrier de protection... Ou fuir...
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#34
Le rampant agonisait, assailli de toutes part.

C'était maintenant ou jamais. Et en tant que fidèle représentant de sa race, Goïmgar ne pouvait se résoudre à vivre éternellement avec des remords.
Rangeant sa masse et son écu et sortant sa pioche, il profita de l'état de faiblesse du gardien pour le contourner, puis pour se ruer vers la porte. Ne prenant même pas le temps de s'arrêter, il s'aida au contraire de son élancé pour bondir aussi haut que ses jambes lui permettait... Afin d'abaisser avec toute la force possible le pic de la pioche sur la paroi, accompagné de l'énergie de sa descente.

Il y eu alors un *CLIIING* résonnant, suivit d'un *CLAC* sec et désagréable représentant la fermeture soudaine de la mâchoire du nain sous le choc qu'il avait gardé malheureusement ouverte durant son saut épique, puis Goïmgar resta planté sur place comme un piquet, vibrant avec autant d'intensité qu'un marteau piqueur à plein régime. On l'aurait attachée à une lance pointée vers le sol, sans doute aurait-il traversé la pierre et les profondeurs du continent pour déboucher sur le cosmos !

Mais l'effet se dispersa très vite, et, malgré ses muscles tourmentés et ses dents endolories, Goïmgar repartit à la charge de plus belle, plus déterminé que jamais, criant:
-Y'a pas moyen que je pourrisse dans ce trou à rat pourri, et les autres non plus !
Ouvre-toi...*CLING*
... Foutue porte...*Cling*... De malheur !!! *CLING*

Et c'est, avec toute l'énergie du désespoir, qu'il s'acharna sur la porte, la clé de leur survie à tous.
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#35
Le rampant venait d'assaillir Parnel et lui porta quelques attaques dévastatrices puis acheva un nain trop exposé.
Mais un bruit de pioche vient doucement ramener la créature à la réalité: un autre nain s'amusait à défoncer la porte.
Horrifié, le rampant se précipita dessus. Mais c'était peine perdu. Le rampant était au bord de la mort, ses dernières attaques l'avait rendu presque transparent et sa présence dans notre réalité ne tenait qu'à un seul fil. Il avait perdu une grande partie de sa force de frappe et la moindre attaque porté le tuera probablement.
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#36
Komodo rassembla ses dernières énergies magiques pour lancer un sort sur le Rampant. Le rampant était une créature très endurante, mais aussi très agonisante. Avec l'association des deux il espérait pouvoir le tuer.

Komodo commença a incanter, à tracer des runes à même la roche pour en modifier la nature même, la transformer en lave. Elle commença à chauffer, et l'atmosphère dans la mine devint rapidement étouffante. Au dessus du Rampant, la roche devin lave et la lave en fusion se mit à couler sur le rampant, elle désagrégea les dernières particules de la créature et l'envoya dans l'au-delà.

"Et bien les amis, on pourra dire que le ciel lui est tombé sur la tête, deux fois."

Fier de son attaque de la dernière chance, Komodo eu une pensée pour tous les nains tombée dans leur combat. Il regarda sur le rampant et autour de lui à la recherche d'une clef pouvant ouvrir la porte.
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#37
Pendant le rituel, le rampant n'avais pas perdu son temps. Alors que les quatre mages étaient plongés dans leur transe, en communion avec la terre, la créature de cendre avait tué Gordak. L'énergie de Hagnûr le quittait, il la sentait s'infiltrer dans les entrailles de la pierre, parcourir les parois de la mine, les renforçant magiquement. Grâce à la magie des maîtres des runes, les murs de la grotte se trouvèrent plus soudés encore que d'ordinaire. Et soudain, un immense fracas, un morceau de la voûte se décrochant et tombant juste à côté du rampant des cendres, dégageant un souffle formidable qui déstabilisa la créature et l'affecta dans son essence même. Mais il ne fallait pas se laisser déconcentrer pour autant. Les murs commencèrent à trembler, et il fallut toute la volonté et la solidarité des forces des quatre Nains pour empêcher que tout ne s'écroule.

Finalement, la mine se stabilisa. Hagnûr s'effondra. Son âme réintégra brutalement son corps. Il n'était plus le roc autour de lui, il était redevenu le Khazad. Un Khazad affaiblit, vidé d'une grande part de son énergie. Essoufflé, le gardien du Roc se redressa péniblement, la vue trouble et les gestes maladroits, comme si il se retrouvait dans un corps inconnu. Il fit quelque pas pour contempler leur oeuvre. Un immense roc était tombé exactement à l'endroit prévu. Ils avaient réussis! Mais le rampant était toujours là, bien qu'en très mauvais état. Le rouge de ses yeux redoubla d'intensité, et il bondit sur les guerriers nains chargés de le retenir le temps du rituel. Parnel, Rogral et Goïmgar. Rogral était déjà en mauvais état. Le rampant des cendres se jeta sur lui en premier.

Comprenant ce qu'il se passait, Hagnûr rassembla ses dernières forces et invoqua une série de runes pour protéger le ranger... Des runes sans effet. Par miracle, Hagnûr avait réussi toutes ses incantations malgré son état, mais cela ne suffit pas à stopper l'ardeur maléfique de la créature. Rogral s'effondra bien vite, sous le regard impuissant de son chef. Sans attendre, le rampant se précipita sur Parnel, mais à cet instant il entendit Goïmgar tenter de détruire la porte, et il se précipita, de plus en plus faible et transparent, pour accomplir sa tâche première: défendre le passage. Exténué, Hagnûr ne comprit pas très bien ce qu'il se passa alors. Une grande chaleur se dégagea subitement du sol. Le Khörg était il arrivé? Non, c'était Komodo qui envoyait sur le monstre une fine langue de lave, qui frappa le tas de cendre de plein fouet. La déflagration fut perceptible immédiatement. Toute la magie qui maintenait en cohésion les cendres qui constituaient la créature se dispersa, procurant une sensation malsaine et très désagréable aux Nains environnants.

Mais ce malaise ne dura pas. Le rampant avait disparu, renvoyé dans les limbes d'où il n'aurais jamais du sortir. Ils avaient réussis, ils avaient eu la créature invincible! Un grand jour pour le Roc, une nouvelle preuve de l'efficacité naine et du triomphe de la solidarité et de l'organisation sur la force brute. Hagnûr était à bout de force, mais rarement il n'avait été si fier et si heureux. Au fond de lui-même, il savait que cet acte héroïque serait relayé dans les chants du peuple nain. Pour la première fois, il était persuadé du potentiel de sa guilde. En continuant comme ça, il saurait se faire une place parmi les Grands, et n'aurait plus à rougir entre les Grunderson et la Confrérie des Haches...

Si ils survivaient au démon qui, inexorablement, s'approchait dans les couloirs de la mine...

"Défoncez moi cette porte!" Hurla Hagnûr, de retour à la réalité. "C'est notre seul espoir!"
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#38
Goïmgar avait enfin réussi à ouvrir la porte. Komodo, fatigué mais pas blessé, s'engouffra dans la porte, et y découvrit l'ENFER, ou antre du Khörg, pour les intimes. A l'entrée on pouvait y lire sur un panneau :

Citation :Bienvenue en terre infernal.
Une marque d'humour particulière, mais l'environnement est à la hauteur ! Le Khörg serait-il un comique frustré ou incompris ?

Tout autour de Komodo, de la lave, de la roche volcanique n'attendant qu'une chose : fondre, ou mieux, s'effriter en laissant tomber les voyageurs imprudents dans la lave. L'atmosphère était infernale. Pourtant habitué à la chaleur des forges depuis son plus jeune âge, Komodo avait du mal à respirer tellement l'air était chaud et sec.

"Ca me rapelle la maison de mon enfance quand ma mère était en colère : Nul cachette où se réfugier, le moindre recoin était hostile... Sauf que là je ne suis pas chez moi, j'ose pas imagier à quel point ça va chauffer quand le propriétaire fera irruption... ou éruption ? Que les blessés s'approchent en toute hâte, leurs blessures cautériseront sans attendre ! Le reste aussi d'ailleurs."
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#39
En progressant dans cet endroit infernal, Komodo redoutait que sa barbe s'enflamme spontanément. Il prit la tête de l'expédition. Un chemin se dessinait au sol et se divisait rapidement en deux chemins. Komodo prit le chemin de gauche. Se déplacer sur ces terres volcaniques étant éprouvant, mais bientôt une grosse masse enflammée se dégagea au loin. Elle était haute et large de 3 nains. En s'avançant un peu plus, Komodo distingua mieux ses contours, et reconnu un Golem de feu.

"Les amis, l'heure est grave, devant nous se dresse un Golem de feu. A l'école de magie on nous l'a décrite comme très puissante et on nous a conseillé de passer notre chemin, sauf avec des raisons très valables. Le plus souvent ces créatures protègent une position et ne la quittent pas. Nous devrions nous reposer et réfléchir avant toute chose."

Après ces belles paroles, Komodo observa le Golem qui avançait vers lui progressivement. Il avait donc pénétré dans l'espace vital du Golem, et se prépara à encaisser sa fureur.

L'auteur préfère passer sur les détails de la dérouillée qu'il a prise lors de sa confrontation avec le Golem, l'important étant qu'il parvint enfin à le dépasser, vivant.

"Pas d'autre ennemi en vue !"
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#40
Komodo cicatrisait lentement, tout en continuant à explorer. Barnek et lui menaient l'exploration en direction du nord ouest, pendant que leurs compagnons retenaient le Golem de Feu.

Juste devant komodo, se dressait une porte où on pouvait lire "Puits Ardent". Alors qu'il se demandait ce qu'il pouvait trouver derrière... Le Khörg fit irruption, chez lui, dans sa propre demeure. Il commença par faire un peu de ménage, puis s'attaqua à la décoration. Komodo entendait ses compagnons hurler de douleur. Ne sachant ce qu'il leur arrivait, ne voulant les laisser seul à leur triste sort, il s'apprêtait à les secourir quand il entendit Hagnûr lui hurler :

"Le Khörg nous barre la route ! On est tous en vie, mais bien amochés ! Continu tout droit Komodo !"
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#41
Heimda ne comprenait plus rien. Que faisaient-ils ? Où étaient-ils ?

Il avait bien entendu du bruit en arrivant dans la mine et supposait que le combat avait lieu un peu plus loin. Mais à chaque fois qu'il avançait, la lueur orange du démon avançait aussi et les bruits de ses camrades se déplaçaient d'autant. On pouvait même se demander si tout cela n'était pas une illusion crée par la créature afin d'attirer des nains dans son antre.

S'ils continuaient d'avancer ainsi, ils se retrouvaient forcément bloqués.

Dans les mines, rien ne sert de courir, on arrive toujours au bout.
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#42
L'enfer. Un nom assez pompeux - d'une banalité navrante, à vrai dire, le Khorg ne devait pas avoir beaucoup d'imagination - mais qui décrivait finalement assez bien les lieux. Une caverne aux parois sombres, au sol de pierre couvertes de cendres formant un vaste cercle autour d'un grand lac de lave en fusion. Les forges de Thuri elles-même ne devaient pas être très différentes de ces lieux. Il faisait une chaleur étouffante, chaque pas était un effort. Rapidement Hagnûr fut tout à fait desséché, et sa gourde ne resta pas pleine bien longtemps.

Komodo alerta toute la compagnie lorsque, ayant devancé les autres, il se retrouva nez à nez avec un golem de pierre et de feu qui semblait s'amuser à ressembler le plus possible au décor. Une stratégie - sommaire, mais efficace - fut rapidement élaborée. Les deux guerriers, Parnel et Goïmgar foncèrent au corps à corps pour retenir le golem pendant que les autres contournaient la créature. Seulement, tout ne se passa pas si bien que prévu. Komodo et Barnek passèrent les premiers. Hagnûr contourna à son tour le golem, mais à cet instant précis, un éclair de feu jaillit de nulle part.

Le gardien du Roc fut projeté à terre. Assommé quelques secondes, les vêtements brûlés, il mit un moment à comprendre ce qui se passait. L'évidence s'imposa bientôt à lui: le Khorg les avait rattrapé. Et ce fut la panique. Hagnûr se redressa du mieux qu'il pouvait, et commença à avancer comme un dératé pour échapper au démon. C'est à peine si il aperçut Goïmgar qui tentait de fuir à ses côtés. Le Khorg avait projeté par magie un nuage de fumée, si bien que les Nains ne voyaient absolument plus rien.

Krajnisson entendit un hurlement dans son dos. Tout semblait être dans un rêve. Tout ce qu'il voyait était un brouillard épais. A travers les brumes, il distinguait ça et là des éclats lumineux dégagés par des éclats de lave, mais rien de plus. Le cri cessa brusquement. Etait-ce celui de Parnel? Possible, mais Hagnûr n'aurait pas pu le certifier. Il s'en fichait d'ailleurs assez. Tout semblait si irréel, il se demandait si il n'allait pas se réveiller brusquement à côté d'un feu de camp, sur la route pour se rendre à la mine de mithril. Mais cela était absurde. La douleur, elle, était bien réelle.

Et puis, le silence. Un silence de mort. Etait-il devenu sourd en plus d'être aveugle? Hagnûr n'avait jamais eu si peur de sa vie. Il tentait de marcher, encore, un pas puis un autre, mais toute énergie l'avait quitté. Il se sentait vidé de toute force, manquait de trébucher à chaque instant. Il finit effectivement par s'effondrer. "Juste une seconde, une seule..." Pensa t-il. "Simplement le temps de souffler."

La seconde dura une éternité. Le Nain n'avait tout simplement plus les capacités de se relever. Et après tout, pourquoi faire? Si il devait mourir, pourquoi fuir? Autant en finir tout de suite. Il était si bon d'être affalé sur le sol, même si celui-ci était brûlant. Ne plus bouger, fermer les yeux et attendre la mort. Et soudain, une étincelle. Hagnûr se rappela qui il était, la mission qu'il s'était donné, les projets à accomplir, ses compagnons. Il ne DEVAIT pas se laisser mourir de la sorte. Il fallait qu'il continue.

Avec un effort surhumain, il se redressa et, s'aidant de son marteau, se mit à genou. Les deux mains posées sur son arme, il pria silencieusement.

"O Thuri, père de tous les Nains, premier forgeron des Runes, entend moi. Je t'implore, moi, ton misérable serviteur, à deux doigts de la mort, tous ses compagnons, déjà morts peut-être. Je suis Hagnûr Krajnisson, et en ton nom j'ai été initié à l'art des runes. J'ai juré de vouer ma vie au service de la communauté Khazad, de tout faire pour assurer le bonheur et la prospérité à notre peuple. Ton peuple. Donne moi la force de continuer. Ne me laisse pas mourir ici, quand tant de choses restent à faire! Aide moi, Roi au dessus de tous les rois, je t'en conjure! Aide moi, pour que je puisse être en ton nom un outil de la grandeur de Karad."

La prière d'un désespéré, d'un condamné à mort, certes. Mais une promesse d'espoir. Tous les Nains sont des instruments dans les mains des Dieux. Hagnûr était persuadé d'être un outil de Thuri dans la quête de grandeur des Nains. Et Thuri ne laisserait pas perdre son outil si facilement. Du moins le maître des runes osait l'espérer. C'est avec cette maigre lueur en tête que le Nain se releva et, en gémissant, reprit sa route.
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#43
Le rêve et la réalité ne faisaient plus qu'un. Hagnûr ne savait plus si il rampait ou si il marchait. Il sentait la chaleur du sol qui le brûlait, mais était tout à fait glacé de l'intérieur. Il transpirait à grosse goutte, mais il ne savait pas si sa sueur était ardente ou gelée. Un pas, puis un autre. Tout était flou. Il voyait parfois de la lumière, au loin, mais il ignorait quelle en était la source. Arriva un moment où il ne pouvait plus se mouvoir du tout, alors il resta allongé un instant. Etait-il mort? Impossible de le dire. Il ne ressentait plus rien, mais ce n'était pas l'idée qu'il se faisait de l'au-delà. Dans un dernier effort, il releva la tête et se concentra sur son environnement. Il semblait qu'il se trouvait encore dans l'antre du Khorg. Ou peut être était-ce son imagination? Il entendit un dernier bruit, un craquement de flammes et un souffle qui l'enveloppa. Il ne sentit pas le feu qui le brûlait. Et il sombra dans les limbes.

Et puis, plus rien. Le néant. Peut-être s'était-il juste endormit? Il le vit alors. Ou plutôt le devina. Une figure qui l'observait. Un Nain d'une très grande majesté. Ou du moins, Hagnûr imaginait qu'il était majestueux car il n'en distinguait pas les traits. Il n'en distinguait absolument rien en fait. Tout cela n'était sans doute qu'un fantasme, le délire d'un fou. Peut-être n'était-il en fait pas mort? Simplement rendu dément par les flammes de l'enfer? Qui pouvait le dire? Mais il lui semblait toutefois que le Nain lui souriait, et lui tendait la main.

Hagnûr se réveilla en sursaut, haletant, soufflant comme un auroch, comme un homme resté plusieurs minutes la tête sous l'eau. Le Maître des Runes se redressa, bondit presque sur ses jambes et... s'écroula sur le sol dallé. Où était-il? Qu'elle était ce lieu? Le paradis? Le Royaume de Thuri? Non, le Nain sentait des douleurs sur tout son corps. On ne connaissait plus la douleur après la mort, tous les prêtres le disait. Alors, où? Plus dans l'antre du Khorg, s'était certain.

Quelle sensation étrange. Après le délire, la lucidité la plus parfaite. Krajnisson avait recouvré tous ses esprits, ses capacités de réflexion étaient intactes et pourtant il ne pouvait dire où il était. C'est alors qu'il vit un Nain vénérable vêtu de blanc s'approcher de lui. Un prêtre. Tout devint clair, il était au temple de Karad!

"Qu'est c'que j'fous là!" Commença à dire Hagnûr d'une voix paniqué. "J'suis au temple? Mais qu'est c'qui passe par tous les dieux! Comment j'suis arrivé là! Que s'passe t-il??"

Le prêtre le fit se rallonger immédiatement et lui ordonna de rester calme.

"Je ne saurais vous dire ce qui s'est passé, maître nain." Commença le servant de Thuri. "Nous vous avons trouvés il y a quelques jours sur le seuil du temple, mourant, et vous avons immédiatement amenés ici pour vous soigner. Quant à vous dire comment vous êtes arrivés devant le temple... Eh bien, c'est plutôt à vous de nous le dire! Vous étiez couverts de brûlures, mais elles ont mystérieusement disparues la nuit même.
-Mais... C'n'est pas possible, j'étais...
-Reposez vous, vous n'êtes pas en état de vous agiter comme cela."


Le gardien du roc s'exécuta, à contre coeur. Dans son dernier souvenir clair, il était en train de tenter d'échapper à un golem de feu alors que le démon Khorg courait après lui. Avait-il fuit le Khorg et courut jusqu'à Karad pour s'écrouler devant le temple? Impossible, il n'aurait jamais eu la force... Et puis, il se serait souvenu d'un tel voyage. Non, quelqu'un l'avait ramené. Mais qui? Pas un de ses compagnons, car le Khorg ne les aurait pas laissés. Qui d'autre pourtant?

Et s'est alors que le Nain se rappela vaguement avoir adressé une prière à Thuri, alors qu'à bout de force il tentait de fuir le Khorg. Hagnûr comprit alors. Le Père des Nains avait écouté sa prière. Il avait entendu sa demande et l'avait ramené devant son temple! Mais c'était tout à fait insensé. Peut-être que tout cela n'était encore qu'un rêve, qu'il était en train de délirer au plus profond de la grotte du démon, ou quelque part ailleurs dans un monde indéterminé.

Et pourtant... Il resta encore quelques jours au temple, récupérant très rapidement ses forces, et il ne se réveilla pas dans l'enfer du Khorg. Tout cela était bien réel. Si réel que le Nain put rapidement quitter le temple en remerciant infiniment les prêtres pour l'excellence de leurs soins.

"J'me demande bien où sont mes compagnons maintenant..." Murmura t-il en redécouvrant avec une joie non dissimulé sa bonne ville de Karad au sortir du temple. "Sont ils morts? Se sont ils échappés? Thuri les aurait-il rappelé, tout comme moi?"

C'est avec ces interrogations en tête qu'il décida d'utiliser des oiseaux qu'il gardait chez lui et qui avaient été dressés spécialement pour retrouver les membres de la Confrérie. A tous ses oiseaux il attacha le simple message suivant.

Citation :Je suis à Karad, par un miracle des dieux je suis de retour dans notre capitale. Je prie pour que ces oiseaux vous retrouvent. Si vous avez ce message, répondez moi immédiatement et dites moi ce qu'il en est de vous.
Sa plus grande crainte était qu'il soit l'unique survivant. Que deviendrait-il si tout ses amis, ses frères d'arme et voyage, presque de sang, l'avaient laissés seul dans le monde des vivants pour festoyer aux côtés des Dieux? C'est dans un état de peur qu'il attendit une hypothétique réponse des compagnons du Roc.
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#44
Barnek avait décidé d'explorer la chambre du Khörg, Komodo continua d'explorer l'antre du Khörg et arriva à une porte, située à l'est. Il l'ouvrit et se faufila dans un couloir où les terres volcanique cédaient leur place à une étendue de glace. L'odeur était nauséabonde.

En s'avançant un peu plus loin il découvrit, stupéfait, un Elfe. Mais pas n'importe quel Elfe. Il était encore plus hideux que ceux qu'il avait déjà vu dans les livres. Vu son odeur et son teint, il devait plus être très vivant. Mais vu sa position verticale et les deux coups d'épée que Komodo, déjà mal en point, dû encaisser, il ne devait pas être vraiment mort non plus... Komodo était dans la même situation : Pas tout à fait mort, mais pas loin. L'idée d'être transformé en mort-vivant par le Khörg ne lui plaisait guère. Komodo avança un peu et son cœur s'arrêta de battre un instant. A coté de l'elfe mort-vivant se trouvaient un centaure mort-vivant et comble de l'horreur, un nain mort-vivant.

Komodo s'écarta un peu de la créature, prit son dernier pigeon voyageur dans son sac, et envoya un message au Thain

Citation :Mes hommage, Ô Thain.

Étant actuellement à l'agonie, je n'ai que peu de temps pour vous informer de ma dernière découverte.

La dernière mine de mithril découverte par La Grande Corporation Grunderson débouche sur l'Antre du Khörg. Celle-ci est protégée par un puissant Golem de feu, et hélas pour nous, par le Khörg qui nous a pris en revers en rentrant chez lui. J'ai cherché à me réfugier dans un couloir parallèle pour éviter de finir carbonisé. C'est alors que j'ai été attaqué par un elfe, mort-vivant. derrière lui se trouvaient un centaure mort-vivant et comble de l'horreur, un nain mort-vivant. Le Khörg semble faire des expériences douteuses avec les corps dont il dispose. Je n'étais pas au courant que de telles créatures existaient, aussi j'ai pensé qu'il était important de vous en informer avant ma probable mort, en espérant ne pas finir comme mes bourreaux.

Pouvez vous informer les Grunderson et les survivants de ma confrérie ?

Que Grungar et Thuri nous protègent !

Komodo, lieutenant de la Confrérie du Roc.
Komodo pria alors Thuri de le renforcer pendant son combat, et Grungar de lui accorder une vengeance, si son combat finissait aussi mal qu'il avait commencé.
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#45
Komodo réussi à dépasser les morts vivants en courant, mais il savait qu'il était trop mal en point pour tenir le rythme et prit le temps de réfléchir à une solution.

"Cet elfe mort-vivant m'a bien amoché, ses amis me regardent bizarrement et je ne suis plus en âge de courir. Ô Thuri, toi qui m'a toujours soutenu, m'aidera-tu encore une fois ?"

Komodo regarda attentivement autour de lui : il se trouvait dans un couloir étroit et de moins en moins large. Ses parois rocheuses sont taillées grossièrement. D'un coté, un groupe de morts vivants, de l'autre, un étroit passage vers une destination inconnue.

"Ces créatures n'ont pas l'air de comprendre ce qu'on leur dit, leur intelligence semble très limitée. Je vais tenter de disloquer la roche de l'étroit couloir pour les séparer de moi. Le temps qu'ils comprennent qu'il faut qu'ils déblaient un nouveau passage dans le couloir pour venir m'attaquer, je serais loin."

"Thuri, père des Nains, dieu des Runes et Haul, dieu de la Forge, qui a secouru tant de nain, aidez moi à rester en vie !"


Komodo souffla une longue expiration en se concentrant sur ce qui l'entourait. Il était déjà rentré en osmose avec cette roche tout autour de lui lors de l'attaque du rampant. Il en connaissait déjà tous les détails. Il fusionnait peu à peu avec la roche, perdant peu à peu le contrôle de son corps. Komodo et la roche n'étaient plus qu'un être minéral hybride, qui connaissait les moindres crevasses présentes dans les parois du couloir, et toutes les forces de tension qui ne demandaient qu'à être libérées.

Contrairement à la fois précédente où Komodo souhaitait consolider les parois d'une énorme grotte en ne faisant tomber qu'un bloc, cette fois son but était de faire s'effriter le maximum de roche dans la portion de couloir entre lui et ses adversaire, pour les ralentir un moment. Il avait provoqué des chutes de pierre des dizaines de fois, c'était très simple, surtout dans un couloir constitué de roches, mais comme sa vie en dépendait il se concentra davantage.

En effectuant son sort, Komodo confia à la roche que s'il n'avait pas la force d'ensevelir ses ennemis sous elle, il préférait mourir enseveli sous la roche et ne faire plus qu'un avec elle, que de mourir sous les assauts des mort-vivants et de finir sur la table d'expérimentation du Khörg.

Le sort ne fonctionna pas tout à fait comme prévu. Komodo entra en osmose avec la roche et senti qu'une force maléfique altérait la nature même de la roche. Il pu en apercevoir la cause, et ce qui attirait les créatures mort vivantes. Son esprit s'étant partiellement dissocié de son corps, il fût attaqué par un mort-vivant et se réveillât au temple de Thuri à Karad. Un de ses compagnons l'avait-il retrouvé inconscient et avait activé sa pierre de rappel ?
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#46
Tous avaient été rappelés à Karad. Soit ils avaient réussis à s'enfuir, soit ils avaient, comme Hagnûr, été mystérieusement ramenés à la vie dans le grand temple de la capitale naine. Le cauchemar était terminé, la Confrérie était encore debout. Il n'y avait pas de temps pour rester sous le choc des évènements passés. Il y avait encore fort à faire. Trop à faire, même. Les projets se bousculaient dans la tête des membres de la Confrérie. Il fallait se réorganiser, apprendre de cet échec, et lancer pour de bon les travaux que la guilde s'était définie.

Au moins une bonne nouvelle dans cette affaire, la Corporation Grunderson se montra très contente du travail des compagnons du Roc. Hagnûr, qui craignait que son échec face au démon ne soit raillé par la grande Maison, était allé présenter son rapport à l'échevin dans un état d'esprit assez honteux. Finalement, l'échevin félicita le gardien du Roc en lui disant qu'il était normal que la Confrérie n'ai rien pu faire contre le Khorg. Vaincre une telle créature ne relevait pas de la compétence d'un simple groupe d'aventuriers. La Confrérie avait remplit sa part du contrat: escorter le convoi et nettoyer la mine. Elle n'aurait rien pu faire de plus. Avec une générosité qui étonna Krajnisson, l'échevin des Grunderson annonça que la Corporation s'engageait à leur donner l'un de leurs bâtiment inutilisé pour l'aménager en siège de la Confrérie. Une récompense au delà de toute espérance! Le Nain pouvait de plus espérer que cette histoire était le point de départ de liens amicaux entre la Confrérie et la Corporation; liens qui seraient fort utiles par la suite.

C'est en sortant de chez les Grunderson que Hagnûr se remémora le guerrier qui les avait accompagné dans la mine. Goïmgar Frontdur, qu'il avait d'abord pris pour un intrus et qui, en fait, s'était révélé un compagnon très agréable et efficace. Krajnisson retrouva le guerrier au temple, où Frontdur avait été, lui aussi, rappelé parmi les vivants par Thuri. Les deux nains discutèrent un moment de leur curieuse expérience, et de leur périple commun. Finalement, Hagnûr proposa:

"Goïmgar, j't'ai vu à l'oeuvre. Tu sais t'battre, tu sais plaisanter et tu sais boire. Le compagnon idéal, selon moi. T'as bien vu dans cette foutu mine à quoi r'ssemble la Confrérie du Roc. T'en avait p'tetre déjà entendu parler, maintenant tu sais comment ça marche chez nous. On manque d'guerriers comme toi. Alors, j'voulais t'proposer, si nos valeurs correspondent aux tiennes, si ça t'dirait d'te joindre à nous? Fais pas bon d'se promener seul en ce moment. L'union fait la force, et rien n'peut briser l'élan d'un groupe de Nains unis autour des mêmes valeurs et des mêmes projets!
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