Douloureuse réalité et imagination libératrice
#1
"La Nature... Source de vie, d'enchantements et de merveilles.
Sublime mais d'une grande fragilité, réunissant faune et flore dans une union parfaite et équilibrée.
C'est au milieu de cette communion que le druide doit évoluer, afin de..."

Une plaine.
Le vent souffle, fort, pliant l'herbe, soulevant les branches.
Les troncs par leurs grincements, gémissent et protestent.
La morsure froide de la nuit assaille ma peau, produisant un frissonnement dans tout mon corps. Rien de désagréable. Bien au contraire.
Le ciel, cette aquarelle de gammes grises et noires, au sein de laquelle, persiste...

Concentre toi.



"...cette communion... le druide doit évoluer, afin de pouvoir comprendre les multiples esprits qui la constituent, si différentes mais constituant pourtant une seule entité : la vie. Et c'est de symbiose que le druide tire son pouvoir, car de par sa compréhension..."

...Persiste une forme. Un rond. Parfait. Eclatant. Attirant. Enchanteur. Hypnotique. Divin.
Je me perds dans la contemplation de cet astre, à l'origine de nombreuses légendes, contes, mais aussi et surtout à l'origine de mon peuple. Là haut sied sur son trône argentée notre mère à tous, notre matriarche, notre...

Concentre toi.



« … de par sa compréhension des éléments constitutifs de cette si précieuse nature, et c'est par le biais de ce don offert si généreusement … »

… Notre matriarche, notre gardienne… Notre déesse.
Un instant, une brise, une respiration, et je me retrouveprojetée au sein de cette immensité immaculée. Le sol de satin blanc, les kaldors resplendissants, le…

Concentre toi !



« … ce don offert si généreusement, fruit de la confiance… »
… Le ciel d'argent, et, devant, face moi, se dresse l'incarnation de tous mes rêves.
Est-ce vraiment elle ? N'est-ce pas elle ? A prime abord, je ne sais.
Mais cette silhouette noble et majestueuse, cet aura à la fois apaisante…

Concentre toi !!!



« … fruit… de la confiance… qui relie… »

«… à la fois apaisante et puissante, m'ôte tous mes doutes . Enfin, sa tête se relève, et enfin, enfin, je peux apercevoir son visage, ce visage, si…
CONCENTRE TOI !!!





Soudain, dans l'école de magie de Naël'Kadora, un profond soupir brisa le bruitage incessant et habituel du bruissement de feuilles qu'on tourne, des murmures, et des réflexions profondes, alors que s'attirait sur elle les regards courroucés des professeurs et des élèves appliqués, ainsi que certains commentaires désobligeants lâchés dans l'ombre.
Les ignorant comme s'ils ne valaient pas plus mieux qu'une armoire en ruine nourrissant les larves, Afiralia regarda, désespéré, le parchemin qu'elle tenait entre ses mains.
Inutile d'insister, ce n'est pas le bon jour… Pas encore…

Après avoir enroulé le « Traité de la Forêt » qu'elle venait d'essayer sans résultats probants de lire, et l'avoir remis avec une extrême lassitude dans son tube protecteur, la jeune centaure posa ce dernier sur la table la plus proche, et poussant un second soupir plus discret que son aîné, s'accouda au rebord d'une fenêtre, perdant son regard dans l'immensité bleu du plafond d'Ecridel.

Il était inutile d'insister. Elle le savait. Rien ne pouvait lutter contre cela, ni même elle.
Il fut un temps où ce don, ce pouvoir créateur, lui permettait de s'évader des implacables murs de la dure réalité, la comblait, la sortait de cette banalité qui pesait sur elle.
Néanmoins, à force de l'utiliser trop souvent, elle en était devenue l'esclave. Oui, l'esclave.
L'esclave d'une imagination sans bornes ni limites, qui peu à peu rongeait son existence et la tirait sans remords en marge des autres, lui faisant briller des illusions prometteuses afin de l'appâter.
Devenir une mage exceptionnelle, dépaasser les plus grands, s'approcher toujours plus du sommet, et donc de son idole, jusqu'à l'atteindre, et enfin, la rencontrer, non par le biais de piètres statues incapables de représenter ne serait qu'une infime partie de sa beauté et de sa sagesse, mais pour de vrai, en os et poil de crin.
Et, en attendant d'arriver à ce moment ô combien attendu, elle imaginait… Imaginait la scène, l'événement tentait se projeter, de se visualiser au moment des faits, à l'instant de l'ultime révélation, où elle pourra enfin contempler le véritable visage de sa déesse, son idéale, et d'en tirer une puissante satisfaction anticipée

Mais voilà… Ce jeu vicieux auquel elle avait pris plaisir à s'abandonner au cours de ces dernières années l'isolait, la précipitait vers le gouffre, et Afiralia, impuissante, se laissait entraîner, enchaîner, et ceci par un autre objectif, plus profond au sein d‘elle et qui était à l'origine de tout ceci: se distinguer enfin des autres.

Elle était arrivée à un tel point qu'elle avait choisi la voie de druide pour l'unique raison que celle-ci comptait actuellement peut de prétendants, et donc la rendait moins commune.
Mais cela ne suffisait pas.
Le parcours et les épreuves de la vie à surpasser ne sont pas aussi simples et faciles que lorsqu'on les imagine.
De plus, son affinité avec la magie qui semble quasiment absente étant donné qu'elle peine devant des sorts novices quand ses camardes d'études sont au niveau supérieur, couplée à une concentration comparable à celle d'un nain face à un tonneau de bière, finissait de briser d'un ultime coup pervers ses espoirs.

Néanmoins elle ne désespérait pas et persévérait, toujours dans le rêve secret de pouvoir rencontrer celle qu'elle chérissait, et devant laquelle tous les autres s'agenouillait.
Elle sortit de sa contemplation du ciel et baissa les yeux sur le talisman pendant à son cou, qu'elle caressait distraitement de la main depuis de nombreuses minutes.

Une nouvelle détermination enflamma soudain son regard.
Oui… Qu'importe les difficultés, elle réussirait.
Car face au fardeau qui était devenu le sien, elle s'était fait le raisonnement suivant qu'importe s'il est vrai ou faussé par ses sentiments, mais laquelle elle avait fini d'adhérer totalement: Les seuls limites qu'elle possédait n'étaient pas celles de son corps, mais celles de son imagination.
Elle arrivera à maîtriser cette force mentale et créative, et alors, enfin, elle pourra prétendre rencontrer la déesse, se dresser à ses côtés, et s'élever au-dessus de tous les autres, pour briller de la même lueur sacrée que la Lune.

Aletheria, attend moi…

Soudain, le bouchon en cuir du rouleau sauta, le parchemin se déplia dans un bruit sec, et la lecture reprit :
« … Ce fruit de la confiance qui relie l'être aux autres, qu'ils soient animal et végétal, et qui permet ainsi l'échange de paroles, de pensées, et même de forme.
Là est tout l'art du druide…"
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#2
Mais par la Lune, dans quel pétrin me suis-je encore mise ?

Ce n'était que là une plainte et des gémissements inutiles.
Cela n'empêchait pas les grognements inquiétants et les mugissements puissants se faisait toujours plus près tandis que des silhouettes imposantes se faisaient plus distinctes dans le blizzard.
Sa peau mordue par le froid commençait à s'engourdir.
La peur s'emparait de son corps.
Aucun son ne sortait de sa bouche. Pas un seul cri. Pas un seul son.
Elle était impuissante, fébrile esclave de sa terreur.
Elle ne pouvait appeler à l'aide.
Personne ne viendrait l'aider.
Et les ombres toujours plus se rapprochaient d'elle, une lueur féroce brillant dans les yeux…
-A-Aletheria… A-Aide moi !

Quelques heures plus tôt.

-Tu as entendu à propos de ce massacre dans le Nord de la forêt ?attaqué
-Oui. On dit qu'il n'y a eu qu'un survivant et que les criminels sont les elfes Sylvains !
-Cette souillure elfique ne se contente pas d'envahir notre forêt et d'en faire leur propriété, ils tuent également les nôtres… Ils méritent une mort lente et douloureuse !
-Oui ! Ces êtres infâmes et abjects doivent payer pour s'en être prit librement aux fils et filles d'Aletheria ! Cela mérite vengeance !
-Oui tu as raison ! VENGEANCE !


Longeant les murs, Afiralia silencieuse et la tête basse, se dirigeait vers la périphérie de la ville à une allure rapide.

Partout, dans les rues, les maisons, les boutiques, et même dans l'école, la colère et la haine succédaient à la tranquillité et la paix habituelles que nourrissait Naël'Kadora.
Nombres d'insultes emprises de mépris étaient vociférés à l'adresse de leurs voisins de la forêt.
Les mots « elfes » et « vengeance » étaient sur toutes les bouches, comme s'ils étaient liés.
Le visage caché par ses cheveux rêches, passa la palissade et continua sa route vers le Sud-Ouest, ralentissant néanmoins.

Le vent soufflait délicatement sur sa peau satin. Les arbres grinçaient affectueusement autour d'elle.
Mais cela ne réussit pas à chasser les sombres pensées qui tournoyaient sournoisement dans sa tête.
Elle aussi était préoccupée par cette odieuse affaire.
Les elfes… La druidesse n'avait jamais réellement trop réfléchi à leur sujet, mais pour elles, ils était presque instinctif de les considérer comme des parasites s'étant installés au cœur de la forêt sacrée pour, selon les rumeurs, échapper à la guerre et aux holdars.

On lui avait raconté brièvement la guerre entre les elfes et les représentants de ce peuple jusqu'à aujourd'hui inconnu. Selon la version officielle, la guerre avait été provoquée par les Holdars.
Mais à présent, la centaure savait que c'était faux… Pertinemment faux.
C'étaient les elfes, dans leur mépris naturel des autres races, leur illusion de supériorité et leur désir inassouvi de se rendre maître de leur environnement, qui déclenchaient ces bains de sang… Et ils allaient récidiver ici et avec son peuple !
Une rage sourde commença à s'éveiller en elle.
Elle devinait les raisons de ce massacre commis par les sylvains… Car si leurs contacts avec les autres races restaient rares encore aujourd'hui, les centaures n'étaient pas dupes : ils savaient que leur nature hybride intriguait et suscitait autant la curiosité que la méfiance et le dédain.
Mais Afiralia faisait fi de cela : elle était plus que fière de son apparence: c'était un don de sa déesse, un présent fameux et unique, une marque d'amour ! Pour quoi que ce soit au monde, elle ne voudrait jamais s'en séparer, et se donnerait sûrement la mort si cela devait arriver.
Aussi, elle soupçonnait cette distinction raillée et profanée à l'origine du conflit.
On les désignaient sans doute comme des monstruosités au coeur des villages elfes, afin de faire croire à la plèbe qu'ils constituent une insulte envers la nature que les sylvains chérissent tant, et ainsi se donner une raison de les éxecuter sans état d'âme.
Mais les intrus et les déchets dans cette histoire n'étaient pas les centaures… Mais les elfes !

Elle ne laissera jamais ces derniers accomplir leurs desseins immoraux.
A partir d'aujourd'hui, elle étudiera avec une assiduité sans pareil et travaillera avec acharnement, afin de devenir la plus puissante des druides qui n'ai jamais existé !
Et de là, avec la bénédiction et la force d'Aletheria, elle ordonnera aux arbres et aux animaux d'envahir Mitriath, puis dirigera ses frères et sœurs vers la victoire, au nom de leur déesse !
Et c'est brandissant la gloire et la fierté du peuple centaure, qu'elle se dressera face à ces êtres pitoyables et faibles qui se jetteront à ses sabots pour la supplier d'éprgner leur misérable vie ! Et levant la lance de la justice bénie par la lumière de l'astre nocturne, implacable, elle fera payer pour le peuple sylvain de ses crimes et ses pêch-

« BOM »

L'arbre en face d'elle trembla, et Afiralia recula avec peine, se massant le visage endolori par un tel choc, le nez écorché par l'écorce rugueuse, laissant échapper sa souffrance dans un murmure :
-Aiyeuh...
Encore une fois, plongé dans un rêve éveillé, elle n'avait pas fait attention où elle se dirigeait.
Se massant la truffe tout grimaçant, elle se mit soudain à rougir de honte d'avoir commis pareille maladresse, et espéra secrètement que personne ne l'avait remarqué.

Un coup d'œil à droite.
Un coup d'œil à gauche.
Rien.
Elle pouvait de nouveau respirer calmement… A moins que des espions ennemis étaient là, dissimulés dans les fourrés, et se moquaient silencieusement d'elle, se demandant s'ils allaient la tuer discrètement ou bien la laisser encore un peu en vie pour qu'elle les distraie ? Etaient-ce les elfes qui venaient terminer leur travail en lancant un assaut éclair sur la ville ?
Immédiatement sans réfléchir, elle se mit à piétiner avec fougue les fourrés de ses sabots, pour en déloger et chasser les intrus, terrifiée par l'idée que pareille menace sévisse si près de la capitale…. Mais il n'y avait rien, absolument rien… à part des branches brisées et des feuilles piétinées.
Encore une fois, elle s'était fait piéger par son imagination… N'apprenait-elle donc jamais
Confuse, elle balbutia dans le vide une excuse afin de se racheter, puis reprit son chemin au trot, terrifiée à l'idée d'avoir offensé les esprits de la forêt et de s'attirer leurs foudres.
Les rumeurs et moqueries à son sujet n'étaient pas infondées.
On la traitait de folle, de dégénérée, de déséquilibrée, de paranoïaque et encore, elle en passait !
Mais ceci n'était pas réellement du à un désordre mentale… Plutôt du fait qu'elle possédait depuis son plus jeune âge un fort esprit créateur, et que souvent égarée dans ses pensées, il lui arrivait de ne plus faire la distinction entre la réalité et l'imaginaire… Et cela lui attirait des sobriquets et remarques blessantes de toutes sortes.
Cependant, avec le temps, elle avait appris à ne plus en tenir compte et à se réfugier dans ses chimères, même si elle préférerait que les gens cessent de se moquer d'elle, non pas pour son amour-propre, mais pour la réputation de ses parents, qui s'en trouvait sérieusement atteinte.
Aussi tentait-elle de faire attention… Mais cela n'était pas simple.

Se libérant de toutes contraintes, elle se lança au galop afin de se laisser emporter par cette sensation de légèreté et d'insouciance, laissant de côté les elfes et leurs manigances, se promettant d'y revenir plus tard afin plus calmee t sereine.
Sûrement avait-elle encore était emportée par la colère et était passée à côtés d'éléments importants.
Peut-être se trompait-elle... Tout comme elle pouvait avoir raison.

Elle arriva bien tôt à sa destination.
La crypte… Etait-ce volontairement qu'elle était venue ici, ou alors elle en aurait entendu partiellement parlé de la bouche d'une personne qu'elle aurait croisé sur le chemin sans s'en rendre compte, et inconsciemment influencée, ses pas l'auraient mené ici ?
Mystère… Mais il n'était pas question de reculer : Aletheria la regardait, du moins l'espérait-elle.
La druidesse regarda néanmoins avec appréhension la rampe s'enfonçant dans les ténèbres…
La crypte… Que devait-elle s'attendre à trouver en bas ?
Des stèles et sculptures morbides ? Des abominations pestilentielles et carnassières ?
Une armée de morts décomposés sortant de leurs tombes, la chair rongé, l'œil sortant de l'orbite, les os saillants, claudiquant et rampant dans une vision de cauchemar jusqu'à elle afin de l'attraper, de sucer son sang, dévorer sa chair, l'étriper, la broyer, la…

« BLAAM »

-Ouille… Mais c'est pas bientôt fini oui ?!

Distraite par ses hallucinations habituelles, la druidesse s'était engagée inconsciemment dans le passage sordide et s'était violemment frappé le haut du crâne contre le plafond rocheux.
Retenant un juron pourtant légitime, elle continua sa route, mal rassurée, s'attendant à tout instant de voir surgir un macchabé en face d'elle.
Alors qu'elle s'enfonçait toujours plus profond dans les pénombres, l'air se faisait plus froid.
Soudain, une ombre surgit devant elle.
Un fantôme ! Un être éthéré qui venait la hanter par delà la mort et était mue par le désir de venir dévorer son âme !
Précipitamment et de façon désordonné, elle tendit une main fébrile, prête à faire abattre sur son ennemi la colère lunaire.
Au moment où elle allait libérer son énergie, la pâle lumière émanant d'un cristal imbriqué dans la roche illumina le visage de celui qu'elle avait manqué de réduire en cendre…
Khal, un brave guerrier qu'elle avait rencontré lors de la lutte acharné contre l'aigle. Heureusement, ce dernier ne se rendit compte de rien, et continua insouciant son exploitation d'un filon d'un quelconque minerai.
Elle soupira, puis reprit sa route.

Malheureusement, la suite n'en fut que plus affligeante encore:
Elle confondit une blatte avec un démon.
Cria presque aux larmes, hystérique, en jurant que le plafond avait bougé et que la voûte rocheuse allait s'effondrer sur elle.
Bloqua durant plusieurs minutes le passage à un tunnel d'eau glacée, étant persuadée d'avoir vu l'ombre d'un quelconque monstre amphibien qui attendait, patiemment, que sa victime passe au-dessus de sa tête, afin de n'en faire qu'une bouchée…

Mais les paroles rassurantes et les encouragements des autres centaures présents avec elle dans la grotte finirent par lui donner courage et confiance en soi, aussi sur un élan spontanée, elle fondit sans réfléchir vers la sortie, voulant être la première à voir ce que leur réservait la suite de l'aventure.
Encore une fois, son manque de retenu et de concentration allait lui coûter cher.
Déboulant brusquement à l'air libre ses sabots se prirent dans une masse importante de neige couvrant le sol, et elle chuta.
L'air était glacial, le vent mordant, le blizzard aveuglant.
Se relevant péniblement, frigorifiée, et elle examina les alentours, pétrifiée, déboussolée, désabusée.
Il n'y avait personne à part elle… Aussi devrait-elle satisfaite car c'était se qu'elle souhaitait.
Mais elle ne ressentit aucune joue, plutôt la peur qui commençait à lui ronger les entrailles.
Soudain, elle entendit des bruits.
Des bruits de pas.
Des grognements.
Des hurlements stridents.
Elle vit des ombres, des silhouettes se dessiner parmi les flocons.
Pour une fois, elle aurait espérait que ce n'était que son imagination.
Hélas non, c'était la réalité, une réalité vicieuse qui allait se rappeler douloureusement à elle.


Mais par la Lune, dans quel pétrin me suis-je encore mise ?

Ce n'était que là une plainte et des gémissements inutiles.
Cela n'empêchait pas les grognements et mugissements puissants se faisait toujours plus près tandis que des silhouettes imposantes se faisaient plus distinctes dans le blizzard.
Sa peau mordue par le froid commençait à s'engourdir.
La peur s'emparait de son corps.
Aucun son ne sortait de sa bouche. Pas un seul cri. Pas un seul son.
Elle était impuissante, fébrile esclave de sa terreur.
Elle ne pouvait appeler à l'aide.
Personne ne viendrait l'aider.
Et les ombres toujours plus se rapprochaient d'elle, une lueur féroce brillant dans les yeux…
-A-Aletheria… A-Aide moi !
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#3
Le sol trembla soudainement.

Afiralia s'élança afin d'éviter l'assaut, et parvint miraculeusement à éviter l'assaut. Cependant, il manqua peu pour qu'une des dangereuses cornes de l'auroch l'éventre.
Aletheria était avec elle.

Regagnant confiance en elle, la centaure se lança au galop afin d'échapper à ses assaillants, après avoir jeté sur la bête un sort offensif, qui n'eu pas d'effets concluants mais qui eu pour finalité de la ralentir dans sa poursuite.
Un tronc d'arbre mort, arme improvisé du troll, s'abattit avec violence à côté d'elle, faisant jaillir la neige et trembler le sol. Cependant l'attaque ne l'atteignit pas et la druidesse continua sa course.
Déjà, elle apercevait la limite entre la neige et la plaine au loin, et même la bordure de la forêt.
Bonne nouvelle.
Sans doute ses agresseurs ne la suivront pas jusque là.
Et même si c'était le cas, les arbres entraveraient leur progression.
Elle était sauvée.

Adressant une prière muette à la Lune en guise de remerciement, elle accéléra l'allure… Quand soudain, un cri retentit derrière elle. Un cri de guerre.
Freinant subitement, elle tourna la tête… Pour voir les centaures l'accompagnant plus tôt chargeant ses poursuivants, intrépides et sans peur.
Elle s'arrêta, en proie à un terrible dilemme.
Même s'ils étaient plusieurs, elle doutait sérieusement qu'ils puissent réussir à vaincre de pareils créatures.

Elle fut tentée pendant un moment de leur hurler d'arrêter cette folie et de fuir avec elle.
Mais elle s'abstint à temps.
Aletheria n'appréciera jamais pareille lâcheté et couardise. Se serait l'insulter.
Toutefois, la jeune femme avait pu réaliser que ses sorts n'avaient que peu d'effets sur leurs adversaires… Seule la force brute pourrait sans doute en venir à bout.
Afiralia savait pertinemment ce qu'elle devait faire… Mais rien que l'idée l'effrayait.
Elle avait entendu dire par le professeur de magie à Naël'Kadora qu'il était déjà arrivé à des druides peu expérimentés et présentant une certaine résistance naturelle à la magie de ressortir d'une métamorphose avec quelques modifications physiques imporomptues, tels des crocs féroces, du poil aux oreilles et sur le visage, des griffes, une patte différente des autres
Réalité ou fable montée de toutes pièces par l'enseignant pour inciter ses élèves à se concentrer durant ses cours ?
Toujours était-il qu'il n'en fallu pas plus à la centaure pour la paniquer, car il ne lui disait bien entendu rien de se retrouver avec une fourrure volumineuse, encombrante et nauséabonde d'ours mal léché, et ce pour toute la vie.

Néanmoins, elle ne pouvait se résigner a abandonné ses frères et sœurs… Aussi se résigna-t-elle, malgré son appréhension grandissante de lancer un sort qu'elle n'avait jamais osé utiliser auparavant, par crainte.

Appelant à elle la force des esprits animaliers, elle commença à psalmodier.
Puis quand l'incantation fut terminée, elle s'arrêta et figée, comme si un seul mouvement de la nuque aurait pu briser le sort, attendit.
Mais rien ne se passa… Ce qui provoqua un soupir de lassitude mais aussi de soulagement de la part de la druidesse.
Le sort avait raté. Il lui faudrait trouver autre chose.
Mais alors qu'elle se mit à réfléchir de nouveau, une torpeur soudaine prit possession de son corps entier.
Afiralia poussa alors un cri muet, quand son corps commença à se transformer.
Les poils de sa peau se multiplièrent et s'agrandirent pour former une épaisse et chaude fourrure.
Ses bras s'allongèrent et s'épaissirent tandis que ses ongles devenaient de redoutables griffes et ses mains de puissantes pattes.
Ses quatre membres supérieurs fusionnèrent pour former une seule et unique paire de solides postérieurs.

Enfin, son visage se modifia, mais la sensation qu'elle éprouva alors était si étrange et désagréable qu'elle préféra fermer les yeux et attendre.
Quand elle rouvrit, ce fut pour s'apercevoir que sa vision des choses avait changée… Au sens propre.
Elle percevait à présent de nouvelles odeurs.
De nouveaux sons.
De nouvelles images.
Elle sentait la force nouvelle qui la parcourait… Comme si plus rien ni personne ne pouvait s'opposer à elle.

Mais un cri de douleur venant des combats la sortie de sa rêverie.
Sans attendre ni se poser pour évaluer la situation, elle chargea avec sauvagerie le troll qui fut le premier ennemi qu'elle apercevait, forte de sa nouvelle forme et condition.
Le troll sous l'impact bascula en arrière.
Ses imposantes pattes labourèrent sa cuirasse avec acharnement… Mais cela ne suffit pas.
Même la métamorphose en ours n'était pas de taille face à ce monstre, et alors qu'elle s'en rendait peu à peu compte, ses compagnons étaient en train d'être défait par l'auroch, qui avait appelé à lui nombre de congénères pour lui prêter main forte à piétiner cette vermine.
Les centaures s'enfuirent, si précipitamment qu'Afiralia se retrouva très vite seule face à ses ennemis.
Ils l'avaient abandonné, délaissé, laissé seule alors qu'elle était venue de son plein gré leur porter assistance, sans que rien ne lui oblige… Et voilà que ceux qu'elle avait voulu aider la laissaient à son triste sort.

Quel bande lâche, indignes enfants de la lune…
Mais la druidesse n'eu pas le temps de ruminer ses sombres pensées, car déjà, elle était la cible de nouveaux assauts, plus nombreux et plus violents.
Aussi dut-elle à contre cœur prendre la fuite.
Malgré sa nouvelle corpulence, elle se mit à courir, courir jusqu'à n'en avoir plus de souffle, sans jeter un regard en arrière.

Même quand elle pénétra enfin dans la forêt aux cimes protectrices, elle ne s'arrêta… Pourtant, elle en fut bien obligée, lorsque le sort cessa de faire effet.
C'était également une sensation désagréable, mais moins qu'elle ne l'aurait craint, et c'est avec un soulagement non dissimulé qu'elle constata qu'elle avait retrouvé entièrement sa forme originelle, sans sabot interverti avec une énorme patte poilue.
Elle était en entière, affaiblie et épuisée certes, mais vivante.

Prenant un pas calme et posé, elle commença lentement le chemin du retour vers Naël'Kadora, songeant à ce qu'il s'était passé, notamment à la débâcle de ses amis, du moins elle le pensait..
Mais était-il justifié de leur tenir ainsi rancune ? Cela n'avait-il pas été la meilleure décision pour éviter des morts inutiles ? C'était sans doute le meilleur choix… Ou alors…
Ou alors ils l'avaient délaissé tout simplement car ils n'avaient que faire d'elle, de cette cinglée solitaire, coincée et au physique à quel point banal…
C'est plongée dans ces pensées obscures qu'elle parcouru les bois, la tête basse, amère… Quand elle s'aperçu que le jour baissait de plus en plus.
Si les créatures qu'elle avait combattu l'avaient suivi (mais elle en était convaincue) ou que d'autres encore plus dangereuses la pistaient secrètement dans l'ombre (ce qui était d'avantage probable), alors elle ne devrait pas tarder plus longtemps à rentrer, sous peine qu'on retrouve son cadavre à moitié dévoré sous un chêne au petit jour.
Frémissant à cette idée, elle allait se lancer au triple galop afin d'avoir une chance de rentrer saine et sauve quand soudain, une solution s'imposa à son esprit.
Une nouvelle métamorphose, qu'elle n'avait apprise que très récemment, mais qui lui permettrait sans doute de parcourir la distance qui lui restait beaucoup plus rapidement…

Après sa première tentative dont elle n'avait était déçu qu'à cause de la situation dans laquelle elle l'avait utilisée, Afiralia était déterminée à refaire l'expérience, et cette fois en profiter entièrement.
Elle n'avait plus peur des possibles conséquences magiques : si elle n'en avait pas eu la première fois, cela signifiait qu'elle était suffisamment compétente et donc que ce sort était définitivement sans risques pour elle.
L'incantation fut récitée, et son corps subit le même processus que la première fois… Cependant, elle se sentit moins gênée lors de la transformation… L'accoutumance déjà ?
En quelques secondes, apparu à la place de la centaure une magnifique et fine biche.
Une nouvelle fois exaltée par cette nouvelle vision de son environnement, la druidesse laissa son instinct animal prend le dessus sur sa conscience.
Gambader en toute légèreté et liberté, défiant les lois de la pesanteur, slalomant entre les arbres, bondissant sans la moindre difficulté par dessus les troncs renversés sur le chemin, comme si le vent lui-même la portait.
Une expérience que jamais elle n'oubliera, et qui l'a conforta définitivement dans la voie qu'elle avait prise.

Le druidisme était fait pour elle, il n'y avait plus de doute, à la joie immense qu'elle ressentait et l'enivrement qui s'emparait d'elle, un bonheur auquel elle n'avait de mémoire, jamais eu droit jusqu'à ce jour.

Cependant, sa course effrénée fut une nouvelle fois de courte durée, car elle arriva bien vite aux portes de la cité, si vite qu'elle failli renverser plusieurs passants, qui n'hésitèrent pas à lui lancer un regard plein de reproche…
Mais qu'importe, rien ne pouvait entamer sa gaieté et son euphorie… Et c'est en s'élançant en toute allégresse qu'elle se dirigea vers l'école de magie.
Mais à son plus grand malheur, sa forme de cervidé prit fin devant les portes du majestueux bâtiment en bois… Cependant, ce n'était pas encore suffisant pour entamer sa bonne humeur nouvelle.
Elle avait réussi. Elle avait prouvé au monde qu'elle n'était pas qu'une gamine ordinaire ratée.
A partir d'aujourd'hui, tout le monde reconnaîtrait son talent et son don pour la magie druidique.
Mais c'est alors que, la métamorphose s'étant terminée et voulant à présent en toute hâte dévaliser la bibliothèque de l'établissement afin d'y trouver tous les sorts de métamorphoses possibles et imaginables, la jeune femme posa un sabot en avant… Et s'écroula comme une masse dans l'entrée.
Les membres douloureux, elle redressa lentement et avec difficulté son torse par la force de ses bras endoloris, et grimaçante, ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire. Elle avait trop forcée, car elle ne devait pas l'oublier : ceci n'était que le début, et elle manquant encore d'expérience… Encore une fois, elle avait été aveuglée par ses rêves et son imagination.

Mais cela lui était égale, qu'elle souffrante et épuisée, rien ne l'empêchera d'assouvir la soif immense de savoir qui s'était éveillée en elle.

Mais alors qu'elle tentait tant bien que mal à se remettre sur patte à l'aide d'une table, des cris de surprise et des murmures étonnés attirèrent son attention…
Relevant la tête, et réalisa non avec honte que tous les individus se trouvant dans l'école la fixait.
Tout d'abord, elle cru que cela était à cause de sa chute misérable, et elle ne pu empêcher le sang de lui faire virer le visage au rouge… Cependant, leurs visages ne montraient aucuns signes de moqueries… Mais plutôt révélaient la stupeur, l'effarement et la consternation.
Perplexe, une peur sournoise s'emparant soudain d'elle, elle contempla ses mains… Et ne pu s'empêcher de pousser un cri d'horreur.
Elles étaient à présent de couleur mâtes… Mâtes ! Où était donc passé leur couleur de satin ?
Elles paraissaient également encore plus fragiles et minces qu'elles ne l'étaient avant.. Mais qu'était-ce donc ? Un contraste du aux faibles éclairages des lieux ?
Non, ce n'était pas ça, c'était pour une autre raison, raison qu'elle commençait à deviner mais à laquelle elle ne voulait pas croire.

Apercevant du coin de l'œil un miroir au fond de la salle, elle s'y précipita, désespérée, prise de panique et d'effroie bousculant et renversant livres, étagères, professeurs et élèves sur son passage.
Et quand elle fit enfin face au miroir, l'abasourdit et la stupéfia tant, qu'elle n'arriva qu'à émettre un faible et impuissant murmure.

-Mais qu'est-ce que…


[Image: 127.jpg]

Elle avait eu tort de considérer les avertissements du professeur sur les métamorphoses comme une fable... Et elle en payer les conséquences jusqu'à la fin de ses jours.
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