[RP] L'Inquisitrice blessée

[Selinde Belroza]

La sorcière resta un instant interdite devant la mâchoire aux dents acérées de la créature démoniaque, l'imaginant vivante, ses os massifs recouverts de chair et de muscles. Impressionnante. Mais malgré tout, elle gisait au sol, vaincue par une poignée de nordiques plus bestiales qu'elle. Elle se releva lentement et jeta de nouveau son dévolu sur Lhuste.

Alors qu'elle se dirigeait vers elle pour l'interroger, elle s'interrompit net devant l'image de l'inquisitrice qui, une fraction de seconde, s'était volatilisée. Elle cligna des yeux, incertaine de ce qu'elle venait d'apercevoir. Selinde préféra garder ce phénomène sous silence, tout en procédant à une surveillance plus accrue encore. Cette elfe... Il fallait la démasquer. Mais comment ?

"Un mécanisme d'activation ? Qu'est-ce qui vous permet de le penser ?", interrogea la sorcière, toujours sur ses gardes. "Mais est-il réellement pertinent d'investiguer d'avantage en territoire holdar alors que nous sommes en possession des restes du démon responsable du massacre de vos compagnons d'armes. N'était-ce pas pour les venger, ce qui a été fait au préalable par vos bourreaux négligents, que vous avez souhaité monter cette expédition ?"

Si la pyromancienne souhaitait en réalité, continuer et découvrir ce que pouvait bien faire un démon enchainé dans les entrailles d'Andoras, malgré ce que la prudence la plus élémentaire lui dictait, elle peinait à ne pas voir dans la mort des inquisiteurs un prétexte à composer cette expédition.

[Pludencre]

L'inquisitrice montra du doigt les piliers et les chaînes magiques qui pendant dans le vide, et suivi une ligne tracée au sol jusqu'au cercle de téléportation.

Le démon enchaîné aux piliers devait être relié au cercle, et j'ai appris à mes dépends qu'il faisait aussi office de gardien.


Elle regarda Selinde droit dans les yeux et affirma avec fermeté.

Je pense surtout à détruire le portail, s'il est encore en fonctionnement, et comprendre comment le royaume du Nord a eu raison du démon.

[Chord]

Je laissais le beau monde entrer dans la grotte, il n'y avait pas vraiment de bousculade et je décidais de rester quand même en arrière. Je faisais confiance à mes camarades pour crier fort à l'aide si jamais ma présence était désirée. Je n'étais pas seul à surveiller l'extérieur, tant mieux. Mais voilà qu'un nouveau venu, inconnu à mes yeux, venait se pointer. Un talien étrangement au courant de ce qui se passe dans le coin. Gardant mes réserves pour moi et le ton de ma voix, je m'avançais -légèrement- à sa rencontrer pour l'aiguiller et en savoir plus sur lui. Peut-être était-il de l'arrière-garde ou de l'aide promise, peut-être pas.

Bonjour, voyageur, l'inquisitrice a pénétré la grotte il y a peu. Puis-je vous mener à elle ?
Vous paraissez pressé, comment c'est passé votre trajet ?

[Selinde Belroza]

Selinde haussa les épaules dédaigneusement, visiblement peu convaincue par les motivations affichées par l'inquisitrice. Elle resta silencieuse un moment à observer les différents éléments de la salle souterraine.

"Si le démon était relié au cercle, cela ne peut vouloir dire que deux choses : soit il en était lui même une sorte ingrédient, comme un catalyseur, une source de magie démoniaque ou que sais-je encore, soit au contraire, il en était le résultat. Mais il parait assez évident qu'il n'était qu'un instrument dans d'autres mains.

N'importe quel animal affamé pendant des lustres devient l'équivalent d'un gardien féroce, à peine relâché face à de la chair fraiche."

Elle prit en main l'une des chaines pendantes et l'étudia une nouvelle fois, scrutant les glyphes inactives qui la parsemaient.

"Je n'ai pourtant pas l'impression que cette libération soit volontaire. Ses geôliers auraient-ils perdu son contrôle d'une façon ou d'une autre ?

Quoiqu'il en soit, vous m'excuserez, Dame Inquisitrice, mais je n'aurai pas l'outrecuidance de m'immiscer dans les affaires de la Haute Inquisition. Ayant été accusée pour des actes bien moins répréhensibles que l'étude de procédés et mécanismes démoniaques, je ne tiens pas à subir une nouvelle fois les persécutions de votre ordre."

Elle s'adossa à l'un des piliers, tout en faisant tourner négligemment la chaine brisée avec sa main. Malgré cette attitude détachée, elle ne semblait pas quitter Lhuste des yeux.

[Israfel Aedarion]

Israfel observa Lhuste descendre dans le gouffre, rapidement suivie par Selinde. Il soupira avant d'emboîter le pas aux demoiselles.

L'inquisitrice prenait les choses en main et il appréciait peu de lui laisser les rênes au vu de son implication dans les événements de Balard. La talienne la gardait à l'œil, à raison, mais brisait du même coup la façade d'autorité qu'elle lui avait conféré en bravant ses directives.

Une fois dans l'obscurité de la grotte, Israfel profita qu'ils n'étaient encore que trois pour leur signifier son mécontentement.

« Dame Lhuste, je vous prierai de ne pas confondre hâte et précipitation. Je comprends votre empressement, mais aucun de nous n'a l'intention de finir comme vos camarades, et ce n'est pas en fonçant tête baissée que… »

Le mande-orage trébucha sur un cadavre, qu'il n'avait pas remarqué dans la pénombre.
Le corps était en état de décomposition avancé, une grande trace de morsure bien visible dans son armure d'inquisiteur.
Selinde attira d'une remarque son attention sur un autre cadavre un peu plus loin. Un rapide examen des lieux révéla qu'il n'y avait pas d'autre mort que ces deux-là : un inquisiteur et un démon, dont les restes semblaient correspondre à la description donnée par Lhuste.

Mais le récit de la jeune femme parlait d'une troupe entière d'Inquisiteurs, pas d'un seul. Une incohérence qu'Israfel ne manqua pas de soulever.

« … Un seul corps ?

Lhuste, combien de vos camarades étaient censés être morts ici ? »

Alors qu'il s'approchait des piliers pour en examiner les chaînes, la rapide disparition de Lhuste ne lui échappa pas. Un rappel sur les capacités Holdars qui le mirent d'autant plus mal à l'aise.

Habituellement, les Holdars défendaient ardemment leur territoire et il était très difficile d'approcher des remparts d'Andoras sans se faire attaquer par des géants ou des skilithes. Mais là, rien. Aucune trace d'un ennemi.
Soit les Holdars étaient vraiment devenus peu nombreux, soit la présence de l'Inquisitrice les maintenaient à l'écart… soit ils étaient déjà là, dissimulés grâce à leurs illusions.

L'elfe émit un léger soupir dans un effort pour faire refluer la paranoïa, puis se pencha plus avant sur l'examen du tracé ésotérique que Lhuste avait désigné comme un cercle de téléportation.

« Je pencherai plutôt pour un résultat.
Vi'aria est réputée pour créer des soldats à partir d'habitants de Synca, mais il recouvrent leur apparence première à leur mort. Et, à l'exception de leur chef, les quelques Xalaro que j'ai pu voir semblaient constituer de feu bleu ou de glace, pas de chaire.

Ce démon-ci est unique. C'est sans doute le fruit d'une expérience, et il n'y a qu'un pas à faire pour avancer qu'on l'a amené ici par ce cercle, si il sert effectivement à se téléporter.
Mais par qui et pourquoi, ça… »

Israfel se releva et revint vers Lhuste.

« Je suis d'accord avec Dame Belroza.

L'assassin de vos camarades est mort. Une fois ce cercle détruit et la dépouille de l'inquisiteur enterrée dignement, nous n'aurons plus rien à faire ici.
Sans doute la bête se sera fait écraser sous le nombre, ou ses pouvoirs de guérison étaient plus limités qu'il n'y paraissait. »

[Pludencre]

L'inquisitrice observa tour à tour Israfel et Selinde, préférant partir après avoir offert une sépulture décente au dernier corps. Est-ce la crainte ou la méfiance qui leur dictait de fuir ? Elle s'était attendue à une plus grande soif de découverte, une plus grande ardeur pour les combats.

Peut-être est-ce plus raisonnable de rebrousser chemin. Pourtant, tant de mystères régnaient , et la pyromancienne avait mis le doigt sur une idée intéressante.


Catalyseur... L'énergie du démon nourrit le portail ? Il est fort dommage que vous ne poursuiviez pas vos recherches, vous nous avez prouvé votre vivacité d'esprit. Offrons des funérailles au dernier inquisiteur avant de remonter à la surface.

Elle désigna un endroit pour couvrir les restes du corps avec des pierres avant de se diriger vers la surface.


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Le talien aperçut son confrère qui l'avait interpellé et lui répondit assez sèchement et sommairement.

Attendre ici.

Derrière lui, ses troupes mirent en place un campement.

[Selinde Belroza]

"N'est-ce pas le propre de l'Inquisition que de brimer la vivacité d'esprit pour la conformer à une orthodoxie nauséabonde ?", railla Selinde. Elle marqua une pause, les traits durcis par la réflexion. Son regard s'était détourné de l'inquisitrice et fixait la chaine brisée qu'elle gardait toujours en main.

"Si mes hypothèses sont exactes, je devrai être en mesure d'activer le portail avec l'aide de Vagnard et de ces chaines. Cependant... Cependant, il m'est difficile de quantifier le mana nécessaire à son maintien et par conséquent, combien de temps nous pourrons tenir sans nous effondrer d'épuisement, vidés de nos forces arcaniques."

Elle s'abstint de préciser que neutraliser de la sorte deux mages offensifs les priverait d'une force de frappe non négligeable alors même qu'une félonne gangrénait leurs rangs.

"J'ignore également combien des nôtres pourront traverser et même si cela arrivait, les chances qu'ils y découvrent des indices significatifs sont maigres. Les maîtres d'Andoras ne sont pas réputés pour leur sens de l'hospitalité et ne leur faciliteront pas la tâche.

Et la question du retour se pose... La vie de mes hommes m'est trop précieuse pour que je ne la risque de la sorte dans une quête de vérité déraisonnable. Il s'agit là d'un ordre que je ne donnerai pas.

Mais si des volontaires audacieux se manifestent pour passer le portail, je leur apporterai toute mon aide."

Elle s'était tournée vers toute l'assemblée, guettant leur réaction.

[Vagnard]

Le sorcier tourna la tête vers Selinde lorsque celle-ci parla de lui. Ouvrir un portail à deux. Mais bien sur, avec double sortie tant qu'à faire. Soit sa magie avait vraiment progresser soit elle tester l'inquisitrice, mais connaissant la cheffe, la deuxième solution était plus vraisemblable.
Le sorcier se rapprocha des chaines sans les toucher.
Ça doit être faisable... Mais à quel prix!
Et à part des démons, que pourrait-on trouver derrière? Ou plutôt qui... demanda Vagnard en regardant l'inquisitrice dans les yeux.

[Israfel Aedarion]

L'elfe reporta son attention sur le cercle au sol. Il ne comprenait rien à ses tracés sinueux et ses inscriptions ésotériques, mais tout le monde semblait s'accorder sur le fait qu'il était d'origine démoniaque et qu'il servait à se téléporter.
Mais que le cercle permette de se déplacer rapidement dans l'espace ne signifiait pas forcément qu'il ouvrirait un portail. La personne qui prendrait place en son centre pourrait très bien être déplacée instantanément sans l'apparition d'une porte mystique.

Et il ne voyait pas d'autre moyen de déterminer le lieu d'arrivée du cercle que de l'emprunter soi-même. À moins que ces tracés ne donnent un indice sur sa destination ou qu'un mage arrive à la déterminer grâce à sa connaissance des flux de magie pure.
Mais Israfel doutait que quiconque dans l'assemblée comprenne le démon ou le holdar et les grands mages n'étaient jamais là où on avait besoin d'eux. Lui-même s'était arrêté à une étude purement théorique de cette forme de magie, préférant plier les éléments à sa volonté.

Il n'avait pas réagit tout de suite au discours de Selinde, les paroles de la talienne faisant leur chemin dans son esprit.
Le noble se permit de poser une main sur l'épaule de la pyromancienne et lui sourit.

« Ce n'est de toute façon pas vous qui donnez les ordres ici, il me semble. »

Le ton était léger, en complète contradiction avec le reproche qu'il venait d'énoncer. Il s'approcha ensuite à nouveau du cercle et s'arrêta à un pas du tracé.

« … Et vous n'aurez pas à le faire. Vous êtes tous ici à ma demande, sans promesse de récompense autre que la satisfaction du travail accompli. Je ne saurai souffrir qu'un de vous risque sa vie sous mon commandement.

Si quelqu'un doit y aller, ce sera moi. »

Israfel avait parlé avec assurance.
En réalité, il n'était pas très confiant en ses chances de survie si ce portail menait au sein d'Isaroth. Mais aucune des autres personnes présentes n'aurait de meilleures chances que lui si elle se retrouvait coincée de l'autre coté des falaises d'Andoras. L'aéromancie pouvait se targuer de faire littéralement voler ses partisans et il maîtrisait cet élément depuis longtemps.
Et si le portail menait chez les démons… Il aurait un autre atout à jouer.

Le mande-orage reprit d'une voix plus forte, pour que tous les membres du corps expéditionnaire puissent entendre.

« Si vous pensez pouvoir ouvrir le passage, faites-le. C'est le seul moyen de vérifier s'il était bien la source de ce dégagement magique anormal senti par l'Inquisition et de vérifier où il mène, de toute façon.
Évitez peut-être de mettre ces fers. S'ils bridaient vraiment la magie du démon, vous ne pourrez pas diriger le rituel avec cela au
poignet. »

Il se tourna ensuite vers Vagnard.

« Je pense que nous avons suffisamment de personnes présentes pour égaler la réserve magique d'un démon. S'il suffit de toucher la chaîne pour lui transmettre de l'énergie, tous ou presque ici pourront participer.

La seule question qui se pose encore, c'est combien de temps vous pensez pouvoir maintenir ce passage ouvert. »

Bien qu'il se soit porté volontaire, Israfel se demandait si le passage resterait ouvert quelques minutes ou s'il se refermerait directement.

Si le passage ne s'ouvrait qu'un instant, il serait livré à lui-même de l'autre coté, sans espoir de retour.
Mais si le cercle restait actif plus longtemps, peut-être aurait-il l'occasion de le prendre dans l'autre sens et de revenir dans la grotte auprès de ses compagnons une fois achevée son observation de l'autre coté.

[Pludencre]

Lhuste se recueillait auprès du cairn près du défunt et écoutait l'échange avec intérêt. Les mages semblaient avoir compris le fonctionnement du portail : l'énergie aspirée par les chaînes permettait d'activer le portail, et l'auteur de l'expédition semblait prêt à le franchir. Il semblait n'attendre que la confirmation de ses condisciples pour tenter sa chance.

Elle finit par s'approcher et se permit d'intervenir.

N'avez-vous pas peur de faire un voyage sans retour ou de vous vider de vos forces magiques, incapables de vous défendre ? Généralement les portails se franchissent dans les deux sens, et vous ne savez pas quels ennemis se trouvent de l'autre côté.


Elle savait qu'avec les capacités d'anti-magie des inquisiteurs, elle serait incapable de contribuer à l'activation du portail. Son rôle se limiterait donc à défendre ses compagnons de voyage.

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A l'extérieur de la grotte le camp du talien était enfin établi, et leur chef faisait les cent pas... L'inactivité et l'impatience commençaient à jouer sur ses nerfs...

[Selinde Belroza]

La pyromancienne n'avait pas réagit lorsque l'elfe avait posé sa main sur son épaule. Ses traits étaient restés impassibles au départ de sa tirade, mais à présent, Selinde dévisageait Israfel avec l'intensité d'une première rencontre. Le prudent et précautionneux noble elfique se portait volontaire pour une traversée qu'elle aurait volontiers qualifié de suicidaire, tant les paramètres pour un retour sans heurt manquaient cruellement. Elle se détourna de lui pour observer et écouter attentivement Lhuste. Elle hocha la tête pour acquiescer avant d'intervenir d'un ton aussi détaché que corrosif, la chaine toujours virevoltante entre ses mains :

"Vous faîtes bien, Aedarion, de rappeler qui commande cette expédition et quel insouciant il serait à laisser ses troupes sans instruction en son absence. Mais peu importe, cette négligence ne sera pas gravée sur votre épitaphe, au contraire de votre courage et votre bravoure face à une mort héroïque. J'en respecte le choix et salue votre force d'âme qui, au moins, ne me laissera pas éplorée devant une perte chère.

Je vais m'occuper de l'activation. Enfin, une dernière chose avant cela."

Se séparant de la chaine dans un tintement métallique, Selinde s'approcha d'Israfel et lui murmura quelques mots à l'oreille sans que nul autre que lui ne puisse entendre. Elle s'éloigna et lui adressa une œillade malicieuse avant de lâcher d'une voix sévère une explication à voix haute.

"C'est ce que vous ferez à votre retour pour que je puisse vous identifier comme l'authentique Baron Israfel Aedarion. A défaut, vous trépasserez sous l'assaut de la Salamandre. Une simple précaution d'usage qui peut nous éviter le risque qu'un holdar n'en profite pour se dissimuler sous vos traits. J'ose, d'ailleurs, espérer que même sous la torture vous tairez ce petit secret."

Elle se tourna vers Vagnard et s'approcha de lui, une main posée sur son épaule.

"Des holdars. Probablement des holdars, vu notre position géographique. Quelqu'un a du chercher à pénétrer Andoras... Si j'ignore encore pourquoi, nous pouvons déduire le comment grâce à ce dispositif singulier, que nous allons reprendre à notre compte."

Elle ramassa l'une des deux chaines, et la présenta au sorcier flamboyant avec un sourire.

"Avec ceci enroulé à ton poignet, tu devrais pouvoir m'aider à alimenter le cercle, et ainsi, le mettre en marche. Les glyphes sur ces chaines draineront ton énergie comme elles ont absorbé celle du démon. Ne déploie pas toutes tes forces d'un coup. Nous allons procéder progressivement pour préserver notre endurance et éviter une surchauffe. Ou quelque chose d'approchant. C'est supposément un dysfonctionnement de cette sorte qui a permis à la créature de se libérer."

A son tour, elle vint se poster au second pilier et prit la chaine pour l'enrouler à son poignet, sans la serrer et de façon à pouvoir s'en débarrasser facilement. Selinde commença à concentrer une infime partie de sa magie, la modulant lentement pour observer avec plus d'attention le résultat de son entreprise. Elle s'interrompit un instant, levant des yeux inquisiteurs et menaçants vers Lhuste.

"J'oubliais, Dame Inquisitrice, vous n'aviez pas parlé d'un support militaire envoyé par un caldras ? A combien d'hommes se nombre-t-il ?"

Quelqu'un avait cherché à pénétrer Andoras... Et si ce quelqu'un était Lhuste et ses acolytes.
Et si ce quelqu'un avait une armée à sa disposition... Alors le pourquoi ne faisait plus de doute.

[Vagnard]

Vagnard regarda Selinde dans les yeux puis la chaine, puis de nouveau Selinde. Il prit la chaine pour l'enrouler un peu autour de son poignet et souffla d'exaspération.
S'il le faut vraiment...
Vous savez que ça ressemble fortement a une tentative de suicide ce que l'on fait ? Ou d'homicide selon le point de vue. dit-il en s'adressant au commandant de l'expédition.

Le sorcier s'écarta un peu et commença a se concentrer pour diluer son mana dans la chaîne. Petit à petit. Ses réserves était importante mais tout le monde n'avait pas besoin de le savoir. Il continua à verser son mana dans la chaine sans s'interrompre mais en restant attentif à ce qu'il se passer.

[Chord]

Un simplet ? J'en avais entendu des remarques peu valorisantes sur les dirigeant et les militaire mais je commençais à être habitué à ma commandante. Il leur fallait vraiment plus de femmes. Bref, je le laissais à son occupation apparemmen forte prenante : attendre. Après un hochement de tête je retournais auprès des deux autres qui montaient la garde devant l'entrée. Le retardataire m'inspirait guère et fort de mon expérience je tentais de déceler (discrètement) si quelque chose ne tournait pas rond, une possession ? illusion ? enfance difficile ? Heureusement que mon face n'était pas de métal, ma mine soucieuse la mettrais à rude épreuve. Devrais-je pensais à une alternative pour ma seconde armure ?

[Pludencre]

Les deux mages se positionnèrent à chaque pilier plaçant la chaîne autour de leur poignet. Un simple picotement indiqua leur énergie magique absorbée par les maillons enchantés. Après quelques instants, le cercle de téléportation se mit à luire d'une faible intensité. Leur supposition était juste : l'activation du cercle exigeait du mana.

Des gouttes de sueur perlaient sur le front de Selinde et Vagnard : le sacrifice en ressources semblait surhumain, et ils luttaient pour maintenir le portail ouvert. Toute personne le franchissant risquait d'épuiser leurs forces magiques, voire les plonger dans l'inconscience et l'espoir de retour semblait bien mince.

HRP : dommage mentaux 5(10) à Selinde et Vagnard pour l'activation du portail. Dans trois tours, ils seront inconscients. Je considère que le lien est rompu si un des deux mages rompt le contact avec le pilier.

Je ne place pas de téléporteur pour vous faire la surprise du plan d'arrivée. Par contre, une seule personne pourra le franchir (à l'indiquer en RP)

Lhuste s'approcha des mages pour leur apporter son soutien, mais elle s'était bien rendue compte qu'ils étaient incapables de maintenir le cercle de téléportation activé. Alors qu'elle cherchait une solution pour maintenir le cercle, une voix retentit dans son dos.

Lhuste, vous voilà... Remplacer le démon ?



L'intendant de Balard, Grid avait fait son entrée dans la grotte. Impatient, il avait fixé Chord du regard avant de passer à côté de lui, ses troupes sur ses talons. Le menu fretin ne l'intéressait pas, seule l'inquisitrice était digne d'intérêt.

[Israfel Aedarion]

« Insouciant… Oui, sans doute. Mais pas irresponsable. Je vous fait confiance pour diriger cette expédition en mon absence. »

L'elfe ouvrait la bouche pour répondre à Vagnard qu'il faisait cela de son plein gré et que le pyromancien n'aurait aucune représailles à craindre quand Selinde s'approcha pour lui glisser quelque chose à l'oreille.

Israfel regarda la Commandante l'air profondément outré. Comment osait-elle lui demander une chose pareille ? Elle ne pouvait être sérieuse.
Il voulu la rattraper par la main mais ne pu que l'effleurer, la jeune femme s'étant lestement éloignée, anticipant parfaitement son geste de protestation. Le mande-orage sut, au regard amusé de la talienne, qu'elle comptait bien sur ce genre de réaction de sa part.

Il soupira. Selinde jouait une fois de plus avec lui et il n'avait moyen de la contredire sans paraître encore plus irréfléchi qu'il ne l'était déjà.
Sa volonté de s'assurer de qui reviendrait était légitime, et au moins elle avait réussi à trouver une chose qu'il n'aurait jamais fait en temps normal. Il lui passerait donc ce caprice. Pour cette fois.

Une fois la talienne de nouveau postée près d'un poteau, il prit quand même la peine de s'approcher d'elle.

« Si cela devait mal se passer… Vous donnerez ceci à… »

Le mande-orage n'eut pas le temps de finir sa phrase que le cercle se mettait à briller. Il fourra rapidement sa chevalière dans la main libre de Selinde et retourna rapidement vers le portail.

Tout se passa ensuite très vite.

Il cru d'abord que cela ne fonctionnait pas, car il s'attendait à être transporté aussitôt à l'intérieur du cercle, mais rien ne bougeait.
Il se retourna vers Selinde pour l'interroger du regard et vu l'effort sur le visage de la talienne. Un humain inconnu entrait dans la grotte, des hommes en armes sur ses talons. Il remuait les lèvres, mais Israfel n'entendait pas un son.

Avant même qu'il ait pu s'interroger sur le phénomène, il éprouva une vive douleur et la sensation que le cercle lui aspirait ses forces aussi bien physiques que magiques. Le goût du sang fit irruption dans sa bouche. L'air lui manqua. L'instant d'après, l'elfe se sentait comme aspiré vers le plafond. Il ferma les yeux. Il lui sembla traverser un rideau glacé.

Puis plus rien.

[Pludencre]

L'elfe pénétra dans le cercle et une boule de lumière bleutée s'éleva près de lui avant de s'unir à lui en pénétrant près de sa poitrine. Peut à peu, un halo de même couleur l'enveloppa et brouilla sa silhouette.

Les spectateurs appréciaient le tour, à l'exception des deux taliens proches des piliers, qui durent ployer les genoux sous peine de sombrer dans l'inconscience. L'activation du cercle requérait de l'énergie, mais ce n'était rien comparé à ce qu'ils devaient endurer pour son utilisation.

Israfel ne devint qu'une ombre de couleur cyan avant de disparaître complètement. La téléportation avant réussi, au prix d'un douloureux effort de Selinde et Vagnard. Enchaînés à leur pilier, le mana s'écoulait toujours au travers la chaîne, même si le cercle n'émettait qu'un très faible lueur.

Lhuste observa la scène avant de secouer négativement la tête. Derrière, l'intendant de Balard s'approcha d'elle et pointa son épée dans sa direction.

Promesse...

[Selinde Belroza]

Nul ne la vit rouler au sol. Nul n'entendit son discret tintement. Nul ne la vit glisser de la main tremblante de Selinde. Cette dernière l'avait lâchée sous l'effort insensé qu'elle avait déployé au moment de la traversée. Ce fut comme un coup de poignard.

Violent. Implacable. Douloureux.

Elle avait le souffle coupé et le front perlé de sueur tandis qu'une hideuse grimace de douleur la défigurait. Ses jambes déjà en proie à l'épuisement, ne la soutenaient plus. Sa tête tournait, bourdonnait. Les sons qui lui parvenaient étaient déformés en des bruits, des cris. Ce n'était pas si différent de la première fois. Mais cela durait…

Cela durait d'interminables secondes où elle sentait son esprit divaguer, s'éloigner de son objectif, se perdre… Ce n'était peut-être pas pareil, après tout. Ekairos n'était plus à sauver. Elle n'avait pas eu à réfléchir la première fois.

L'instinct. L'intuition. La détermination.
Il n'y avait rien eu d'autres.
Pas même la peur.

Cette fois-ci, c'était différent. Soudain. Elle avait senti son être se déchirer, ses forces magiques lui étaient arrachées. Elle avait eu envie de crier, mais aucun son n'était sorti de sa gorge. Ses yeux refusaient de pleurer, mais ses jambes, elles, avaient cédé à l'épuisement.

Alors qu'elle sombrait, elle sentit le froid du métal sur son ventre. Il l'avait retenu dans sa chute, et avec une extrême délicatesse la soulevait. Elle devina le gantelet d'acier de son frère qui la ramena contre lui. C'était terminé, la chaîne avait disparu Il colla sa joue contre sa cuirasse, caressant ses cheveux laiteux avec tendresse pour l'empêcher de bouger. La chaleur la rassurait, la réconfortait. Elle était bien dans ses bras. Dione. Les yeux fermés. Inondée de son odeur. Dione. Il murmurait sont prénom, tantôt avec amour, tantôt avec inquiétude. Sa moitié. Son autre elle-même.

Il était là. Il avait toujours été là. Il serait toujours là.
Avant leur naissance. Après leur mort. Ensemble.

Aidée par la présence et les attentions de son jumeau, Selinde commença à retrouver ses esprits et ses sens. Elle ouvrit les yeux, et les leva pour découvrir la grotte. Elle le vit. Lui. Ce vermisseau qu'elle avait juré d'égorger de ses propres mains. Grid. La rage et la haine. Ses plus anciennes et fidèles conseillères, lui susurraient déjà les plus pernicieux conseils et embrasaient son coeur d'un fol élan meurtrier.

Promesse...

Elle ricana, prise d'un rire sordide, presque inhumain. Presque dément. Celle que l'on avait qualifié Démone aux cheveux blancs dans le Nord n'avait pas usurpé son surnom. Qu'elle pouvait être terrifiante avec cet immonde rictus aux lèvres.

« Une promesse ! Vous exigez, ingrat, alors que vous l'avez déjà trahie ! »


Et pendant ce temps, la chevalière des Aedarions gisait dans l'obscurité, perdue à l'image de son propriétaire.

[Pludencre]

Lhuste se retourna pour faire face à la menace et regarda Grid droit dans les yeux, sans broncher. Sa trahison n'était pas une surprise, mais elle ne l'attendait pas si tôt. Les promesses de pouvoir qu'elle lui avait susurrer l'avaient rendu impatient. Dommage, il ne manquait pas de qualité et de contrôle de soi.

Le rire de Selinde résonna dans la caverne, arrachant quelques frissons, et attirant toute l'attention. l'intendant fit un pas de côté pour déceler du regard l'auteur du rire d'apparence démoniaque: son visage lui était familier et signe d'embrouille. Sa menace à peine voilée confirma son ressenti. Peut-être était-il temps de la faire taire. Chaque chose en son temps. Il avait un problème plus important à gérer.

Son attention se porta de nouveau vers Lhuste.

Remplir ta part du contrat.




L'elfe sourit, avant de rétorquer.

L'autre pimbêche a raison. Qu'espérez-vous après votre trahison ?



La réponse du talien vint avec la lame s'enfonçant dans le thorax de l'inquisitrice. Elle eut juste le temps de claquer des doigts et son image se brouilla, comme Selinde l'avait aperçu un peu plus tôt. Mais cette fois-ci, le brouillage persista, la silhouette de l'elfe devint plus difforme avant de disparaître complètement pour laisser la place à un vieux tronc d'arbre.

Grid grinça des dents, pris au dépourvu par ce tour de passe-passe. Il fallait étancher sa colère d'avoir été pris de court. Un sourire malsain apparut sur son visage. Teinter de rouge cette chevelure d'argent ferait l'affaire. Il chargea la talienne ordonnant d'un geste la mise à mort des présents.

[Chord]

Clairement le bonhomme était troublé. Il justifiait aussi les doutes que certains portaient pour l'autorité. L'heure n'était pas au procès mais à l'action. Dommage, j'aurais pu dormir sous ma carapace. Dans cette situation elle était aussi utile, ça pourrait être pire, comme un bal...

N'écoutant que mon courage, j'invoquais de fraiches protection magique et je rentrais la tête dans mes épaules. Mauvaise idée pour suivre ce qui se passe dans une grotte sombre avec un heaume sur la tête, ça m'intéressait plus trop à vrai dire. Juste la bonne santé des mon groupuscule. J'étais confiant qu'il tomberait pas tout de suite et que je les trouverais malgré mon champ de vision réduite avant que ça arrive.

[Selinde Belroza]

Selinde cracha une gerbe de sang, qu'elle essuya rageusement d'un geste de main. Elle haletait, le souffle court et le flanc ensanglanté. Pour autant, ses yeux fulminaient d'une lueur assassine. Ce maudit furoncle de Grid était aussi habile avec sa flamberge qu'il ne l'avait été avec son sort sur ce malheureux domestique, tandis que la riposte de la sorcière n'avait su passer ses défenses. Ce qui ne faisait qu'accentuer sa colère intérieure et durcir ses traits. Elle serra le poing furieusement.

Elle aurait du le tuer à Balard. Elle aurait du.

Tout s'était passé très vite, bien trop vite pour ses muscles et sens affaiblis par l'effort précédent. Grid s'était jeté sur l'inquisitrice, furieux de sa promesse rompue par sa propre trahison. Celle-ci n'avait eu qu'à révéler, enfin, sa nature illusoire pour échapper à la lame plantée dans sa poitrine. Enfin, les ennemis de la couronne, de l'humanité même, avait ôté leur masque et dévoilait leur complot. La pyromancienne n'avait rien besoin de plus, si ce n'est leur tête.

Elle se redressa, dissimulant ses faiblesses et blessures par une attitude hautaine. Droite, faisant fi des tremblements qui agitaient son corps meurtris, elle pointa un doigt accusateur sur l'intendant et invectiva l'armée redoutable qui leur faisait face :

« Soldats de Balard, vous qui êtes la fierté de la nation talienne. Vous qui en êtes les dévoués et loyaux protecteurs, voyez comme la duplicité de ce scélérat offre vos vies et votre vaillances aux holdars et à leurs complots ! Voyez comme il a su abuser de la confiance de votre bien aimé Caldras pour le faire passer pour un traître à la couronne !

Cet homme… Cet homme, grâce à ses manipulations, a attenté à la vie de notre bon roi Leonar.
Soldats de Balard, reprenez votre destin en main. Nous ne sommes pas vos ennemis, au contraire de ce mercenaire d'Isaroth qui vendrait père et mère pour amasser fortune !

Soldats de Balard, défendez le peuple talien à nos côtés ! »

Elle doutait d'avoir eu les mots pour les convaincre. Elle même n'y croyait pas et ne possédait pas la moindre fibre patriotique. Dione aurait pu, il avait toujours été meilleur orateur qu'elle. Mais au moins, pouvait-elle espérer avoir distillé l'incertitude dans l'esprit des troupes de l'intendant. Un moment de flottement dans une discipline impeccable… Ce serait suffisant pour que les Sentinelles et la Salamandre renversent la situation.

Au moins pouvait-elle affirmer sans mentir qu'elle leur avait laissé le choix avant de les tuer.

[Pludencre]

Grid avançait et frappait, se frayant un chemin vers cette "banshee". Et dire qu'elle cherchait à corrompre ses troupes. Il ne prit pas la peine de se retourner, leur allégeance ne faisait aucun doute.

Comme s'ils avaient le choix.

Les hommes de main de Balard écoutèrent le discours de la pyromancienne sans cesser le combat. La parlotte est vraiment une affaire de bonnes femmes.

Rien ne convainc mieux que le joli métal jaune.

[Chord]

Aoutch.

La nouvelle combinaison des mes plaques d'acier n'était pas impénétrable. C'était vexant. J'étais vexé. Quand on tapait mon armure on s'attaquait à moi. A ma création, mon œuvre. Les bas du front n'étaient pas encore classés dans la catégorie 'futile'. Dommage. Il était triste que je m'améliorer grâce à eux. Ma ridicule fierté accusait la réception.
Rien à voir avec ce que l'autre simplet se prenait dans la tronche. Je ne pouvais nier qu'on s'acharnait dessus, je voyais toujours pas l'intérêt de sa présence. Il était sûrement trop tôt pour l'enquiquiner, toutefois je profitais de ses premiers signes de faiblesse pour le piquer un peu. Bien moins adroitement que l'habitude de mes compagnons. Ils pourront d'autant plus briller à la prochaine occasion.

Faudrait plus que quelques hommes de mains pour assurer un vocabulaire si réduit. Une jolie face, des résultats ou un grand-frère peut-être.
A défaut, y a t'il de quoi annoter votre brève apparition ou est-elle aussi dépourvu de sens ?

[Selinde Belroza]

Devant l'étendu de son échec rhétorique, la sorcière grimaça et afficha une mine agacée. Quelle envie avait-elle de décimer l'armée du caldrasir qu'elle entendait diriger un jour ? Les idiots. Leur sort était, à présent, scellé dans le sang et la violence.

Un des guerriers fonça le glaive au clair pour lacérer d'un mouvement circulaire les mages restés à l'arrière. Reculant sous le choc, elle se redressa et secoua la tête avec mécontement, les yeux rivés tels une menace sur son attaquant.

“Vous avez choisi le mauvais camp, soldat.”

Selinde se détourna bien vite de lui pour ne s'intéresser qu'à ce maudit intendant. L'avare avait tenté de se frayer un chemin pour l'atteindre, mais Ekairos et Dione s'étaient interposés pour laisser leur commandante aux bons soins d'Elena et de Chord. Vagnard, lui, n'avait cessé de l'affaiblir dans un enfer de flamme et une chaleur suffocante.

L'insolente pyromancienne fixait son ennemi, attendant un signe de faiblesse tout en le défiant d'un sourire emprunt d'un sadisme malsain. Elle le voyait peiner sous les attaques combinées des Sentinelles et de la Salamandre, qui n'hésitaient pas à déployer tout leur arsenal pour lui nuire. Et le mettre hors d'état de nuire.

Sans crier gare, elle leva vers lui son sceptre à gueule de dragon et en déchaîna la puissance. Cette fois, les flammes le percutèrent de plein fouet tandis qu'une aigre odeur de chair brûlée commençait à saturer l'atmosphère.

“Vous pouvez encore vous rendre, Grid.
Et parler.
A moins que vous ne préfériez crier ?

Elle avança lentement vers Grid et fit claquer sa voix autoritaire à l'attention de ses compagnons.

“Chord, je crains que tu ne perdes ton temps à essayer de communiquer avec ce scélérat. Sa parole étant d'or, il ne comprend qu'un seul langage.
Dione, Ekairos, maintenez-le attaché pendant que je l'interroge.
Elena, veuillez veiller à ce que ce pleutre ne sombre pas dans l'inconscience, je vous prie. Je ne voudrai pas qu'il rate, un seul instant, les attentions que je lui réserve.”

D'abondantes flammeroles commencèrent à s'enrouler autour de son bras et de sa main, dégageant une chaleur insupportable. A présent toute proche de lui, elle effleura sa joue dont la peau se teinta de rouge avant de boursoufler vilainement. Cette odeur de chair carbonisée, encore.

Soudainement, elle agrippa sa gorge pour lui infliger une terrible morsure ardente qui ne put manquer de le faire suffoquer et s'étouffer dans son gosier brûlant. Tout aussi brusquement, la température s'abaissa juste assez pour être supportable. Douloureuse, mais supportable.

“Je vous déconseille de bouger, cela n'en serait que plus douloureux.

De son autre main, elle agita une pièce d'or devant les yeux du pauvre homme blessé.

”Nous pourrions commencer par fondre quelques morceaux de ce métal scintillant que vous affectionnez tant, dans votre propre chair. Qu'en dites-vous ?”

Rien ne convainc mieux que le joli métal jaune.

[Pludencre]

Les frappes étaient nombreuses, et les flammes de l'enfer léchaient la peau brune. Ses ennemis ne ménageaient pas leurs efforts pour rendre sa douleur insupportable. Entailler les plaies ouvertes, brûler le sang s'écoulant des entailles, tant de supplices qui auraient fait sombré plus d'un dans l'inconscience. Mais Grid n'était pas de ces pleutres, la torture lui était familière, même en position de victime. Bien que cette femme à la chevelure argentée s'approchait, main tendue, et crachait un discours intimidant, Grid restait impassible, les traits marqués par la haine plutôt que la douleur.

Il lui ferait payer au centuple cet affront.

Quelques centimètres séparaient la main de la pyromancienne du cou de Grid lorsqu'une flèche trouva refuge dans son bras. Croyant la victoire proche, elle avait oublié les troupes de Balard, ses hommes qui avait juré de le protéger au détriment de leur vie, ces hommes dévoués corps et âme. Grid se permit un sourire. Ses troupes lui passeraient dessus avant qu'elle ne puisse de nouveau porter la main sur lui.

Les soldats encore debout se rassemblèrent autour de leur intendant, bombardant Selinde de sorts et de coups d'épée. La riposte fut violente, lui arrachait un petit rire malsain.

Se rendre n'était pas dans ses cordes, du moins tant qu'un esclave défendrait ses intérêts.

[Selinde Belroza]

Selinde n'eut d'autre choix que de reculer sous l'assaut combiné des forces de Balard. Elle se tenait le bras dans lequel une flèche était fichée. Sa mâchoire crispée témoignait tout autant de sa souffrance que de sa colère. Elena ne tarda pas à la lui retirer d'un geste méthodique et rapide avant d'apposer sur ses plaies divers sortilèges curatifs.

Pendant ce temps, la sorcière observait le champs de bataille, et plus précisément Grid avec toute la haine du monde. En cet instant, elle ne voyait que sa tête dépourvue de cheveux rouler au sol et inonder la roche de sang. Au lieu de le sauver, ses gardes venaient de le condamner. Grid serait le premier à tomber.

Quelqu'un de raisonnable aurait peut-être retenté de lui soutirer de nouveau des informations après l'extermination de ses troupes, mais Selinde n'avait rien de raisonnable et n'admettait pas que l'on lui résiste. La clémence et la patience de la jeune femme avaient leur limite. Il avait eu sa chance de parler et de s'offrir un repenti.

"Salamandre, tuez-le. Nous avons perdu assez de temps avec ce misérable sous-fifre. Ses actes de traitrise parlent bien mieux que ses aveux. Que l'on en finisse."

[Pludencre]

Le dernier paladin vit ses comparses tomber les uns après les autres, et l'envie de prendre la fuite l'obnubilait au point de rendre ses gestes imprécis. Même si Grid gisait sur le sol, ses hommes de main menaçaient ses proches, le forçant à combattre jusqu'à la mort.

Sa peau s'enflammant signa son arrêt de mort. Le brasier consumait sa vie au prix de cris de douleurs. Ses genoux flagellèrent, forçant à les mettre à terre. Avant de rendre son dernier souffle il hurla sa rage et son désespoir.

Sauvez Balard !



Aucune larme ne coulait sur ses joues à cause des flammes, mais son regard affichait sa peine sans retenue.

[Selinde Belroza]

Seul un regard étincelant de mépris recueillit l'ultime cri de désespoir du malheureux.

Elle l'avait regardé suffoquer et se tordre de douleur dans sa lente et ardente agonie, sans une once de pitié pour le guerrier. Bien loin d'émouvoir ou d'affecter la jeune femme, la dernière déclaration du paladin n'avait eu pour effet que de renforcer son dédain.

"Sauver Balard, hein... Imbécile. Tel était le devoir que je n'ai cessé de te rappeler. Tu en avais l'opportunité, l'occasion. Au lieu de ça..."

Elle leva les yeux au ciel d'exaspération.

"Au lieu de ça, tu as lâchement choisi la mort, abandonnant ainsi les raisons qui t'ont poussé au parjure et à renier ta chère Balard.
Imbécile."

Après une moue désapprobatrice, Selinde se détourna bien vite de son cadavre. L'excitation du combat évaporée, ses divers hématomes et ecchymoses se rappelaient à elle et éveillaient la souffrance dans ses muscles fatigués. Elle posa une main tremblante sur sa joue tuméfiée, grimaçant à son contact, avant de s'intéresser à sa lèvre éclatée et ensanglantée. Le goût ferreux dans sa bouche n'avait pas menti.

Mais ce n'était rien en comparaison à l'impressionnante plaie qui couvrait son bras, reliquat de cette flèche insolente qui l'avait privée du plus sadique des délices. Malgré les sortilèges curatifs de l'ancienne, la blessure restait inquiétante, et nécessitait une attention particulière. Plusieurs semaines seraient nécessaires à un rétablissement complet. Elle soupira bruyamment, pour témoigner aussi bien de son soulagement que de son irritation.

"Dés que tout le monde aura récupéré, nous partirons au plus tôt. Je ne tiens pas à rester dans cette grotte plus que nécessaire. Mais avant..."

Elle désigna du doigt le fond de la cavité, plissant ses yeux, encore aveuglé par le sort de Chord, pour essayer de le distinguer. Sa voix se teinta de raillerie.

"Ekairos, récupère le crâne du démon cornu. A défaut de nous fournir des informations concluantes après une étude plus approfondie, c'est un trophée qui fera pâlir de jalousie nos amis de l'Egide."

Elle ajouta sur ce même ton mi-grave, mi-amusé à l'attention de Vagnard.

"Occupe-toi de ramener ces chaines. Il serait insensé de laisser un tel artefact dans de mauvaises mains, alors qu'il n'y a pas plus blanches que les nôtres."

Elle s'adressa alors à Chord qu'elle accueillit d'un petit rire.

"Les dieux ont été aveuglés par ton éblouissant sortilège, profite qu'ils aient les yeux fermés pour profaner le cairn, réalisé par Lhuste avec beaucoup trop d'attention pour être anodin, de ce pauvre inquisiteur. Je veux son sexe, son âge, un état de ses blessures... Tout ce que tu pourras m'en dire, en somme."

Elle se tourna vers son frère et le reste de l'assemblée.

"Veillez à détruire ces piliers et à offrir les derniers sacrements à ses braves taliens afin qu'ils puissent atteindre le Royaume d'Anastraph."

La sorcière murmura quelques mots acides et cinglants, audibles uniquement pour Dione tout près d'elle.

"Ils se doivent d'admirer la laideur de leurs faiblesses dans le puits des âmes."

Elle marqua une pause et se dirigea vers le corps gisant de l'infâme intendant. Contempler sa chair calcinée ainsi que l'horrible rictus de souffrance figé sur ses traits déformés et boursoufflés. Elle doutait trouver quoique ce soit sur sa dépouille tant les flammes s'étaient repus de son être avec la même avidité qu'il avait de son vivant. Elle s'agenouilla, serrant les dents en réponse aux diverses blessures qui parsemaient son corps et qui se plaisaient à la torturer. Elle replaça derrière l'oreille l'un de ses mèches de cheveux, alors plus rouge que blanche. Mais avant d'entreprendre sa fouille minutieuse, son regard fut attirer par un scintillement discret non loin du cadavre de Grid.

L'anneau qu'Israfel lui avait confié.
Elle le prit entre ses deux doigts et le porta à son examen visuel. Selinde murmura.

"J'ai fait ma part, Aedarion. Ne me décevez pas."

[Chord]

Sage comme un rouage, je hochais la tête aux directions de ma commandante et me dirigeais vers le cairn. Je n'avais pour le moment peu d'information, j'étais arrivé tardivement, mais j'étais bien décidé à obtenir des réponse. Avec précaution et délicatesse je m'attelais donc à la tâche. Il fallait faire attention aux détail et je n'étais pas un pro de l'excavation, ni du lancé de rocher. Les grosses brutes qui venaient de manger la poussière auraient pu se montrer utile à cette tâche. Je comprenais la versatilité de la nécromancie, même si elle manquait cruellement de grâce et d'aboutissement, c'était un outil bien plus adaptable que ma science. Je notais quand même que pelle et pioche était utile à avoir sous la main pendant une exploration. Les muscles pour les utiliser aussi.

[Vagnard]

Vagnard regarda sa cheffe lorsqu'elle l'appela. Il était fatigué. Tant de sortilèges, tant de mana consommer en si peu de temps. Sans parler de ce portail... Elle le tuerais sous l'effort un jours. Mais ce jours n'était pas encore arrivé. Après avoir récupéré des coupures des bouchers grâce aux bons soins des soigneurs, c'était leur boulot après tout, et s'être reposé un peu, il se dirigea vers les chaines. Le sorcier ramassa une cape encore en etat d'un des cadavres et attrapa une des chaines en évitant tout contact directe avec sa peau. Et en conservant sa magie évidement, se faire vider une deuxième fois si vite, non merci.
Il tira sur la chaine sans grand espoir de l'arracher du pilier.

[Pludencre]

L'inspection du cadavre fut une épreuve, tant l'odeur de chair brulée était insoutenable. Difficile de refouler des relents face à la vue du visage et des bras carbonisés. Sa fin avait dû être douloureuse, et pourtant, on décelait une forme de sourire sur ce qu'il restait de sa tête.

Une fine pellicule de cendre recouvrait le bouclier accroché dans son dos et l'armure de l'intendant, mais leur état ne semblait pas s'être dégradé avec les flammes, au contraire, ils avaient assuré une protection partielle contre les flammes. En soulevant l'armure, Selinde trouva une missive légèrement brulée et tachée de sang, qu'elle pouvait essayer de déchiffrer.

GRI....

Assu ............................. cun ne
s'éch ....................... ........ ivent
nour ..... Ghultony pou .............
le port ..........

Evit ........................... ne
s'ébruite co ................. ière
fois.

L

Le reste des affaires personnelles n'étaient pas exploitables et ne semblaient, à première vue ne contenir aucun indice intéressant.


Plus loin dans la pièce, Vagnard tentait d'arracher les chaînes du pilier sans succès. La chaîne était solidement attachée au pilier.

Chord exhuma le cadavre. La puanteur était dérangeante mais la putréfaction n'était pas très avancée. Son inspection révéla que la blessure mortelle avait été provoquée par une épée, et que l'accoutrement d'inquisiteur semblait jurer avec la peau sale et les ongles noirs. Difficile d'envisager une victime de l'attaque du démon.