Israfel se dirigeait vers le temple d'un pas rapide, l'humeur visiblement maussade.
L'enterrement de ses parents avait eu lieu avec ceux de son amie, quelques jours plus tôt à Lilótëa. Une cérémonie sobre, qui s'était déroulée dans l'intimité avec leurs seules familles proches. Devant l'angoisse que ressentait la jeune femme à l'idée de rester seule dans sa demeure provinciale, le mande-orage avait fini par lui proposer de séjourner quelques temps chez lui à la capitale. L'orpheline avait accepté.
Depuis son retour, l'elfe n'avait pas eu un moment à lui. Les affaires de famille ne pouvaient souffrir d'aucun délais, pas même de celui du deuil. Il devait s'imposer d'emblée et se montrer intraitable s'il voulait obtenir le respect de ses partenaires, qui ne le prenaient probablement que pour un jeune blanc-bec qu'ils pourraient utiliser.
Il était à cran, et ce n'était pas l'enquête sur l'Ombre masquée qui allait lui apporter satisfaction. La garde piétinait, comme depuis le début de cette sombre affaire. Avec le temps dont elles avaient disposées, l'Ombre masquée et la mariée fugitive pouvaient aussi bien être à l'autre bout d'Ecridel. Ses chances de les retrouver pour obtenir des réponses et assouvir sa soif de vengeance tutoyaient désormais le néant.
C'était à ce moment que la rumeur d'une inquisitrice blessée était parvenue jusqu'à lui, comme pour lui rappeler la lutte qu'il avait entamée contre les Xalari, et que lui aussi piétinait depuis longtemps à ce sujet.
Il était las, fatigué de parcourir Ecridel pour résoudre des problèmes qui ne faisaient que se compliquer sans jamais se résoudre, réfléchir à des mystères qui ne faisaient que s'épaissir et sacrifier de plus en plus de choses sans jamais en voir le bout. Il avait perdu ses amis, sa santé et jusqu'à ses parents sans pouvoir obtenir ne serait-ce que la satisfaction du travail accompli. Les démons massacraient de plus en plus d'innocents, les transformant en marionnettes gelées. Son échec était total.
Néanmoins, il ne pouvait ignorer cette rumeur. Si elle était vrai, les Holdars avaient fait une percée jusqu'aux Royaumes du Nord. Que le gouvernement le reconnaisse ou non, ils étaient en guerre. Aussi bien contre les Holdars et leurs espions que contre les démons et leurs ambitions de conquête. Il avait la capacité de protéger les gens du commun, et il était de son devoir de le faire, sans laisser ses sentiments personnels empiéter sur cette mission. De toute façon, il était allé trop loin pour abandonner maintenant.
C'est donc d'une humeur massacrante mais résolu qu'il se dirigeait vers le temple afin d'en apprendre plus au sujet de cette inquisitrice blessée et de ses propos fiévreux.
L'élémentaliste fit un rapide crochet au temple afin d'obtenir une description de la survivante. Par chance, il tomba sur une prêtresse qui l'avait soigné le soir du mariage. La guérisseuse s'enquit de son état et répondit gentiment à ses questions. L'inquisitrice se nommait Lhusthe et avait une longue chevelure blanche. Une particularité qui attira l'attention d'Israfel. Peut-être s'agissait-il d'une Elfe des neiges. La prêtresse ajouta que la convalescente rôdait encore non loin du temple, confirmant la rumeur.
Après avoir remercié la guérisseuse, le mande-orage prit congé et commença à déambuler dans les rues alentours du temple à la recherche de la dénommée Lhusthe. Il trouva rapidement une personne qui correspondait à ce qu'il cherchait : une elfe en armure de l'inquisition avec une longue chevelure blanche en partie relevée en queue de cheval.
Israfel prit quelques instants pour dissimuler sa mauvaise humeur puis s'approcha de la jeune femme.
« Venntaï. Excusez-moi, êtes-vous Dame Lhusthe ? »
L'inquisitrice, surprise d'avoir été interpellée, se retourna d'un mouvement vif et précis, la main posée sur la garde de son arme. Lorsqu'elle aperçut le mage, elle recula d'un pas, consciente des dangers de ces personnages lunatiques. Et les derniers événements avaient accru sa méfiance...
Voyant son comportement pacifiste, elle se ravisa avant de souffler pour se détendre. Un sourire timide apparut sur ses lèvres avant de répondre.
Oui, c'est ainsi que l'on me nomme. Pardonnez ma frayeur, j'ai dû récemment apprendre à être sur le qui-vive en toute circonstance.
Mais à qui ai-je l'honneur, bel homme ?
Elle afficha regard charmeur, mais ses yeux le détaillant de la tête aux pieds supposaient un tout autre sentiment proche de l'inquisition.
Par politesse, il rendit son sourire à l'inquisitrice. L'élémentaliste n'avait aucune envie de se montrer faussement affable avec une inquisitrice, qui était formée pour se méfier des lanceurs de sorts comme lui et qui y serait donc insensible. De plus, Lhusthe semblait particulièrement sur ses gardes et elle pourrait prendre trop d'amabilité pour de la duplicité.
Mais si la guerrière venait de subir un traumatisme, elle serait plus encline à lui confier ce qui lui était arrivé s'il se montrait aimable avec elle.
« Excusez mon impolitesse. Je me nomme Israfel Aedarion, je suis Mande-orage. »
L'elfe exécuta une légère révérence.
« D'après les prêtresses, vous avez en effet vécu de rudes épreuves récemment. C'est pour en apprendre plus sur ce qui vous est arrivé que je vous cherchais. Si vous le voulez bien, nous pourrions en parler autour d'un verre ? »
Israfel appuya sa demande d'un nouveau sourire. Il n'avait aucune envie de discuter de sujets aussi sensibles que les Holdars au milieu d'une foule aux oreilles traînantes, et l'inquisitrice serait peut-être plus loquace après quelques verres. En admettant qu'elle accepte son invitation et qu'elle ne réserve pas son rapport à la seule Inquisition. Après tout, il n'était rien d'autre à ses yeux qu'un citoyen concerné.
L'elfe approuva d'un signe de tête et indiqua de la main la taverne la plus proche avant de se mettre en route. Elle fit quelques pas avant de s'arrêter brutalement. Elle fronça légèrement les sourcils en lui adressant une mise en garde pleine de sous-entendus.
Ne vous méprenez pas sur vos intentions, ma vie est dévouée à l'inquisition.
Elle se remit en route, silencieuse, pénétra dans la taverne et s'installa à une table libre, un peu à l'écart des joyeux lurons que l'alcool avait égaillé, et des allers et venues des serveuses.Lorsque le made-orage s'installa, elle relança la conversation sur un ton neutre malgré la brutalité des propos.
J'ai été laissée agonisante par un démon, et un agar m'a donné le coup de grâce. Je ne dois mon salut qu'à Fryelund.
Sans attendre de réponse, elle leva la main pour passer commande.
Israfel prit place face à la combattante. Il avait ignoré sa mise en garde bien inutile de la dame. Les raisons qui l'amenaient étaient bien plus préoccupantes qu'une tentative de flirt avec une inconnue. Un couple qui eut été bien assorti de toute façon vu leurs formations respectives.
Le mande-orage écouta Lhusthe d'un air grave et profita de l'arrivée de la serveuse pour réfléchir. Quelque chose ne collait pas. Bien que les propos de l'inquisitrice soient tout à fait crédibles vu sa profession, la rumeur avait apporté jusqu'à ses longues oreilles une histoire opposée, faisant mention de Holdar et de Nain.
Il était possible que le trauma qu'avait subit la jeune fille lui ait embrouillé l'esprit. Peut-être qu'elle ne souhaitait simplement pas raconter son histoire à un mage par manque de confiance. La rumeur était peut-être en partie erronée, ce n'aurait pas été la première fois.
Israfel chassa de son esprit l'hypothèse que l'inquisitrice puisse être une espionne Holdar. Si cela avait été le cas, il aurait été bien plus commode pour les géants blancs d'échanger leur espion avec la combattante avant son retour à Asteras. Or, si les mots qu'elle avait supposément prononcés au temple étaient exacts, ce n'était pas le cas. Et si elle avait été enlevée entre le temple et le siège de l'Elendaë, cela aurait forcément été remarqué. Mais il n'y avait aucun bruit qui courrait à ce sujet.
Une fois la serveuse partie avec leurs commandes, l'élémentaliste se pencha vers Lhusthe avec cette attitude commune aux conspirateurs et lui demanda d'un ton assez bas :
« Où étiez-vous quand c'est arrivé ? Et quel genre de démon a bien pu venir à bout d'un de nos inquisiteurs aguerris ? »
Il avait décidé de jouer le jeu, au moins pour l'instant. Si c'était un mensonge ou une chimère tissée par son esprit meurtri, Israfel était curieux de voir à quel point il pouvait être élaboré. Le sujet des Holdars et des Nains pourrait toujours être abordé par la suite, si l'histoire ne le satisfaisait pas.
L'inquisitrice fronça légèrement les sourcils avant d'ouvrir la bouche pour répondre. Mais elle se ravisa et but une gorgée de la boisson posée devant elle pour meubler le silence. Le mage devait être suspendu à ses lèvres et elle soignait l'effet théâtral de ses révélations.
Ou peut-être voulait elle s'assurer de ne pas être espionné.
Après quelques moments, elle se décida enfin à répondre.
Nous devions enquêter sur une concentration de magie à l'est d'Andoras et après quelques jours de recherche, nous découvrimes un passage dans la barrière rocheuse. Il menait à une galerie où se tenait au centre un démon enchaîné. Du moins à notre entrée.
Elle stoppa un instant son monologue pour ménager l'effet et se désaltérer.
Ce fut un massacre. Le démon libéré se jeta sur nous et ses mâchoires découpèrent mes compagnons à portée. Les autres n'eurent pas plus de chance car malgré sa corpulence il fut sur nous en un instant.
La gorge se serra et elle préféra imposer un nouveau silence plutôt qu'éclater en sanglots.
J'ai ... Je voulais... J'ai fuit.... J'ai abandonné mes frères d'armes... J'aurai dû rester. Mais je n'ai pas pu. Il fallait informer les autorités alors j'ai tenté de m'échapper. Des agars et des nains nous attendaient à la sortie et j'ai pris le premier coup de hache.
Elle se tut pour essayer d'oublier ces mauvais souvenirs.
L'élémentaliste n'en montra rien mais pris bonne note du temps de réponse de l'inquisitrice. Les mensonges demandaient un minimum de réflexion et d'effort, ce qui demandait un peu de temps. Les réponses fournies rapidement avaient plus de chances d'être véridiques. C'est donc avec précaution qu'il recueillit la suite du récit de la jeune femme.
« Un démon isolé, enchaîné sans gardien dans une caverne à proximité d'Andoras ? Voilà qui est troublant… »
Il aurait aimé croire que la présence d'un démon chez les Holdars était une coïncidence, mais les géants blancs avaient couvert la retraite des gens de Vi'aria quelques temps plus tôt, alors qu'ils fuyaient devant les combattants du Concordat. Une alliance entre les Holdars et les Xalari n'était donc pas à exclure.
Le dégagement de magie qui avait attiré l'Inquisition sur les lieux était probablement ce qui avait attiré là les Nordiens, à la différence que Nains et Agars étaient venus en nombre. Eux avaient eu la présence d'esprit d'envoyer une cohorte armée et pas une simple escouade d'enquête dans ce qui avait tout d'un piège.
Israfel réfléchit un moment en contemplant le liquide ambré dans sa choppe avant de sortir une carte de sa cape et de la dérouler sur la table.
« Pourriez-vous indiquer sur cette carte où cette caverne se trouve, je vous prie ? Avec l'accord et si possible l'assistance de l'Inquisition, j'aimerai examiner les lieux et le cadavre de cette créature. »
Avant de tirer des conclusions, il devait d'abord s'assurer qu'il s'agissait bien d'un Xalaro. Et si c'était bien le cas, si Lhusthe et ses compagnons avaient eu affaire à un "véritable" démon ou à une victime transformée.
Les circonstances de l'incident l'intriguaient également : le dégagement de magie pouvait aussi bien être un appât qu'une circonstance indépendante. Et pour cela, il n'avait qu'un seul moyen à sa disposition : aller sur place et examiner tout cela en détail.
Il se rendait bien compte qu'il demandait à une inquisitrice son autorisation pour étudier un démon, une démarche qui avait tout de suicidaire. Mais Israfel espérait que le fait qu'il demande l'aide de l'Inquisition pour ce faire serait un gage de bonne foi suffisant. Et, dans le pire des cas, que la jeune femme et la justice lui laisseraient l'occasion de se défendre et de se justifier avant de le déclarer démoniste et d'exécuter la sentence.
L'inquisitrice le regarda droit dans les yeux.
Je vous propose même de vous accompagner, mais je ne souhaite pas vous imposer ma présence.
Laissant au mage un temps de réflexion, elle ajouta quelques informations pour combler le silence.
Le démon donna l'impression d'être un gardien, mais j'ignore ce qu'il devait protéger... Il ne nous a pas laissé l'occasion de le découvrir.
Elle afficha un air méfiant en se remémorant les propos d'Israfel. Se levant d'un bond, elle posa la main sur la garde de son arme, attirant les regards des clients de la taverne. Quelque chose l'avait troublé.
D'où tenez-vous l'information de sa mort ?
Le souvenir des crocs claquant à quelques centimètres de sa tête lors de sa fuite prouvait qu'il était en parfaite santé !
Israfel regarda la main de l'inquisitrice crispée sur le manche de son arme, puis leva les yeux vers les siens et pris calmement le temps de boire une gorgée et de reposer sa choppe avant de répondre, d'un ton qu'il voulait apaisant.
« C'est une simple supposition de ma part. Si les Nordiens qui vous ont laissée pour morte étaient assez nombreux, ils auront sans doute occis la créature. »
D'un léger mouvement de tête, il invita Lhusthe à se rasseoir.
« Et s'ils ne l'ont pas fait, la créature aura sûrement quitté la caverne depuis longtemps, puisqu'il semble qu'elle y était retenue contre son gré par ces chaînes que vous l'avez vue briser. Elle n'aurait aucune raison de s'attarder dans les environs plus que nécessaire.
Dans tous les cas, je ne compte pas m'aventurer à l'ombre d'Andoras sans la force armée nécessaire pour mater la créature ou repousser une patrouille Holdar si le besoin s'en faisait sentir. »
Le mande-orage avala une nouvelle gorgée d'alcool, prenant le temps de réfléchir à la proposition de l'inquisitrice.
« Je comprends que vous souhaitiez venger vos camarades et votre aide me serait très utile, ne serait-ce que pour trouver l'endroit exact de l'attaque. Mais je ne peux décemment pas demander à une dame à peine sortie de convalescence de retourner si tôt sur les lieux d'un tel traumatisme.
Êtes-vous vraiment sûre d'être en état de vous joindre à cette expédition ? »
Israfel commença à rouler la carte sans même attendre de réponse. Piquée au vif, la fière inquisitrice allait clamer haut et fort être en pleine possession de ses moyens. Une aide précieuse mais malheureusement pas suffisante. Et si Lhusthe était toujours à déambuler à Asteras, cela signifiait que l'Inquisition n'était pas prête à dépêcher des combattants pour rapatrier les cadavres de leurs frères tombés au combat.
C'est donc avec peu d'espoir qu'il posa sa question suivante.
« Pensez-vous qu'il soit possible pour l'Inquisition de nous adjoindre quelques soldats supplémentaires et un ou deux experts en démonologie ? Nous n'arriverons pas à grand chose seuls, que ce soit en matière de combat ou d'étude. »
L'inquisitrice secoua la tête négativement. Elle avait informé les autorités compétentes dès son retour, mais ils estimaient avoir d'autres préoccupations que les fabulations d'une jeune femme aux portes de la mort. La seconde tentative, après son rétablissement, fut aussi un échec, prétextant que les souvenirs n'étaient plus aussi clairs. L'expédition et la perte de valeureux soldats fut classée sans suite. D'autre front méritaient qu'on s'y penche dessus.
J'ai bien peur que la cuisante défaite et ma seule survie rendent mes supérieurs frileux à l'idée d'envoyer une nouvelle escouade.
Vous ne devrez compter que sur vos compagnons... et moi-même, si vous revenez sur votre décision. J'ai besoin de me dégourdir les jambes, et je ne souhaite que m'éloigner de cette capitale apathique.
Elle montra du doigt une zone à l'est d'Andoras, avec en son centre l'entrée d'une grotte.
« Nous ferons donc sans vos camarades. »
N'ayant ni encre ni plume, Israfel posa l'index doigt à l'endroit de la carte indiqué par Lhusthe et libéra, juste un instant, une étincelle électrique qui marqua le papier, qu'il écrasa ensuite du doigt pour éviter tout départ de feu. La carte était gâchée, avec ce petit cercle noirci, mais au moins la marque subsisterait et il avait assez maîtrisé sa magie pour éviter de transpercer le papier.
Satisfait, le mande-orage finit de rouler la carte et la fit disparaître dans sa cape.
« Rassembler des compagnons me prendra un peu de temps, en admettant qu'ils acceptent de se joindre à cette expédition. Je vous tiendrai au courant de la tournure des événements. J'imagine qu'un courrier adressé simplement à Lhusthe et remis au bureau de l'Inquisition trouvera le chemin de votre porte ? »
La manœuvre était cousue de fil blanc : il espérait apprendre le nom complet et le grade de la jeune femme. Israfel préférait toujours savoir précisément à qui il s'adressait. Un nom, pour peu qu'il soit authentique, avait valeur d'assurance à ses yeux.
Avec un nom, il pourrait se renseigner sur son interlocuteur, peut-être apprendre des choses que cette personne aurait préféré garder secrètes et donc avoir un moyen de pression si les choses tournaient mal. Tout le monde a des secrets, et les gens y réfléchissent toujours à deux fois avant de vous nuire si vous êtes en mesure de divulguer les leurs.
L'élémentaliste vida ce qu'il restait de sa boisson et, d'un geste, recommanda la même chose à la serveuse. Il reporta ensuite son attention sur l'inquisitrice.
« Avant de vous laisser, j'aimerai que vous me décriviez en détail tout ce dont vous vous souvenez du démon qui vous a attaquée. Était-il constitué de glace ou de chaire ? Possédait-il des cornes ? Était-il vaguement humanoïde ou totalement monstrueux ? »
La question pouvait sembler peu pertinente puisqu'il espérait trouver le cadavre de la bête dans la grotte, il aurait donc toutes les réponses à ses questions une fois sur place. Mais le jeune noble préférait envisager le pire des scenarii et arriver préparé s'il devait se retrouver face à un démon déchaîné.
De plus, la nature du démon en question pourrait l'aider à assembler une petite équipe. Vu les événements récents, les membres des guildes seraient plus intéressés par une chasse au Xalari qui contribuerait à l'effort de guerre contre Vi'aria que par une simple enquête sur une autre race démoniaque.
L'inquisitrice resta impassible face au second refus du mande orage. Elle avait beau insisté, l'elfe restait campé sur sa décision. Obtenir des renseignements de manière détournée est une de ses spécialités, et elle reconnût un coup de maître lorsqu'il évoqua la destination de ses missives.
Lhuste suffira. Nous oublions nos origines jusqu'à notre nom en entrant dans l'inquisition. Une manière détournée d'oublier des renseignements et une emprise sur nous...
Elle sourit suite à sa dernière phrase, pour faire comprendre qu'elle avait compris le petit manège du mage. Puis elle afficha un regard plus sombre lorsqu'elle décrit le démon.
Un amas de chair avec une bouche aux dents acérées, et un pouvoir de régénération impressionnant. N'oublions pas deux belles cornes pour éventrer pendant la charge...
Une forme vaguement humanoïde, mais sa manière de se déplacer et ses frappes ne correspondaient pas à des techniques familières.
Le souvenir du massacre lui fit monter les larmes aux yeux, elle ne souhaitait à personne de voir ses camarades tomber les uns après les autres et entendre leurs cris d'agonie dans toute la caverne. Elle ajouta.
Le démon émit une aura de givre-feu lorsqu'il fut libérer de ses chaînes.
Israfel se contenta d'acquiescer silencieusement à la description de l'inquisitrice, ne sortant de son apparente torpeur que pour remercier la serveuse quand celle-ci déposa sa commande devant lui.
Le démon fait de chaire et de sang qui avait attaqué Lhusthe et son escouade n'avait en apparence rien d'un Xalaro. Mais il avait déployé une aura de givrefeu, caractéristique distinctive des démons de Vi'aria, ce qui en faisait une totale anomalie. Qu'était-il vraiment ?
S'agissait-il d'une expérience de la démone, visant à transformer de manière différente un des habitants d'Écridel qu'elle avait mis sous sa coupe ? Était-ce un autre Xalaro qui prenait, comme Vi'aria, une apparence paradoxalement plus humaine et qu'on avait enfermé là durant sa mutation ? Ou était-ce encore autre chose, qui gardait l'endroit comme l'avait suggéré la jeune femme ?
Le mystère restait entier. Et il allait devoir réfléchir à un moyen de triompher de la créature, au cas où elle serait encore en vie et toujours dans la caverne. Le fait qu'elle ne soit pas constituée de glace allait radicalement changer ses faiblesses par rapport aux Xalari qu'il avait l'habitude d'affronter.
Le silence se prolongea un peu après la fin du récit de l'inquisitrice, l'élémentaliste se contentant de boire régulièrement une gorgée d'un air songeur. Il finit cependant par reporter son attention sur la jeune femme et lui adressa un sourire réconfortant.
« Merci pour ces informations précieuses. Je vais tâcher de rassembler du monde pour aller venger vos camarades et enquêter sur la présence de cette étrange bête à cet endroit et sur l'origine du dégagement magique qui vous y avait attiré.
Je vous demanderai d'être patiente, cela risque de prendre un peu de temps s'ils sont occupés ailleurs. »
Israfel vida le peu qu'il restait dans sa choppe, marquant une petite pause pour que la jeune femme puisse se reprendre.
« Si d'aventure vous vous remettiez assez pour vous sentir capable d'affronter cette créature, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je ne pourrai pas garantir votre sécurité si vous restez tétanisée devant cette chose, mais je ne refuserai pas l'aide d'une inquisitrice aguerrie. »
Le noble se leva et sortit de sa bourse de quoi payer leurs consommations ainsi qu'un autre verre à Lhusthe si la jeune femme en éprouvait le besoin. Il posa les pièces sur la table avant d'ajouter, toujours souriant :
« Vous avez mon nom, vous saurez où me trouver. Sirial Dame Lhusthe. »
Un messager déposa une missive marquée "
À l'attention de l'Inquisitrice Lhusthe" au bureau de l'Inquisition d'Asteras.
Citation :Venntaï Dame Lhusthe,
Je suis au regret de vous informer que le nombre de volontaires est insuffisant pour mener à bien la tâche dont nous avions discuté lors de notre dernière rencontre. Vous me voyez donc contraint de reporter cette expédition, voir de l'annuler si le nombre de participants reste aussi faible.
Cordialement,
Baron Israfel Aedarion
L'inquisitrice lut avec attention la lettre et ne put se résigner à laisser Israfel dans l'échec, aussi une dernière fois, elle proposa son aide.
Citation :Venntaï, Israfel,
Ne soyez pas contraint d'abandonner votre enquête par manque de volontaires. Le monde est plongé dans le chaos, et il nest pas surprenant qu'on veuille protéger ses intérêts avant le bien d'autrui. C'est une règle de l'inquisition que nous nous efforçons d'oublier.
Mon offre tient toujours, et je serais ravie de mener l'investigation avec vous.
Lhuste.
Israfel regarda Selinde s'éloigner rapidement dans les ruelles. Après s'être assuré qu'il saurait retrouvé le manteau imprégné de magie qu'elle avait emporté, le noble suivi la direction indiquée et se rendit sur la Grand-place d'Yris.
Son "auberge" n'était qu'à quelques rues de là. Usant des relations commerciales qu'il entretenait avec Lorenzo Di Galante et de l'amitié de sa fille Illaria ancienne membre des Sentinelles d'Argent , le mande-orage s'était fait inviter pour quelques jours dans la demeure du commerçant.
Mais l'elfe prit une route différente. Ignorant totalement la pluie qui le détrempait, il se rendit à la Tour de l'Orbe Flamboyant et, après en avoir passé les portes, entreprit de se sécher un peu à renforts de magie de feu et d'air.
Une fois un peu plus présentable, le baron s'approcha d'une jeune femme aux bras chargés de livres qui circulait parmi les rayonnages et qui lui semblait être une bibliothécaire affairée à moins qu'il s'agisse d'une chercheuse particulièrement curieuse.
« Bonjour mademoiselle. Pardonnez-moi de vous déranger, connaîtriez-vous un astronome nommé Trevor Arino ? J'aimerai le rencontrer et j'ai entendu dire qu'il était récemment rentré en ville. »
De ce qu'il savait, Arino était astronome de formation mais il était surtout touche-à-tout. Il y avait peu de chances qu'il soit resté inconnu au sein du collège de magie en ayant exploré de si nombreux domaines, ne serait-ce que pour toutes les questions qu'il avait du poser aux instructeurs et tous les livres qu'il avait du lire ou emprunter. Israfel espérait trouver quelqu'un qui puisse lui indiquer où trouver le savant, ou à défaut comment le contacter.
Arino était celui qu'avaient accompagnées les Sentinelles sur les traces d'une "étoile tombée du ciel". En lieu et place d'une météorite, la rumeur voulait qu'ils soient tombés sur une grande source d'énergie magique qui les avait mis à mal avant de disparaître en laissant un symbole ésotérique au sol.
Si le savant avait continué ses recherches sur le sujet, il avait du se pencher sur l'étude des énergies magiques. Le dégagement de magie qui avait été observé près d'Andoras n'aurait pas pu lui échapper dans ces conditions. Et l'avis d'un scientifique sans rapport avec l'Inquisition l'intéressait au plus haut point.
L'élémentaliste s'apprêtait à se mettre sur les traces d'une troupe inquisitoriale qui était partie enquêter sur un dégagement de magie anormal et il comptait bien prendre un minimum de précautions.
La jeune femme sursauta et manqua de faire tomber sa pile de livres, vacillante dans ses bras trop chargés. Elle se permit un léger mouvement de tête sur le côté pour observer, sceptique, le jeune elfe qui l'avait interrogé. Il ne ressemblait pas aux habitués, des érudits voutés par l'âge aux yeux abimés par les lueurs des chandelles pour la plupart. Sa question, aussi, était pour le moins singulière.
Elle ne lui répondit pas de suite, et chercha, avant, une table sur laquelle poser son fardeau culturel qui la fit tituber maladroitement.
"Il venait parfois. Rarement. Mais cela fait plusieurs mois que je n'ai pas croisé ses petites lunettes rondes et son sale caractère. Je présume qu'il doit être chez lui, à travailler sur un projet scientifique qui récoltera comme tous les suivants les railleries de ses confrères."
L'elfe eut un petit rire à la remarque de la jeune femme. L'histoire était jonchée de scientifiques décriés par leurs pairs avant d'être encensés quand il s'avérait qu'ils avaient vu juste. Trevor Arino attendait apparemment toujours cette heure de gloire. Ce qui ne fit que renforcer l'intérêt d'Israfel pour le savant.
La logique voulait qu'il abandonne ou cherche quelqu'un de plus compétent. Mais si l'Inquisition elfique avait été infiltrée par des espions, il était probable qu'il en soit de même pour quelques grandes institutions taliennes, l'Orbe Flamboyant en tête.
Un scientifique peu ou pas reconnu comme Arino ne serait pas surveillé aussi étroitement qu'un éminent spécialiste. Perdre un peu de temps si le savant se révélait réellement incompétent serait un faible coût à payer pour rester discret.
« Je vois. » répondit le mande-orage d'un air ennuyé. « Il semble que j'ai fait le voyage pour rien. Mon maître ne se satisfera jamais d'un savant si controversés… »
Il oscilla d'un pied sur l'autre, l'air embarrassé.
« Sauriez-vous où je pourrai trouver son adresse, je vous prie ? Mon maître m'a demandé de lui faire un rapport sur cet astronome et j'aurai des ennuis si je n'ai même pas rencontré l'homme avant de repartir. »
Il appuya sa demande d'un sourire timide, se tordant les mains dans le dos pour accentuer son embarras.
La talienne dévisagea un instant l'elfe avant de secouer légèrement la tête en signe d'impuissance et d'excuse.
"Je ne connais pas l'adresse de tous les excentriques d'Yris, monsieur. Je serai bien en peine de vous renseigner là-dessus. Mais à votre place, je visiterai prioritairement les quartiers nord de la ville basse. Ces chaumières sont modestes, mais bien situés par rapport à l'observatoire."
Elle inclina la tête pour le saluer avant de s'installer à sa table et d'ouvrir l'un des nombreux grimoires qu'elle tenait quelques minutes plus tôt.
« Merci mademoiselle ! Vous me sauvez la vie ! »
Il afficha un sourire rayonnant avant de s'incliner devant la jeune femme et de se diriger vers la sortie d'un pas rapide.
Israfel regrettait un peu la mascarade qu'il venait d'utiliser mais il avait pu obtenir des renseignements sans laisser son nom ni le motif de sa recherche. Deux détails importants si quelqu'un s'intéressait à sa visite.
Il prit la direction de la maison de son hôte. Il se faisait tard et l'elfe estimait pouvoir trouver plus facilement quelqu'un pour lui indiquer la maison du savant en journée.
Le lendemain, c'est avec un manteau neuf qu'Israfel prit la direction du nord de la ville basse. Il du se renseigner quelques fois pour trouver le quartier précis où résidait Trevor Arino. Après avoir demandé son chemin une nouvelle fois, il pressa le pas. L'air grave avec lequel on lui avait répondu n'augurait rien de bon.
Ses craintes furent confirmées quand il se trouva devant la maison, dont la porte entrebâillée portait encore des traces d'effraction. Il arrivait trop tard.
Il avait visiblement commis deux erreurs. La première avait été de penser qu'un savant marginalisé comme Arino ne serait pas surveillé. La seconde était d'avoir laissé toute la nuit aux brigands pour agir.
L'elfe s'approcha et poussa légèrement la porte.
« … Monsieur Arino ? »
Il resta sur le pas de la porte. Le capharnaüm qui s'étendait sous ses yeux lui laissait craindre le pire.
"L'est p'là."
Un grommellement à peine audible répondit à l'elfe qui put apercevoir dans la pénombre, une forme humaine remuer sous les draps du lit de paille à sa droite. Les fenêtres étaient toutes fermées, ne laissant passer qu'un maigre filet de lumière, à peine suffisant pour deviner ce qui se trouvait en ce lieu. Il planait dans la pièce une intolérable odeur, mélange aigre de sueur et de renfermé. De nourriture avariée aussi, probablement, eut égard des assiettes encore remplies sur lesquelles tournaient quelques mouches appâtées.
Le reste de la pièce, moins ordinaire pour une demeure, était composé de diverses tables d'expériences, de bibliothèques chargées de lourds ouvrages académiques et d'une multitudes d'instruments de mesures scientifiques, qui gisaient au sol ici et là, brisés ou déchirés.
Les draps remuèrent à nouveau. La voix bougonne retentit.
"L'est p'là. Pa'tez."
La réponse surprit Israfel autant qu'elle le rassura. Il avait craint que le savant ait été enlevé, mais celui-ci était visiblement toujours en vie et libre. Dans quel état, en revanche, cela restait à découvrir.
Après quelques secondes passées sur le pas de la porte à peser le pour et le contre, l'elfe fit quelques pas à l'intérieur et trouva rapidement ce qu'il cherchait : un bout de chandelle traînait sur la table entre deux assiettes sales.
Il claqua des doigts et la mèche s'alluma aussitôt, illuminant la pièce d'une lumière tremblotante.
Le mande-orage s'assura que le dormeur bougon correspondait bien à la description qu'il avait eu de l'astronome puis ferma la porte, préférant discuter avec le talien dans la discrétion relative qu'offraient portes et fenêtres fermées.
Avant que Trevor ait eu le temps de protester contre cette intrusion, Israfel s'approcha du lit et en arracha la couverture d'un coup sec, offrant à la fraîcheur matinale le corps du savant apathique.
« Venntaï Monsieur Arino. » dit l'elfe en jetant négligemment la couverture sur un coin du lit. « Si vous voulez bien vous lever, j'ai à vous parler. C'est important. »
A la disparition du drap contre son corps, Trevor se recroquevilla sur lui-même de surprise, les jambes repliées, quelques instants avant de maudire l'elfe dans un jargon scientifique aussi incompréhensible que véhément. Il finit par se redresser de mauvaise grâce et tâtonna à l'aveugle sur le matelas de paille en quête de ses petites lunettes rondes.
A peine les eut-il mises sur le nez qu'il dévisagea Israfel d'un oeil noir et sans concession. L'astronome n'avait pas fière allure avec sa chemise sale de sueur et de crasse, et sa barbe de plusieurs jours. Depuis combien de jours n'avait-il pas pris un bain ?
"Qu'est-ce que vous pourriez donc me dire d'important ?"
Avant de répondre, l'elfe se pencha légèrement vers Trevor et renifla deux fois.
« Vous ne sentez pas l'alcool. C'est une bonne chose. »
Une fois satisfait de cette constatation, il alla chercher la chandelle restée sur la table et vint la poser plus près du lit, entre son interlocuteur et lui.
« Que savez-vous des Holdars ? »
Avant d'en venir aux raisons de sa présence, il souhaitait jauger des connaissances du savant sur le sujet. La question était simple, et le regard dur d'Israfel n'incitait pas à la laisser sans réponse.
"Assez pour me réjouir de ne jamais en avoir croisé," répliqua l'astronome sans s'apeurer de la tentative d'intimidation d'Israfel. "Dois-je appeler la garde pour que vous cessiez de m'importuner chez moi avec vos petites devinettes ?"
Israfel sourit à la réponse de Trevor.
« Vous pouvez appeler la garde si vous voulez. Avec mes relations, il ne s'écoulerait que quelques heures avant que je sois libre et à nouveau devant votre porte.
Ou alors, vous pouvez m'écouter. Je pense que cela vous intéressera. »
L'elfe fronça le nez, l'odeur douceâtre de la nourriture avariée lui emplissant les narines. Après un rapide coup d'œil vers la table d'où provenait l'odeur, il reporta son attention sur le savant.
« Cela vous dirait d'aller déjeuner quelque part ? Je vous invite. »
Trevor grimaça à la proposition. Nul besoin d'être devin pour supposer que l'astronome n'en avait aucune envie.
"Si vous devez me parler, ce sera ici et maintenant.
Ou taisez-vous à jamais. Je n'ai pas d'avantage de temps à perdre en vains palabres avec vous."
Le mande-orage soupira légèrement alors que la perspective de discuter loin de cette odeur de pourriture s'en allait avec ses espoirs de petit-déjeuner.
« Soit. Je vais faire court.
Un dégagement de magie anormal a eu lieu à proximité d'Andoras il y a quelques temps. Une troupe inquisitoriale a été envoyée et n'est jamais revenue.
Je sais que vous avez travaillé sur des créatures arcaniques il y a peu. Je voulais savoir si vos instruments avaient pu relever cette anomalie et ce que vous pourriez m'apprendre à son sujet. »
Il était clair qu'Israfel passait sous silence une partie de son récit. Restait à voir si la curiosité du savant le pousserait à poser des questions.
L'astronome eut un geste de recul à l'évocation des créatures arcaniques. Il porta son regard à droite, puis à gauche, comme s'il cherchait un intrus dans la pénombre. Comme s'il craignait que l'on attente à sa vie une nouvelle fois. Il s'éclaircit la voix d'un raclement de gorge pour faire fuir la boule d'angoisse qui s'était logé dans son gosier : jamais il n'aurait du s'acharner sur cette découverte de malheur.
"On... On vous aura mal renseigné. Je suis astronome et me contente d'étudier que des corps célestes des plus anodins pour les ignorants de votre trempe. Ce n'étaient que des comètes. Rien que des comètes. Pas autre chose."
Il s'était montré hésitant au départ, puis avait accéléré la cadence de son mensonge. Il prit ses petites lunettes rondes d'une main et en astiqua le verre de l'autre, avec sa manche crasseuse. Appliqué sur sa corvée fictive, il tâchait de reprendre ses esprits et d'apparaître comme indolent aux propos du noble.
"Je crains que ce phénomène soit hors de ma compétence. Vous pouvez partir dès à présent, messire. D'autres que moi seront ravis d'en apprendre d'avantage sur les activités holdars."
Israfel fronça les sourcils devant le manège du savant. Trevor semblait craindre quelque chose ou quelqu'un, susceptible de savoir ce qu'il dirait.
Le noble savait qu'il arrivait trop tard avant de passer la porte, mais la présence de l'astronome l'avait rassuré. Il se rendait compte à présent que le talien avait déjà été intimidé. À moins de le rassurer et de le mettre hors de portée de ceux qu'il craignait, il ne parlerait pas.
« Je vois. Je vais m'en aller, en effet. »
Il espérait trouver un savant curieux, mais il n'avait trouvé qu'un chien battu et soumis. Avec le temps et les bons mots, il aurait sans doute pu sortir Trevor de son apathie, mais Israfel n'en avait ni le temps ni l'envie. Arino était visiblement sous surveillance, l'y soustraire n'aurait fait qu'attirer l'attention sur lui.
« Sirial, Monsieur Arino. Je pourrai vous souhaiter bonne chance, mais vous n'en aurez pas plus besoin que d'une escorte pour vous accompagner au point de chute de simples corps célestes. »
L'elfe se leva et alla ouvrir la porte. Avec un coup de pouce de sa magie, une bourrasque pénétra dans la maison et chassa rapidement l'odeur de moisi qui y régnait. Sans un mot de plus, Israfel sorti et s'éloigna d'un bon pas de la maison de Trevor Arino.