[RP] Animation : Aiguemirail
#31

L'air est si épais qu'il laisse une sensation graisseuse. Comme une couverture imbibée d'huile rance, un linceul jeté à la face. Sa tourbe retient ses chevilles comme des mains avides chaque fois qu'elle fait un pas, la forçant à marcher comme une vilaine de trottoir après avoir travaillé des soldats avinés. Mais quand elle s'arrête, après avoir trouvé un coin de terre assez meuble pour y prendre posture, elle rit. Porte une flèche à ses lèvres pour en embrasser la pointe, illuminant le fer d'une luisance fugace, rougeâtre. L'encoche vient la porter et, près de son oreille, la corde se tend dans le doux grincement que l'archère affectionne tant. Presque autant que la mélodie suivant. Claquement de corde et impact. Rugissement de douleur et vibration lente de l'arme tournant autour de sa protection de poignet.

« Touché, petit hérisson... »

Le champion parmi les Saurotarques commence à saigner. Abondemment. La torbe prend une couleur étrange, nappée entre la framboise et la menthe. Hémoglobine et tourbe... Lev sourit, ses lèvres roses retroussées sur ses dents blanches, pinçant le bout de sa langue. Elle adresse un clin d'œil à Selinde au milieu des grognements fauves et des cris de douleur. L'odeur est atroce. Sa sœur plus pâle que de coutume. Elle fait la brave, la cadette de la portée des Blafards. Mais elle est inquiète. Quand elle tire trois flèches de son carquois pour aligner de nouveau, son minois d'adolescente est dépourvu de tout ce qu'il affiche d'ordinaire. Elle est sérieuse, un instant. Ils avaient blessés ses frères.

Quand le Champion tombe, elle ne sourit toujours pas, les yeux plissés et son petit corps voûté, tendu. Ses doigts usés par l'entraînement, calleux et rougis, dansent sur la corde de son arc pour faire la monnaie de son impatience. Ding dong dong, ding dong dong, répond à sa nervosité son arme fidèle. Et les bidasses beuglent des ordres. Encore. Ordres qu'ils ne suivent pas eux-mêmes et ne lui parlent pas, mais eux ce sont des nobles. De bonnes gens, bien habillées, avec des noms de famille et tout le tralala. Qui serait-elle, chat de gouttière, pour prétendre juger leur stratégie ? Ni pour oser rappeler que jamais il n'a été question de signer un pacte d'obéissance à ses braves, braves guerriers.

Tous les mêmes, disait Mère. Elle donne rarement raison à Mère, mais elle peut si bien l'imaginer gronder les braves, braves guerriers avec leurs joues lisses et leurs voix de jouvenceaux qu'elle ne peut pas empêcher le sourire de revenir à ses traits, malgré son inquiétude. Réfléchir au pourquoi de ces braconniers, à qui les avaient envoyés au milieu de la saison des pontes déranger ces ennemis capables de construire, de pleurer leurs enfants, donc de penser, ça non plus, ces braves gens ne semblent pas s'en préoccuper. Mais nom de famille, belles armures, tout ça. Après tout, il n'y avait eu que des petites frappes et des fermiers à en pâtir. Pourquoi ils s'en préoccuperaient tant qu'il reste du pain à leur table, les parangons ?

Pas elle qui va relever ça. Pas en public du moins. Elle laisse volontiers les parades à ceux qui ont les dentelles pour ça. Et qu'importe la souffrance des reptiles ! Ils ont blessé ses frères, ces saletés. Mère a bien des leçons utiles, mais la pitié et l'empathie n'y figurent pas vraiment. En attendant... Si les beaux gaillards en armures veulent les éloges, ils auront les siennes, toutes particulières, si Dione saigne encore davantage. Et où est son Yan ? Encore meurtri pour leur gloriole ? Elle va le tancer, bouh !

« Oh, un archer ! Chic ! »

Fait la jeune fille en bandant son arc de nouveau vers une gueule écailleuse. En plein museau, ça fait des licornes. C'est quand même plus joli.

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#32
Depuis qu'ils avaient pénétré dans le repaire des écailles-cruelles, Victor ne donnait plus d'ordres. Même si peu de gens disait quelque chose, cela semblait avoir déplu à certains. A présent, tout ce qu'il avait fait, c'était donner quelques conseils de placement afin d'endiguer au mieux l'arrivée des saurotarques, et signaler la position de ceux-ci lorsque personne ne l'avait encore fait. Il avait aussi convenu tant bien que mal d'un ordre des cibles à abattre. Mais les gens faisaient bien comme ils voulaient, n'est-ce pas ? Aussi, si certains étaient d'accord avec le fait qu'il valait mieux abattre les "petits" lézards en premier, c'est finalement le champion qui s'affaissa sur son rocher devant lui.
Tout le monde l'avait en effet pris pour cible, et le jeune Talien doutait avoir pu supporter toutes les attaques qu'il s'était pris avant de s'écrouler. Les carreaux tirés par Lynn avaient eu un effet particulièrement redoutable, allant s'enfoncer profondément dans la chair du reptile sans prendre manifestement en compte ses dures écailles. Il n'y avait pas à dire, l'arbalète de guerre de son peuple était plus meurtrière qu'aucune autre. Il pensa pendant un instant qu'il aurait été appréciable qu'Evrard soit là avec la sienne, toute neuve. Il en avait moins l'utilité dans de simples ruines elfiques qu'ici.

Victor sourit un instant en marchant à moitié sur le cadavre du champion saurotarque pour s'approcher de l'autre guerrier qui le suivait. Une bonne chose de faite. Malheureusement, contrairement à l'hypothèse d'Erënir, la mort du plus grand d'entre eux ne semblait pas les faire reculer. Bien au contraire, il en arrivait toujours plus. Un archer venu du sud venait de tirer sur Illaria derrière lui, et Finrod signalait l'arrivée prochaine d'un autre chaman et... d'un autre champion.
Le jeune homme avait espéré qu'ils avaient défait leur plus fort guerrier, leur chef. Mais non, le chef devait se terrer plus loin. Eux n'était que de grands guerriers de leur peuple. Ils n'étaient pas étonnant qu'il ne reste que des cadavres de ceux qui avaient tenté de venir ici auparavant et avaient énervé cette tribu saurotarque. De ce qu'il avait pu voir en se rapprochant des cadavres, c'était bel et bien des combattants, ou du moins ce qui y ressemblait. Mais sans les observer de plus près voire les fouiller, il ne pouvait pas en savoir plus. Et il se demandait s'il pourrait bientôt le faire, ou si tous les lézards de ce merveilleux marais allaient leur tomber dessus avant.
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#33

[Image: 167.jpg]Hé mais... Ma lance ne pénètre même pas ses écailles ! Bon sang... Flavie mis son bouclier en avant, prêt à contrer un assaut de la créature.


Qu'est ce qu'elle faisait là ? Bonne question. Elle avait répondu à une demande de la garde concernant la fuite des paysans au sud d'Yris. Elle avait alors vaincu diverses créatures nuisibles dans les champs. Ou plutôt elle avait un peu aidé un groupe de volontaires formé sur le tas. Suite à ça le petit groupe était tombé sur une bande de brigands qu'ils avaient combattu également, réussissant à tuer celui qui devait être leur chef. Ils avaient toutefois filé sans éradiquer complètement cette mauvaise bande.

Flavie s'était ainsi à nouveau retrouvée seule, ayant dit au revoir à ses compagnons du moment qui avaient chacun d'autres tâches à accomplir. Et c'est là que la jeune femme avait constaté qu'un grand nombre d'aventuriers de tout âges et de toutes classes sociales semblaient marcher vers le sud. La jeune talienne les avait suivi pour savoir de quoi il en retournait... Et voilà comment, quelques temps plus tard, elle se retrouvait à patauger dans la boue des marais d'Aiguemirail, entourée de tout un tas d'aventuriers qui ne semblaient pas beaucoup plus expérimentés qu'elle (mais peut-être un peu moins inefficaces), à combattre des lézards se tenant sur deux pattes et se battant avec des armes rudimentaires.

[Image: 167.jpg]Je ferai peut-être mieux de m'occuper d'un autre, ils n'ont pas tous des écailles aussi dures. Sans doute à voir avec leur âge...


Celle qui commandait, qui n'était pas là mais qui avait envoyé leur groupe (dé)organisé, avait parlé d'une invasion des terres taliennes sur sud par ces créatures et ordonné aux aventuriers de trouver leurs nids. Aussi ils avançaient, avançaient dans des marais sans fin... Et Flavie commençait vraiment à se demander ce qu'elle était venue faire là dedans.

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#34
Finalement, les champions saurotarques n'étaient pas si féroces que ça. C'est vrai qu'ils faisaient très mal, et Victor avait eu la douloureuse occasion de s'en rendre compte, mais seul face à une vingtaine de personnes... On ne faisait jamais long feu. Petit à petit, les cadavres reptiliens jonchaient le sol, retrouvant ceux qui avaient déjà péri et qu'ils avaient veillé. Certains se retrouvaient bien vite recouverts de boue et d'eau, et sauf si l'on marchait dessus, on ne se rendait pas compte qu'ils étaient là.
Ils se jetaient presque chacun leur tour sur les Taliens et les Elfes, cherchant à défendre leur territoire sans comprendre qu'ils ne pouvaient manifestement rien faire pour les empêcher d'avancer. Peut-être que s'ils avaient été suffisamment intelligents, ils auraient fuit ?

Profitant d'un instant de répit pendant les combats, le jeune homme s'appliqua enfin à fouiller les cadavres proches de lui. Il revint de quelques pas en arrière, sur la terre la plus solide qui pouvait se trouver en ces lieux, mais qui restait finalement humide et meuble comparée à d'autres provinces. Il s'approcha d'un cadavre humain qui s'étendait là, à côté d'un autre reptilien, et le retourna. Il grimaça en voyant le visage défiguré de l'homme. Heureusement que la terre cachait un peu ça. Il entreprit de regarder dans les poches ou la sacoche s'il y en avait une, recherchant un quelconque indice sur la raison de tous ces morts. Un papier peut-être ? Malgré l'humidité, il serait peut-être encore lisible. Bon, il pouvait sans doute rêver pour un quelconque morceau de parchemin. Mais rêver ne l'avait pas tué jusqu'à présent. Quelque chose. Il regarde aussi les alentours du corps au cas où.
Après avoir inspecté ce corps, il se dirigea vers celui au bord de l'eau plus loin, prenant appui sur la dépouille d'un jeune guerrier saurotarque qui était en travers de sa route. Il se demandait combien en avaient-ils déjà tué depuis les heures passées dans ce marais. Il avait perdu le compte. Il se pencha sur l'autre macchabée et l'examina à son tour, dans la même optique que pour le précédent. Mise à part la bourse d'une vingtaine de pièces d'or qu'il venait de trouver, peut-être allait-il découvrir autre chose.
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#35
L'humain était clairement équipé pour une virée dans les marais : Bottes montantes, bâton de marche, reposant non loin de sa main ensanglantée, divers coutelas, chapeau à larges bords et doté d'une moustiquaire … Plus intéressant, était son sac : très rigide, presque une caisse en réalité. Il s'était écrasé sous le corps, mais en retournant le cadavre, Victor put en apprécier le contenu : de la paille, désormais humide d'avoir reposé au contact de la vase, ainsi que des coquilles brisées et un liquide gluant vaguement jaunâtre qui avait séché en partie là où il était exposé à l'air.
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#36
En voyant la moustiquaire trônant sur le chapeau de la dépouille, Victor se rappela alors tous les moustiques qui l'entourait, et les piqûres que ces saletés lui avaient fait au cours de l'excursion et qu'il avait jusqu'ici réussi à ne pas gratter. Il faut dire qu'avec tous les combats, il avait d'autres préoccupations. Notamment les blessures que les reptiles lui avaient infligé. Bien qu'elles étaient pour la plupart minimes, la sensation était désagréable - il faut dire que la douleur est rarement agréable sauf peut-être dans des situations qui n'ont rien à voir avec celle-ci. Aussi désagréable que lorsqu'on se coupait le bout du doigt avec du papier. Aussi désagréable qu'une piqûre de moustique.
Après cette courte digression mentale, il examina donc le cadavre, se penchant plus particulièrement sur son sac-caisse rempli de paille humide, et enleva quelques morceaux de coquille du liquide gluant pour les prendre dans sa main. Voilà que tout semblait plus clair. C'était peu étonnant que les saurotarques soient aussi énervés : des humains étaient venus jusque sur leur territoire pour voler leurs œufs. Il ne connaissait pas la valeur de ce genre de choses, mais l'argent devait être la raison de toutes ces morts.

Le jeune homme se redressa en poussant un soupir, vérifiant qu'il n'avait pas oublié de regarder quelque part.
Quelques instants plus tard, il se retrouvait face à un guerrier et un archer tandis que le gros des troupes se dirigeaient vers le sud-ouest et un troisième champion saurotarque en longeant le petit lac qui se trouvait là. Après que les deux jeunes aient été abattu, il rejoignit le reste du groupe à temps pour voir le grand reptile s'effondrer plus loin, et une femelle tomber de la même façon.
Plus au sud, au milieu de l'eau, se trouvait l'entrée d'une grotte vraisemblablement sous-marine, dont ne dépassait que les roches les plus hauts. L'antre de ses saurotarques... Il n'était étrangement pas sûr que ce soit une bonne idée d'y entrer, les lézards terrés à l'intérieur pouvant très bien les attendre en embuscade.

Il fit part de sa petite découverte aux gens autour de lui :

« En me basant sur ce que j'ai trouvé, les personnes venues ici, lorsqu'elles étaient encore vivantes, étaient là pour voler les œufs de ces saurotarques. J'ai découvert des restes de coquilles et un sac contenant de la paille qui servait à transporter l'œuf ou les œufs.
Quelqu'un parmi vous connaîtrait-il la valeur des œufs de saurotarques ? »
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#37
Un jeune guerrier saurotarque sauta sur Bombus histoire de lui assener quelques coups, mais bien vite d'autres s'interposèrent, laissant le temps à l'archer d'encocher puis décocher les flèches pour le calmer.

Puis un autre vétéran vint tenter de leur causer des ennuis, mais qui rejoint bien vite les chamans et autres champions dans la vase. Puis un autre.... Il ne restait guère que des jeunes et des femelles.

Eh non, il n'en restait plus, elles avaient été tuées.

Il ne tint pas rigueur aux lézards de l'attaque subie, d'autant que le coupable l'avait payé de sa vie, et proposa à la cotonnade de commencer à rebrousser chemin et de faire un rapport de la situation, vu les informations dont ils disposaient.

- ...nous sommes venus pour faire cesser leurs attaques sur les fermes, pas pour les éradiquer. Il ne reste guère que des femelles protégeant leurs œufs et quelques jeunes. Vu la relative facilité avec laquelle nous avons pu les défaire – plaies et bosses, mais aucune perte à déplorer de notre côté – nous saurons, ou l'armée régulière saura calmer leurs ardeurs s'ils prévoyaient d'y revenir à l'avenir. D'autant que si l'on en juge par les contrebandiers d'oeufs, les hommes-lézards ont été dérangés, et ce n'est pas forcément leur pleine et entière faute s'ils ont attaqué les fermes. Qu'en pensez-vous, on agite un drapeau blanc ? Ou on va faire notre rapport ?
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#38
La valeur d'un œuf de saurotarque ? Quelqu'un en avait une vague idée, oui. Quelques uns, même. Plutôt cher. Selon certaines croyances, ces œufs servaient à fabriquer des philtres particuliers, certains aphrodisiaques, d'autres apportant jeunesse et vigueur à qui les consommait. En récupérer une poignée assurait une coquette somme, si l'on était prêt à négocier avec des individus douteux. Récupérer tout une nichée ... On se l'imaginait facilement.
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#39
L'argent donc. Ce qui régissait le monde. Un jour Victor avait essayé d'imaginer un monde sans monnaie. Bien difficile. Oh, bien sûr, lui n'avait rien à dire, il n'avait jamais eu de problèmes d'argent, etc... Cela ne l'empêchait pas de penser que ce système était biaisé de tellement de façons que c'en était triste. Il avait de la chance d'être plutôt à l'abri. Il n'avait pas besoin de faire de choses pour s'enrichir, il les faisait pour s'amuser, et en l'occurrence ici pour l'aide qu'il apportait et la reconnaissance. Il se doutait bien que parmi tous les aventuriers du groupe, ce n'était pas le cas pour tout le monde...

Il esquissa un sourire en entendant Bombus parler. De toutes les heures qu'il avait pu passer à ces côtés, entre les égouts et ici, c'était le plus grand nombre de mots qu'il avait jamais entendu de sa bouche. Il ne pensait pas cela méchamment, c'était une simple constatation. Il acquiesça légèrement à ses dires et lui répondit.

« Je serais plutôt d'accord avec vous. Les humains sont en effet responsables des attaques.
Cependant, je ne peux m'empêcher de penser que si nous repartons maintenant, les fermes d'Aiguemirail risquent d'être attaquées de plus belle. Les saurotarques restants élèveront les prochains nouveaux-nés avec une haine de nous plus grande qu'auparavant. Mais je ne doute pas que l'armée calmerait leurs ardeurs... Si l'on repartait maintenant, il n'y aurait plus qu'à espérer que les survivants aient compris la leçon.
Le meilleur moyen de s'assurer que les attaques ne recommencent pas serait de les tuer tous, malheureusement. »


Le jeune homme répugnait à l'idée d'utiliser le mot d' "éradication" ou d' "extermination", malgré le fait que ce soit bel et bien ce qu'il proposait. Parfois, pour assurer la sécurité de nombreuses personnes, il fallait se salir les mains, comme ils l'avaient fait jusqu'à présent. Mais aller jusqu'à tuer les femelles et les œufs...
Il se retourna vers sa demi-sœur et le reste des Sentinelles. Il suivrait le plus grand nombre, mais il suivrait surtout ses compagnons de guilde.
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#40
Nous avons été engagés pour une mission précise : mettre fin à ce conflit par les mots ou par les armes. Et il me semble qu'aucun d'entre vous n'a encore tenté de communiquer avec ces reptiles.

Ouais, bien parlé, faut qu'on protège les faibles. Faut qu'on obtienne une trêve !

Quoi qu'il en soit, notre peuple est en guerre avec ces créatures. Une guerre de territoire qui ne pourra, à mon avis, probablement jamais être résolue. Notre peuple ne cesse de s'agrandir et nous aurons toujours besoin de d'avantage de terres. Et comme nos « amis » les elfes ne semblent pas disposer à partager les leurs, ce sera vers les marais que nous devrons nous étendre. Vous comprenez alors que ces reptiles sont amenés à s'éteindre. En terminer maintenant avec cette tribu serait rendre service à tout notre peuple.

Tu n'es pas sérieuse ! Tu veux vraiment exterminer cette tribue ? Les femmes ? Les enfants ?

Pour ma part, tant qu'il restera des guerriers en âge de combattre ou des enfants en possibilité de les venger, je considérais notre mission incomplète. Même ces femelles sont de redoutables guerrière. Peut-être qu'une troupe expérimentée comme la notre n'a rien à craindre d'elles mais que dire des fermiers sans défense ?
Quant aux oeufs... il serait de toute façon cruel de les laisser à l'abandon, en pâture aux nombreux prédateurs de ces marais. Et même s'ils parvenaient à éclore, pourraient-ils survivre sans la protection et l'assistance de leurs parents ?

Mais je ne prône cependant pas la destruction pure et simple de tous les oeufs. Ce ne serait que violence gratuite !


Ah quand même, merci !

Non. J'ai entendu que vous disiez que ces oeufs avaient une valeur marchande élevée. C'est ce qui a attiré ces braconiers ici non ? Eh bien s'il y en a qui trouvent des vertues à ces oeufs, nous leur rendrons service en leur en apportant. Et nous nous rendrons par la même occasion service en les vendant un bon prix.

Lynn. Arrêtes, tu ne penses pas ce que tu dis !

Terminons notre mission. Tuons ces sautorarques jusqu'au dernier et enportons leurs oeufs. Nous rentrerons chez nous en héros et nous serons récompensés comme il se doit !

Quelle horreur...
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#41
Jouant avec la corde de son arc, la jeune femme aux yeux rêveurs, ne fixant rien, sourit en coin et prend la parole d'un ton distrait, lointain – si bien qu'une parie de mots sera probablement perdue pour quelques uns, le temps de s'apercevoir qu'elle parle bien du sujet, et pas pour commenter la forme des nuages comme elle le fait fréquemment.

« C'est trop tard, monsieur Grumph. S'il fallait parler, on aurait du parler avant. »

Elle hausse une épaule, tirant de petites notes de son arme, sur laquelle dansent des doigts comme on le ferait d'une guitare. Puis lève sa main, pointant dans la direction des fermes dévastées.

« Puis, vous les oubliez, eux. Nous, on s'en est sortis. Ceux qui ont perdu leurs maisons ? Vous croyez que tous vont bien ? »

Elle rit, lui adressant un sourire radieux.

« J'vous en veux pas... On oublie toujours les rats des champs quand on compte les morts. Non. C'est trop tard, trop de dégâts de chaque côté. Tant pis pour eux. Tuons-les tous et prenons l'argent qu'il y a à gagner. En plus, Maman sera en colère si on ne ramène pas de l'or. »

Elle fait une petite moue puis contemple l'eau.

« Enfin, une autre question importante pour savoir si on descend... Elle est froide ? »

Une seconde de réflexion, un claquement de doigts.

« Ah oui ! Y'a de l'air aussi ? »
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#42
La boue, le sang, la chaleur, les moustiques, l'odeur nauséabonde qui le suivait, du moins en avait-il l'impression, depuis les égoûts. Que c'était répugnant !
Siadhal n'avait rêvé que d'aventures et de hauts faits durant tout sa jeunesse, et maintenant qu'il s'y trouvait, il se demandait ce qu'il faisait là : cela n'avait rien à voir avec tous les rêves qu'il avait pu faire au cours de ses années d'école. Oh, il était bien enjoué au début. Fier de ses talents, fort et courageux !

Pfff tu parles, mon pauvre Siadhal ! J'ai beau ne pas aimer qu'il me parle comme ça, il m'a quand même sauvé mes miches un sacré nombre de fois le Victor ! Je ferais bien d'ouvrir l'oeil, et d'écouter ce qu'on me dit !

Il avait vite déchanté : les ennemis qu'il croisait depuis son départ d'Yris, il n'y était absolument pas préparé. Jamais il n'aurait pu imaginer que des bêtes sauvages puissent parer ou esquiver ses flèches ! Lui, le tireur d'élite !
Et leurs attaques ... elles étaient foudroyantes, meurtrières. Il s'en était fallu de peu qu'il y passe dans les égouts, et il avait recommencé à Aiguemirail. Mais il avait compris : s'il tenait à sa peau, il devait se ranger. Arrêter de faire le beau, et remettre les pieds sur terre : c'est un champ de bataille, pas une promenade champêtre.

Désormais il suivait donc la troupe, veillant à ne pas se placer trop en avant mais à être toujours à portée des ennemis pour les cribler d'autant de carreaux qu'il le pouvait. Ce marais avait été un vrai enfer : des bêtes écailleuses sortaient de nulle part, l'une après l'autre, dans un flot continu. Le jeune homme était loin de s'imaginer qu'il pu y en avoir autant.
Mais voilà, l'un après l'autre, ils les avaient tués. Une boucherie sans nom. Mais le jeune homme en était persuadé, ces bêtes ne connaissaient pas la raison. Elles étaient une menace, et devaient donc être éliminées.

Ce cheminement de pensée l'amena à se remémorer la découverte macabre de Victor : ces braconniers massacrés étaient là pour les œufs ! Tant de morts, pour le profit ? Il n'y voyait pas l'intérêt. Et il y voyait même un danger.

S'adressant à ses collègues proches, sans chercher à obtenir l'attention de tout le groupe, Siadhal marmonna :
"Il faut s'en servir de leçon, si vous voulez mon avis. Ces œufs n'apporteront que danger et horreur dans leur sillage. Sans parler de notre réputation si nous nous rabaissons au rang de braconnier. Nous devrions tous les détruire ! Sans cela, nous ne connaîtrons jamais la paix."

Siadhal était fatigué, très fatigué. Il ne rêvait que de sortir de ce marais puant, mais il s'était fixé un but : il éliminerait les Saurotarques jusqu'au dernier, même s'il devait pour cela mourir en route ! Il savait que ses camarades continueraient la mission, pour le bien du peuple.
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#43
Bombus se demanda s'il devait approfondir sa réflexion, les mettre en garde en leur demandant s'ils imaginaient peut-être que c'était la seule tribu de tout le marais ? Et que même s'ils détruisaient tout ici, d'autres groupes verraient ce qui a été fait, s'armeront et se prépareront en conséquence, et que ce serait inévitablement l'escalade.

Au mieux, après d'âpres combats sur des décennies, les saurotarque seraient considérés comme des bêtes sauvages, parquées dans des sites en vue de recevoir la visite de riches bourgeois elfes venu faire une visite-chasse dans les marais.

Au pire, s'ils avaient une once de conscience, ils s'organiseraient, amélioreraient leur techniques, menant une rébellion secrète et sanglante, plus pour eux que pour les féconds humains. Ils iraient porter atteinte par des attaques vouées au suicide aux marchés du port, provoquant un émoi fugace et des raids de représailles toujours plus disproportionnés.

Finalement, quelle que soit l'échelle du conflit, le bellâtre dégingandé qui avait pris le rôle de chef depuis le début de l'expédition n'avait pas tout à fait tort, c'était aussi une forme de miséricorde que d'abréger leurs souffrances et d'empêcher que les générations futures ne pâtissent de la faiblesse de leurs parents. Une sélection pas tout à fait naturelle.

De toute manière, si ses pensées l'avaient mené à une autre conclusion, le résultat eut été le même, à l'unanimité les autres avaient choisi de poursuivre l'éradication, et une grande part prônait ouvertement de reprendre le flambeau des contrebandiers pour alourdir leurs bourses.

L'arbalétrière qui ressemblait à sa mère - surtout pour le caractère, moins pour pour le gabarit, peut être aussi pour le fait qu'elle parlait toute seule, sa mère tenant souvent grande conversation avec ses casseroles ou avec les cadavres qu'elle était en train de dépecer – prônait virulament la solution la plus rentable.

Il l'entendait d'ici sa marâtre "Écoute la demoiselle, elle au moins est pragmatique et s'intéresse aux choses essentielles. Elle ferait une bonne épouse, tu devrais l'inviter. Trouve lui une bague suffisamment cher et elle oubliera ton embonpoint et ta vilaine figure. Les ne femmes sont pas si compliquées après tout... "

Une gamine qui semblait à peine pubère se rangea elle aussi à l'avis qu'il faillait les trucider, histoire de venger les colons qui avaient confisqué les marais afin de les civiliser en champs fertiles destinés à augmenter exponentiellement la population talienne. Tout comme une autre qui proposait de s'approprier le travail commencé par les braconniers, un autre, et d'autres, et d'autres. Quelle idée stupide d'avoir mis ça sur le tapis, les forts ça gagne, les faibles ça crève, les gros ça mange les petits, ainsi en ont de tout temps décidés les dieux.

Il résuma ses pensées et son acquiescement à la cause majoritaire, pointant la grotte, en un
- Grumph, au gué, regrettant d'avoir pris la parole et pressé de mettre fin à ces cogitations inutiles qui lui donnaient faim, mais qui avait peut-être le tort de faire croire qu'il s'était résigné à rejoindre la majorité dans la seule optique de se faire une omette géante avec eux. Peu importait en fait.
Il irait se plaindre auprès de son maître pour l'avoir entraîné. Pour la gloire et l'honneur, elle pourrait repasser. Braconniers véreux et mercenaires au service des colons Caldrasirs, on ne l'y reprendrait plus, à la Confrérie du Griffon.

Avançant dans l'eau jusqu'aux genoux, il laissa flâner son esprit, s'imaginant de retour devant la Redresseuse de torts, annonçant que la grotte contenait un basilic qui avait pétrifié toutes la troupe, et lui seul survivant ne devait son salut qu'au fait d'avoir lancé un sandwich pour occuper la bête. Il avait de l'eau jusqu'à la ceinture, et continuait d'avancer.
Non, c'était un sandwich de gâché. Il avait pu se sauver, ainsi que son sandwich, grâce à l'héroïque suicide des autres membres de la troupe, déchiquetés dans d'atroces souffrances et un bain de sang innommable par les nombreuses tête d'une hydre.

Le gué en question sembla finalement plus profond que prévu.

Bloub.

En manière d'honneur, il avait réussi à éviter à son pain de prendre l'eau. En matière de gloire, il avait fait des bulles dans l'eau. C'est ce qui s'appelait toucher le fond.
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#44
Victor écoutait les différents propos qui étaient clamés plus ou moins forts par certains aventuriers du groupe. Et son visage s'assombrit un peu lorsqu'on parla de prendre les œufs qui restaient pour les revendre. Oui, il y en avait décidément qui n'était là que pour l'argent, et qui ne se contenterait pas de la récompense que pourrait offrir la Redresseuse de Torts et de ce qu'ils avaient pu ramassé au cours de leur trajet dans les marais.
Il n'était pas d'accord, c'était sûr. Mais il n'allait rien dire. Siadhal notamment l'avait déjà fait pour lui. Détruire les œufs étaient la meilleure chose à faire. Il tapota l'épaule de l'archer et se dirigea vers l'eau. Le fait qu'elle soit froide (ce qu'elle était) ou non n'apportait plus grand chose face à la lassitude que commençait à ressentir le jeune homme. Son corps lui demandait de se reposer un peu, de partir et d'aller de glisser sous ses draps pour faire un bon petit somme. Il pourrait le faire, après plus de coups donnés, et plus de coups subis. Il ne comptait pas mourir maintenant.

Il avança lentement dans le lac, sentant ses poils se dresser sur ses bras à cause de la fraîcheur de l'eau. Il bloqua son bouclier dans son sol grâce à une lanière, s'imaginant tenter d'avancer en nageant avec le bouclier bien difficilement. Il savait nager, mais n'était pas particulièrement à l'aise, en particulier s'il portait une armure. Mais il n'avait pas trop le choix. S'il allait là-dedans sans armure, il signait sans doute son arrêt de mort. Il observa trois Elfes s'enfoncer dans l'eau et disparaître sous la surface, jeta un coup d'œil à toute la troupe qui s'apprêtait à faire de même et les suivit. Il plongea donc vers l'entrée de la caverne après avoir perdu le sol sous ses pieds. Il entrouvrit les yeux sous l'eau, grimaçant du peu de visibilité qu'il avait, et du contact non appréciable avec le liquide sur sa cornée. Le poids de son équipement l'entraînant petit à petit vers le fond, aussi il avait du mal à avancer. Commençant à manquer d'air, il choisit finalement de se diriger lui même vers le sol, pour prendre appui et remonter plus vite.

Il se propulsa donc juste à la surface, à l'endroit où il avait cru voir Martin quelques secondes auparavant. Il grimpa sur le tapis végétal qui s'étendait sous ses pieds en dégainant son épée et reprenant son bouclier en main [et en bras]. Il tituba un instant et enleva sa mèche de cheveux qui était venu se coller devant ses yeux devenus rouges à cause de l'eau. Trempé. Il examina l'endroit et se dirigea vers la droite, voyant qu'Erënir et Martin s'occupait des femelles sur la gauche.
Vers la droite, et vers la plus grande des femelles qui se trouvaient là. Était-ce elle, la cheffe ? Il frissonna, à cause du trident qu'elle avait en main, ou bien à cause de ses vêtements mouillés et froids qui lui collaient à la peau. Ou bien les deux. Il n'avait aucune envie de se faire face à une telle arme. Il promena son regard sur les nids avoisinants. Tiens, il n'y avait pas d'œufs.
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#45
Pas d'hydre, pas de basilic, pas d'honneur, juste quelques nids et quelques femelles qui attaquaient ça et là, perdues comme un renard coincé dans un poulailler. Autant en finir vite. C'était le moment de vérifier si son achat allait s'avérer rentable. Il encocha ses sordides flèches en dentelles d'acier pendant que ce qui semblait être une pseudo-reine - s'ils avaient été en présence de fourmis - se débattait parmi les nombreuses attaques des aventuriers quatre fois plus nombreux.

C'était un achat rentable. Quand elle s'affaissa, il visa, grommelant, dans le tas de celles qui restaient acculées au fond de la grotte, prêtant assez peu d'attention à ne pas érafler au passage l'un des ses acolytes.
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#46
Victor s'était placé sur la droite de la matrone, attirant l'attention d'une autre femelle sur lui. Bien qu'elles semblaient toutes enragées, il savait que la marée humaine qui sortirait de l'eau dans quelques instants les laisseraient sans vie, dans leur propre nid, leur "maison". Alors qu'il jetait un coup d'œil à Lenwë qui était venu se placer près de lui, il ne put pas s'écarter de la trajectoire de la queue de la cheffe saurotarque, qui était brusquement venue les balayer tous les deux. Il fut projeté contre le mur qui heureusement ou malheureusement se trouvait à moins d'un mètre derrière lui, en poussant un cri de douloureuse surprise. Sa tête avait heurté le mur et il chancela en manquant de tomber à la renverse et inconscient dans le nid juste à sa droite.
Il se rattrapa au bord du nid en clignant frénétiquement des yeux, essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Le temps qu'il reprenne complètement ses esprits suite au choc, la bête avait chargé sur le mage Elfe... Puis elle avait décidé de faire demi-tour et de foncer sur les Elfes plus bas, semblant vouloir endiguer l'arrivée des envahisseurs. Encore à moitié affaissé sur son appui providentiel, il se redressa et vérifia que son ami, ou du moins camarade, n'était pas trop amoché, avant de faire face à la femelle qui l'attaquait avec virulence.

Ça n'avait pas manqué. Quand bien même la matrone saurotarque semblait forte et avait amoché plusieurs personnes, elle n'avait pas pu faire face à la déferlante de sorts, de carreaux, de flèches et de coups qui l'avaient frappé, et s'effondrait après une dernière salve. La femelle à laquelle le jeune Talien faisait face venait de tomber elle aussi, tout comme une autre de l'autre côté de la grotte. Plus que deux et ils en auraient fini avec ces saurotarques. Plus que deux, et ils pourraient retourner au camp, faire leur rapport à la Redresseuse de Torts, puis rentrer chez eux et se reposer enfin.
Il tituba et reprit appui sur le bord du nid. Son adversaire ne lui avait pas vraiment posé de problèmes, mais sa tête le faisait souffrir depuis qu'il avait rencontré le mur. Heureusement qu'il avait la tête dure...
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#47
Theobald se doutait dès l'annonce de la mission que le clan des écailles-cruelles n'y survivrait pas.

Depuis déjà plusieurs années, les hommes-lézards effectuaient des escarmouches régulières sur les fermiers des alentours.
Theobald avait déjà vu certains écailleux rôder non loin de la ferme familiale.


Cet assaut a probablement réussi à pacifier la zone bien mieux que les précédents paysans en colère.

Ce combat fut un massacre à sens unique mais le dialogue n'avait jamais abouti par le passé.
Certains émissaires ont d'ailleurs du finir sur les pics que nous avons croisé.
Les guerriers et guerrières de ce clan étaient des combattants aguerris mais notre nombre fut notre force.

Une sombre idée trottait dans l'esprit de Theobald :
"Et si, en attaquant les fermes, ces créatures cherchaient leur progéniture enlevée par des braconniers stupides et sanguinaires ?"
"Et si cette tragédie n'était que la conséquence de l'avarice de certains ?"

Une seule chose était sûre : Theobald serait volontaire pour retrouver les braconniers et les oeufs survivants.
Et il les retrouvera aussi sûrement que la Justice d'Edar frappe les coupables.
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#48
L'eau jusqu'aux hanches, Lenwë peinait à avancer et à se concentrer. Ils devaient rentrer pour neutraliser les écailles cruelles. Le mage concentra son énergie une fois pour appliquer la grâce de l'air à Victor puis un bouclier du vent.
Lenwë éternua, laissant s'échapper son sort et les précieuses énergies qu'il maintenait. L'elfe maugréa, affaiblit mais surtout profondément déçu de son échec. Cela ne lui arrivait pas souvent de rater ainsi un sort. Les marais jouaient sur sa santé et il devenait de plus en plus difficile pour Lenwë de garder sa concentration. Pour se préserver, il utilisait des sorts requérant le minimum d'énergie et des incantations courtes.

Cendra passa, tirant au passage les cheveux de Lenwë, provoquant un « hey » de désapprobation en réaction. L'elfe jeta un regard furieux à Yùla avant de détendre ses traits face au sourire moqueur de la rousse. Au moins, elle était joueuse plutôt que triste ou énervée.

Victor entra dans la grotte pour mener la chasse, Lenwë suivait ses pas pour apporter le soutien de sa magie. Des femelles gardaient le nid, le guerrier des sentinelles enfonça leurs rangs pour se placer entre une gardienne et un nid. Derrière, Lenwë créa des lames de vents pour déchirer les chaires et alla se nicher dans le fond de la caverne. Les nids de pailles au sol étaient vides, cela intrigua le mage elfe mais il n'eut pas le temps de trop porter son attention sur ce sujet.

Cette présence déplaisait à la mère des lieux, une femelle plus grosse et imposante qui chargea furieuse les deux sentinelles imprudentes. La masse écailleuse de jeta de toutes ses forces sur Lenwë qui vola contre la paroi de la grotte d'un coup de queue. Le mage cracha du sang avant de s'effondrer lamentablement sur le sol.

Ce fut l'instant où le reste de la troupe débarqua, criblé de flèches et de sorts, la matrone s'éloigna en sifflant. Mal lui en prit, les salves rapides lâchés par groumph (A défaut d'un autre nom) transpercèrent la mère des écailles cruelles, qui s'effondra en rendant son dernier soupire.

Haletant, Lenwë se releva en essuyant le sang qui pendait à ses lèvres. Il tâta ses côtes en grimaçant, de douleur sûrement en avait-il une ou deux de cassé.

Là dans la caverne, le combat tourna à la boucherie méthodique. Dépourvues de leur maîtresse, les dernières femelles combattaient avec l'énergie du désespoir et aucun œuf n'était là pour assurer la relève. Le clan vivait ses dernières heures.
- « Bon débarras » pensa Lenwë en reportant son attention sur le problème des œufs manquants. Assurément le mobile de leur agression envers les taliens et il n'était pas le seul à se faire la réflexion. Tout le monde s'en doutait depuis la vue des corps de bandits aux sacs remplis de coquilles brisées, mais cela n'avait aucune importance. Ces « sauvages » disparaissaient du marais. Au bout de quelques mois, personne ne se souviendrait d'eux, bien que quelques aventuriers raconteraient toujours à la taverne « J'y étais » pour frimer auprès des gueux avec leurs sales balafres.
Le plus gros problème aux yeux de Lenwë, c'était de savoir où se trouvait le butin des malfrats. Ces œufs servaient d'ingrédients dans diverses potions vendus par des types louches. Le genre de produit que les autorités aimeraient ne pas voir.
Dire qu'ils sortaient de démêlés avec des contrebandiers à Astéras pour tomber sur du braconnage en Tenagos.

Lenwë attrapa des bandages et un onguent soignant dans sa besace et entreprit de soigner du mieux qu'il pouvait son corps meurtrit par le combat.
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#49
Du sang, du sang partout.
La robe de Cendre, jusqu'alors rouge bordeaux, avait été éclaboussé de quelques jets d'hémoglobine. Elle n'avait pas eu peur ; elle n'avait qu'à peine sursauter. Par habitude, elle reculait d'un pas, mais l'amas de corps sur le sol fit qu'une à deux fois son talon s'enfonça dans un cadavre saurotarque, la chaire à vif, les écailles éparses par quelques coups de lance ou d'épée, des flèches criblant leur abdomen. Cendre grimaça, jetant un regard à Lenwë.
L'elfe des neiges était si blanc dans ce décor chaotique. Elle eut un petit sourire en coin. C'était peut-être la seule chose de blanc ici.

Elle approcha.

« Je compte m'occuper du reste. »

En parlant de ça, elle voulait bien sûr dire de l'après. Tuer était une chose, mais il fallait bien brûler ce qu'il restait des cadavres. L'honneur des morts serait alors sauf.

La sorcière regarda l'elfe se penchait et attrapait, du bout des doigts, la tige fragile d'une fleur de mana qui brillait alors, épargnée de tout. Il se redressa et la planta avec douceur dans les cheveux rouge sang de la jeune fille. Elle fronça légèrement les sourcils.

« Tiens, ça te changera du rouge. »

Elle fit une petite moue, presque vexée, levant les yeux au ciel. Ses joues s'empourpraient bêtement.

« Le rouge c'est très bien ! »

Elle attendit quelques minutes de plus, et commença alors à brûler les cadavres et les nids.
Une fois fait, elle rejoignit la rive avec une grimace et disparut à son tour dans l'eau.

Avait-elle déjà dit qu'elle détestait l'eau froide ? Elle y nageait avec une aisance naturelle, comme si elle avait toujours nagé, mais par Eddar, elle aurait préféré un bain de flammes à ça.
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#50
Je détestais ces marais.

Une moiteur ambiante et suffocante y régnait pendant que les insectes s'agitaient autour de la troupe armée que nous représentions. Cette vase putride et stagnante dans laquelle nous devions patauger me rappelait vaguement les caniveaux du Quartier du Port qui m'avait vu naitre. Là où les pêcheurs jetaient les viscères et entrailles de leurs marchandises d'une fraicheur parfois douteuse. Là où les marins ivres régurgitaient la gnôle que leur foie atteint de cirrhose ne parvenait pas à garder. Là où les mendiants infirmes ou pestiférés s'installaient sur le sol crasseux quémandant aux plus miséricordieux une maigre pitance bien rance.

Mais plus que l'odeur fétide, c'était l'humidité omniprésente qui m'indisposait. Ou plutôt qui indisposait mes flammes et en diminuait la chaleur. Mes premières incantations contre les saurotarques se résumèrent par de légères fumeroles s'échappant de ma main. Ces cuisants échecs m'irritaient. Mais certainement pas autant que ces nobles qui aboyaient des ordres qu'ils ne suivaient guère. Enfin, tout dépendait de leurs propres humeurs du moment.

Je détestais ces gens.

Sous des dehors avenants aux premiers abords, je devinais qu'ils jaugeaient notre vaillance. Ou plutôt notre discipline. Peu leur importait que les ennemis tombent avec facilité grâce à notre surnombre si notre formation n'était celle escomptée. Une lubie de militaires, ou de nobles, me disais-je. Superflue et vaine, ajoutai-je intérieurement. L'enfant des ruelles que j'étais, se riait bien de cette disposition martiale. Elle n'était d'aucun secours pour échapper à une bande rivale, d'aucun secours pour survivre en dehors des batailles théoriques entre haut-gradés. La réalité était toute autre.

Rester à sa place. Voilà un adage que je connaissais bien pour l'avoir entendu. Et entendu encore. Cette rengaine sempiternelle que l'on murmurait au creux de mon oreille depuis mon enfance n'avait pourtant jamais su s'ancrer dans mon esprit. Il en était de même pour cette mission. Bien trop habituée à contourner les règles et à détourner les lois, je n'éprouvais aucun remord à me montrer insubordonnée.

Cependant, il fallait en passer par là pour bénéficier d'une chair à canon docile et prompte à se jeter au corps à corps de nos adversaires, alors je hochais la tête à leurs consignes en signe de bonne volonté. Aussi intolérable que m'apparaissait cette servitude envers ce guerrier bien-né répondant au nom de Victor et ses alliés, je consentais à mettre de côté mon ego, et cela même si mon allégeance n'avait été offerte qu'à Dame Luciferi. Pourtant, les coups de sang de cette hiérarchie improvisée m'invitèrent au meurtre.

De quel droit, ce benêt, haussait-il la voix envers ma chère petite sœur Lev ? Ce regard méprisant qu'il lui avait jeté pour un simple pas sur le côté. Comment osait-il l'humilier, elle et d'autres, pour des erreurs sans conséquence autre que quelques éraflures ? L'arrogant aurait payé cette offense de sa vie, ou du moins d'une brûlure au visage meurtrissant ses traits fins à jamais s'il n'avait eu ce geste.

La colère m'emportait déjà loin de toute cohérence, matérialisant entre mes doigts des braises ardentes. Elles se renforçaient pendant que j'observais le jeune homme, le regard noir, la haine au cœur. La rage me consumait, intensifiant mon feu vengeur.
Et Victor s'interposa. Entre la lame d'un saurotarque et mon frère Yan souffrant déjà d'une blessure sérieuse. Mes flammes disparurent instantanément, ma colère s'étant dissipée. Il l'avait sauvé. Je lui en étais sincèrement reconnaissante. S'il n'avait été aussi odieux, peut-être même l'aurai-je remercié. Comme Mère me l'avait appris.
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#51
Je soupirai. Enfin. Après des journées de marche et de combat, nous venions d'atteindre un point d'eau avec en son centre ce qui apparaissait comme une caverne. Leur nichée à n'en pas douter.

Le mystère des attaques avait été sommairement résolu par la conclusion en découvrant divers cadavres tant saurotarques que humains. Une bande de contrebandiers s'était infiltrée sur les territoires des sauriens. Les braconniers avaient pillé les Nids dont les représailles s'étaient manifestées par les ravages et massacres survenus à Aiguemirail. Leur butin, composé exclusivement d'œufs, devait faire vraisemblablement l'objet d'un commerce lucratif.

La majorité avait tranché en faveur de l'éradication, pure et simple, de la menace, comme nous l'avait demandé la Redresseuse de torts, à l'exception de l'archer grassouillet qui ne communiquait habituellement que par des borborygmes. Seuls les œufs étaient encore sujets à débat. L'arbalétrière, qui avait la fâcheuse tendance à se parler toute seule, avoua même souhaiter reprendre le flambeau des escrocs, ce qui n'était pas pour me déplaire. Devant les volontés manifestes de destruction, je ne pris pas la peine de préciser mes intentions mercantiles. Il me faudrait être discrète pour m'en procurer un, intact, sans qu'il ne risque l'ire de mes compatriotes. L'honneur ne remplissait pas les estomacs, l'argent, si.

J'allais avancer un pied dans l'eau froide quand Dione posa sa main sur mon épaule pour m'arrêter. Il s'approcha de moi, glissant son bras autour de ma taille, pour murmurer quelques mots à ma seule attention.

J'écarquillai les yeux de surprise. A l'évidence, mon frère sombrait dans la démence. Récupérer un œuf intact pour élever un jeune saurotarque… Comment pensait-il domestiquer une telle créature sans y laisser quelques doigts ? Pourtant, plus il parlait, plus j'en envisageais les indéniables avantages. Dione savait s'y prendre pour me persuader, et j'étais bien incapable de lui refuser quoique ce soit.

Bien. Aussi saugrenue qu'était son entreprise, je comptais bien l'assister de mon mieux, sans pour autant m'interdire d'y mettre fin violemment le cas échéant.

« Très bien, mon frère. Tâchons d'en récupérer au moins un. Discrètement. Nul ne doit connaître tes plans : ces braves gens pourraient s'en offusquer.»
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#52
Trempée jusqu'à la taille, je pénétrai enfin dans la grotte, aux aguets. Je me plaçais aux côtés de ma jeune sœur, craignant pour sa vie.

Il s'y trouvait plusieurs saurotarques. Les femelles sifflaient rageusement. L'une d'entre elles, plus imposante, plus puissante, agitait avec colère un majestueux trident en direction des aventuriers déjà sur place. Leur matriarche. Lorsque son regard noir se posa sur ma personne, j'ai frissonné de terreur. Cette haine. Cette colère. Je les reconnaissais, mes fidèles conseillères.

Elle siffla avec hargne. Sa langue fourchue allait et venait avec frénésie. Elle passa alors à l'attaque soudainement. Je n'eus pas le temps de réagir. Encore moins de m'interposer entre ma cadette et cette furie.

« Lev, attenti' »

D'un puissant coup de queue, la Matrone me percuta de plein fouet au niveau du ventre. L'impact d'une rare violence me projeta quelques mètres plus loin sur le sol mousseux de la caverne. Le souffle coupé par la douleur, je me forçais à inspirer et expirer, cherchant d'un regard affolé ma sœur. Bien que sonnée, elle se relevait déjà pour cribler la créature de flèches, comme tant d'autres ayant subi cette attaque tournoyante.

Rassurée de son état, je n'en restais pas moins diminuée par cette contusion, incapable de me redresser pour affronter la saurotarque. J'avais mal. Terriblement mal. Chaque mouvement m'infligeait une souffrance sans nom. Les larmes coulèrent de mes joues tant sous l'effet de la douleur que de mon impuissance. Une faible, voilà bien ce que j'étais. Inapte au combat. Inapte à protéger ma famille. Non. Je ne les laisserai pas seuls face à cette créature. Non. Il fallait que je les aide. Lentement. Difficilement. Douloureusement. Je tendis le bras vers la Matrone, des traits de feu en jaillirent et vinrent lui lécher les écailles crépitantes.

A bout de force, je m'affaissai à terre, le regard perdu dans le vague. Je le vis. Un sourire s'esquissa sur mes lèvres. Un nid se trouvait à quelques pas de moi. C'était une occasion inespérée de le fouiller avant que d'autres ne s'en chargent.

Soudain, un bruit sourd résonna dans la caverne. La Matrone venait de s'effondrer. Le chaos des combats n'en était pour autant pas encore terminé. D'autres reptiles attendaient leur funeste destin. Dans le fracas des armes, nul ne se préoccuperait d'une jeune mage, blessée, rampant à terre pour se mettre à l'abri. Je m'approchais, gémissant de douleur vers ce nid pour arriver à sa hauteur.

A première vue, il était vide. Aucun œuf n'était visible. Quelle plaie, c'était bien ma veine ! Je soupirai, désespérée, mais n'abandonnai pas pour autant.

Je tâtonnais fébrilement les diverses brindilles, brins de paille et autres mousses végétales qui le constituaient. Si les contrebandiers en avaient laissé, les œufs potentiellement restant devaient être bien cachés sous un amas de végétation.
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#53
Malgré les recherches attentives, tout ce que les aventuriers trouvent, ce sont quelques coquilles cassées et des jaunes répandus sur la végétation, séchés depuis longtemps.
Il n'y a rien - les quelques braconniers qui sont passés avant n'ont rien laissé. Ça explique sans doute la fureur des saurotarques.
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#54
A peine avait-il eu le temps de commencer à sécher qu'il s'était replongé dans l'eau froide, pour ressortir de la nichée des saurotarques. Pas d'œufs. Les cadavres de braconniers étaient nombreux, mais l'étaient-ils autant qu'ils auraient dû l'être ? Certains avaient probablement réussi à s'échapper des marais avec quelques œufs. Peut-être que sans cela les saurotarques seraient restés un peu plus tranquilles et n'auraient pas massacré d'innocents paysans.
Un massacre, c'est ce que la troupe avait fait aussi, allant jusque dans leur nid pour les éradiquer. Mais ce n'était que de simples bêtes, n'est-ce pas ? C'était toujours mieux que de tuer des contrebandiers dans les égouts. Sans doute. Les vrais responsables de la tuerie couraient probablement toujours, ou bien étaient étalés face contre terre, commençant à nourrir tout ce qui pouvait vivre ici comme insectes.

Victor écrasa un moustique qui avait eu l'impudence de tenter de le piquer au cou et sortit du petit lac. Il avait discuté avec plusieurs personnes, s'excusant plus ou moins fort d'avoir employé un ton peu avenant et autoritaire au début de leur trajet, et expliquant qu'il avait simplement peur qu'ils ne fassent le pas de trop qui les conduiraient à la mort. Finalement, personne n'était mort, et heureusement ! Il avait eu tort de s'inquiéter autant et de laisser paraître sa nervosité bien mal exprimée.

Sa tête lui faisait moins mal, mais le lançait par moment. A ces moments-là, il se stoppait. Il n'avait pas vraiment envie de tomber dans la boue. Bien qu'il en était partiellement couvert, comme de sang - l'eau n'ayant malheureusement pas tout lavé, il ne tenait pas particulièrement à prendre un bain complet. Enfin, un bain, si. De boue, non. A propos de bain, il ne fallait pas qu'il oublie de demander...
En passant près du corps du contrebandier qu'il avait examiné, il prit le sac-caisse. Peut-être n'aurait-il pas l'occasion de le montrer, mais c'était toujours utile de le prendre. Mais l'odeur, il s'en serait bien passé. Cela ne faisait qu'empirer son mal de tête.

Discutant avec Illaria puis Siadhal, il prit finalement les devants du groupe et arriva en vue du campement. Il poussa un long soupir de soulagement et s'avança. Comme c'était une vaste plaine, on les voyait arriver de loin, et le jeune homme supposait que la Redresseuse de Torts serait mis au courant de leur retour avant même qu'ils n'atteignent le camp.
En voyant les soldats qui se retournaient pour certains vers eux en observant l'arrivée des aventuriers égrenés sur le chemin, il se trouva encore plus sale. Et il devait sentir vraiment mauvais. Il grimaça de dégoût et s'avança vers un soldat, le saluant de la tête.

« Excusez-moi, serait-il possible de vous emprunter vos bacs et ce dont vous vous servez pour vous laver ? Je pense que la plupart de mes camarades et moi-même souhaiterions prendre un bain ou au moins nous décrasser. »

Il remercia le soldat qui répondit par l'affirmative tout comme d'autres. Il espérait simplement que Dame Luciferi ne voudrait pas avoir leur rapport tout de suite...
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#55
Une fois la dernière femelle saurotarque tombée, Martin Bêcheur s'empressa de quitter la caverne des écailles-cruelles pour aller barboter quelques minutes dans l'eau froide du lac : sa peau brûlée à certains endroits par un cône de flammes lancé par Vagnard avait besoin d'être apaisée.

Enfin cette mission était terminée. Le repaire de lézards détruit, les habitants survivants d'Aiguemirail allaient avoir un peu de répit pour retrouver et fortifier leurs habitations. Un peu seulement pensait-il, car il était fort probable que d'autres braconniers reviendraient un jour, voleraient d'autres nids, ce qui provoquerait de nouveaux raids de saurotarques : la vie était un éternel recommencement.

A ces pensées, Martin Bêcheur eut un mauvais pressentiment. Et si des braconniers s'étaient glissés dans leur groupe pour profiter d'une « escorte gratuite » jusqu'aux nids?
Affolé par cette idée, il décida d'observer avec attention tous les aventuriers qui sortaient de la caverne pour vérifier qu'ils ne cachaient pas d'œufs dérobés en douce.

Après plusieurs minutes de surveillance, son regard croisa celui d'une aventurière qui semblait mécontente. Oh non, elle croit que je suis en train de la reluquer !
Il reprit donc net le chemin du retour, la tête baissée pur éviter tout malentendu gênant.
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#56
Victor avait pu se laver. Il avait même pu nettoyer partiellement ses affaires. Bon, ce n'était pas le bain dont il rêvait, mais il était au moins propre pour aller faire le rapport de la mission auprès de la Redresseuse de Torts.
Sa cape de voyage séchait toujours et il n'avait pas cherché à s'en occuper plus que ça, se concentrant notamment sur ses bottes plus couvertes de boue qu'un porc. Il avait réussi à en enlever la plupart, mais comme tout n'était pas sec, c'était difficile. Son armure gardait elle aussi quelques traces, plus de sang que de boue, mais cela ne se voyait pas sauf si l'on fixait l'armure.

Après ses préoccupations que certains jugeraient inutiles, le jeune homme attendit toutes celles et ceux qui souhaitaient l'accompagner auprès de la chef de la milice Talienne, et zigzagua jusqu'à la tente du caldras pour demander audience.
Lorsqu'on les fit entrer, il salua tout le monde et s'inclina plus légèrement que la première fois devant Dame Luciferi, une mèche de cheveux encore quelque peu humide en profitant pour lui tomber devant les yeux. Il l'écarta en se redressant et attendit d'avoir la parole pour se mettre à parler, jetant un coup d'œil à son oncle avant de faire le compte rendu de leur mission. Il semblait plus serein qu'auparavant et parla d'une voix posée, regardant tour à tour toutes les personnes présentent en face de lui, en commençant par la paladine.

« Dame Luciferi, comme vous l'aviez demandé, nous avons résolu le problème des assauts de saurotarques sur les terres d'Aiguemirail. Nous avons dû pour cela décimer toute la tribu responsable.
Plus intéressant que ce fait, nous avons découvert la cause de ces attaques : avant nous, des humains sont allés sur leur territoire et jusque dans leur nid pour voler leurs œufs. Nous avons en effet retrouvé plusieurs cadavres de braconniers qui possédaient des sacoches préparées pour porter un ou des œufs,
il indique le sac-caisse qu'il avait ramené, ainsi que des morceaux de coquille et le liquide que contenait les œufs.
Cependant, nous n'avons pas retrouvé d'œufs intacts, même dans le nid des saurotarques. Nous supposons donc que certains braconniers ont pu s'enfuir avec... »


Il se tut finalement après ce résumé des faits, et garda son regard devant lui, évitant de regarder ses bottes presque propres.
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#57
Evaline Luciferi, Redresseuse de torts d'Yris et Paladin de l'Ordre du Griffon se tenait bien droite dans la tente, le heaume sous le bras en écoutant attentivement le rapport du jeune Victor di Velija. Son visage n'affichait que consternation et résignation à l'annonce de l'éradication des saurotarques.

[Image: 91132.png]
« Je vois. »


Elle posa calmement son heaume étincelant sur la table de commandement.

« Les œufs de saurotarques ont attiré de tous temps les convoitises, mais au vu des représailles des tribus dont la descendance était volée, il a été décidé d'en faire un bien illégal. Cela avait suffit à réduire fortement le nombre et la taille des expéditions visant à en récupérer. Mais tous les œufs d'une tribu … Cela demande une solide organisation, et un nombre conséquent d'individus prêts à tout. Ces contrebandiers font sans doute partie d'une plus grande organisation, peut être bien l'une de celles qui échappent à la Couronne depuis un moment. »

La fière combattante marqua une pause, pensive, attristée.

« Vous dites avoir du éliminer toute une tribu. C'est dommage, mais vous avez bien fait. Les braconniers sont les véritables responsables. Les terres Taliennes et leurs habitants ont souffert à cause de la vénalité de certains, prêts à risquer gros pour de l'or. Et cette tribu en a payé le terrible prix.

La Couronne ne peut vous récompenser, mais vous avez ma gratitude et mon respect d'avoir affronté les marais motivés uniquement par le désir de protéger le peuple Talien. Et Tomilia a quelque chose pour vous. »


La prêtresse de Cleya s'avança alors, tenant une bourse rebondie dans ses mains.

[Image: opt113690.png]« Les bonnes gens de l'Egura ont rassemblé les richesses dont ils pouvaient se défaire pour vous récompenser, en apprenant que la Couronne ne pouvait s'en charger. Ils espèrent que cela montrera leur gratitude de les avoir libérés de la menace du marais.

Je vous serait gré de la partager avec vos valeureux camarades, et de profiter d'un repos bien mérité au camp. Le confort est spartiate, mais ils pourront se décrasser et se reposer quelques heures, ainsi que manger chaud. »



Citation :HRP: bourse de 350po à partager entre vous, confiée à Victor
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#58
L'austère camp à l'arrivée se révélait très confortable quand on sortait de pire, bien pire. La fange immonde que représentait les marais se débarrassait du groupe des Sentinelles, ainsi que d'autres aventuriers, tous plus excentriques les uns que les autres mais amusants. Lenwë éternua, grippé par cette mésaventure. Plutôt chétif de nature, barboter dans l'eau froid et la boue lui causait bien du mal, sans parler des blessures, résultats d'une rencontre entre la matrone saurotarque et son frêle corps. Il priait pour que la plaie se s'infecte pas et qu'un quelconque aspirant de l'étoile du nacre traîne dans les environs, mais avant cela, Lenwë ne se fit pas prier pour récupérer un grand bac d'eau et du savon pour se débarrasser de toute cette crasse.

« J'ai vraiment des considérations de précieux » songea-t-il en se lavant, mais en savourant cette impression d'être redevenu un elfe civilisé, et non un sauvage rampant dans la boue.
Il se sécha soigneusement, puis attrapa son pourpoint beige, pour mieux constater l'étendu des dégâts. La boue commençait à sécher et à craqueler sur le bas de son habit, en plus d'exulter une forte odeur, sorte de mélange d'excréments et de purin. Il était déchiré, usé, et une large tâche rouge maculait le vêtement au niveau des côtes basses, un peu sur la droite. Il soupira, et attrapa une brosse pour le nettoyer. Lenwë n'avait pas le temps de laver proprement ses habits avec le bac d'eau, du moins, il n'avait pas le temps d'attendre que cela sèche.

Enfin paré de son habit, Lenwë sortit des tentes pour trouver un quelconque soigneur. Il s'approcha de ce qui ressemblait à une tente d'infirmerie. Dedans, le sorcier en faction examina les blessures de Lenwë, concluant que trois côtes étaient cassées, lança un sort pour aider les os à se ressouder, et appliqua habilement un bandage autour de la cage thoracique de l'elfe. Pour son rhume, il lui tendit une potion curative, qui devrait l'aider à supporter ce mal. Lenwë le remercia et lui proposa quelque salaire pour ses services, ce que le soigneur refusa, prétextant qu'il s'agissait de son devoir.

De nouveau sur bien, il alla retrouver la Redresseuse de torts, à qui Victor faisait lui fournissait un bref mais intéressant rapport de mission. Dame Luciferi le remercia, et la prêtresse offrit de l'or en récompense pour leurs exploits.
Massacrer une famille entière de saurotarques, cela laissait Lenwë songeur. Les Taliens alliés aux elfes avaient autrefois chassé les lézards des marais, s'appropriant leurs terres pour s'installer. Maintenant des braconniers volaient leurs œufs et quand les reptiles répliquaient, les autorités envoyaient quelques mercenaires tuer en représailles. Lenwë se gardait bien de donner des leçons de morale, il était de ceux à penser qu'exterminer les saurotarques jusqu'au dernier était un bon moyen de prévenir leurs assauts. Il pensait la même chose d'une autre race de sauvage, mais qui résidait au nord. Ce qui l'intriguait, c'était les paladins. Ainsi était les guerriers de lumières, les élus qui défendaient la justice et les opprimés. Pas étonnant que Yùla détestait son père. En tout cas Evaline jouait une jolie comédie avec son air consterné. Ne disait-elle pas que la violence était la seule solution ? Ne demandait-elle pas de s'aventurer jusqu'aux nids ? Elle savait qu'elle envoyait des mercenaires, pour qui la finesse et la subtilité était des concepts abstraits. De l'hypocrisie pour garder sa façade de pureté et de justice, voilà ce que c'était.
Au moins Lenwë assumait le sang sur ses mains, et il aurait recommencé sans hésiter.

Il tourna les talons et s'éloigna du campement, la marche jusqu'à Yris était longue.
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#59
Le jeune guerrier écouta le discours de la Redresseuse de Torts en la regardant se tenant bien droit, une main sur la garde de son épée et l'autre ballante. Il sembla perplexe un instant devant l'air qu'avait pris la Dame en entendant qu'il avait tué toutes les écailles-cruelles. Combien de saurotarques avaient été tué depuis que leur peuple drainait les marais pour gagner des terres ? Les avoir tous tuer ne l'émouvait finalement pas plus que ça. Il n'allait pas expliquer que c'était pour éviter les représailles des survivants s'ils en avaient laissé.

Il se tourna vers la prêtresse de Cleya lorsqu'elle prit la parole en s'avançant, esquissant son sourire habituel. Il prit avec douceur la bourse remplie de pièces d'or lorsqu'elle lui la tendit en la remerciant, puis ajouta :

« C'est bien aimable à eux. J'espère qu'ils n'auront plus de problèmes avec les saurotarques avant un bon moment. »

Il rangea avec soin la bourse, salua d'une petite révérence Dame Luciferi et Tomilia, puis sortit avec légèreté de la tente, le sourire aux lèvres. Il ne restait plus qu'à rentrer à Yris et il pourrait avoir un vrai bain et un sommier sur lequel dormir.
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#60
Theobald est resté en retrait durant le compte-rendu donné par Victor.
Ses conseils avaient été avisés sur le terrain et il méritait d'être notre porte-parole sur cette mission.

Tandis que la tente se vidait après cette brève entrevue, Theobald se rapprocha de leurs commanditaires.
Après une révérence maladroite, il demanda à Evaline Luciferi :
"Permettez-moi de vous accaparer quelques instants, j'aurais à vous faire part d'une requête singulière."
Il lui adressa alors sa demande :
"Bien que je sois au début du chemin, je souhaite suivre la même voie que vous en devenant un fervent paladin. J'espérais pouvoir vous demander des conseils, voire même pouvoir compter sur votre soutien lorsque je postulerai au titre officiel."

Il ajouta ensuite avec une ferveur flamboyante :
"En revenant sur notre mission, cette bataille ne nous a pas laissé le goût de la victoire ou d'une justice bien rendue. Mais je suis sûr qu'Edar nous guidera aux responsables. Je conserverai le trident de la matriarche du clan des écailles-cruelles jusqu'à ce que justice soit faite, en mémoire de leurs sacrifices."

Avant de se diriger vers la sortie, il conclut :
"Sans plus vous contraindre, je vais retourner affûter mes talents. Si vous en avez le besoin, n'hésitez pas à faire appel à ma lance. "

Theobald s'éloigna le poing serré, signe d'une colère incandescente contenue.
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