Deux Nocturnes.
#1
Deux Nocturnes.

La dernière tête tomba. Mollement, certes, mais elle tomba. La gueule à moitié ouverte, le museau recouvert de sang et les yeux déjà vitreux malgré la fin récente, le lynx allait pouvoir retrouver un semblant de paix… enfin, pas vraiment.
Un fin sourire se dessina sur la face cireuse de la Corbic. Un petit semblant de ce qu'elle était vraiment, ou tout simplement la fine appréciation de voir la mort entre ses doigts qui passe et s'évapore comme un fantôme de glas; nul doute en tout cas qu'elle y était pour quelque chose au vu du sang qui parsemait sa peau pâle.
C'était le dernier, oui, mais seulement pour le moment.

Ses doigts s'enfoncèrent lentement dans la gueule du lynx et par la force des choses, de la nature, et de la magie, ils en extirpèrent avec douceur un quelque chose d'informe, semblable à de la fumée claire et bleutée, brillant à peine, une volute délicate semblable à la spirale que forme les fumées d'un feu chamanique.
Quoth pencha la tête sur le côté, d'un air curieux.

Une âme faible… trrrop faible…

Sur l'épaule de la Corbic, le corbeau noir était revenu.
Le plumage soyeux, l'oeil rouge mais vif.

Une âme est une âme. Qu'importe sa qualité, c'est ce que tu vas en faire qui importe.
Tu peux les rendre plus fortes, Quoth… tu sais comment.


Quoth haussa les épaules, d'un air entendu, et finalement sortit de sa besace une petite boîte au bois foncé. La boîte était jolie malgré tout, finement ciselée dans du bois d'ébène, l'écorce noir, le coeur rose et plus tendre qu'aucun homme ne l'aurait juré.
Un travail minutieux, travaillé avec amour et dévotion.

Le bois était parcouru à intervalles réguliers de petites vis noires enfoncées.
On en voyait du dehors que la tête sortant du bois: il n'était pas difficile de voir qu'elles étaient parfaitement symétriques les unes aux autres de chaque côté de la boîte, et qu'elles la fermaient à tout jamais.
Parfaitement scellée, un petit trésor sommeillait à l'intérieur. Son trésor à elle.

La Corbic posa sur le sol la petite boîte, en approchant doucement la main où semblait briller de plus en plus faiblement la fumée céruléenne. En quelques secondes seulement, la volute fut comme aspirée par la boîte ! Les quelques fumées s'infiltrèrent dans le bois, dans un bruit strident qui ressemblait très vaguement à un gémissement de douleur.
Quoth eut un sourire fin et vicieux à la fois.

Tu l'as entendu ?

Les yeux clairs de la Corbic se levèrent sur le Corbeau qui lui faisait désormais face, immense aux plumes sombres. Il était revenu. Revenu, oui… mais pour combien de temps ?
Elle eut un petit sourire, amusé, et ramena contre elle la boîte, avec une certaine tendresse, la rangeant aussitôt.

Je les entends même quand elles sont à l'abrrri… Elles chantent encorrre.

La Corbic se redressa lentement, d'un pas de danse gracile et prudent. Comme une danseuse taciturne et vêtue de noire, les pans de sa robe sombre fondaient son être entier dans les ténèbres. Seuls ressortaient alors son visage et ses bras, ses chevilles fines et fragiles; le teint cireux de cette poupée sans ficelle tranchait avec l'obscurité du reste. C'était un drôle de spectacle au sein de Korri qu'une ombre qui s'élève au milieu des ténèbres.

Le bec du Corbeau passa sur sa joue, si proche qu'elle en sentit l'haleine putride, le souffle chaud. Son regard était insistant. Elle le lui rendit, avec une certaine pudeur.

Je sais ce que je dois fairrre.
Tu n'as pas besoin de tout surrrveiller… Je…
Elle fronça les sourcils : Je peux le faire seule.

Le Corbeau eut un semblant de sourire. Même si de par son bec il était difficile d'y voir une déformation de ses zygomatiques, l'éclat de ses yeux rubis ne laissait pas le moindre doute sur son amusement narquois. Il se moquait d'elle. Il en riait.
Et elle le détestait pour ça.

Elle ramassa d'un geste lent sa besace de cuir et la mit sur son épaule.

Son travail, ici, était fini.

* *
*

Vous aviez prrromis…

Le visage rouge de colère, le regard furieux et les sourcils froncés, la jeune Quoth ne semblait pas d'avis ni d'humeur à essuyer un énième refus de la part du patriarche du Clan de la Loutre. Il semblait que l'air bonhomme du mustélidé l'ait entièrement perdu, évaporer sous la pression des deux saphirs sans pitié de la Corbic.
La nouvelle promue de la Camarilla faisait en effet forte impression auprès des autres, pour de mauvaise raison hélas.

Certes elle était aussi fine et haute perchée que les autres représentants du totem du corvidé, ni plus ni moins à leur image, mais elle avait quelque chose en plus que les autres n'avaient pas.
Une aura.
Aussi sale et traînante qu'une épidémie; aussi corrosive qu'un venin de serpent; et sans doute cent fois plus puante qu'une charogne décomposée laissée en plein soleil une journée au milieu de l'été.

Quoth était diablement dérangeante, et au Clan de la Loutre, on aimait pas vraiment déranger les habitudes et la solide paix qui s'était installée.
La seule guerre qu'ils aimaient se livrer était encore celle de l'argent, du troc, du commerce, et ce n'était que rarement entre les leurs. Ils préféraient de loin arnaqu...faire des affaires avec les hélions qu'avec un autre homme bête.
Fallait il dire que le Klah coûtait cher à être lavé dans les contrées de la jolie Korri ?

Et c'était bien du Klah que l'on parlait dans le cas présent.
Le Clan de la Loutre avait un Klah fragile : on avait promis à Quoth une pierre de mana corrompue récemment en échange de peaux et de denrées rares. Et cette pierre avait disparu des mains des Loutres.

Vous aviez prrrromis cette pierrre.
Il me faut cette maudite pierrrre de mana corrrompue…


Le rongeur jetait des regards paniqués et gênés à la Corbic. Certainement qu'il se rendait compte qu'il n'avait pas eu conscience que la jeune femme avait autant de caractère, même après qu'il fut tant raconté que sans Goupil, elle n'était plus rien…
A croire que le renard avait fait du corbeau quelque chose d'un poil trop gros, d'un poil trop hargneux. Le renard avait fait du corbeau un véritable loup. Ce qui était tragique, c'est le corbeau visiblement y croyait.
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#2

Comment pouvait-il s'être mis dans cette situation, songeait-il en se risquant à croiser une nouvelle fois le regard de son hôte. C'était un exercice plus que difficile de s'évertuer à fuir les regards assassins sans pour autant baisser la tête. C'eut été impoli, un manque de manière certain et un aveu de faiblesse manifeste. Cela, Anji, ne pouvait se le permettre. Pas devant témoins et surtout pas devant une étrangère au clan des loutres. Face à cette Quoth, perchés sur une estrade rehaussée d'un coûteux tapis Hélion, se tenait Anji, chef du clan des loutres et deux femmes en retrait derrière lui, silencieuses. La plus jeune était une version rajeunie de la seconde. Sûrement des parentes. Ses yeux ne cessait de faire la navette entre les yeux du Corbeau et la détestable boite que celle-ci transportait, et ne pouvait s'empêcher d'afficher un air tout à la fois craintif et écœuré. Son aînée semblait mieux masquée son aversion mais peut être cela ne tenait-il qu'a ses yeux voilés de blanc qui ne laissait plus rien paraître depuis des années.
Si Anji avait été sensible aux auras, peut être aurait-il davantage prêté l'oreille aux conseils de Vieille Ran lorsque celle-ci lui avait recommandée de chasser cette vermine au lieu de lui prêter l'oreille. Les corbeaux sont perfides, plus encore ceux qui nichent parmi les renards. Mais lui n'avait vu dans cette fille qu'un petit oisillon égaré. Une frêle créature aussi facile à duper qu'à écrasé au besoin. A son corps défendant, la rumeur ne l'avait pas contredit. Il devrait songer à faire battre son informateur pour l'avoir ainsi induit en erreur. Peut être même lui ferait-il couper un doigt ou deux. A titre d'exemple. Pour l'heure il lui fallait se recentrer sur cette femme détestable et trouver moyen de lui clouer le bec tout en s'en débarrassant. L'air songeur, il piocha un autre grain de raisin dans la jatte posée devant lui, prétexte utile pour échapper aux yeux de glace de son hôte sans enfreindre la bienséance. C'est d'un geste las de la main qu'il interrompit Quoth avant de reprendre d'une voix quelque peu exaspérée.

Il y a eu quelques complications. Cette maudite pierre s'est avérée bien plus difficile que prévue à localiser, sans parler de se la procurer. Mes frais ont déjà dépasser les gains potentiels que vous nous aviez laissée entrevoir. Il...

Dans son dos la vieille loutre s'était mise à tousser avant de porter un linge à sa bouche qu'elle retira tâché de sang. Ce fut d'une voix étonnamment forte qu'elle coupa la parole au patriarche.

Tes objections ne régleront pas la situation, Anji. Non plus que si tu la traite comme une enfant écervelée.

Lui, chassa son commentaire d'un geste irrité.

La paix Ran, tiens ta langue si tu ne veux pas la perdre.

La vieille émit un rire de crécerelle, éraillé, désagréable.

Tu n'en fera rien, Anji. Je te suis trop précieuse et même toi tu n'es pas assez stupide pour mettre ce genre de menaces à exécution.

L'homme lui jeta un regard incendiaire avant de la chasser de ses pensées d'un grognement qui se voulait menaçant, avant de se retourner vers Quoth. Maudites soient toutes ses femelles. Elles ne savent que causer des problèmes. Il ne pouvait pas perdre la face devant cette Corbeau, son prestige ne s'en remettrait pas. Non plus qu'il ne pouvait échapper à ce maudit marché... D'un coup, une solution lui apparue, une qui aurait l'avantage de clouer le bec à ces deux emmerdeuses et qui lui permettrait certainement de se débarrasser d'une troisième nuisible. Portant sa coupe à ses lèvres, il prit un air rusé avant de lancer à la jeune loutre un ordre.

Alya. Yummi na vaehse ahn me, elhud.*

La jeune femme tressailli avant de couler un regard perplexe et inquiet à la vieille qui semblait tout à coup sur la défensive. Sur un imperceptible mouvement de tête de son aïeule, Alya bondit sur ses pieds et s'éclipsa promptement après s'être rapidement inclinée devant les autres, non sans prendre garde de se tenir aussi loin que possible de la chaman au noir plumage.

J'allais vous dire qu'il y à une... alternative. A notre petit différent. Une solution qui pourrait se montrer satisfaisante pour les deux parties. Ah! Yummi, merveilleux! Assieds-toi ma fille, veux-tu, nous avons à parler.

L'acolyte venait de réapparaître, traînant à sa suite une autre fille légèrement plus jeune qu'elle, la tignasse emmêlée, encore ruisselante d'eau. La nouvelle venue jeta à peine un regard à Quoth avant de s'asseoir sur la natte qu'Anji lui avait désigné de la main, non sans le dévisager d'un regard suspicieux avant de répondre d'un ton prudent.

De quoi devrait-on parler Anji? Et que fout cette femme ici?



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*En présence d'étrangers, le clan des loutres use parfois d'un langage qui leur est propre afin de pouvoir converser sans crainte d'être compris. Cette langue secrète serait l'une des raisons de leur mauvaise réputation (infondée bien sûr). Les propos suivants en italique sont tenus en loutre.

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#3
La rage toute contenue dans Quoth n'en finissait pas de faire bouillir son sang. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour que se libère d'elle rancœur et hargne sur le visage rondouillard de l'homme loutre, pour qu'elle ne prenne plaisir à lui arracher les yeux et à en dévorer le cœur. Elle en était capable, elle l'avait déjà prouvée et elle n'aurait aucune culpabilité à faire payer cet odieux mensonge qu'il tentait désespérément de lui faire avaler.
La jeune Corbic n'était pas dupe. Certes elle était de jeune âge, à peine sortie de l'adolescence, encore toute fragile et toute frêle derrière son grand manteau de plumes, mais elle n'oubliait pas les promesses, et les promesses à Korri avaient le don d'être gravé dans la roche.

Elle serra les dents un instant, son regard noir et courroucé fixant sans sourciller l'homme loutre qui tentait visiblement de lui refiler quelque chose, « autre chose ». Voilà qui était hilarant. Croyait il sincèrement que la Corbic allait accepter ?
Quoth ravala sa salive, difficilement. Déglutir en ayant la gorge serrée était tout un exercice, une épreuve des muscles, un fléau pour celui ou celle qui n'aimerait sur le moment que pousser un grand rugissement.
La jeune femme avait de la voix, assez pour faire fuir tous les oiseaux des environs, assez pour l'effrayer, lui, le gras du bide, le fourbe, le menteur...

Sa langue claqua sur son palais en entendant la vieille. Une « écervelée » ? Elle ? Les yeux céruléens de la créature se plissèrent, comme s'ils cherchaient à déceler où était le vrai du faux dans cet odieux mensonge que l'homme loutre était en train de tisser.
La main de la jeune femme se resserra sur la hampe de son bâton de buis, prête à s'en saisir et à faire entendre la voix des esprits soumis au bavard d'en face. Des esprits, elle en avait des tonnes en sécurité, piégés et attendris, esclaves de sa seule volonté.

N'y pense pas, Quoth.
Ce serait du gaspillage...


Un petit corbeau de fumée venait d'apparaître sur le bâton de bois. Ses yeux rouges fixaient alors la Corbic, penchant la tête. Elle resta muette, surprise, quelques secondes, avant que le bec du corbeau ne vienne lui pincer le poignet. Elle agita sa main pour le faire déguerpir, mais sitôt ses doigts s'approchant, la fumée devint une volute qui disparut dans l'air.

Au même moment, une gamine approchait. Une loutre, elle aussi. Rien qu'à l'odeur de poisson, de vase et de marée. La Corbic serra les dents, sentant venir le marchandage qui ne l'intéressait guère. On allait lui remettre un paquet plus gros que ce qu'elle avait demandé. Ni plus ni moins.

Quoth écouta les mots d'Anji du clan des loutres et finalement, bien que la gamine questionnait son oncle, la Corbic fut prise d'un rictus malsain, secouant la tête d'un air soudainement agacé. Son regard s'était obscurci davantage, si bien que l'étang bleuté de ses yeux était maintenant presque noir, de colère bien sûr.

Je ne marrrchande pas avec les marrrchands. Je ne marrrchande pas du tout, d'ailleurrrs. Je laisse ça aux rrrenards et autrrrres crrrréatures dont la seule existence se rrrrésume à appâter pourrr mieux poignarrrrder dans le dos...

Elle siffla d'un air mauvais, jetant de nouveau un regard à l'étrange créature qu'on lui présentait. Elle n'était pas bien vieille, cette Yummi, pas bien grosse non plus. Quoth non plus n'était ni vieille, ni grosse, mais au moins, elle avait un petit « quelque chose ». Yummi, elle, ne semblait avoir rien, et n'avait sans doute rien.
C'était tout du moins ce que déduisait Quoth du fait que visiblement, son oncle allait tout simplement louer les services de la greluche à la chef de la Camarilla. Quelle idée saugrenue ! Il fallait vraiment ne pas y tenir pour la proposer...

La Corbic finalement reprit, coupant toute rétorque, toute réponse possible :

Je n'en veux pas. De la main d'oeuvre, j'en ai. Des grrros lourds, des abrrrrutis, des mous du flanc, des pieds, des guibolles, j'en ai. J'ai de quoi fairrre, pour tout, merrrci. Une bouche à nourrrrir en moins pourrrr vous, une en plus pour moââ... J'étais venue pour me fairrre payer. Pas pour me rrretrouver avec une charrrge sur les épaules.
Si vous ne savez pas rrrrespecter vos engagements, vous savez ce qu'il rrrisque d'arrrriver...


Le regard de la Corbic était soudainement devenu beaucoup plus sombre encore. C'était sans doute dû au soleil couchant, mais il y avait un quelque chose, en elle, d'étrange et d'effrayant. Une lueur malsaine ? Ou tout simplement la sainte horreur des marchands : un client qui sait dire non ?
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#4
"L'insignifiante petite Yummi" qui jusque là s'était appliquée à foudroyer Anji d'un regard peu amène s'était à moitié redressée la bouche grande ouverte, prête à objecter en comprenant que l'on comptait la vendre ni plus ni moins. Le sifflet sitôt coupé par la corbaque, elle ne réprima qu'à grand-peine sa rage face aux propos insultants du volatile et n'eut été parce que celle-ci allait dans son sens, elle lui aurait volontier volée dans son noir plumage pour lui faire rentrer ses palabres dans son gosier décharné.

De son côté, pas démonté pour un sou le chef du clan des loutres balaya les objections de Quoth d'un geste nonchalant, avant d'argumenter.

Allons, vous dépeignez tout en noir. Il ne s'agit pas d'un quelconque moyen de me défiler, voyez plutôt cela comme une sorte de garantie. La garantie que dès que nous honnorerons notre engagement à retrouver cette pierre pour vous. Et Yummi ne sera pas une charge pour vous, je suis sur que vous saurez "exploiter" ses talents.

La façon dont il appuya sur le terme fit cette fois bondir la jeune fille qui, perdant son sang-froid, le prit violemment à parti avant que la vieille chaman ne puisse intervenir pour la calmer.

Tu n'as pas le droit Anji ! Tout chef de clan que tu es, tu n'as pas le droit de me... vendre... comme un vulgaire ballot de linge. Je ne suis pas une foutue marchandise que tu peux moneyer à ta guise pour payer tes dettes à des créatures douteuses. Si tu as des comptes à rendre à cette charogne malodorante, règle les sans en faire payer le prix à d'autres.

Yummi tu ne d...

Silence vieille bique ! Et toi assieds toi. Tout de suite !

Rugit-il, la face toute congestionnée par la fureur. Cette fois-ci, il avait enfin son prétexte pour mater cette petite rebelle et il savourait sa victoire comme le plus savoureux filet de poisson frais qui soit. Mieux encore il allait pouvoir clouer le bec à cette vieille sorcière au passage. Avoir eu à faire à cette carne désséché n'était qu'un petit désagrémment pour se débarrasser de ces deux nuisances. Et qui sait avec un peu de chance Yummi et elle s'entretuerait et alors eh bien, les promesses faites aux morts ne valent rien pas vrai? Le regard féroce, alors que la petite loutre s'executait de mauvaise grâce il reprit d'une voix sifflante.

Tu n'as pas ton mot à dire ma nièce. C'est bien toi qui, il n'y a pas si longtemps encore me reprochait de ternir le Klah des Yumey. Il s'agit là d'une promesse faite sur l'honneur du clan, tu n'as pas oubliée toutes tes diatribes enflammées sur ce sujet n'est-ce pas? Maintenant que te voilà confrontée à ce genre de situation, sois une grande fille et joint le geste à la parole ou bien ton Klah serait-il moins grand que tes Owe ?

Kona klah atseta opa amre. Andra n'aurait jamais laisser passer ça.

Ton père était un fou idéaliste doublé d'un imbécile. C'est parce qu'il suivait son coeur qu'il a fini ainsi. Et tu risque fort de finir comme lui à continuer sur cette voie.

Gardez vos menaces pour ceux qu'elles effraient mon.... oncle...

Ce ne sont pas des menaces. C'est un fait. Un fait que tu ne devrais garder en tête petite ingrate. Bien... nous avons un accord ?

Interrogea-t-il son invitée du même air nonchalant et rusé d'un marchand professionnel qui tenterait de vous vendre sa mère.
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#5
La jeune Corbic resta à la fois muette et indifférente à la scène. Il ne lui semblait pas approprié d'avoir une dispute de famille devant un client, mais puisque les loutres, en plus d'être des menteuses, étaient des malappris... alors soit. Elle ne ferait plus attention à rien jusqu'à avoir ce qu'elle désirait le plus : un cristal de mana corrompu.
Quoth rouvrit les yeux à la fin du long débat endiablé. Son air était toujours aussi glacial qu'un hiver jamais connu en Korri, et ses yeux clairs brillaient comme deux saphirs d'une pureté sans égale – bien loin d'être le reflet exact de son âme.

Notrrre accorrrd n'était pas le suivant....
Mais j'imagine qu'en attendant, je n'ai pas d'autrrrre choââ....
En attendant son rrretourrr, trrrouvez moâ un crrristal, ou la prochaine foââ, je vous tue.


La ténébreuse chamane posa son regard inquiétant sur la jeune loutre. Yummi, si tel était son nom, serait pour peu son esclave, sa domestique. Elle n'avait jamais eu pour idée, elle, esclave des Goupil, d'avoir elle même un esclave. Ce n'était pas un schéma très habituel, même pour une jeune fille cultivée.
Lentement elle se leva avec cette aura sombre comme manteau sur les épaules, la seyant à parfait, et finalement elle montra du bout des doigts le chemin.

Alors qu'elle marchait en silence à côté de la loutre, et qu'elles étaient toutes deux bien loin de la maison parentale, Quoth se mit à persifler :

Ne crrroâ pas que je fais ça pour le plaisirr. De toâ, je n'en ai rrrien à fairre, et je ne m'inquiéterrrais que trrrès peu de ta situation. Rrrreste docile et calme, et tout se passerrra bien pourrr toâ.
Rrrends moââ les choses difficiles, et je ferrrrais de ta vie un enferrr.
Ta vie rrrepose entrrre mes seules mains ; j'ai pourrr autant cette fâcheuse tendance à casser tout ce que je touche...
Je prrrofite plus du silence que du brrruit, alors maintenant, silence et suis-moâ. C'est, de toute manièrrre, le mieux qu'il te rrreste à fairrre...


Sur cette dernière menace, la Corbic se tut et les deux nocturnes disparurent dans les ténèbres et les ombres.
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