14-03-2014, 02:24:32
Il y a quelques temps à Daniör…
Eriador !
La voix d'Erhynn avait toujours eu un timbre suave mais dur à la fois. Eriador releva le visage vers la maire qui le saluait déjà, laissant Nemärie aux mains habiles de Mentes. Le chef des armées salua l'elfe et compta du regard les troupes d'un coup d'œil circulaire. Le village de Daniör ne comptait pas beaucoup de monde : deux gardes et trois archers.
Erhynn, Eriador fit une légère révérence, d'un air aussi noble que respectueux, j'ai reçu ta lettre des mains du fameux Swann. La Reine Silmareïn m'envoie avec six de nos troupiers. Le visage de la mairesse se décomposa, livide, mais Eriador reprit aussitôt, enchaînant sans lui laisser le temps d'y redire : Toutes nos troupes sont au nord à l'heure actuelle. Nous pistons des bandits. Ils ont assassiné il y a peu un espion sylvain qui guettait en territoire centaure… Il faudra se contenter de notre troupe, qui, quoi qu'elle soit la dernière n'est pas des moindres.
Elmenda et Elvea, les sœurs enchanteresses. Hloirë et Nellë, archers de leurs états. Noldarë et Raca, des coureurs des bois. C'est peu, je le concède, mais ils sont entraînés et valent dix hommes chacun.
Je n'en doute pas Eriador, mais… La menace est plus grande que l'archidruide ne le pensait.
Des sylvains sont déjà sur le terrain à ce qu'on m'a fait entendre.
Oui, mais…
Ne t'inquiètes pas Erhynn, je ne laisserais pas de nouveau des sylvains succomber sans rien faire. Je ferais tout ce que je peux pour supporter Daniör. Pour endiguer le danger, je te laisse mes hommes, et n'emmène qu'Elmenda et Hloirë avec moi. Nous partirons dès maintenant, car il n'y a pas de temps à perdre.
Mais… d'accord.
Le chef des armées, quoi qu'il fût un homme intègre, avait ce regard ardent qui n'aurait supporté l'idée d'un sylvain mort. Erhynn croyait en Eriador comme le Roi avait cru en lui, et comme la Reine croyait en lui. Eriador était un homme connu et respecté, de bon cœur et de valeur.
La maire du village le laissa partir, l'air grave mais entendu. Elle comprenait et avait confiance en lui. Il ne lui restait de toute façon plus que ça. Sa confiance.
En avant, mauvaise troupe !
Elmenda et Hloirë passèrent, alors que le restant de la troupe attendrait derrière. Eriador en tête, une lame dégainée, l'autre attendant l'heure de la revanche, il y avait quelque chose dans son regard qui trahissait une certaine peine.
Eriador jeta un regard à la vieille bicoque, sans se souvenir qu'il y en avait eu une de construite à cet endroit. Il mit cela sur le fait que sa mémoire n'était pas infaillible et sur le fait que, sans doute, il n'était jamais venu ici.
Le capitaine se retourna vers un sylvain qui s'adressait à lui :
Nous arrivons enfin à notre destination, nos pertes ont été assez faible contrairement à nos prévisions initiales. Mais je vous propose de voir tout cela avec ma tante, Neuronettë Lungumaitë, qui saura mieux vous détailler les tenants et aboutissants du problème…
Eriador n'eut pas le temps que déjà le sylvain repartait. Le chef des armées se retrouvait dubitatif devant des troupes aussi peu organisées. Il jeta un regard à Elmenda et Hloirë qui suivaient quant à eux leur chef au pied et à la lettre : un simple échange de regard aurait suffi à se faire comprendre tant ils étaient complémentaires.
Il reprit le pas et arriva près du groupe d'elfe. Trois jeunes femmes étaient aux prises avec une abeille immense. Cette dernière attaquait sans cesse, exhibant un dard de quinze bons centimètres, ruisselant de venin. Le chef des armées cilla, car il ne lui convenait pas de frapper celles qui avaient été longtemps des créatures pacifiques, mais à choisir entre le peuple et les abeilles, il n'y avait, à ses yeux, aucune question à se poser.
Il dégaina alors Fragarach la Véritable et frappa de toutes ses forces, d'une puissance qui avait forgé sa réputation. En l'espace de quelques instants, l'abeille, surprise, s'arrêta et prit chacun de ses coups avec violence. Elle tomba brutalement sur le sol, roulant, raide morte.
Rengainant ses larges épées d'Agathe, il se permit un petit sourire qui se voulait charmant mais surtout aimable, et fit une légère révérence. Il se permit une remarque qui en aurait fait glousser plus d'une, mais plutôt que d'entendre glousser, c'est la voix perçante d'une jeune sylvaine qui vint aux longues oreilles du Chef des armées :
Faites vos preuves avant de donner des conseils... Ou sinon allez faire vos courbettes ailleurs, ici on s'bat, y'a pas d'place pour les guerrières versions tutu. "Mesdames" se débrouillaient très bien avant votre arrivée.
Le général resta un peu surpris par une telle froideur. Il ne s'attendait pas vraiment à un tel accueil. Il jeta un regard à Elmenda qui haussa les épaules d'un air sinistre, l'air terrible. Son œil perçant suivi la petite pimbêche, mais ne fit aucun commentaire. D'un naturel taciturne, elle préféra faire signe que le troupeau se déplaçait.
Ne faut-il pas chercher la ruche ?
Je crois que c'est ce qu'ils sont en train de faire…
Que fait-on ?
Eriador inspira profondément, laissé perplexe devant cette masse de sylvains, désespéré par tant d'imprudences. Etaient-ils pressés de se mettre au combat ? Eriador savait comme tous les grands chefs d'armée qu'un homme qui n'a pas peur de la mort est plus dangereux pour ses coéquipiers qu'un homme qui connaît le danger. Il garda pour lui cette remarque et avança, bousculant une jeune sylvaine afin d'en défendre une autre. Hloirë, caché dans les fourrés, avait repéré de loin l'étrange créature.
Sitôt touchée, sitôt mise à terre, l'abeille rendit son souffle à la nature et rejoignit l'éternité et l'immensité.
Un moment, Eriador se retourna de nouveau et jeta un regard à l'archer. Parmi les elfes, il reconnut la jeune femme qui l'avait plutôt apostrophé. D'un ton qui se voulait joueur et amusé, il lâcha alors :
Suis-je à la hauteur maintenant ?
Il avait un petit air sympathique, mais la réalité le rattrapa durement :
Trouvez-vous que cela est une attitude digne d'un chef des armées ? Qui plus est de la part un chef des armées se faisant appeler le Humble ?
Qu'avait-elle, son attitude ? Il ne se faisait d'ailleurs pas appeler « le humble », c'était bien les autres qui lui avait trouvé ce drôle de surnom. Eriador ne répondit pas. Il préférait en rester là car il n'était pas ici pour lier des amitiés et des inimités, mais pour sauver cette partie de la forêt et comprendre à son tour ce qui poussaient les abeilles à attaquer les gens qui un jour furent leurs voisins et leurs amis.
Les abeilles étaient de beaux bestiaux qui mesuraient trente bons centimètres de long pour une dizaine de large, aussi les galeries étaient de bonnes tailles, assez pour y passer un bras féminin et fin, mais pas pour y rentrer entièrement. En découpant un peu, un enfant aurait pu rentrer, mais il n'y avait aucun enfant parmi les elfes, et c'était bien mieux ainsi.
Eriador s'arrêta et contempla en silence la ruche. Certains des elfes tentaient déjà de percer les alvéoles solides et délicates à la fois. Le chef des armées gronda aussitôt, sortant de son mutisme :
Vous ne devriez pas faire ça. C'est une ruche, une maison sacrée pour les abeilles. Elles sont déjà furieuses, si jamais vous la détruisez, on ne sait pas les conséquences que ça peut et pourra avoir… Il doit y avoir une autre façon de savoir ce qui s'est passé ici.
Alors qu'il disait cela à l'adresse des deux elfes, un troisième tentait d'escalader l'arbre. L'écorce était épaisse et sûre, aussi Swann n'eut pas de mal à escalader ce dernier. Une fois en haut, il put apercevoir quelques trous béants, notamment un particulier sur le dessus de la ruche. Quelque chose avait été arrachée à l'intérieur de la maison des abeilles. Les alvéoles s'étaient répandues, ce qui avait recouvert la ruche de miel. Les réserves étaient détruites, il manquait le cœur de la ruche, et certaines alcôves importantes. Cela venait nécessairement du dessus et n'aurait pu être deviné d'en bas : rien n'aurait pu laisser présager d'un tel affront.
Quand Eriador se retourna, pour courir vers les cris, c'était déjà trop tard. Sur le sol, Hloirë s'effondrait, l'abdomen transperçait d'un dard immense, les yeux exorbités entre la douleur et la surprise. Les deux gardiennes avaient attaqués vite, trop vite pour qu'il n'est pu les voir arriver. Il tendit une main vers le chef des armées, les yeux mouillés de larme, mais sitôt le dard ressortit de son corps, il s'effondra sans un mot, mort.
Dans la forêt, il y eut de nouveau ce bourdonnement sinistre, comme si elles revenaient, encore, et encore…à la recherche de quelque chose.
Mais de quoi ? De quoi ?!
![[Image: 90848.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90848.png)
La voix d'Erhynn avait toujours eu un timbre suave mais dur à la fois. Eriador releva le visage vers la maire qui le saluait déjà, laissant Nemärie aux mains habiles de Mentes. Le chef des armées salua l'elfe et compta du regard les troupes d'un coup d'œil circulaire. Le village de Daniör ne comptait pas beaucoup de monde : deux gardes et trois archers.
![[Image: 90826.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90826.png)
Elmenda et Elvea, les sœurs enchanteresses. Hloirë et Nellë, archers de leurs états. Noldarë et Raca, des coureurs des bois. C'est peu, je le concède, mais ils sont entraînés et valent dix hommes chacun.
![[Image: 90848.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90848.png)
![[Image: 90826.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90826.png)
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Le chef des armées, quoi qu'il fût un homme intègre, avait ce regard ardent qui n'aurait supporté l'idée d'un sylvain mort. Erhynn croyait en Eriador comme le Roi avait cru en lui, et comme la Reine croyait en lui. Eriador était un homme connu et respecté, de bon cœur et de valeur.
La maire du village le laissa partir, l'air grave mais entendu. Elle comprenait et avait confiance en lui. Il ne lui restait de toute façon plus que ça. Sa confiance.
![[Image: 90826.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90826.png)
Elmenda et Hloirë passèrent, alors que le restant de la troupe attendrait derrière. Eriador en tête, une lame dégainée, l'autre attendant l'heure de la revanche, il y avait quelque chose dans son regard qui trahissait une certaine peine.
~ * ~
Il y a là, entre les bois d'acacia et de chêne, une petite maisonnette presque en ruine. Le bois était ancien, les volets des fenêtres fermés, et rien ne semblait indiquait qu'il y eut un jour une vie à l'intérieure. D'ailleurs, rien autour n'était vraiment en vie. Les fleurs poussaient, les mauvaises herbes avaient ravagés un ancien potager. Eriador jeta un regard à la vieille bicoque, sans se souvenir qu'il y en avait eu une de construite à cet endroit. Il mit cela sur le fait que sa mémoire n'était pas infaillible et sur le fait que, sans doute, il n'était jamais venu ici.
Le capitaine se retourna vers un sylvain qui s'adressait à lui :
![[Image: 27.jpg]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/27.jpg)
Eriador n'eut pas le temps que déjà le sylvain repartait. Le chef des armées se retrouvait dubitatif devant des troupes aussi peu organisées. Il jeta un regard à Elmenda et Hloirë qui suivaient quant à eux leur chef au pied et à la lettre : un simple échange de regard aurait suffi à se faire comprendre tant ils étaient complémentaires.
Il reprit le pas et arriva près du groupe d'elfe. Trois jeunes femmes étaient aux prises avec une abeille immense. Cette dernière attaquait sans cesse, exhibant un dard de quinze bons centimètres, ruisselant de venin. Le chef des armées cilla, car il ne lui convenait pas de frapper celles qui avaient été longtemps des créatures pacifiques, mais à choisir entre le peuple et les abeilles, il n'y avait, à ses yeux, aucune question à se poser.
Il dégaina alors Fragarach la Véritable et frappa de toutes ses forces, d'une puissance qui avait forgé sa réputation. En l'espace de quelques instants, l'abeille, surprise, s'arrêta et prit chacun de ses coups avec violence. Elle tomba brutalement sur le sol, roulant, raide morte.
Rengainant ses larges épées d'Agathe, il se permit un petit sourire qui se voulait charmant mais surtout aimable, et fit une légère révérence. Il se permit une remarque qui en aurait fait glousser plus d'une, mais plutôt que d'entendre glousser, c'est la voix perçante d'une jeune sylvaine qui vint aux longues oreilles du Chef des armées :
![[Image: 240.jpg]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/240.jpg)
Le général resta un peu surpris par une telle froideur. Il ne s'attendait pas vraiment à un tel accueil. Il jeta un regard à Elmenda qui haussa les épaules d'un air sinistre, l'air terrible. Son œil perçant suivi la petite pimbêche, mais ne fit aucun commentaire. D'un naturel taciturne, elle préféra faire signe que le troupeau se déplaçait.
![[Image: 90325.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90325.png)
![[Image: 90826.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90826.png)
![[Image: 90325.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90325.png)
Eriador inspira profondément, laissé perplexe devant cette masse de sylvains, désespéré par tant d'imprudences. Etaient-ils pressés de se mettre au combat ? Eriador savait comme tous les grands chefs d'armée qu'un homme qui n'a pas peur de la mort est plus dangereux pour ses coéquipiers qu'un homme qui connaît le danger. Il garda pour lui cette remarque et avança, bousculant une jeune sylvaine afin d'en défendre une autre. Hloirë, caché dans les fourrés, avait repéré de loin l'étrange créature.
Sitôt touchée, sitôt mise à terre, l'abeille rendit son souffle à la nature et rejoignit l'éternité et l'immensité.
Un moment, Eriador se retourna de nouveau et jeta un regard à l'archer. Parmi les elfes, il reconnut la jeune femme qui l'avait plutôt apostrophé. D'un ton qui se voulait joueur et amusé, il lâcha alors :
![[Image: 90826.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90826.png)
Il avait un petit air sympathique, mais la réalité le rattrapa durement :
![[Image: 240.jpg]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/240.jpg)
Qu'avait-elle, son attitude ? Il ne se faisait d'ailleurs pas appeler « le humble », c'était bien les autres qui lui avait trouvé ce drôle de surnom. Eriador ne répondit pas. Il préférait en rester là car il n'était pas ici pour lier des amitiés et des inimités, mais pour sauver cette partie de la forêt et comprendre à son tour ce qui poussaient les abeilles à attaquer les gens qui un jour furent leurs voisins et leurs amis.
~ * ~
La ruche était immense. De bien quatre mètres de haut pour une quinzaine de large, elle suspendait lourdement accrochée à une branche de l'arbre millénaire qui la maintenait. Elle était magnifique, luisante au soleil. Sa couleur mordorée inondait les environs d'une lumière douce et agréable à la vue. Peut-être était-ce le plus beau joyau que l'est de la forêt de Pelethor eut pu un jour avoir en son sein. Rayonnante c'était bien le mot. Mais vide. Atrocement vide.Les abeilles étaient de beaux bestiaux qui mesuraient trente bons centimètres de long pour une dizaine de large, aussi les galeries étaient de bonnes tailles, assez pour y passer un bras féminin et fin, mais pas pour y rentrer entièrement. En découpant un peu, un enfant aurait pu rentrer, mais il n'y avait aucun enfant parmi les elfes, et c'était bien mieux ainsi.
Eriador s'arrêta et contempla en silence la ruche. Certains des elfes tentaient déjà de percer les alvéoles solides et délicates à la fois. Le chef des armées gronda aussitôt, sortant de son mutisme :
![[Image: 90826.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/90826.png)
Alors qu'il disait cela à l'adresse des deux elfes, un troisième tentait d'escalader l'arbre. L'écorce était épaisse et sûre, aussi Swann n'eut pas de mal à escalader ce dernier. Une fois en haut, il put apercevoir quelques trous béants, notamment un particulier sur le dessus de la ruche. Quelque chose avait été arrachée à l'intérieur de la maison des abeilles. Les alvéoles s'étaient répandues, ce qui avait recouvert la ruche de miel. Les réserves étaient détruites, il manquait le cœur de la ruche, et certaines alcôves importantes. Cela venait nécessairement du dessus et n'aurait pu être deviné d'en bas : rien n'aurait pu laisser présager d'un tel affront.
~ * ~
Soudain il y eut un cri masculin, un cri de douleur.Quand Eriador se retourna, pour courir vers les cris, c'était déjà trop tard. Sur le sol, Hloirë s'effondrait, l'abdomen transperçait d'un dard immense, les yeux exorbités entre la douleur et la surprise. Les deux gardiennes avaient attaqués vite, trop vite pour qu'il n'est pu les voir arriver. Il tendit une main vers le chef des armées, les yeux mouillés de larme, mais sitôt le dard ressortit de son corps, il s'effondra sans un mot, mort.
Dans la forêt, il y eut de nouveau ce bourdonnement sinistre, comme si elles revenaient, encore, et encore…à la recherche de quelque chose.
Mais de quoi ? De quoi ?!