SombresRunes
#8
Chapitre 7 : Une piste de sang

Versant Ouest de la Pointe Sombre…
…devant un tas de cendre…


Il ne restait plus que des cendres du chalet, poste de surveillance de la Confrérie. La terre était labourée par le passage de poneys. Et, sur le seuil, gisaient deux corps carbonisés. Ils étaient morts, assassinés. EN découvrant ce macabre spectacle, ils avaient lâchés leurs affaires, pour dégainer arc et épée. Mais c'était inutile. Les cendres bien que fumantes, indiquaient que l'attaque avait dû avoir lieu le matin, sûrement peu après leur départ. L'un des membres de la confrérie tenait encore sa hache double.

- Magie, persifla le Ranger en retournant le cadavre.
- Notre magie, ajouta Evrann. Car cela était bien le cas. La Geomancie, l'art mythique des nains était de manier les forces telluriques et d'ordonner à la terre. Le sol avait été transformé en sable mouvant. Les jambes de leurs amis avaient étaient pétrifiées et la lave avait carbonisé leur abris. Des nains avaient tué d'autres nains… Des maîtres des runes, les sages de leur peuple avaient retourné leurs pouvoirs contre les leurs.

- Ce n'est pas possible. Il faut prévenir le reste de la confrérie !
- Comment ? Les corbeaux sont morts eux aussi, regarde la tour.
- On va devoir y aller à pieds.
- On ne peut pas les laisser partir.
- Qu'est ce que tu veux qu'on fasse ! Ils sont montés et partis depuis trop longtemps. Ils ont tellement d'avance qu'on ne pourra jamais les rattraper !
- Croâ,
croassa un oiseau derrière eux.

Un magnifique corbeau se tenait dans un arbre. Il observait la scène de son regard cynique. Puis il plongea vers le duo.

- Un corbeau de la confrérie, jugea Valmir. Mais pas l'un des nôtres. Regarde, il a un message.
L'écriture était précipitée, presque illisible.

Citation :Renégats nains en fuite. Magiciens. Les arrêter à tout prix. Faire attention. Font route vers l'ouest.
Goltor, apprenti de la confrérie.
Et le sceau était celui de la capitale.

- Trop tard. Le message arrive trop tard, grommela Valmir.
- On renvoie un message à la capitale, on va les suivre. Prenant un bout de charbon, il retourna la missive et écrivit du mieux qu'il put ces quelques lignes.

Citation :Renégats nains passés par Pointe Sombre. Ont brûlé le campement. Deux survivants. Partons à leur poursuite. Chemin de l'ouest à travers cirque.
- Bon, on prend tout ce dont on a besoin, puis on y va. Les armes n'ont pas du trop souffrir et la cache au sous-sol a du être épargnée. Fais gaffe. Moi je vais chercher des vivres. Prends moi un arc long, un lot de flèches barbelées et toutes les fioles de poison que tu peux porter. On part pas chasser, on part venger nos frères. Par Grungar, cela ne se passera pas aussi facilement.

Une étrange lueur anima le regard de Valmir alors qu'il donnait ces ordres. On avait attaqué la Confrérie et il fallait maintenant se venger. Qu'importe le temps que ça prendrait, les enfants de leurs enfants seraient là pour prendre la relève et laver cette infamie.

Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient équipés. Du mieux qu'ils purent, ils protégèrent les corps sous des pierres et des débris. D'autres s'occuperaient de les ramener à Karad où l'on procèderait aux rites funéraires. Leur travail à eux, c'était de pister les renégats avant que l'a piste ne disparaissent. Et à ce jeu, ils faisaient partis des meilleurs. Ils connaissaient déjà leur dernière position connue et en coupant à travers la forêt, ils gagneraient du temps. Très peu, n'ayant pas de montures, mais de quoi, peut-être, trouver une piste plus fraîche et plus évidente à suivre.

Ce n'est que lorsque le soleil disparut à l'horizon qu'ils atteignirent la route du cirque. C'était plus un chemin qu'une route. Elle filait vers l'ouest, vers l'Ingemann. De ces villages isolés, seuls quelques trappeurs l'utilisaient pour commercer avec le royaume de Karad Zirkomen. Peut-être pourraient-ils les conseiller sur la route à suivre ?
Dès que la luminosité se fit trop faible pour qu'ils puissent suivre les traces, ils se couchèrent. Dès qu'elle réapparut, ils se levèrent. Ils trouvèrent les traces d'un campement. Là, les traces des poneys s'écartèrent et ils crurent déceler quatre ou peut-être cinq traces différentes. Cinq nains donc. Ils avançaient vite car, le soir venu, ils n'avaient plus repéré d'autres signes d'arrêt. Et les traces commençaient à disparaître.

- Ils s'écartent des chemins habituels constata Valmir, en voyant le changement de direction. Ils s'enfoncent dans l'Ingemann, dans les contrées peu explorées.
- Oui, ils s'enfoncent vers les spectres.


Un frisson leur parcourut l'échine à cette évocation. Des centaines d'années auparavant, un démon avait réussi à créer un portail sur Ecridel et ses hordes avaient failli détruire le monde. Une alliance de fortune s'était créée entre les elfes et les nains pour repousser ce mal mais les deux peuples perdirent des milliers de soldats. Milliers de corps qui avaient dépéris au milieu des dépouilles de démons, dans ce lieu empreint de magie. Il avait fallu des dizaines et des dizaines d'années avant de constater les conséquences de cet affrontement mais, depuis, les voyagèrent pouvaient apercevoir des formes évoluer dans le noir. Des spectres. Et le lieu avait été abandonné, vestige d'une histoire qu'on voulait oublier, mais qu'on ne pouvait effacer.

- J'aime pas ça. Il faut être déterminé pour foncer tête baissée vers cet enfer.
- D'accord… J'aime pas ça non plus. Mais on doit y aller. Vas-y, prend des cailloux et fais un cairn pour leur montrer la direction.


Le petit tas de pierre fut rapidement établi. Ils se remirent en route, mais cette fois, leurs pas se firent plus pesants. Difficile de se diriger vers le lieu de tous les maux, celui qu'utilisaient leurs parents pour les effrayer s'ils ne voulaient pas faire quelque chose. Le moindre bruissement de feuille suffisait à les faire douter. Et la piste disparaissait dans les fourrés. L'espoir cependant revint à l'aube, lorsque, au détour d'un sentier forestier, ils tombèrent nez-à-nez avec le cadavre d'un poney. De puissants crocs avaient lacéré l'encolure de la bête et des coups de griffes, mis à nu son poitrail. Le cavalier avait lui aussi dû être blessé par la bête car un morceau de plaque ensanglantée gisait dans un fourré plus loin. Mais, nulle trace de l'assaillant ni des autres nains. Cependant, avec un membre à pieds, ils ne pouvaient plus aller aussi vite. Surtout avec un blessé. Ils passèrent la nuit dans les arbres, perchés sur une branche pour échapper aux spectres et aux tigres. Et, à travers le feuillage dense, grâce à l'éclat de la Lune, ils crurent distinguer une fumée s'élever à l'horizon.

- Un jour d'avance, tout au plus… Ils ont dû camper plusieurs jours pour soigner leur ami.
- Ou alors, ils sont arrivés à destination. Mais que peuvent-ils bien faire ici ?
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