[RP] Point de non-retour.
#5

Cet elfe était fou, complètement et irrévocablement fou. Mais un fou dangereux malgré tout. Dangereux et imprévisible, pétrit de morgue et d'arrogance. Je me baissai à son ordre pour me saisir de mes armes tombées à terre, sans toutefois le quitter un instant des yeux, méfiante que j'étais. D'autant plus que son chien de garde démoniaque semblait me dévorer des yeux d'une manière qui me mettait particulièrement mal à l'aise. Impossible de savoir à quoi pouvait-il bien penser tant l'expression de ce faciès inhumain m'était étrangère et indéchiffrable. Ce qui était sûr c'est que je ne voulais sous aucun prétexte me retrouver seule avec cette chose, quelque chose en moi se révulsait rien qu'à sentir son regard peser sur moi.

Rajaat se mit à débiter un laïus sur les prétendus pouvoirs que mon « allégeance » nouvelle me confèrerait. Douce Maisielle, fait que ce ne soit là que le délire malade né d'un esprit brisé et tourmenté. S'attendait-il réellement à ce que je me mette à massacrer hommes, femmes et enfants à travers les Royaumes ? Et au nom de la chienne qui l'asservissait qui plus est ? Je plongeais un instant mon regard dans ses yeux sans rien y découvrir d'autre que l'éclat d'une folie sans borne. Etait-elle là naguère ou avait-elle été instillée en lui par cette fameuse Vi'aria ? Pourrais-je le manipuler afin qu'il me conduise à sa maîtresse et lui faire croire que j'obéirai à ses ordres ? Rien n'était moins sûr. Quant à cette engeance qui sait quels pouvoirs était-elle capable de déchainer. Je n'avais pas la moindre chance de parvenir seule à mes fins, ceci dit, si je pouvais faire illusion le temps d'informer mes compagnons de route sur la démone, alors peut-être qu'eux auraient la possibilité de la vaincre une fois pour toute ? Peut-être encore pourrais-je influencer les actions de ce prétendu amiral pour le faire faillir dans sa tâche quel qu'elle puisse être. Instiller les graines de la discorde dans les rangs de ces créatures ? Cela valait peut-être bien le coup d'y risquer ma vie, car quoi qu'ils préparassent cela n'annonçait rien de bon pour les peuples d'Ecridel. Dans leur intégralité. J'ignorais si j'aurai la force d'endurer ce que mon choix impliquait. Car d'une certaine façon Rajaat avait raison. J'allais trahir tous mes vœux, devenir aux yeux de tous un être vil et abject, une tâche noire et indélébile sur mon honneur et mon nom serait à jamais marqué du sceau de l'infamie. Mais je me devais de l'endurer si cela nous donnait une chance de survivre à ce qui se préparait. Et s'il me fallait un peu me salir les mains, j'en sauverai davantage encore. Je pris conscience du poids de mon marteau dans ma main, je pouvais éviter tout cela, lui faire éclater le crâne d'un coup tant qu'il avait baisser sa garde. Il périrait alors, le xalaro me tuerait ensuite à son tour et je n'aurais éliminer qu'un pion de l'échiquier pour sauvegarder ma pureté. Mes doigts se resserrèrent convulsivement autour de mon arme. Je ne pouvais pas faire ça. Je devais me sacrifier. Faire un pacte avec le diable.

Mais alors que je me préparais mentalement à subir sa corruption -si tant est que l'on puisse s'y préparer- je me fis simplement congédier d'un geste négligent. Comme une simple nuisance indigne que l'on y prenne garde. N'allait-il donc m'imposer aucune contrainte ou marque pour m'obliger à tenir un quelconque engagement ? Me sous-estimait-il à ce point ou avait-il à ce point confiance en ses capacités ? Peut-être même avais-je été découverte et connaissait-il mes intentions. Peut-être s'en amusait-il même. Mon regard passa du démon à l'elfe. Seigneurs, ils me laissaient vraiment partir. Plus encore que le reste cette désinvolture me glaça les sangs. J'acquiesçai malgré moi avant de partir, aussi vite que ma dignité blessée me le permettait.

Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :