[RP] Longue vie au Roi !
#98

Les mains douces d'Elene s'arrêtèrent sur les joues de la sorcière, qui eu bien du mal, à ne pas en frissonner de délectation. Elle posa à son tour sa main sur l'une d'elles, fixant incrédule, les yeux gris-verts qui lui faisaient face. Ce n'est que pour examiner ces doigts graciles qu'elle les abandonna.

“Je ne vois pourtant aucun lien qui entrave ces mains, Votre Altesse. Au contraire, elles me paraissent libres de forger l'avenir dont elles aspirent et d'offrir le présent dont elles désirent.”

Selinde y déposa ses lèvres avant de relever la tête et de continuer d'une voix amère.

“Je crois que bien souvent, nous menottons nos actions par le seul fait de nos appréhensions profondes. Nous sommes probablement nos geôliers les plus intransigeants.

Vous parliez, plus tôt, d'impasse, mais ce n'est jamais le cas. Il existe simplement des passages que nous refusons de voir, consciemment ou non. Vous savez, il est plus commode de se résigner à une situation que de lutter contre le courant lorsque tous, d'une même voix, entonnent la fatidique ritournelle “c'est ainsi, tu n'y peux rien”. Enfant, on m'en a chanté tous les couplets…”

La pyromancienne se releva, prenant appui sur sa main inoccupée pour arriver d'un élan agile à hauteur de la princesse. D'un geste tendre, elle se permit de glisser une des mèches indomptées derrière l'oreille de sa rousse propriétaire, dont elle approcha sensuellement ses lèvres rosées, déjà teintée d'un sourire lascif.

“Il aurait été si apaisant pour moi d'y croire et de m'y résigner portée par ce flot entêtant. Mais je lui ai préféré un autre refrain, et me voici près de vous, loin de ces sirènes du destin qui n'ont d'autres ambitions que de nous noyer dans la fatalité.

Qui l'aurait parié ?”


Plus qu'un murmure, la question rhétorique avait été soufflée comme une caresse dans le cou de la jeune souveraine. Selinde resta quelques secondes ainsi, en suspension, hors du temps, avant de reculer d'un bond aussi impromptu que frustrant.

A présent, elle se tenait bien droite, le poing fermé contre coeur dans un salut militaire et parlait d'une voix blanche.

“Je vous remercie pour votre confiance et m'en montrerai digne. Mes hommes ont déjà été avertis et sont prêts à se battre pour ramener la paix à Balard. Je reviendrai, d'une façon ou d'une autre, avec le fils Mierelli dont le sort sera, alors dans les mains du Conseil.”

Elle s'imposa un silence pour contempler Elene.

“Vous pourrez manoeuvrer ce dernier à votre guise.

Cependant, restez consciente que pour gouverner, il ne suffit pas qu'une poignée de privilégiés accorde une magnifique couronne sertie de pierreries à un de leur pair. Il faut aussi qu'il obtienne l'assentiment de ceux qui deviendront ses sujets. Tel est le véritable artefact que je convoite dans cette campagne.”

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