[RP] Longue vie au Roi !
#96
“Vous n'avez nul besoin de ce prétexte pour me retirer vos faveurs… Mais est-il réellement question de votre autorité, Votre Altesse ? Nous sommes seules, si bien que vous n'avez à craindre de mes insolences aucune conséquence fâcheuse pour votre aura royale.”

Ce n'est qu'après une longue inspiration que Selinde se décida à continuer. Ses mots peinaient à sortir, tels les douloureux reflets de sa fierté rabaissée qu'ils étaient. Ses yeux, débordant d'habitude d'un aplomb arrogant, fuyaient son interlocutrice et s'attardaient honteusement sur des objets du quotidien, comme si ceux-ci avaient soudainement hérité d'un attrait hors du commun.

“Si votre désir est dans ma soumission, peut-être devriez-vous envisager de rattacher la Salamandre à votre garde personnelle. Même si vous muselez son indépendance, son ardeur serait, pour toujours, vôtre.”

Elle ferma les yeux et inspira de nouveau, avant de s'agenouiller devant la princesse, à qui elle venait d'offrir son unique bien. Cet unique trésor qu'elle chérissait plus que sa vie. La tête baissée, Selinde reprit la parole d'une voix presque éteinte.

“A vrai dire, il est heureux que vous renonciez à votre projet initial. Il vous aurait été dommageable à terme et n'aurait fait qu'éroder la patience des caldras à votre égard. Pensez-vous qu'ils auraient apprécié découvrir que vous aviez forcé l'un des leurs à l'abdication pour placer votre favorite, une roturière sans droit de naissance de surcroît ?

Votre manoeuvre aurait été assimilée à de la duperie. Pire, à une menace latente à leur encontre. Que vous usiez des lois du Royaume pour y parvenir n'aurait pas rendu cet acte moin népotique à leurs yeux, et cela même, s'ils sont, eux aussi, récurrents dans ce type d'ouvrage politique. Comment pourraient-ils seulement supporter l'idée d'être privé de leurs privilèges selon votre bon vouloir ?

Cela étant, si vous entendiez régner en inspirant la crainte plutôt que la loyauté à vos vassaux, cette voie ne vous est pas impossible à la condition que vous la précédiez de tout le décorum nécessaire. Mais je ne vous crois ni prête, ni préparée aux épreuves relatives à l'exercice d'un tel pouvoir.

Puisque mon avis est requis, je me contenterai de vous conseiller de vous montrer pragmatique. L'épine que je suis en cet instant n'est rien en comparaison de celle que Balard sera si vous laissez une situation vénéneuse dégénérer drastiquement. Votre priorité est de restaurer l'ordre dans ce caldrasir, avec ou sans le fils Mierelli.

Plus tôt vous agirez en ce sens, moins de sang sera versé.”


Le raisonnement de Selinde était simple, de cette logique si particulière à ceux qui ont grandi au sein des ruelles où nuls gardes n'osent s'aventurer. Balard était le grenier à céréales du royaume. Si son monopole céréalier lui garantissait une économie florissante, son instabilité politique risquait de générer des troubles dans le fonctionnement traditionnel du commerce. Sans personne pour l'administrer, les ressources viendraient probablement à la merci de quelques contrebandiers ambitieux et opportunistes et ne se verraient plus échangées que sur les marchés noirs à des prix abusifs.

La famine ne tarderait pas.
Le mécontentement des masses suivrait.
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