[RP] Longue vie au Roi !
#92
“Vous êtes bien plus fébrile à défendre vos privilèges de naissance qu'à protéger votre peuple, Votre Altesse, alors même qu'une souveraine ne possède pas de plus grand devoir que celui-ci. Les Volaran en sont-ils seulement encore capables, eux qui n'ont su se préserver eux-mêmes des complots ? Je commence à sérieusement en douter.

Restez donc les bras croisés à pleurer sur votre sort, vous en avez l'habitude, après tout. Qu'importe si Balard et ses habitants sont laissés à la merci des holdars, après avoir souffert le martyr sous les ordres du scélérat. Qu'importe tous ces gens si l'on peut attendre cet héritier prodigue porté disparu depuis de longues semaines. Son sang est pur. Son sang est légitime.

Il est celui que vous voulez… Celui que vous choisissez....”


Au départ, sa voix se fit distante et cassante comme la glace et ne s'ornait que de pâles sarcasmes. Ce n'était que le calme avant la tempête. Avant que la rage qui parcourait ses veines ne se libère. Déjà, sa lèvre supérieure tremblait.

Peu à peu, ses propos se muèrent en un déferlement de corrosion ; la vérité n'était jamais aussi cruelle que dans les mots de la pyromancienne. Ils finirent par atteindre son paroxysme dans une explosion de colère. Les mains sur le bureau, Selinde se tenait, furieuse, face à Elene.

“Qu'a-t-il de plus que moi ? Dites-le. Est-il plus apte à diriger ? J'en doute. Plus intelligent ? Plus vaillant peut-être ? Non, rien de tout cela. Je le surpasse en tout, et vous le savez fort bien. Dites-le, bon sang ! Dites-le que ce qui le rend supérieur, ce ne sont pas ses qualités, mais celles de son ancêtre qui a su s'imposer au moment opportun.

Je vous pensais différente, vous n'êtes que décevante. Vous êtes, comme tant d'autres, asservie par ces normes sociales qui vous définissent dès votre naissance. Elles conditionnent vos actions, et vous confortent dans vos choix déloyaux et abusifs. Qu'importe d'avoir satisfait à vos exigences, je ne mérite rien selon vous. Ni estime, ni renom. Seulement le droit de plier sous le statut d'un autre moins méritant.

Jamais je ne m'y résignerai dussé-je payer le prix de cette audace. Jamais je n'accepterai d'être cette moins-que-rien que l'on a tant attendu que je sois.

Maudit soit cet ordre établi qui régit nos vies.”


Elle s'étouffa dans un sanglot, car elle pleurait à présent. Mais ses larmes n'étaient pas celles de la tristesse ou de l'apitoiement. Elles étaient celles de l'injustice qui la plongeait depuis son enfance dans une inexorable défaite. Selinde venait de perdre, à nouveau, face à son ennemi de toujours.

Elle serra le poing de frustration, offrant à son interlocutrice des yeux aussi rougis que furibonds. La mâchoire crispée, elle redressa le menton dans une attitude hautaine.

“Je présume que nous nous reverrons à Balard, pour mon mariage avec le fils Mierelli, d'où vous pourrez contempler la vacuité de vos lois.”

Enfin, s'il était encore vivant d'ici là.
Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :