[RP] Longue vie au Roi !
#74
Le monologue empli de passion eut autant d'effet qu'une frappe physique. Elenna était rodée aux courbettes visant à la courtiser, aux mondanités pour la marier de force avec n'importe quel fils d'un riche caldras, à cette enchère de présents de numerth pour attirer son attention, voire ses faveurs. Si repousser les avances fut difficile, elle avait su esquiver tous les mariages arrangés plus ou moins facilement. Et même si l'état de son père n'avait qu'empirer le nombre de demandes et la pression de celles-ci au point de se construire une façade de marbre, impitoyable et impartiale.

Se jeter à corps perdu dans les affaires d'état fut pour elle un salut, et une manière détournée de se faire un nom auprès de ses bourgeois adeptes de courbettes et d'éloges, une manière d'exister en qualité de princesse, et non de fille de roi. La princesse avait mué en souveraine, inspirant un mélange de crainte et de respect.

Cette nouvelle vie avait petit à petit gagner la sphère privée, éclaircissant les rangs de ses amis. Elle avait appris à cacher sa jeune insouciance - sa compassion, sa joie de vivre et sa bonne humeur - derrière cette façade d'héritière du royaume talien.

Sauf lors d'entrevue privée dans cette antichambre.

Sauf lorsqu'elle recevait une femme franche sans aucun filtre.

Sauf lorsqu'elle se tenait face à son modèle d'indépendance et de volonté, incapable de ployer devant la gente masculine.

Sauf devant Selinde.

Et pour la première fois depuis leur rencontre, la sorcière venait d'avouer sa faiblesse, l'inondant de compliments, elle qui à l'accoutumée, la poussait dans ses derniers retranchements. Les pommettes de ses joues virèrent au rouge et son regard posé sur le dos de la pyromancienne se fit plus appuyé, comme si elle découvrait son interlocutrice sous un nouveau jour. La robe, la révérence, le maquillage, tant d'indice qu'elle avait ignorés, préférant garder ses œillères pour rester concentrer sur l'affaire.

Selinde avait la main sur la porte lorsqu'Elene ouvrit la bouche.

Mon rôle ne me laisse pas maître de mes sentiments, et il n'y a pas de place pour eux dans cette vie déjà toute tracée.

La pause fut appuyée, lui laissant le temps de refouler ses émotions. Elle s'était résignée, et avait balayé tout espoir d'avoir une vie heureuse. Les mots qui suivirent détournèrent la conversation sur un autre sujet.

J'ai appris à me méfier de cette inquisitrice : Lhusthe.
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