[RP] Longue vie au Roi !
#33
Je savais l'héritière des Volaran épuisée par ses longues semaines de veille au chevet de son père. Je la savais désemparée face à une situation qui avait ébranlé sa détermination et encerclé ses beaux yeux verts de sinistres cernes. Je me souvenais encore de cette nuit-là, lorsque je l'avais surprise dans un couloirs vide. Si fragile avec sa dague qui tremblait dans sa main gracile. Mais si courageuse devant l'adversité, à faire face contre la menace invisible que je représentais.

Cette nuit-là, elle avait été la souveraine que je souhaitais servir. Cette nuit-là, je l'aurai suivie bien au-delà du cinquième royaume d'Anastraph. Mais elle m'avait interdit jusqu'à l'obtention de son respect, me retirant l'illusion de lui avoir été proche ne serait-ce qu'un instant.

Alors, sans vergogne, je déployais une lucide et minutieuse cruauté pour cibler ses faiblesses. Une à une, je les tissais en une tapisserie d'un répugnant réalisme et je la déstabilisais par de sournoises vérités, appuyant notamment sur son lien filial avec le roi. Je la voyais, elle apprenait, peu à peu, dans la douleur. Elle tenait bon, malgré les discrètes larmes qui se dissimulaient vainement dans le coin de ses yeux. A la fin de notre entrevue, elle me haïrait probablement volontiers, mais elle serait mieux armée pour l'avenir.

Je ne m'étais pas départie de mon sourire à l'annonce de son prévisible refus et haussai les épaules, faussement innocente.

“Il n'y a jamais d'impasse, Votre Altesse, seulement des chemins détournés à emprunter pour arriver à sa destination. Peut-être, dans le fond, est-ce pour cette raison que je suis si peu influençable... Parce que nul autre que moi-même n'est en mesure de m'offrir ce à quoi j'aspire.

N'ayez crainte, je vais découvrir le fin mot de cette histoire pour vous. Vous n'aurez qu'à me remercier exactement comme la dernière fois, par une porte fermée. C'est, d'expérience, ainsi que la caste régnante d'Asteras comme d'Yris témoigne de sa reconnaissance envers ses sujets.”

Mon ton s'était fait plus âpre que je ne l'avais voulu. Même la menteuse chevronnée que j'étais ne parvenait à taire la rancune tenace que j'éprouvais à l'encontre des autorités elfiques.

La coupe de vin en main, je faisais délicatement tourner le liquide avant de le porter à mes lèvres. Je choisis d'adoucir mes propos, sincèrement compatissante de l'état de santé de Sa Majesté.

“Je suis ravie d'apprendre la rémission notable de notre bon roi. Puisse les Dieux lui offrir le prompt rétablissement qu'il mérite amplement.

Vous avez raison sur un point. Je l'avoue, j'ai tendance à oublier que les règles qui régissent l'aristocratie ne sont pas les mêmes que celles des ruelles malfamées dans lesquelles j'ai grandi. Ce n'est ni le plus rusé, ni le plus apte qui détient le pouvoir, mais celui qui naît dans le bon lit. La survie n'est pas l'apanage du fort ou de l'astucieux, mais du fortuné.”


Je me gardai bien de lui souligner avec quelle ingéniosité la famille Mierelli s'était offert l'ascendant sur la royauté et les autres maisons nobles par un monopole céréalier stratégique et florissant. Elene Volaran n'était en rien responsable du manque de perspectives économiques de ses aïeuls.

“Dans un sens, nous sommes bien chanceux que seule la Maison royale n'ait été touchée par cette magie inconnue.

Avec à sa disposition tous les greniers à grains du royaume, il n'aurait pas été si difficile pour le Caldras de neutraliser toutes les garnisons d'Yris et des alentours afin de parachever son coup d'état par la suprématie militaire. Vous auriez été bien en peine de refuser votre main à son fils ainé, ainsi démunie de toute protection armée.”


Je ne pus retenir un petit rire narquois, toujours amusée de l'absence de machiavélisme de mes contemporains. Je fis part de mes nouvelles réflexions à voix haute, révélant à la princesse le cheminement des mes pensées sans aucune pudeur.

“Médéon Mierelli, s'il est bien coupable, est peut-être bien aussi sot que vous ne le soupçonniez. Ou alors il ne disposait pas de la quantité suffisante pour un plan d'une telle envergure. S'il était en mesure de synthétiser la substance lui-même, ce problème ne se serait pas posé. L'hypothèse d'un fournisseur disposant d'un savoir arcanique inconnu et dangereux est donc la plus probable...

Je me demande bien quelle quantité exacte de liquide est nécessaire pour activer le mal… Seriez-vous disposée à me montrer le document trouvé dans la demeure des Mierelli, qui doit en faire précisément état ? Ce genre de détail n'est jamais anodin. La manière de corrompre les céréales y est-elle inscrite également ? Et… je souhaiterai une entrevue avec les mages ayant découvert et étudié la corruption magique du blé.”
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