[RP] Longue vie au Roi !
#21
« Mierelli… », siffla Selinde sans cacher le dédain que lui inspirait le Caldras de Balard. Médéon Mierelli était connu, bien au-delà des frontières de Balard, pour son odieuse gouvernance auprès des miséreux. Il était de ces aristocrates qui, imbus de leur rang, en oubliaient de préserver le socle populaire qui les maintenait sur leur noble piédestal. Qu'il soit soupçonné d'un complot visant la couronne ne la surprenait guère.

A vrai dire, elle se serait volontiers charger d'assassiner cet homme si sa mort ne risquait pas de déstabiliser d'avantage le pouvoir politique d'Elene Volaran auprès de la haute noblesse. Toutes loyales qu'étaient certaines grandes familles, elles n'apprécieraient pas qu'un de leur pair périsse dans les cachots royaux sans preuve d'une quelconque culpabilité, privant la famille royale de leurs soutiens.

Elle serra le poing de rage, d'impuissance. Une fois de plus, les puissants jouissaient d'une insupportable impunité de par les seuls privilèges de leur sang. Elle releva les yeux vers la princesse et s'exprima posément.

« Il est vrai que je ne suis en mesure de toutes les arracher, mais je sais quelles terres noirâtres retourner pour les déceler efficacement. La Salamandre n'est, à première vue, pas la plus amène à tirer les ficelles dans des intrigues de cour. Pour autant, vous le savez fort bien, c'est dans l'ombre que se gagnent les victoires les plus éclatantes. »

Elle marqua une pause, détaillant les traits fins et agréables de la future souveraine. Comme Selinde l'avait espérait, Elene Volaran s'avérait dotée de qualités fort appréciables pour une reine digne de ce nom. Si quelqu'un devait régner entre elle et le Caldras de Balard, il fallait que cela soit elle.

« Pour autant, nous connaissons à merveille les rouages de l'âme humaine et la manière dont elle se tord sous le poids des vices les plus pernicieux. Si une organisation peut se faufiler efficacement dans les méandres des complots souterrains, c'est bien la nôtre. Il n'est pas si aisé de dissimuler totalement un coup d'état, même en usant de clandestinité. Si tel est votre désir, nous agirons pour vous sans que votre nom ne soit jamais prononcé. »

La pyromancienne se redressa doucement, sans mouvement brusque qui aurait pu inquiéter son interlocutrice.

« Si vous craignez la charogne et son attrait pour la couronne d'Yris, détournez l'odeur de la mort en usant de vents contraires. Pour cela, il suffirait de souffler l'idée d'une rémission royale dans les esprits tant du peuple que de vos ennemis. Cet artifice ne demanderait rien de plus qu'un sosie, dont l'habit fera le moine tout autant que le roi, aperçu brièvement derrière une fenêtre ou sur un balcon.

L'espoir, Votre Altesse, n'est bien souvent qu'une illusion à laquelle on se rattache de tout notre cœur. Soyez assurée que vos sujets y verront un signe bien plus heureux que son absence continuelle, tout en éloignant l'avidité qu'inspire votre main. »


Une main gracile qu'elle prit délicatement pour y porter ses lèvres, comme l'aurait fait tout galant chevalier. Un sourire énigmatique illumina le visage de Selinde.

« Réfléchissez à ma proposition, Votre Altesse pour la prochaine fois que nous nous verrons. Ce jour-là, c'est par la grande porte que vous m'accorderez audience. »

Elle ne reviendrait que victorieuse de cette campagne militaire dans le Nord qui s'organisait loin des yeux des autorités, ou elle ne reviendrait pas du tout. Elle s'inclina, une main sur le cœur en guise de respect et d'allégeance.
Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :