[RP] Longue vie au Roi !
#20
La princesse de Volaran fronça légèrement les sourcils, de ce petit air piqué. Elle ignorait si elle était sur le point d'éclater en sanglot ou de colère, mais dans tous les cas, elle se maîtrisa. Sa langue se délia, mais sa voix si claire sonnait le plus amer du monde :

« Mon père n'est plus. »

Un long silence s'en suivit, alors qu'elle dévisageait la jeune femme qui devait, à quelques années près, avoir son âge. Elle ne s'y reconnaissait pas cependant. Elene ne se considérait pas comme une combattante malgré son caractère de lion.

« Mon père… le Roi » articula-t-elle difficilement, « est affligé d'une grande et terrible maladie. Mais elle n'est pas due à son vieil âge, mais à quelques sombres sortilèges dont on ignore tout. »

Elle inspira profondément, se demandant par quelle folie elle pouvait bien confier cette histoire, mais Selinde Belroza n'était pas n'importe qui. Elle s'était illustrée, son nom et son visage n'étaient pas inconnus à la jeune monarque. Lentement elle rattacha à sa ceinture de cuir la dague qui l'accompagnait depuis son plus jeune âge et reprit, toujours sur cet air étrange, mi-colère mi-peine :

« Ne croyez pas que j'ignore quels malheurs s'abattent à l'heure actuelle sur le Royaume dont je suis la gardienne, mais la chair pourrie attire les vautours et il n'y a pas un seul Caldras qui attendra – si cela arrive – que le corps de mon père soit froid pour venir me forcer en mariage.
En taisant la triste vérité, ce n'est pas seulement ma main que je protège, mais aussi notre union, en tant que royaume. Le Caldras de Balard fomente déjà des complots à la barbe et au nez de tous, petit lard hypocrite.
Il pense que j'ignore qu'il partira bientôt en croisade contre ceux qui sont loyaux à la couronne des Volaran et qu'ensuite, ce sera au tour de mon Palais d'être assiégé. Parce que voyez-vous, ces pauvres monsieurs n'aiment pas qu'on leur dise non.
Vous pouvez me juger, et pensez que ce n'est qu'un caprice de ma part de ne pas vouloir épouser le fils héritier du plus puissant des Caldrasir, mais ce que je crois, moi, c'est qu'il n'y a pas de temps pour un mariage alors même que nous sommes harcelés de toutes parts.
Mais eux, les histoires des petites gens, de ceux qui n'ont pas le sous, ça ne les intéresse pas. Ils se fichent bien le destin des caravanes éventrées par des bandits, que des démons courent nos campagnes ou pire encore que des holdars prennent le visage des belles et des beaux du royaume pour y faire de la politique malsaine.
Non, eux ce qui les intéresse, c'est la belle couronne de Leonard V avec ses beaux rubis et ses multiples joyaux qui viennent de Rion. »


Elle semblait à cran. Plusieurs mois à avoir peur, à subir les pressions, les tentatives d'assassinat, d'enlèvement… Des plaintes de tout le royaume s'envolant comme une nuée de corbeaux. Qu'avaient-ils fait, les Volaran, pour en arriver là ?

Tout ça n'était qu'une histoire de temps avant que l'insupportable Caldras à l'hybris démesuré ne sorte des cachots du Palais et n'aille porter cette affaire devant les autres grands du royaume. C'était insupportable. D'ailleurs, quand elle parlait du Caldras, elle semblait vouloir lui cracher dessus, mais elle était comme tous les nobles, une adepte à ses heures d'Edar.

Comment pouvait-elle le punir de crimes dont elle n'avait aucune preuve, en dehors de son intuition ? Elle le soupçonnait d'avoir semer le trouble, lui qui avait toujours désiré plus… Elle se trompait peut-être.

Elle n'avait aucun ami en ce moment, aucun allié.
Même la jeune fille qui lui faisait face était une ennemie potentielle.

Elene la jaugea, ce visage fier, cette allure digne. Elle était née pour régner sur le royaume talien, et ça se sentait. Dans ses yeux, dans ses gestes, dans sa façon de traiter ses sujets comme ses enfants, la façon avec laquelle elle sacrifierait tous ses chevaliers pour le bien du plus grand nombre.

Si elle devait mourir ce soir, ou demain, assassinée, alors qu'importe, du moment que le Royaume subsistait après ça.
Aussi elle n'avait pas peur.

Elle soupira finalement, la frustration s'étant échappée en même tant que sa jolie mélopée :

« Je ne crois pas que vous puissiez quoi que ce soit pour mon père, ni pour moi. Je suis touchée de vos inquiétudes, mais à moins que vous ayez le pouvoir de déraciner les radicelles de la corruption ici et là dans ce monde… »

Son ton n'était pas triste, même si ses yeux n'auraient su mentir. Leonard était en train de mourir, lentement et sûrement, d'une folie dont elle ne connaissait rien et dont aucun remède n'avait jamais été trouvé.

S'il mourait, elle serait mariée à un fils de Caldras. Si elle refusait, le plus puissant des Caldras envahirait Yris, prendrait le Palais et elle serait sacrifiée. Elle n'avait pas peur.
Elle se battrait, contre un ennemi invisible et caché.
Un sans-honneur.
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