[RP] Longue vie au Roi !
#14
Anven n'avait pas envie de parler. Il n'avait qu'une envie : disparaître. Ça lui paraissait la meilleure chose à faire, il partirait vers le sud, sur les routes menant à Babylios. Il y fonderait une nouvelle famille. Une nouvelle vie. Il y pensait, mais en se rasant ce matin-là face au miroir, il ne vu que le reflet de sa couardise, sa lâcheté crasse. L'évidence de son caractère sournois, profiteur. Si Edar le voyait comme ça…

Chassant ses mauvaises pensées, Anven sortit un peu en retard de la maison. Sa douce Rhona le regardait sans mot dire. Elle le trouvait étrange depuis quelques jours, mais la situation au château était tendue, oppressante. Elle lui baisa simplement la bouche en le laissant disparaître dans les ruelles bourgeoises d'Yris.

Il mit un certain temps à arriver au niveau des remparts du Château. Une sentinelle passa devant lui, mais il ne la vit pas. Ses yeux cherchèrent Selinde qui s'approchait déjà. Il serra les dents. Un cauchemar. Pourquoi est-ce qu'il payait maintenant ce qu'il avait fait toute sa vie durant ? Il aurait mieux appris sa leçon si on l'avait corrigé bien avant.

Quand elle apparut, il grimaça. Les mots de la demoiselle eurent l'effet escompté ; un long frisson lui remonta l'échine. Il murmura, piqué au vif :
« Plus jamais, plus jamais je ne me ferais berner… »

Il leva les yeux au ciel, comme si Edar pouvait lui apporter un quelconque pardon, et finalement se mit en route. Son corps lourd avança vers la porte des artisans qui donnait accès à des dédales aussi longs que complexes. Le cuisinier s'arrêta devant les gardes qui le reconnurent, mais leurs regards plantés sur Selinde indiquaient qu'elle était « leur problème ».

« Les gars, je vous présente la nièce de Rhona. Elle doit travailler en cuisine avec moi ce soir. »

Un petit silence, les deux gardes se regardèrent, évaluant peut-être les risques de retenir le chef des cuisines royal accompagné par une jeune femme dont ils ne connaissaient rien. Cependant, l'agacement d'Anven calma les deux idiots armurés. Celui de droite s'écarta et laissa passer l'étrange duo dans le labyrinthe. Anven ne s'arrête pas. Il se mit à serpenter un moment puis s'arrêta juste devant les portes des cuisines. Faites de bois, elles étaient toute deux surmontées d'une casserole de cuivre frappée du sceau du Roi. Un bouquet de laurier était attaché à la queue.

« Mon papier, Selinde » annonça le cuisinier dont les mains tremblaient légèrement.

Perdus au milieu du château, il n'y avait pas cent issues. Le palais royal d'Yris était un chef d'œuvre d'architecture mais il avait été bâti pour être sobre et pratique. Aussi, la cuisine était juste à côté des portes qui donnaient sur la salle du repas. Une seconde cuisine beaucoup plus grande pouvait parfois s'activer pour les plus grands repas, les réceptions – mais ce n'était pas le cas aujourd'hui.

Il n'y avait pas grand bruit, même dans les cuisines. Pas même une sentinelle dans les couloirs.

Le château était calme.

Le château semblait mort.
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