[RP] Au nom du père...
#4
Nous avancions lentement au travers des bois, préférant le camouflage de leur branchage au confort d'une grande route. Je craignais les regards posés sur nous, et plus encore, je redoutais les rumeurs qui en découleraient.

Bien assez tôt, ils découvriraient notre oeuvre. Mon oeuvre teinté de sang. Mon carnage sur toile de neige. J'en porterai les conséquences sans ciller, laissant l'imagination collective exalter tous les cruels délices et les doux sévices dont la démone aux cheveux blancs pouvait se rendre coupable.

Bien assez tôt, ce surnom qui m'avait été craché au visage serait sur toutes les lèvres, inspirant tout aussi bien le dégoût que la crainte. Je les entendais déjà psalmodier leurs injures avec la ferveur religieuse des seuls vrais dévots, apôtres de la bonne parole qu'ils étaient tous. Cela me convenait bien.

A cette pensée, un demi-sourire se dessina sur mes lèvres que la bise glaciale avait violacées. Cela me convenait fort bien, même. Mais l'urgence imposait d'acheminer au plus tôt le fruit de notre escarmouche en direction des terres taliennes. Le lourd chariot, rempli autant de haches agars de seconde main que de cuirasses cabossées, nous ralentissait grandement.

Il brinquebalait de gauche à droite au grès des aspérités du terrain et des obstacles de branchage. Il était tiré par un cheval docile que je menais sans effort par la bride pour l'inviter à avancer d'un pas tranquille. C'était un bel animal, un hongre robuste, taillé pour la traction et le travail des champs. Parfait pour la tâche qui lui était réservé.

Ekairos, qui jusqu'à présent suivait le chariot de l'arrière, remonta jusqu'à moi. Son regard tomba sur la bourse ensanglantée qui pendait à mon flanc. Telle une gourde percée, il en tombait quelques gouttes éparses. Des gouttes sombres bien trop épaisses pour n'être que du vin. Il n'eut besoin d'exprimer ses interrogations, ses yeux parlaient pour lui.

“Dés que nous trouverons un coursier digne de ce nom, je l'enverrai au Jarl des jarls. Enfin, peu m'importe qu'elle lui arrive en mains propres à vrai dire. L'émotion suscitée aux portes de Bjornhill me suffit amplement.”

Bien que regardant droit devant nous, je devinais aisément le rictus déformant le visage du Skalde.
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