De Glace et de Sang
#4

Israfel, perdu dans ses pensées, contemplait le cimetière de Cyrijäl.
Au vu de leur état, certaines des tombes devaient être récentes car ni le vent, ni la neige, ni la végétation n'avait encore de prise sur elles. Cette seule constatation mettait le moral de l'élémentaliste en berne. Si le tribut d'une guerre s'évaluait au nombre de nouvelles fosses, alors, indéniablement, les elfes de Cyrijäl en payaient le prix. Les Elfes des Neiges avaient besoin d'aide depuis longtemps, et elle n'arrivait pas. Vu les préoccupations des habitants de la capitale, elle n'arriverait peut-être même jamais.

Il fut tiré de ses rêveries quand Latha lui adressa la parole. Le mande-orage se tourna vers la préfète et afficha un léger sourire de composition, à travers lequel on pouvait percevoir une pointe de tristesse.

« Je regardais simplement si mes ancêtres avaient encore une tombe ici. » s'expliqua-t-il. Il s'inclina ensuite légèrement en se présentant.
« Je m'appelle Israfel Aedarion. Et en effet, Dame Meletya, j'ai demandé à vous voir. »

L'élémentaliste hésita une seconde sur la manière dont il devait poursuivre la conversation. Il n'était pas en droit de demander des comptes à Lahta concernant la passivité d'Asteras, et il y avait de toute façon fort à parier que l'envoyée de la capitale n'ait rien à voir là dedans. Au contraire, étant elle aussi une habitante de Cyrijäl, elle serait aussi en danger que les Elfes des Neiges si l'empire continuait de faire la sourde oreille. Elle n'avait donc aucune raison de rester passive.
Israfel n'avait aucune idée de ce qui pouvait motiver un tel manque de réaction de la part de l'empire. Mais il doutait que la préfète confie ce genre d'information à un inconnu tout juste arrivé. Il lui faudrait d'abord prouver qu'il était digne de confiance. Et les problèmes ne manquaient pas à Cyrijäl, cela il en était sûr. Autant d'occasions pour lui de faire ses preuves.

Il posa son bouclier sur le sol et mis un genou en terre, sa longue chevelure blanche retombant devant son visage. L'usage aurait sans doute voulu qu'il dégaine son épée et la tende à Latha, mais il n'était pas en train de prêter serment et il préférait laisser son arme dans son fourreau. L'atmosphère avait déjà semblé suffisamment tendue à la porte.
L'élémentaliste releva ensuite la tête vers elle, le regard empli de détermination.

« Si je suis venu ici, c'est pour aider les Elfes des Neiges, nos frères qui souffrent dans l'indifférence de l'Empire depuis trop longtemps. Je sais que je ne vaux pas l'armée dont vous auriez besoin, mais je vous conjure de me laisser vous aider de la manière qui vous semblera la plus appropriée. »

Israfel ne jugea pas nécessaire d'ajouter qu'il était prêt à remplir les tâches les plus ingrates au besoin. La préfète en était sûrement consciente et il ne doutait pas qu'elle en profiterait pour qu'il prouve la hauteur de son engagement. D'un autre coté, il n'était pas impossible qu'elle le considère comme un gêneur et tente de le dissuader en lui donnant une tâche qui lui serait impossible à réaliser. Mais la situation des Elfes des Neiges lui semblait suffisamment désespérée pour qu'elle ne puisse pas se permettre de refuser une aide extérieure, aussi insignifiante soit-elle.
Mais avant, il aurait sans doute à répondre à des questions le concernant. Lui-même, quand il était encore à la tête des Sentinelles d'Argent, n'avait jamais pris de décision concernant un postulant à la guilde sans en avoir appris un peu plus sur lui au préalable. Israfel espérait seulement que l'interrogatoire aurait lieu dans un lieu un peu plus chaud et à l'abri du vent que le cimetière. Et si possible après qu'il ait eu l'occasion de se reposer de son éreintant voyage dans la neige.

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