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De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 31-12-2016 « Debout. La leçon n'est pas encore terminée. » Israfel, toujours sonné par le choc, se redressa tant bien que mal. Son nez était cassé et sa lèvre inférieure fendue. Du sang lui coulait abondamment sur le visage. « Tu abandonnes déjà ? Cela devient une habitude. »Le mande-orage fronça les sourcils. Il cracha le sang qui lui emplissait la bouche et se releva. Redressant son épée, il se remit en garde face à son père. « Non… Ça, jamais… » Plus jamais… ajouta-t-il en pensée. Quand il avait créé les Sentinelles d'Argent, il souhaitait s'échapper. S'échapper de cette vie qu'il trouvait monotone, s'échapper de l'autorité parentale, s'échapper des murs d'Asteras. Retrouver le convoi dans lequel son père avait investi n'avait été qu'un prétexte. Une fuite en avant. Son père entama la passe par une estocade, qu'Israfel dévia aisément. Il en éprouva même un certain agacement : l'attaque était prévisible et facile à parer. Son père le ménageait. Alors que la guilde se développait, il avait peu à peu pris conscience de certaines réalités. Par exemple, que l'Asteras riche et nacrée dans laquelle il avait grandi n'était qu'une façade visible seulement depuis les hautes tours de la noblesse. La corruption était partout, la limite entre crime et justice plutôt floue et la distance entre puissants et honnis bien mince. Le coup portée vers son visage l'avait déséquilibré, et si Israfel avait pu l'éviter, il ne vit pas venir le coup suivant, qui lui entama profondément le bras. Il recula vivement, arrivant tout juste à garder son épée en main tant la douleur était vive. « Ton esprit vagabonde. Tu dois te concentrer sur ce que tu fais. Enfin, vu ton état, nous continuerons cela un autre jour. »Alors que son père s'apprêtait à rengainer sa lame, Israfel fit passer son arme dans sa main gauche et se mit de nouveau en garde avant d'invectiver son adversaire. « … Quoi, tu abandonnes déjà ? »Il avait le souffle court et il saignait, mais il pouvait encore se battre. Son père eut un rictus moqueur avant d'engager à nouveau le combat. Cette prise de conscience avait considérablement augmenté l'intérêt d'Israfel pour le nord. Des elfes comme lui souffraient pour l'Empire depuis des dizaines d'années dans l'indifférence générale. Des elfes qui avaient tout sacrifié pour cette nation qui les ignorait, et pour laquelle ils continuaient à lutter malgré tout. L'assaut fut d'une rare violence. Le mande-orage se retrouva désarmé et jeté au sol avant d'avoir pu comprendre ce qu'il lui arrivait. Allongé sur le dos, le souffle coupé, il regarda son père le toiser avec un regard dur. « Tu réfléchis trop. Tu ne peux triompher de ton adversaire uniquement avec ton esprit. En combat, tu n'as pas le temps de penser à tout avant de réagir. Cela doit devenir un réflexe, si tu veux pouvoir survivre. »Le vainqueur se détourna et rengaina son épée avant de commencer à se diriger vers la demeure familiale. Israfel se redressa sur les coudes pour le regarder s'éloigner. « Tu as encore un long chemin à faire, mon fils. »Après avoir quitté les Sentinelles, le sorcier s'était retrouvé bien incapable de se débrouiller seul dans la nature sauvage. Il avait abandonné ses compagnons pour se consacrer à un objectif que sa faiblesse l'empêchait de réaliser. Après plusieurs tentatives malheureuses, il était rentré chez lui, à Asteras, dans un bien triste état. Il se souvenait du regard de son père, subtil mélange de colère et de déception, quand il avait du lui expliquer pourquoi il revenait aussi misérablement. Israfel se laissa retomber sur le dos en soupirant. Il n'avait reçu qu'une formation d'élémentaliste à l'académie, et il lui fallait une formation à l'épée si il espérait pouvoir se débrouiller seul. Si il était rentré chez lui, ce n'était pas pour abandonner une fois de plus, mais pour s'aguerrir, s'endurcir. Pour avoir une chance d'accomplir son but. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 20-07-2017 De la neige jusqu'aux genoux, l'elfe transi de froid se frayait péniblement un chemin vers le nord. Après d'interminables séances d'entraînement, Israfel s'était senti enfin prêt et s'était de nouveau lancé sur les routes du nord. Cette fois, il avait choisi de longer la côte vers le nord, espérant que la faune y serait plus clémente. Le craquement d'une branche dans le feu tira l'elfe de sa torpeur. Il avait failli s'endormir, une erreur mortelle dans ce pays gelé où le froid attendait la moindre occasion pour vous prendre. Le jeune noble se secoua un peu avant d'éteindre le feu et de reprendre la route. Cyrijäl n'était plus très loin, il ne pouvait pas échouer maintenant. Le soir commençait à tomber. De petits flocons tombaient doucement, ajoutant à l'épaisse couche de neige et de glace qui couvrait déjà le sol. Peu à peu, le doute commençait à prendre l'elfe. Il aurait du être en vue de la capitale septentrionale de l'empire depuis une heure déjà. Si il s'était vraiment égaré, il allait finir en congère avant peu. « Je m'appelle Israfel Aedarion, fils d'Aldys Aedarion, Haut-Elfe d'Asteras. Je vous demande asile, ainsi qu'une audience avec l'ambassadrice Lahta Meletya. » L'elfe émit un léger soupire une fois sa demande formulée. L'ironie de la situation ne lui échappait pas : alors qu'il avait quitté les Sentinelles d'Argent pour accomplir l'objectif qu'il s'était fixé, c'était finalement grâce à l'aide de trois d'entre eux qu'il était à Cyrijâl en ce jour. Et maintenant, alors qu'il avait souhaité échapper à l'ombre de son père, voilà qu'il faisait à nouveau usage de son nom en espérant qu'il lui octroie des faveurs. Chassez le naturel, il revient au galop… Il avait encore du travail à faire avant de s'émanciper autant qu'il le voudrait. De Glace et de Sang - Proserpine - 27-07-2017 Malgré la mésaventure de Hemdl, Israfel avait réussi à entrer sans encombre à Cyrijäl. Autour de lui, les différentes prêtresses de Fryelund passaient et le regardaient d'un drôle d'air. Ce n'était pas qu'il était étrange, mais l'on voyait assez rarement d'elfes d'Asteras ici. Encore moins qui aurait demandé à parler à Lahta, la « préfete d'Asteras » en ces lieux. Son rôle ingrat n'était ni plus ni moins que de faire une sorte d'éponge entre les caractères impérieux et impériales des deux souveraines. Ce n'était pas une question de femme, pas plus qu'une question de caprice, mais Ashtalia et Mélyriëlle avaient toutes deux des objectifs communs et divergents. Quand il s'agissait de la protection des murs de Cyrijäl, Lahta répétait toujours que c'était une « priorité dans le temps ». La reine ne s'en contentait pas, et c'était bien ça le problème. C'est donc entourés d'hommes et de femmes bien silencieux qu'Israfel fut accueilli. Il fallut attendre qu'enfin un garde ne rapporte la nouvelle à Lahta pour que la préfete sorte de sa demeure. Elle avança calmement vers le fils d'Aldys. Il se tenait d'ailleurs au milieu du cimetière. Cela faisait trois mois qu'il n'y avait pas eu de nouvelles tombes, et tous les jours Sylléüs allait au Temple pour prier que plus jamais on ne creuse ici. Il n'y avait guère que les cimetières de guerre d'Astéras pour faire rougir le parterre d'asphodèles. « Je ne sais pas ce que vous venez faire ici, jeune homme, mais je doute qu'ils puissent vous répondre. » s'introduisit Lahta, se planta aux côtés d'Israfel Aedarion, avec un sourire calme. Le froid endurcissait même le plus doux des cœurs. « Lahta Meletya. Vous me cherchiez ? » De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 27-07-2017 Israfel, perdu dans ses pensées, contemplait le cimetière de Cyrijäl. De Glace et de Sang - Proserpine - 04-08-2017 La préfète n'était pas affectée par la tristesse éventuelle de l'élémentaliste. Il n'y avait plus rien qui perçait son cœur de pierre depuis longtemps, principalement car les températures de l'Ingemann avaient fini par durcir son myocarde à tout jamais. Elle l'observa d'un air terrible. Lahta n'avait pas le caractère le plus simple de la capitale du nord. Pour tout dire, elle était plus bornée encore que Mélyriëlle et en ces heures sombres, leur cohabitation était rendue de plus en plus difficile. Il y aurait un temps où ça ne serait plus le cas, car l'une ou l'autre finirait par empiéter définitivement sur les plates-bandes de sa rivale. La préfète ne doutait pas de qui. « Personne ne peut aider les Elfes des neiges en ces temps sombres. » La préfète croisa les bras d'un air emprunté. Il était rare qu'elle soit vulnérable, surtout devant le premier venu, mais elle avait vu les elfes d'Asteras s'entretenir en urgence avec la Reine un instant plus tôt. Les portes du palais étaient fermées pour les curieux. Même elle n'avait pas les autorisations requises pour écouter les discussions royales. Lahta était perdue. Elle ne savait pas comment aller grandir la situation, et elle savait aussi qu'elle était à deux doigts de se retrouver au milieu d'un bras de fer musclé entre la dernière descendante légitime du trône et sa cousine lointaine par alliance qui n'avait guère d'intérêt que pour Asteras la Blanche. « Avec vos maigres forces, tout ce que vous pouvez faire, c'est attendre. Attendre que quelque chose se passe. Ça ne va pas tarder, mais pour l'instant, il n'y a rien à faire. » La préfète recula d'un pas pour apercevoir les portes du palais royal s'ouvrir en grinçant. Elle vit plusieurs elfes d'Asteras sortir, puis Lösse à leur suite. Elle fronça légèrement les sourcils : « Quelque chose comme ça, peut-être… » murmura-t-elle en s'approchant également de l'étrange cortège. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 05-08-2017 La réponse de Lahta le déstabilisa un peu. Il ne s'était pas attendu à une telle réponse, tant il imaginait les problèmes nombreux dans les provinces du nord. Il n'imaginait pas se voir confier une mission diplomatique dès le premier jour, mais il était prêt à accomplir la tâche la plus quelconque. Cependant, il n'y avait rien à faire. Rien qui puisse aider ces gens à sortir de leurs temps difficiles ou, à défaut, de rendre leur calvaire plus supportable. Rien non plus qui puisse justifier son départ des Sentinelles ou toutes ces heures passées à s'entraîner pour se frayer un chemin jusqu'à la capitale. Rien qu'un grand vide béant, qui happait ses espoirs. Citation :HRP : La composition du groupement ayant évolué depuis hier soir, j'ai du adapter mon message en conséquence. Désolé pour la gêne occasionnée, amis lecteurs. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 16-10-2017 Assis dans la salle commune de l'auberge de Cyrijäl, Israfel contemplait d'un air absent le fond de bière qui restait dans sa choppe. Il était encore tôt et seuls quelques piliers de comptoir peuplaient déjà la salle, et lui qui avait une chambre dans l'établissement. L'ambiance s'améliorait au fur et à mesure que les liquides descendaient dans les verres. Deux bûcherons étaient en plein débat avec le tenancier sur l'état des stocks de bois pour la mauvaise saison tandis qu'un troisième client écoutait en hochant silencieusement de la tête, les yeux braqués sur la serveuse, qui lui souriait dès qu'elle croisait son regard. Un quatrième Elfe des Neiges essayait de restituer tant bien que mal un semblant de mélodie sur une petite flûte et un cinquième, déjà plus saoul que les autres, semblait déjà prêt à s'endormir sur le comptoir. Le mande-orage était assis à l'écart, à une table située dans un coin de la salle. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 26-11-2017 De retour dans la salle commune de l'auberge, Israfel grattait frénétiquement un parchemin de la pointe de sa plume. Il fit une petite pause et pris une gorgée de la bière posée près de lui en relisant ce qu'il venait d'écrire. Non, cela ne convenait pas. Il reposa sa choppe en émettant un claquement de langue agacé puis froissa le parchemin et l'envoya rejoindre les autres brouillons insatisfaisants qui brûlaient déjà dans le foyer. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 23-01-2018 L'elfe émergea doucement, arraché des songes par quelques bruits ambiants. Il entendait des murmures et des pas qui résonnaient dans la pièce et, plus étouffée, une sorte de clameur toute citadine, mélange de bruits de pas, de chevaux, de conversations et de cris divers. Il avait froid. Son corps entier le faisait souffrir, comme si un cheval lui était passé dessus en prenant soin de briser chaque os. Chaque seconde qui passait rendait Israfel plus sûr d'une chose : il était en vie. Il ne s'expliquait pas comment, mais il avait survécu. Il se risqua à ouvrir les yeux, qu'il du rapidement refermer, ébloui par la lumière douce qui baignait l'endroit. L'exclamation de surprise toute proche l'informa qu'il n'était pas seul. Quelqu'un était à son chevet. Lentement, la bouche pâteuse et la voix rauque, il prit la parole. « … Où suis-je ? Comment… ? » Une douleur lancinante au torse lui arracha une quinte de toux. On lui posa un linge humide sur le front, et une voix douce lui répondit tout bas. « Doucement, Ninquë. Tu es encore faible, il ne faut pas parler. » Cette voix lui était familière. Et ce surnom… Elle l'avait appelé comme ça la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, alors qu'ils n'étaient encore que des enfants. Ils avaient passé de nombreuse années ensemble mais le nom était resté. Il ouvrit doucement les yeux pour s'assurer que ce n'était pas une divagation de son esprit embrumé. Il ne vit d'abord que du blanc, puis les formes et les couleurs se précisèrent pour laisser apparaître son amie d'enfance qui lui souriait tristement. Elle était assise près de lui, le bras en écharpe, toujours élégante malgré sa robe cobalt abîmée et sa chevelure blonde en bataille. « … Elerina ? C'est bien toi ? » « Tu ne pensais quand même pas que je raterai une fête pareille ? » La jeune femme, fille du Comte de Lilótëa, étudiait à la capitale pour devenir politicienne. Vu son statut social plus élevé que le sien, il était évident qu'elle serait à la fête organisée par Ezuri Rian'cir. Il frémit à l'idée qu'elle aussi avait du échapper de peu à un sort funeste. Il n'avait pensé qu'à lui et à sa famille avant de perdre conscience, sans se douter qu'il avait d'autres proches dans l'assemblée qui courraient les mêmes risques. Il allait s'enquérir de la gravité des blessures de son amie quand il remarqua qu'elle triturait nerveusement un mouchoir dans sa main valide. Des larmes commençaient à se former aux coins de ses yeux en amande. Quelque chose n'allait pas. « Mes parents… Où sont-ils ? » Israfel se redressa pour chercher aux alentours. Il n'eut le temps que de voir le sol du temple de Fryelund jonché de cadavres et de blessés auprès desquels les prêtresses s'affairaient avant que la douleur ne le force à se recoucher. « Oh, Israfel… Ils n'ont pas… » Elle éclata en sanglots avant la fin de sa phrase. Il n'avait pas besoin d'entendre la suite pour comprendre. La nouvelle lui fit l'effet d'un coup de massue. Le monde s'écroula et disparu de son champ de vision. Même les sanglots d'Elerina se firent lointains. Il était seul dans les ténèbres, face au chagrin et à la mort. Il s'écoula quelques secondes avant qu'il pose une main sur celle de son amie, qui sanglotait toujours. Lui-même était trop hébété pour verser une larme, comme si son cerveau refusait d'assimiler l'information, mais la jeune femme semblait vouloir pleurer pour deux. Elle n'aurait pas semblé plus attristée si elle avait elle-même perdu un membre de sa famille… L'horrible pensée lui traversa l'esprit. Était-elle venue seule à la réception, ou était-elle accompagnée ? Et si elle avait perdu un être cher à la réception, elle aussi ? Les mots s'étranglèrent presque dans sa gorge quand il se résolu à poser la question. Il n'obtint pas de réponse. La noble lui serra la main alors que le chagrin déformait ses traits. N'y tenant plus, elle s'écroula sur son torse et se mit à pleurer pour de bon. La détresse de son amie finit par lui arracher les larmes qui refusaient jusque là de couler. Une prêtresse, alertée par le bruit, vint s'enquérir de son état. C'est elle qui apporta autant qu'elle pu des réponses aux questions d'Israfel. Il ne devait sa survie qu'aux soins d'Halko, un membre de la Compagnie d'Investigation Avancée, dont les soins avaient atténués les effets du poison et éloigné la mort assez longtemps pour qu'il puisse être pris en charge au temple. C'était Elerina qui l'avait amené tant bien que mal au dispensaire malgré ses propres blessures, en même temps que le reste des rescapés arrivés dès qu'ils avaient pu fuir la réception. On ignorait ce qui se déroulait dans le manoir depuis leur fuite quelques heures plus tôt. L'elfe conserverait des cicatrices et les blessures empoisonnées laisseraient des traces noirâtres sur sa peau, mais il vivrait. En revanche, Aldys et Cassia Aedarion comptaient parmi les victimes de la cérémonie sanglante, au même titre qu'Alcar et Linye Carnil. Elerina Carnil, qui continuait de pleurer dans ses bras, était devenue Comtesse de Lilótëa. Quant à lui, Israfel était désormais Baron et dernier représentant de la famille Aedarion. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 16-09-2018 Le réveil fut difficile. Israfel avait une migraine digne de ses lendemains de fête les plus mémorables. L'épine glacée qui lui semblait fourrager dans son cerveau jusque là laissa peu à peu place à une douce chaleur qui se répandit jusqu'à la base de sa nuque. Il s'en était allé. Soulagé, l'elfe se releva péniblement. La première chose qu'il remarqua fut la bile qui tachait sa tenue. Il y avait donc eu au moins une partie de réalité dans ce qu'il avait vu. Générant un peu d'eau pour nettoyer son vêtement, l'elfe observa les alentours. Il était à Andoras. La haute tour d'Isaroth était bien visible à l'horizon, sans relief entre eux pour obstruer sa vue. Les falaises qui ceinturaient le royaume étaient toutes proches. À ses pieds se dessinait un cercle démoniaque semblable à celui trouvé dans la caverne un peu plus tôt. À la différence que celui-ci n'avait ni pilier ni chaîne pour s'alimenter. Il en sorti rapidement, craignant que sa présence interfère si quelqu'un ou quelque chose tentait d'utiliser ce cercle. La dernière chose qu'il souhaitait était d'être à nouveau transporté sans savoir où il allait atterrir. L'idée d'attendre près du portail qu'il se réactive lui traversa l'esprit, mais il abandonna rapidement l'idée. Elle s'était montrée prudente et l'ouverture du passage lui avait coûté. Si elle était toujours en vie, elle ne l'ouvrirait pas à nouveau. De lointains cris de skilithes le tirèrent de ses réflexions. Si Asteras avait pu détecter le dégagement de magie produit par l'activation du cercle, les holdars le pouvaient aussi. Et avec leurs montures volantes, ils seraient là avant peu. Il avait besoin d'un endroit sûr où se laver et réfléchir. Et Andoras était tout sauf sûr. Tissant rapidement autour de lui quelques enchantements d'aéromancie destinés à lui permettre de passer prestement les hautes falaises, Israfel s'enfuit sans demander son reste. Il reviendrait, il en était convaincu. Tôt ou tard, ses pas le ramèneraient à Andoras. Mais ce serait quand il l'aurait décidé. La prochaine fois, il serait prêt. De Glace et de Sang - Israfel Aedarion - 01-10-2018 Israfel pénétra une fois de plus dans le siège de l'Inquisition elfique. Pour quelqu'un qui ne faisait pas partie des troupes inquisitoriales, il entrait un peu trop souvent dans le bâtiment à son propre goût. Il n'avait jamais été à l'aise au milieu de tous les tueurs de mages qui y circulaient, et cette visite ne ferait pas exception à la règle. Faisant de son mieux pour paraître détendu, il s'approcha de la personne chargée de s'occuper des visiteurs. Le mande-orage fut soulagé de constater qu'il ne s'agissait pas de la même personne que celle qu'il avait rencontré quand il était venu livrer des informations sur les Xalari à l'Inquisition. Il s'était alors fait sèchement renvoyer, comme si l'Inquisition se fichait purement et simplement de ce qu'il avait à raconter. Cela n'avait fait que renforcer à ses yeux le sentiment d'incompétence qui émanait de l'institution. Si le savoir était un pouvoir, Enwina Hràvan s'en était volontairement dépossédée. Une erreur fatale face à une ennemie comme Vi'aria, qui savait sans doute utiliser la désinformation à son avantage. Il ne chercherait pas à collaborer avec eux. Plus cette fois. C'était une autre raison qui l'avait amené dans les salles de l'Inquisition, un geste tout à fait banale au vu de la correspondance qu'il entretenait avec elle depuis un certain temps. « Venntaï. J'aimerai parler à l'inquisitrice Lhuste, s'il vous plaît. » Israfel doutait que l'inquisitrice soit déjà rentrée de l'expédition qu'ils venaient d'effectuer. Il avait d'ailleurs, glissé dans sa veste, un message à lui laisser si elle était absente. Mais il ne connaissait pas toutes les possibilités offertes par son lignage, et lui-même avait fait un détour par Yris. Il était possible que la jeune femme soit déjà rentrée. Auquel cas, il préférait lui parler face à face. De Glace et de Sang - Pludencre - 05-10-2018 Au milieu du hall d'entrée de l'inquisition se tenait une chaise - les visiteurs n'étaient pas autorisés à s'asseoir - un bureau où reposaient un plumier et quelques parchemins. Si des plantes occupaient les coins de la pièce, la décoration restait assez sommaire. L'inquisition n'était pas, de toute façon, le lieu des grandes réceptions. L'homme en armure assis sur la chaise soupira en voyant le mage entrer. L'accueil n'était pas le plus plaisant, et voir défiler les mages se plaindre de leur traitement ou requérir une audience auprès de leur dirigeante pour échapper à leur traitement l'épuisait. Et il se douaite qu'Israfel faisait partie de ces geignards. Sa demande fut surprenante, même si Lhuste était connue des services, et il dût ravaler sa réponse toute préparée. Prétextant un "je vais voir", il disparut un instant par la porte du fond, avant de revenir avec une très jeune femme, une adolescente au cheveux ébouriffés portant une armure d'apparat, de piètre qualité en comparaison avec celle du garde à l'accueil. Celle-ci lança au mande-orage. Elle n'est pas encore revenue de son périple. Je suis aspirante paladin, et écuyère de Dame Lhuste. Puis-je vous aider dans votre requête ? |