Douloureuse réalité et imagination libératrice
#3
Le sol trembla soudainement.

Afiralia s'élança afin d'éviter l'assaut, et parvint miraculeusement à éviter l'assaut. Cependant, il manqua peu pour qu'une des dangereuses cornes de l'auroch l'éventre.
Aletheria était avec elle.

Regagnant confiance en elle, la centaure se lança au galop afin d'échapper à ses assaillants, après avoir jeté sur la bête un sort offensif, qui n'eu pas d'effets concluants mais qui eu pour finalité de la ralentir dans sa poursuite.
Un tronc d'arbre mort, arme improvisé du troll, s'abattit avec violence à côté d'elle, faisant jaillir la neige et trembler le sol. Cependant l'attaque ne l'atteignit pas et la druidesse continua sa course.
Déjà, elle apercevait la limite entre la neige et la plaine au loin, et même la bordure de la forêt.
Bonne nouvelle.
Sans doute ses agresseurs ne la suivront pas jusque là.
Et même si c'était le cas, les arbres entraveraient leur progression.
Elle était sauvée.

Adressant une prière muette à la Lune en guise de remerciement, elle accéléra l'allure… Quand soudain, un cri retentit derrière elle. Un cri de guerre.
Freinant subitement, elle tourna la tête… Pour voir les centaures l'accompagnant plus tôt chargeant ses poursuivants, intrépides et sans peur.
Elle s'arrêta, en proie à un terrible dilemme.
Même s'ils étaient plusieurs, elle doutait sérieusement qu'ils puissent réussir à vaincre de pareils créatures.

Elle fut tentée pendant un moment de leur hurler d'arrêter cette folie et de fuir avec elle.
Mais elle s'abstint à temps.
Aletheria n'appréciera jamais pareille lâcheté et couardise. Se serait l'insulter.
Toutefois, la jeune femme avait pu réaliser que ses sorts n'avaient que peu d'effets sur leurs adversaires… Seule la force brute pourrait sans doute en venir à bout.
Afiralia savait pertinemment ce qu'elle devait faire… Mais rien que l'idée l'effrayait.
Elle avait entendu dire par le professeur de magie à Naël'Kadora qu'il était déjà arrivé à des druides peu expérimentés et présentant une certaine résistance naturelle à la magie de ressortir d'une métamorphose avec quelques modifications physiques imporomptues, tels des crocs féroces, du poil aux oreilles et sur le visage, des griffes, une patte différente des autres
Réalité ou fable montée de toutes pièces par l'enseignant pour inciter ses élèves à se concentrer durant ses cours ?
Toujours était-il qu'il n'en fallu pas plus à la centaure pour la paniquer, car il ne lui disait bien entendu rien de se retrouver avec une fourrure volumineuse, encombrante et nauséabonde d'ours mal léché, et ce pour toute la vie.

Néanmoins, elle ne pouvait se résigner a abandonné ses frères et sœurs… Aussi se résigna-t-elle, malgré son appréhension grandissante de lancer un sort qu'elle n'avait jamais osé utiliser auparavant, par crainte.

Appelant à elle la force des esprits animaliers, elle commença à psalmodier.
Puis quand l'incantation fut terminée, elle s'arrêta et figée, comme si un seul mouvement de la nuque aurait pu briser le sort, attendit.
Mais rien ne se passa… Ce qui provoqua un soupir de lassitude mais aussi de soulagement de la part de la druidesse.
Le sort avait raté. Il lui faudrait trouver autre chose.
Mais alors qu'elle se mit à réfléchir de nouveau, une torpeur soudaine prit possession de son corps entier.
Afiralia poussa alors un cri muet, quand son corps commença à se transformer.
Les poils de sa peau se multiplièrent et s'agrandirent pour former une épaisse et chaude fourrure.
Ses bras s'allongèrent et s'épaissirent tandis que ses ongles devenaient de redoutables griffes et ses mains de puissantes pattes.
Ses quatre membres supérieurs fusionnèrent pour former une seule et unique paire de solides postérieurs.

Enfin, son visage se modifia, mais la sensation qu'elle éprouva alors était si étrange et désagréable qu'elle préféra fermer les yeux et attendre.
Quand elle rouvrit, ce fut pour s'apercevoir que sa vision des choses avait changée… Au sens propre.
Elle percevait à présent de nouvelles odeurs.
De nouveaux sons.
De nouvelles images.
Elle sentait la force nouvelle qui la parcourait… Comme si plus rien ni personne ne pouvait s'opposer à elle.

Mais un cri de douleur venant des combats la sortie de sa rêverie.
Sans attendre ni se poser pour évaluer la situation, elle chargea avec sauvagerie le troll qui fut le premier ennemi qu'elle apercevait, forte de sa nouvelle forme et condition.
Le troll sous l'impact bascula en arrière.
Ses imposantes pattes labourèrent sa cuirasse avec acharnement… Mais cela ne suffit pas.
Même la métamorphose en ours n'était pas de taille face à ce monstre, et alors qu'elle s'en rendait peu à peu compte, ses compagnons étaient en train d'être défait par l'auroch, qui avait appelé à lui nombre de congénères pour lui prêter main forte à piétiner cette vermine.
Les centaures s'enfuirent, si précipitamment qu'Afiralia se retrouva très vite seule face à ses ennemis.
Ils l'avaient abandonné, délaissé, laissé seule alors qu'elle était venue de son plein gré leur porter assistance, sans que rien ne lui oblige… Et voilà que ceux qu'elle avait voulu aider la laissaient à son triste sort.

Quel bande lâche, indignes enfants de la lune…
Mais la druidesse n'eu pas le temps de ruminer ses sombres pensées, car déjà, elle était la cible de nouveaux assauts, plus nombreux et plus violents.
Aussi dut-elle à contre cœur prendre la fuite.
Malgré sa nouvelle corpulence, elle se mit à courir, courir jusqu'à n'en avoir plus de souffle, sans jeter un regard en arrière.

Même quand elle pénétra enfin dans la forêt aux cimes protectrices, elle ne s'arrêta… Pourtant, elle en fut bien obligée, lorsque le sort cessa de faire effet.
C'était également une sensation désagréable, mais moins qu'elle ne l'aurait craint, et c'est avec un soulagement non dissimulé qu'elle constata qu'elle avait retrouvé entièrement sa forme originelle, sans sabot interverti avec une énorme patte poilue.
Elle était en entière, affaiblie et épuisée certes, mais vivante.

Prenant un pas calme et posé, elle commença lentement le chemin du retour vers Naël'Kadora, songeant à ce qu'il s'était passé, notamment à la débâcle de ses amis, du moins elle le pensait..
Mais était-il justifié de leur tenir ainsi rancune ? Cela n'avait-il pas été la meilleure décision pour éviter des morts inutiles ? C'était sans doute le meilleur choix… Ou alors…
Ou alors ils l'avaient délaissé tout simplement car ils n'avaient que faire d'elle, de cette cinglée solitaire, coincée et au physique à quel point banal…
C'est plongée dans ces pensées obscures qu'elle parcouru les bois, la tête basse, amère… Quand elle s'aperçu que le jour baissait de plus en plus.
Si les créatures qu'elle avait combattu l'avaient suivi (mais elle en était convaincue) ou que d'autres encore plus dangereuses la pistaient secrètement dans l'ombre (ce qui était d'avantage probable), alors elle ne devrait pas tarder plus longtemps à rentrer, sous peine qu'on retrouve son cadavre à moitié dévoré sous un chêne au petit jour.
Frémissant à cette idée, elle allait se lancer au triple galop afin d'avoir une chance de rentrer saine et sauve quand soudain, une solution s'imposa à son esprit.
Une nouvelle métamorphose, qu'elle n'avait apprise que très récemment, mais qui lui permettrait sans doute de parcourir la distance qui lui restait beaucoup plus rapidement…

Après sa première tentative dont elle n'avait était déçu qu'à cause de la situation dans laquelle elle l'avait utilisée, Afiralia était déterminée à refaire l'expérience, et cette fois en profiter entièrement.
Elle n'avait plus peur des possibles conséquences magiques : si elle n'en avait pas eu la première fois, cela signifiait qu'elle était suffisamment compétente et donc que ce sort était définitivement sans risques pour elle.
L'incantation fut récitée, et son corps subit le même processus que la première fois… Cependant, elle se sentit moins gênée lors de la transformation… L'accoutumance déjà ?
En quelques secondes, apparu à la place de la centaure une magnifique et fine biche.
Une nouvelle fois exaltée par cette nouvelle vision de son environnement, la druidesse laissa son instinct animal prend le dessus sur sa conscience.
Gambader en toute légèreté et liberté, défiant les lois de la pesanteur, slalomant entre les arbres, bondissant sans la moindre difficulté par dessus les troncs renversés sur le chemin, comme si le vent lui-même la portait.
Une expérience que jamais elle n'oubliera, et qui l'a conforta définitivement dans la voie qu'elle avait prise.

Le druidisme était fait pour elle, il n'y avait plus de doute, à la joie immense qu'elle ressentait et l'enivrement qui s'emparait d'elle, un bonheur auquel elle n'avait de mémoire, jamais eu droit jusqu'à ce jour.

Cependant, sa course effrénée fut une nouvelle fois de courte durée, car elle arriva bien vite aux portes de la cité, si vite qu'elle failli renverser plusieurs passants, qui n'hésitèrent pas à lui lancer un regard plein de reproche…
Mais qu'importe, rien ne pouvait entamer sa gaieté et son euphorie… Et c'est en s'élançant en toute allégresse qu'elle se dirigea vers l'école de magie.
Mais à son plus grand malheur, sa forme de cervidé prit fin devant les portes du majestueux bâtiment en bois… Cependant, ce n'était pas encore suffisant pour entamer sa bonne humeur nouvelle.
Elle avait réussi. Elle avait prouvé au monde qu'elle n'était pas qu'une gamine ordinaire ratée.
A partir d'aujourd'hui, tout le monde reconnaîtrait son talent et son don pour la magie druidique.
Mais c'est alors que, la métamorphose s'étant terminée et voulant à présent en toute hâte dévaliser la bibliothèque de l'établissement afin d'y trouver tous les sorts de métamorphoses possibles et imaginables, la jeune femme posa un sabot en avant… Et s'écroula comme une masse dans l'entrée.
Les membres douloureux, elle redressa lentement et avec difficulté son torse par la force de ses bras endoloris, et grimaçante, ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire. Elle avait trop forcée, car elle ne devait pas l'oublier : ceci n'était que le début, et elle manquant encore d'expérience… Encore une fois, elle avait été aveuglée par ses rêves et son imagination.

Mais cela lui était égale, qu'elle souffrante et épuisée, rien ne l'empêchera d'assouvir la soif immense de savoir qui s'était éveillée en elle.

Mais alors qu'elle tentait tant bien que mal à se remettre sur patte à l'aide d'une table, des cris de surprise et des murmures étonnés attirèrent son attention…
Relevant la tête, et réalisa non avec honte que tous les individus se trouvant dans l'école la fixait.
Tout d'abord, elle cru que cela était à cause de sa chute misérable, et elle ne pu empêcher le sang de lui faire virer le visage au rouge… Cependant, leurs visages ne montraient aucuns signes de moqueries… Mais plutôt révélaient la stupeur, l'effarement et la consternation.
Perplexe, une peur sournoise s'emparant soudain d'elle, elle contempla ses mains… Et ne pu s'empêcher de pousser un cri d'horreur.
Elles étaient à présent de couleur mâtes… Mâtes ! Où était donc passé leur couleur de satin ?
Elles paraissaient également encore plus fragiles et minces qu'elles ne l'étaient avant.. Mais qu'était-ce donc ? Un contraste du aux faibles éclairages des lieux ?
Non, ce n'était pas ça, c'était pour une autre raison, raison qu'elle commençait à deviner mais à laquelle elle ne voulait pas croire.

Apercevant du coin de l'œil un miroir au fond de la salle, elle s'y précipita, désespérée, prise de panique et d'effroie bousculant et renversant livres, étagères, professeurs et élèves sur son passage.
Et quand elle fit enfin face au miroir, l'abasourdit et la stupéfia tant, qu'elle n'arriva qu'à émettre un faible et impuissant murmure.

-Mais qu'est-ce que…


[Image: 127.jpg]

Elle avait eu tort de considérer les avertissements du professeur sur les métamorphoses comme une fable... Et elle en payer les conséquences jusqu'à la fin de ses jours.
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