23-01-2018, 12:56:09
L'elfe émergea doucement, arraché des songes par quelques bruits ambiants. Il entendait des murmures et des pas qui résonnaient dans la pièce et, plus étouffée, une sorte de clameur toute citadine, mélange de bruits de pas, de chevaux, de conversations et de cris divers.
Il avait froid. Son corps entier le faisait souffrir, comme si un cheval lui était passé dessus en prenant soin de briser chaque os. Chaque seconde qui passait rendait Israfel plus sûr d'une chose : il était en vie. Il ne s'expliquait pas comment, mais il avait survécu. Il se risqua à ouvrir les yeux, qu'il du rapidement refermer, ébloui par la lumière douce qui baignait l'endroit. L'exclamation de surprise toute proche l'informa qu'il n'était pas seul. Quelqu'un était à son chevet.
Lentement, la bouche pâteuse et la voix rauque, il prit la parole.
« … Où suis-je ? Comment… ? »
Une douleur lancinante au torse lui arracha une quinte de toux. On lui posa un linge humide sur le front, et une voix douce lui répondit tout bas.
« Doucement, Ninquë. Tu es encore faible, il ne faut pas parler. »
Cette voix lui était familière. Et ce surnom… Elle l'avait appelé comme ça la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, alors qu'ils n'étaient encore que des enfants. Ils avaient passé de nombreuse années ensemble mais le nom était resté. Il ouvrit doucement les yeux pour s'assurer que ce n'était pas une divagation de son esprit embrumé. Il ne vit d'abord que du blanc, puis les formes et les couleurs se précisèrent pour laisser apparaître son amie d'enfance qui lui souriait tristement. Elle était assise près de lui, le bras en écharpe, toujours élégante malgré sa robe cobalt abîmée et sa chevelure blonde en bataille.
« … Elerina ? C'est bien toi ? »
« Tu ne pensais quand même pas que je raterai une fête pareille ? »
La jeune femme, fille du Comte de Lilótëa, étudiait à la capitale pour devenir politicienne. Vu son statut social plus élevé que le sien, il était évident qu'elle serait à la fête organisée par Ezuri Rian'cir. Il frémit à l'idée qu'elle aussi avait du échapper de peu à un sort funeste. Il n'avait pensé qu'à lui et à sa famille avant de perdre conscience, sans se douter qu'il avait d'autres proches dans l'assemblée qui courraient les mêmes risques.
Il allait s'enquérir de la gravité des blessures de son amie quand il remarqua qu'elle triturait nerveusement un mouchoir dans sa main valide. Des larmes commençaient à se former aux coins de ses yeux en amande. Quelque chose n'allait pas.
« Mes parents… Où sont-ils ? »
Israfel se redressa pour chercher aux alentours. Il n'eut le temps que de voir le sol du temple de Fryelund jonché de cadavres et de blessés auprès desquels les prêtresses s'affairaient avant que la douleur ne le force à se recoucher.
« Oh, Israfel… Ils n'ont pas… »
Elle éclata en sanglots avant la fin de sa phrase. Il n'avait pas besoin d'entendre la suite pour comprendre.
La nouvelle lui fit l'effet d'un coup de massue. Le monde s'écroula et disparu de son champ de vision. Même les sanglots d'Elerina se firent lointains. Il était seul dans les ténèbres, face au chagrin et à la mort.
Il s'écoula quelques secondes avant qu'il pose une main sur celle de son amie, qui sanglotait toujours. Lui-même était trop hébété pour verser une larme, comme si son cerveau refusait d'assimiler l'information, mais la jeune femme semblait vouloir pleurer pour deux. Elle n'aurait pas semblé plus attristée si elle avait elle-même perdu un membre de sa famille…
L'horrible pensée lui traversa l'esprit. Était-elle venue seule à la réception, ou était-elle accompagnée ? Et si elle avait perdu un être cher à la réception, elle aussi ? Les mots s'étranglèrent presque dans sa gorge quand il se résolu à poser la question.
Il n'obtint pas de réponse. La noble lui serra la main alors que le chagrin déformait ses traits. N'y tenant plus, elle s'écroula sur son torse et se mit à pleurer pour de bon. La détresse de son amie finit par lui arracher les larmes qui refusaient jusque là de couler.
Une prêtresse, alertée par le bruit, vint s'enquérir de son état. C'est elle qui apporta autant qu'elle pu des réponses aux questions d'Israfel.
Il ne devait sa survie qu'aux soins d'Halko, un membre de la Compagnie d'Investigation Avancée, dont les soins avaient atténués les effets du poison et éloigné la mort assez longtemps pour qu'il puisse être pris en charge au temple. C'était Elerina qui l'avait amené tant bien que mal au dispensaire malgré ses propres blessures, en même temps que le reste des rescapés arrivés dès qu'ils avaient pu fuir la réception. On ignorait ce qui se déroulait dans le manoir depuis leur fuite quelques heures plus tôt.
L'elfe conserverait des cicatrices et les blessures empoisonnées laisseraient des traces noirâtres sur sa peau, mais il vivrait.
En revanche, Aldys et Cassia Aedarion comptaient parmi les victimes de la cérémonie sanglante, au même titre qu'Alcar et Linye Carnil. Elerina Carnil, qui continuait de pleurer dans ses bras, était devenue Comtesse de Lilótëa. Quant à lui, Israfel était désormais Baron et dernier représentant de la famille Aedarion.
Il avait froid. Son corps entier le faisait souffrir, comme si un cheval lui était passé dessus en prenant soin de briser chaque os. Chaque seconde qui passait rendait Israfel plus sûr d'une chose : il était en vie. Il ne s'expliquait pas comment, mais il avait survécu. Il se risqua à ouvrir les yeux, qu'il du rapidement refermer, ébloui par la lumière douce qui baignait l'endroit. L'exclamation de surprise toute proche l'informa qu'il n'était pas seul. Quelqu'un était à son chevet.
Lentement, la bouche pâteuse et la voix rauque, il prit la parole.
« … Où suis-je ? Comment… ? »
Une douleur lancinante au torse lui arracha une quinte de toux. On lui posa un linge humide sur le front, et une voix douce lui répondit tout bas.
« Doucement, Ninquë. Tu es encore faible, il ne faut pas parler. »
Cette voix lui était familière. Et ce surnom… Elle l'avait appelé comme ça la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, alors qu'ils n'étaient encore que des enfants. Ils avaient passé de nombreuse années ensemble mais le nom était resté. Il ouvrit doucement les yeux pour s'assurer que ce n'était pas une divagation de son esprit embrumé. Il ne vit d'abord que du blanc, puis les formes et les couleurs se précisèrent pour laisser apparaître son amie d'enfance qui lui souriait tristement. Elle était assise près de lui, le bras en écharpe, toujours élégante malgré sa robe cobalt abîmée et sa chevelure blonde en bataille.
« … Elerina ? C'est bien toi ? »
« Tu ne pensais quand même pas que je raterai une fête pareille ? »
La jeune femme, fille du Comte de Lilótëa, étudiait à la capitale pour devenir politicienne. Vu son statut social plus élevé que le sien, il était évident qu'elle serait à la fête organisée par Ezuri Rian'cir. Il frémit à l'idée qu'elle aussi avait du échapper de peu à un sort funeste. Il n'avait pensé qu'à lui et à sa famille avant de perdre conscience, sans se douter qu'il avait d'autres proches dans l'assemblée qui courraient les mêmes risques.
Il allait s'enquérir de la gravité des blessures de son amie quand il remarqua qu'elle triturait nerveusement un mouchoir dans sa main valide. Des larmes commençaient à se former aux coins de ses yeux en amande. Quelque chose n'allait pas.
« Mes parents… Où sont-ils ? »
Israfel se redressa pour chercher aux alentours. Il n'eut le temps que de voir le sol du temple de Fryelund jonché de cadavres et de blessés auprès desquels les prêtresses s'affairaient avant que la douleur ne le force à se recoucher.
« Oh, Israfel… Ils n'ont pas… »
Elle éclata en sanglots avant la fin de sa phrase. Il n'avait pas besoin d'entendre la suite pour comprendre.
La nouvelle lui fit l'effet d'un coup de massue. Le monde s'écroula et disparu de son champ de vision. Même les sanglots d'Elerina se firent lointains. Il était seul dans les ténèbres, face au chagrin et à la mort.
Il s'écoula quelques secondes avant qu'il pose une main sur celle de son amie, qui sanglotait toujours. Lui-même était trop hébété pour verser une larme, comme si son cerveau refusait d'assimiler l'information, mais la jeune femme semblait vouloir pleurer pour deux. Elle n'aurait pas semblé plus attristée si elle avait elle-même perdu un membre de sa famille…
L'horrible pensée lui traversa l'esprit. Était-elle venue seule à la réception, ou était-elle accompagnée ? Et si elle avait perdu un être cher à la réception, elle aussi ? Les mots s'étranglèrent presque dans sa gorge quand il se résolu à poser la question.
Il n'obtint pas de réponse. La noble lui serra la main alors que le chagrin déformait ses traits. N'y tenant plus, elle s'écroula sur son torse et se mit à pleurer pour de bon. La détresse de son amie finit par lui arracher les larmes qui refusaient jusque là de couler.
Une prêtresse, alertée par le bruit, vint s'enquérir de son état. C'est elle qui apporta autant qu'elle pu des réponses aux questions d'Israfel.
Il ne devait sa survie qu'aux soins d'Halko, un membre de la Compagnie d'Investigation Avancée, dont les soins avaient atténués les effets du poison et éloigné la mort assez longtemps pour qu'il puisse être pris en charge au temple. C'était Elerina qui l'avait amené tant bien que mal au dispensaire malgré ses propres blessures, en même temps que le reste des rescapés arrivés dès qu'ils avaient pu fuir la réception. On ignorait ce qui se déroulait dans le manoir depuis leur fuite quelques heures plus tôt.
L'elfe conserverait des cicatrices et les blessures empoisonnées laisseraient des traces noirâtres sur sa peau, mais il vivrait.
En revanche, Aldys et Cassia Aedarion comptaient parmi les victimes de la cérémonie sanglante, au même titre qu'Alcar et Linye Carnil. Elerina Carnil, qui continuait de pleurer dans ses bras, était devenue Comtesse de Lilótëa. Quant à lui, Israfel était désormais Baron et dernier représentant de la famille Aedarion.