[RP] Le Phénix toujours renaît
#7

Un doux et agréable souffle, presque chaud, certainement issu des mages elfiques à ma proximité, jouait avec ma chevelure aussi blanche que la neige. A l'idée que toutes deux seraient bientôt maculées du sang de nos ennemis, j'esquissai une moue empressée bien vite remplacée par un soupir. Qu'importe la rage qui brûlait en moi de les exterminer sans la moindre miséricorde, je n'étais pas femme à sacrifier celles et ceux qui m'avaient placée à leur tête pour cette pulsion, bien que démesurée, de violence.

On n'assiégeait pas une forteresse en se hâtant. On l'assiégeait en usant de son temps comme d'un coutelas affuté, l'aiguisant avec patience et méthode jusqu'à briser son adversaire par des nerfs d'acier. L'urgence, bien piètre conseillère, serait rapidement souveraine de leurs esprits ; ils ne pourraient indéfiniment se permettre de laisser la famine et le désespoir s'immiscer au sein même de la bâtisse.

Je savais que cette apparente passivité ne se révélerait létale qu'une fois enfoncée derrière leurs omoplates. Je savais aussi qu'il me faudrait museler les envies de sang, les miennes comme celles de mes troupes. Maintenir l'attention et l'envie d'en découdre sans jamais y céder. Préparer la riposte la plus adaptée. Eviter les erreurs de l'empressement qui nous seraient dommageables. Tels étaient les conseils avisés, et auxquels j'adhérai, que la vétérante à l'œil unique m'avait prodiguée lors des réunions d'état major.

Notre premier coup d'éclat s'était matérialisé par la surprise des Trappistes lorsque ceux-ci avaient découvert la véritable allégeance du skalde nordique. Envers le Concordat du Phénix. Ou plutôt, envers moi. Bien peu savaient comment je m'étais attachée, bien malgré moi, les services de ce parfait étranger originaire des contrées enneigées de l'Ingemann. Bien peu savaient exactement le prix que lui et moi avions payé ce jour-là à Herrkliff.

Pour l'heure, l'espion s'était révélé dans sa traitrise pour combattre à nos côtés sans faillir. Mais j'ignorai quelle serait sa réaction si Bryndis se trouvait parmi les rangs ennemis, l'Egide ayant été aperçue massée près des bois d'Emelinde. Il ne pouvait me trahir, mais trouverait-il la force d'affronter cette amie d'enfance ? Parviendrait-il à la raisonner, elle, pour qui nous avions tout risqué ?

Je sentais les bourdonnements et les murmures irrités faisant état de notre inaction. Même Lenwë s'agitait, bouillant intérieurement de ne voir arriver les barbares sur nos lignes. Si je comprenais son impatience, je ne pouvais l'accepter d'un dirigeant de notre coalition. Et si je devais user de l'intérêt qu'il paraissait me porter pour l'inciter à la patience, je le ferai. Après tout, ne l'avais-je pas mis en garde que je n'étais guère ici pour me faire des amis, mais bien pour l'emporter sur ces brutes vêtues de peaux de bête ? Je m'approchai de lui, posant ma main sur son épaule avec apaisement.

« Soyez patient, Lenwë. Ils viendront mourir d'eux-mêmes sous nos sorts. Ils n'en ont pas le choix s'ils veulent sauver leur Jarl. Vous le savez tout autant que moi.»

Ma mine s'assombrit quelque peu.

« Pour ne rien vous cacher, je m'inquiète du sort des captifs. Si la fierté de ces monstres est telle que je l'imagine, ils préfèreront les exécuter plutôt que les libérer. Skargärd pourrait préférer mourir de sa propre main que reconnaitre sa défaite et en assumer la cuisante humiliation. »

Soudainement, le cor résonna dans toute la vallée : un nain avait chargé notre avant-garde comme l'avait fait mon frère, Dione, avec brio, quelques jours plus tôt. Le temps était venu.

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