Le laboratoire des morts
#45
Lorsque l'homme-bête se mit à verser différents liquides sur le cristal, la jeune alchimiste répertoria les réactions et les effets engendrés par celles-ci.

Le sang provoqua la réaction la plus visible, et elle se chargea de décrire avec détails le phénomène observé, oubliant le monde environnant. Ecoutant d'une oreille distraite Erki déblatérer (sa perte récente de sang avait sûrement perturbé son esprit, mais c'était une autre expérience), elle fit le bilan de ses notes.

Les diverses potions interagissaient (faiblement) avec le cristal, et la réaction la plus virulente était avec le sang. Cela confirme l'attirance, et l'aspiration indépendante de la volonté de l'homme-bête justifiait le manque. Nous avons confirmé nos hypothèses, rien de plus, pensa la jeune femme.

Elle revint à la réalité à la fin du discours d'Erki. Elle se permit une réponse.

Physiquement, cela me semble compliqué d'extraire le sang des cadavres puisque la réaction alchimique entre le cristal et un hélion c'est-à-dire entre un être vivant et l'individu lambda ne laisse qu'un tas de sang. Notez que l'idée est d'aspirer tout le sang de la victime.

Je doute qu'on puisse collecter du sang des morts, sauf si des procédés alchimiques sûrement interdits le peuvent...


L'image de l'armoire verrouillée se forma dans sa tête, et un sourire apparut sur son visage. Des pistes intéressantes à explorer pour ses études de comportement....

L'individu lambda aspire le sang, et son manque semble suffisamment important pour ne pas être regardant sur la provenance. Reprenons donc toutes les expériences réalisées et les observations faites.

Elle fit tourner les pages de son petit cahier, s'arrêtant sur quelques paragraphes avant de continuer sa recherche. Elle poursuivit sa réflexion à haute voix.

les cadavres laissés par les banshees au premier sous-sol ne sont pas exsangues, donc si le sang est la clé, elles se contenteraient des cadavres encore chauds. Il faut donc être plus précis dans notre conclusion : il s'agit de sang d'être vivant.

Nous n'avons qu'une supposition sur les effets du gavage de l'individu lambda, et les chances sont faibles d'arriver à la conclusion attendue. Je pourrais calculer le pourcentage, si cela avait une quelconque utilité. Donc, fournir notre propre sang nous affaiblirait, et si nous libérons l'individu lambda du cristal, je doute que nous parvenions à une expérience satisfaisante.

On peut tenter de fabriquer un téléporteur menant en territoire centaure, larder de coups des centaures (la corpulence implique une quantité de sang non négligeable) et recueillir le précieux liquide pour le donner au cristal. En plus, le sang de nos ennemis peut être un bon poison....

Ou alors, générons du sang, bien que la composition demeure inconnue. Nous savons guérir les blessures, parfois même après de violentes entailles entraînant une perte de sang, nous devrions pouvoir en fabriquer magiquement.


Elle se mit à gribouiller sur son petit calepin, à la recherche d'un procédé de fabrication de sang différent d'un prélèvement brutal.
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