Les Chansons de Quoth.
#1
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Les Chansons de Quoth.



Gaillard Corbeau disait, en le couvant des yeux :
Je ne sais qui fut ta nourrice ;
Mais ton corps me paraît en merveilleux état :
Tu me serviras de pâture.

- Jean de la Fontaine




SOMMAIRE.

1 - Le Grand Cri
2 - Semeuse de Gangrène
3 - La vie, fleur moisie
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#2
1 - Le Grand Cri

Tu l'entends jusqu'à Eltiri,
C'est plein de ressentiments,
Ça explose dans un grand cri,
C'est tonitruant...

Tu crois que j'l'invente ?
Le coup d'la torture ?
T'diras ça quand ton ventre,
Sera vide et plein d'saumure !

J'vais t'vider l'dedans,
C'est bien l'estomac,
Pour en faire des gants,
Qui s'vendent dans Jada,

T'sais j'crois qu't'as peur,
Quand tu m'appelles sauvage,
Tout ça car ta sœur,
Elle a l'habit du veuvage,

S'pas comme si on l'avait tu,
Qu'vos sabots on n'en veut pas,
Nos terres, vois-tu,
Sont celles d'Estalia,

Qu'le premier que j'vois qui bouge,
J'lui troue d'cuissot d'une flèche,
Qu'il va finir la gueule toute rouge,
Et la peau sur ma cahute, toute sèche !
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#3
2 - Semeuse de Gangrène

R'garde moi ça, ça s'pavane,
Mais y savent pas qu'dans la savane,
J'suis pas l'roi, pas la reine,
Mais la semeuse de gangrène.

Approche mon tout doux,
Qu'à ton oreille je soupire,
J'jure, tu n'deviendras pas fou,
Mais tu n'pourras plus sourire.

Viens, je t'amène dans mon univers,
Là où l'sang nourrit les vers,
Viens, j'te montrerais le cimetière,
De toutes les âmes d'hier,

Celles qui ont perdu la vue, ou la vie,
De ces gens qui rôdent sans comprendre,
Qu'demain n'sera pas plus joli,
Qu'demain viendra sans les attendre.

Dans l'fond j'ai pas peur du noir,
J'vis dedans, s'mon désespoir,
Ça m'fait comme un manteau,
Et dieu qu'il est lourd l'salaud.

Alors j'me balade ainsi,
Traînant mon ignominie,
Je guette ta vie,
Et je la finis.
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#4
3 - La vie, fleur moisie

Oh toi le premier des bâtards, toi l'dernier des salauds,
T'as l'arme qui t'démange, et l'coeur enfoui loin,
Alors moi j'te l'dis, soit pas bête, crève le l'marmot,
Parce que demain, t'auras fait un tueur du témoin !

C'est comme ça dans la vie, tu montres l'exemple,
Crève sa famille, et brûle-la, sa foutue tente,
Parce qu'à la vérité, c'est que si tu lui la laisse,
Ta noblesse d'âme f'ra du chiard une diablesse,
Et d'ici quelques années, sans même que tu t'en souvienne,
Y viendra dans ta baraque, éponger le trop plein de haine,
C'est que ça fera dix ans qu'il y pensera tu vois,
Dix ans ! c'est plus d'l'appel, c'est un pourvoi,
Dix ans de haine pour cogner dans ta femme et ta gosse,
Avoir la rage à dix ans, c'est quand même précoce,
Faut pas lui en vouloir n'empêche, parce c'est comme ça,
Aujourd'hui tu vis, demain tu crèves, faut vivre fissa,
Et puis tout l'reste, faut l'dire, c'est pas grand chose,
Juste sur ta peau de petits ecchymoses.

Alors moi j'te l'dis, si tu veux pas finir comme un con,
Bute-le, l'môme, tu lui éviteras l'tragique de la vie,
La vie c'est pas rose, pas beau, s'pas un flocon,
Et si c'est d'la neige, alors elle est moisie.
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#5
4 - L'aveugle et la voyante

Celle-la, elle va être longue, triste; y aura même pas de sang,
Ça va te faire tout drôle, pas vrai ? venant du maudis corbeau,
Que rien ne chagrine, qui tait les vérités, s'amuse et ment,
Fallait bien se dire que derrière son sourire y avait des maux.

Tu ne vois pas ma peine, terrée derrière ma haine,
Tu ne vois rien, car je suis un miroir sans fissure,
Mais toi, façon, tu vois rien, t'es toujours à la traîne,
Je disparaîtrais, le verrais tu ? Je n'en suis pas sûre.

Tu me vendrais à coup sûr, au premier passant, au premier riche,
L'argent c'est beau, l'argent t'aimes ça, t'as toujours adoré,
Ta vie n'est que menterie; pour quelques pièces tu triches,

Et quand ça va mal, tu te ramènes, passant pour la victime,
Mais t'as jamais pensé à laisser un peu ton égo en friche,
Et faire autres choses de ta peau, comme moi, des rimes ?

Tu ramènes un matin une fille, le lendemain une biche,
Constant ? non, t'es du genre dissolu, ton âme entière est dissipée,
Et puis m'écouter, pourquoi faire ? Je sais, je suis la boniche.

Parfois, à bien y réfléchir, je me demande pourquoi je reste,
Bien sûr y a l'honneur, la fidélité, mais ce n'est pas moi,
Je suis un corbeau, preste, leste, qui souvent retourne sa veste,
Alors pourquoi je continues ? Parfois, je ne me comprends pas.

J'ai beau te regarder, et trouver tous les défauts du monde,
C'est vrai que les autres t'aiment bien, ignorant ta gueule,
Tu sais, la vraie, celle que tu me montres, celle qui est immonde,
Celle que t'as du hérité de ta soeur, ta mère ou ton aïeule.

En fait, je n'ai pas envie de finir cette chanson, elle est sale,
Parce qu'elle est faible; je ne le suis pas, ne veux pas l'être,
Rien à voir avec les douleurs exagérées, parfois théâtrales,
C'est mon mal de vivre, enfoui dans mon bide, infecte,
Pas envie qu'il ressorte, pas envie de montrer l'animal,

C'est ma douleur, mon mal, mon sang, et surtout mes larmes,
Rien à exhiber, rien à montrer, ça n'a pas du tout les charmes,
De ces filles que tu vas voir, de ces filles qui au petit matin,
Me souris, laissant derrière elles les effluves des jeunes catins,

Ça sait pas se tenir, ça sait pas se voiler, ça sait à peine parler,
Ça fait les belles, les tendres, les nouvelles, mais rien d'ingénue,
Pas même le vocabulaire - ces bêtes sont pleines de mots crus,
Ça veut parler d'amour et de vie commune, mais pas finir cornue,

C'est bête parce que ça ouvre les yeux mais ne veut pas voir,
Alors que moi, tu vois, je vois les yeux fermés les chemins iridescents,
Les anciens sont là, leurs regards sont partout, omniprésents,
Regardez-moi, je leur dis, regardez-moi, je fais mon devoir,

On me l'a assigné y a de cela une bonne dizaine d'année,
J'étais qu'une gosse, pleine d'espoir et de sourire d'enfants,
Maintenant j'suis bonne qu'à baisser les yeux, le regard fuyant,
Parce que Goupil est Goupil, et dans le fond, c'est mon négrier.
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#6
5 - Couplets moqueurs

Dans l'coeur de la forêt, on l'entends qui sonne !
C'est quoâ ? C'est quoâ ?
C'est l'massacre du félin qui ronronne,
C'est l'coup poing de la sauvageonne !

Ramasse tes larmes, ramasse ton corps,
Pourquoâ ? Pourquoâ ?
Parce que maintenant que t'es mort,
Faut expliquer qu'il t'a buté, le butor !


6 - Chant de Guerre : Korri n'est pas morte

Korri, Korri,
N'est pas morte,
Korri, Korri,
C'est ta cohorte,

Elle cogne, elle grogne, elle est là,
Du sang, plein les pognes, on veut ça,
La mort, la peur, plutôt crever,
Mais - d'abord, il faut cogner !
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#7
7 - Bleu

Il me l'a tendu, genoux à terre, sans rien demander en retour,
Elle est jolie, elle est bleue, elle me rappelle un peu tes yeux,
C'est une fleur de mana, cueillie juste pour toi, alors savoure,
Parce elle te siéra comme jamais, une fois dans tes cheveux.

Pourquoi ? me soupire ma raison, pourquoi fait-il ça ?
Je dois avouer qu'à marcher derrière lui, je ne sais pas.
Peut-être est-il fou ? Peut-être oui, mais comme moi ?
Non, pas comme toi Quoth, me réponds alors la voix…

T'es seule, mais ça tu le savais, depuis toute gamine on te le dit,
T'es seule, tu finis seule, parce que t'es pas pareil que les autres,
T'es tordue, bancale, un peu bizarre, même pas vraiment jolie,
Ça sert à rien de lutter, tu sais, pose tes armes, cesse de combattre,

C'est pas grave si t'es unique, même dans le mauvais sens du terme,
Y en a eu d'autres comme toi avant qu'ont su tirer leur épingle du jeu,
Ils sont devenus peintres, musiciens, bon, toi t'es un nid à problème,
Mais si vraiment ça te déprime, t'as juste qu'à te foutre le feu.

Regarde-le, lui aussi il te juge, ça a pas l'air comme ça mais il te trouve laide,
T'as la gueule du désespoir, et le teint blême des marécages asséchés,
Tu vaux rien, il te l'a dit, t'es insignifiante, l'pire c'est qu'y a pas de remède,
Tu vas finir comme ça, comme une charogne, sur le flanc, tout juste crevée,

Ca t'fait du mal quand il te dit que tu vends ton cul à ce gentil Goupil ?
Pourtant ça tu l'savais ma vieille, c'est pas né de la veille que tu tiens à lui,
On mettra ça sur le fait qu'il est bon orateur et qu'il a un certain sex-appeal,
Comparée à toi, blanche comme un cul, sortie d'un nuage de suie.

Y en a qui t'ont dit que t'étais jolie, que tu ressemblais à quelque chose ?
Ouvre les yeux ma grande, tu cloches, t'es pas normale, t'es différente,
T'es un chaos sans nom à l'intérieur, t'es remplie de méta-psychose,
T'es l'ingénue à toute épreuve, celle même pas cohérente.

Tu veux être blanche, mais ton coeur est noir, comme ton foie,
D'ailleurs ta foi on sait toujours pas où tu l'as oublié?
Celle qui te disait, évite le loup, ne va pas aux bois,
Toi t'y allais, parce que c'est ça que tu veux sombrer,

T'es contradictoire, et même en le regardant, tu veux l'affronter,
Il pourrait bien te tendre une main, vouloir t'aider, tu dirais non,
Car ça serait trop facile, pas vrai, toi pour naviguer,
Tu veux pas d'voile, pas d'soleil, y te faut juste un canon,

Car la vie est un véritable champs de bataille à tes yeux,
Et être faible c'est déjà perdre de trop comparé aux ivrognes,
Toi t'es forte, tu fléchis jamais, tu refuses le quotidien ennuyeux,
Par haine, par honte, sur le faible tu frappes sans vergogne,

Quoth, t'essaye juste d'échapper à toi même,
Mais ouvre les yeux, t'es seulement celle qu'il voit,
Et ça, ça changera pas, y a rien que t'aime,
Même pas toi.
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