les pieds dans la melasse
#1
Citation :Le grand CŒUR noir pourra enfin battre librement. L'Humanité sera libre et sauvage, au-delà du bien et du mal. Elle jettera les lois et les morales au loin et tous les hommes crieront, tueront et festoieront joyeusement.

François-Honoré Balfour,
Ce matin là, après avoir honoré plus qu'il ne se doit l'astre naissant, pour attester communément de la dimension de l'ignorant et pour faire bonne figure; l'énergie d'Abdul le menait une fois de plus vers l'ailleurs, délivrer sa dette, au coeur du monde.

Les prières mécanique du matin face à Solaris ponctuaient ses journées, comme tout à chacun, et principalement aujourd'hui, jour de marché.
S'intéressant tel un amateur de plante rares aux légumes des maraichers, il restait habité par les diables de Salith, témoins de ses nuits fébriles.
Son regard fuyant était décoré par sa langue de crotale, il faisait illusion comme un mirage, et il se prêtait habilement au jeu des simagrées :
-" Combien pour les baies de Pelethor ? .... Tu es certain mon ami qu'elles sont fraiches, elles me semble admirables pour faire un sirop en tout cas ! ...Es tu certain qu'elles soient cueillies par des elfes dansant sous la lune ?....Une prochaine fois une affaire l'ami ? je ne suis pas tenté présentement mais une prochaine fois si Solaris le veut !? "

De camelots en camelots, fuyant le brouhaha des vieux vendeurs à la criée, il s'éloignait des ruelles odorantes d'épices, il sortait du souck, il n'avait désormais plus qu'à traverser les marchands du désespoir, l'extrême absolu que les nécessiteux et même les mendiants regardaient avec doute .
Comme à son habitude, il donnait du bonjour mielleux ici et là tel un métronome bien huilé.
Là à son voisin paresseux, ici à l'un des porteurs d'eau du quartier, ici au potier manchot ( quel voleur celui-ci ! ), et enfin ultime rempart, à la vieille lépreuse de la rue des disparus... dernière âme vive avant le silence oppressant de l'ancienne rue de Fanho;
-" là où aboutissent les intrigues du palais du cheikh !" pensa-t-il en ricanant dans sa barbe .

S'assurant de ne pas être suivi, il disparu entre deux bâtiments par un passage dissimulé, presque une fissure cachée par un épais buisson de datura.
Sournoi comme une hyène, ses pas léger faisaient battre malgré tout les plis de sa robe usée au rythme de sa vaillante volonté, chaque saccade de babouche résonnait dans le conduit dérobé tels le frottement tremblant d'une mâchoire d'agneau condamné.

Son visage fatigué par le poids de ses philosophales pensées, il avançait comme une figurine de plomb, aveugle et excité comme une goule un lendemain d'enterrement.
Au coeur de la main noire, vers l'un de ces lieux où l'âme des humbles peut se défier aux dieux eux même, il avancait, faisant fi de la fatigue et de la peur.

Chaque pavé. Chaque pas. chaque respiration l'amenait inexorablement vers l'humeur de sa folie, la plus douce qu'il soit, la plus aimable des dévotions.

Serrant le précieux flacon contre son aisselle, il savait que le travail de ces dernièrs mois, le plus subtil des poisons de sa création, allait satisfaire l'homme masqué, celui que l'on ne nomme pas, l'un des émissaires de Symnéa, la maitresse de l'Art.

Ce matin là, dans l'ombre de Solaris, Abdul comptait bien entrer dans la cour des anciens rois.

-" c'est là où tout commence mon vieil Abdul, ce n'est que le début, tiens toi droit .. " se dit-il misérablement, comme si il vivait ses derniers instants au fond du dédale, présentant fatalement son orgueil aux ténèbres.


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( ce texte a été réalisé avec près d'un litre de gato negro, et avec des épices guatémaltèques étranges, et surtout l'inébranlable volonté de mon ami l'amiral à me torcher au whisky anglais, en vain ... )
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#2
c'est pas tout ça, mais vu le prix des ingredients, faut bien aller au turbin comme une burichapat va satisfaire le désir des dévots..
à ses heures perdues, Abdul donnait des cours de ce que l'on pourrait appeler les prémices de la chirurgie, ..dissecation, vivisection, ablation, interrogation sur le sens des humeurs et des organes, lequel est vraiment vital si ce n'est le principal, celui qui habite l'âme...oui, mais lequel est-ce !? fouillons donc encore un peu plus ..

il faisait ce jour là face à une coercition d'étudiants avides de savoir, dans un amphithéâtre bondé .
-"Jeunes gens, vous n'aurez pas souvent l'occasion d'assister à cette opération, et la raison en est simple... Voyez-vous, elle est inutile sur le plan médical."
Silence, stupeur et tremblement.
-"Pourquoi l'a-t-on inventée ?" reprit-il
-"Nul ne le sait. Personnellement, je crois que c'est une création purement artistique... comme le torero montre son art et son adresse en se tirant du danger qu'il a lui-même provoqué, de même, ici, le chirurgien met délibérément son patient en danger de mort puis, avec une promptitude foudroyante, il le sauve du trépas à la dernière fraction de seconde... "

le silence de l'hémicycle était éloquent, il captivait son auditoire tout en besognant la carcasse crasseuse d'un moribond retrouvé quelques heures plus tôt dans une impasse coutumière des accidents impromptus.

-" si par exemple ! voyez !" s'exclama-t-il en exhibant soudainement un organe flasque avec force projections, véritablement écoeurant, la scène fit démissionner une partie des curieux.

-" alors ! là ! c'est éloquent ! n'êtes vous pas confrontés à la force de l'évidence jeunes gens !?? " ajoutait-il en secouant l'amas de viscères devant les plus zélés, attendant une réponse claire de la part des curieux énergumènes qui s'inscrivaient à ses séances d'anatomie pratique.

serrant l'organe dans ses doigts calleux, il conclu :
-" il est vraisemblable d'imaginer que cet individu, dont je suis forcé de vous présenter le foie, fut prématurément rappelé à Solaris ,... et remettant l'organe en place avec négligence dans le coffre rougi du patient trépassé -"il devait passer plus de temps vautré dans la luxure des tavernes qu'au vertueux ravitaillement.. et d'aussi profondément que nous eumes eu l'occasion de l'analyser, je n'ai rien trouvé qui s'apparente de près ou de loin à une âme..."

profitant de la stupeur, il s'éclipsa ..

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révérence au festin nu de burroughs, front à terre et cul par terre , putain de révérence
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