Prisonniers... et cobayes !

[Eryel]

Les rumeurs concernant les Holdars étaient régulières. « Il parait que ça s'anime de plus en plus derrière les murs… Que préparent-ils ? ». La curiosité chatouillait l'esprit d'Eryel. Si bien que l'exploration des terres ennemies lui était devenue une idée récurrente. Et le temps était venu ; il s'était décidé. Il avait acquis toutes les compétences pour ce genre de mission. Il pouvait se mouvoir avec discrétion et s'infiltrer en milieu hostile. Pour cela, il lui faudrait agir seul.

Le Royaume d'Andoras, actuel territoire holdar, était protégé par d'immenses successions de falaise, complétées par d'épaisses murailles. Au nord-est de ce territoire, une escarmouche entre Holdars et Haut-Elfes avait éclaté. Elvira, Eleith, Sans-Os, Oragie, Damimuse et quelques autres dont un centaure, combattaient ainsi contre les résidents d'Andoras. Cela accaparait sans nul doute l'attention des défenseurs holdars, et constituait donc une diversion suffisante pour démarrer une mission d'infiltration.

Eryel dit au revoir à Jibril qui l'avait accompagné jusqu'alors, puis il s'élança dans l'escalade d'une falaise. D'ombres en ombres, il progressait sans encombre. Nul besoin de se presser. Il fallait favoriser la furtivité. Au bout de plusieurs heures, il était à l'intérieur, très probablement inaperçu.



Mais le lendemain fut plus critique. Parmi les défenseurs holdar, se soutenaient des archers, des champions, des mages, des skilithes… mais aussi des illusionnistes ! Ces derniers usaient des mêmes techniques de furtivité qu'Eryel et devenaient très difficilement détectable. Et il arriva un instant où Eryel fut prit à son propre jeu. Alors qu'il se croyait imperceptible, une série de lueurs violettes et scintillantes le percuta. Son esprit semblait se désintégrer dans une douleur grinçante. Un illusionniste l'avait finalement surprit et avait fait éclater des sorts de torture psychique.

Contre-attaquer ? Eryel y avait pensé. Mais cela l'immobiliserait, visible de tous les défenseurs holdars aux alentours. Il ne tiendrait pas longtemps. Mieux valait probablement tenter de fuir et de se fondre à nouveau dans l'ombre…

[Eryel]

Le réveil fut très désagréable. Quand Eryel ouvra les yeux, il se trouva allongé sur une vieille et sale paillasse. Et surtout, des murs de pierres froides et des barreaux le cernaient, laissant un espace vital réduit de 3 sur 4 mètres. L'Elfe voulut se relever pour s'asseoir et observer sa geôle. Mais la douleur l'en empêcha. Son corps avait du subir de violents coups. Son esprit aussi.

Sa mémoire lui revenait. Un Illusionniste Holdar était à l'origine de ses maux. Plusieurs autres sorts de l'illusionniste l'avaient horriblement secoué. La magie avait torturé son psychisme, provoquant de terribles douleurs qui s'étaient propagées dans l'ensemble de son corps. Il avait aussi été brûlé par ce qui devait être des jets d'acide. Une immense torpeur l'avait gagné puis… Plus rien. Son souvenir s'arrêtait là.

Sa tentative de fuite avait été un échec cuisant. L'exploration des terres holdars n'avait pas été une bonne idée finalement. Malgré ses talents d'éclaireur et d'infiltration, Eryel devait désormais reconnaître que la puissance des Holdars n'était pas qu'une rumeur. Les Illusionnistes Holdars avaient des capacités de détection, de camouflage et de magie bien plus avancées que les siennes.

Un sentiment de dépit et d'abandon le submergea et il replongea dans un coma profond.

[Eryel]

Sans-Os luttait vaillamment contre les skilithes des Holdars, en vain. Crocs, griffes et queues virent à bout du maître-lames. Mais plutôt que de l'achever ou de le laisser gésir sur le sol rocailleux des monts d'Andoras, un des lézards ailés l'enserra de ses puissantes griffes pour le transporter.

Un peu plus tard, l'ouverture bruyante de grilles métalliques sortit Eryel de son état comatique. Un nouveau prisonnier venait d'être jeté sans ménagement sur la paillasse d'une cellule. C'était Sans-Os, l'un de ses compagnons de longue date ! Un sentiment mitigé assaillit Eryel. L'arrivée d'un ami fut comme un apaisement. Mais le désarroi était fort car le sort de son ami était comme le sien : critique !

Eryel avait repris un peu de vigueur. Il put mieux observer autour de lui. Les geôliers à la peau bleue étaient la menace la plus proche. L'un d'entre eux cependant était enveloppé de la tête au pied dans des vêtements amples et sombres. Même son visage n'était pas visible, caché derrière un masque. C'était un Illusioniste holdar. Peut-être même celui qui l'avait foudroyé de ses sorts. Avec ce masque, comment savoir ?

La prison était complètement étanche avec l'extérieur. Aucune fenêtre, aucune ouverture perceptible. Aucune possibilité de communiquer avec l'extérieur. Même la porte d'entrée n'était pas visible. Un long couloir flanqué de chaque côté par une série de cellules, devait mener certainement vers une issue. La cellule d'Eryel était l'une des deux dernières, au bout du couloir. L'issue était donc probablement de l'autre côté du corridor.

De toute façon, s'échapper paraissait impossible. Un frisson lui parcourut l'échine. Si les rumeurs des comportements holdars étaient aussi avérées que les rumeurs de leur puissance, alors cela était de bien mauvais augure pour les deux prisonniers elfes. Tortures, harcèlements et expériences, aussi bien physique et mentale étaient dans la liste des principales rumeurs…

D'ailleurs l'Illusioniste holdar qui rôdait dans la prison, était visiblement occupé à vouloir choisir l'un des deux Elfes. Il scrutait les deux prisonniers derrière son masque blanc et ce n'était pas rassurant de voir cette lueur folle sur des yeux. Une lueur qui rappelait celle de Nahgoth.

Eryel redouta le pire. Et il avait raison. Car le Holdar s'apprêtait bien à choisir un cobaye pour sa prochaine expérience. Parlementer était peut-être la seule issue. En tant que diplomate, Eryel considéra cette option comme étant la plus appropriée. Il voulut se lever pour se positionner face à l'Illusioniste qui se tenait devant sa cellule. Mais il n'en avait pas la force. Il se contenta d'une position assise, essayant d'adopter une stature malgré tout stoïque.

- S'il vous plait ! Je souhaiterais m'entretenir avec vos autorités.

Quelles seraient les conséquences des cette tentative de négociation ? Impossible de répondre. Mais rester sans rien faire lui paraissait encore pire. Il fallait dégager de l'intérêt pour les Holdars… pour ne pas finir comme un quelconque détenu.

[Erhan]

Eryel essayait de négocier avec le holdar. Celui-ci s'approcha des barreaux et commença à tapoter sur le métal, produisant de manière frénétique un bruit particulièrement agaçant. On ne pouvait pas voir son visage mais nul doute que derrière le masque, le holdar souriait ou se moquait de l'elfe captif.

-"Vous voulez vous entretenir avec nos autorités ?

L'illusionniste éclata d'un petit rire vicieux, cela n'annonçait rien de bon.

-Vous êtes amusant petit cobaye. Piégé comme vous êtes, vous n'avez plus que les mots comme arme pour vous sauver ? Que c'est triste, cela ne prend pas. Vous restez coincé ici.

La dernière phrase était prononcé avec un ton particulièrement sec. Le holdar claqua des doigts en direction de la sortie et reposa ses yeux fous sur le détenu. D'une voix forte et grave, il annonça la sentence.

-Préparez mon laboratoire."

Un gardien de la prisonnier s'éloigna dans le couloir, un cliquetis métallique annonçait au loin que le guerrier montait ou descendait des marches. Quand à Eryel, celui-ci ne pouvait qu'imaginer le malheur qui l'attendait dans ce laboratoire.

[Eleith]

Un expression courante dit "Jamais deux sans trois !".

Eleith combattait les créatures de l'enfer offrant aux siens un espoir de repli. Les skilithes, ces bêtes cauchemardesques, virevoltaient autour des elfes, freinant leur retraite. A cela s'ajoutait les nuages de carreaux...

Dans un premier temps, ils devaient se mettre hors de portée des archers. Elle porta assistance à un autre elfe et s'aperçut que ses blessures étaient sévères. Elle lui ordonna de se mettre à couvert à Nim Duin, se positionnant face à ses agresseurs.

Les démons volants maintenaient leur distance : la championne se mit à sourire. Elle tremblait, la peur lui ordonnait de fuir, mais elle restait là et tenait en respect ses ennemis. Résignée à se battre contre l'injustice, elle leva son épée et frappa le démon le plus proche. Elle redoublait de vaillance contre les redoutables bêtes volantes, mais leur nombre ne faiblissait pas.

Sa bravoure attira malheureusement l'attention des illusionnistes... Enfin, surtout un qui avait déjà des captures d'elfes à son actif. Le magicien ordonna aux skilithes de se concentrer sur la championne. l'illusionniste appuya l'attaque des bêtes volantes avec un sortilège pour annihiler la volonté de sa future prisonnière.

La dernière image présente dans l'esprit d'Eleith fut son enchainement sur un de ses ennemis, avant de tomber sur le sol, inconsciente. Des Holdars amenèrent l'elfe à la prison, la jetant sans ménagement dans une cellule.

[Erhan]

La vaillante Eleith restait au front à se battre vaillamment contre les redoutables skilithes. Sa bravoure attira malheureusement l'attention d'un grand illusionniste holdar... le même responsable de son retour au temple lors de la précédente excursion chez les bleus. Malheureusement reconnue par le magicien, celui-ci ordonna aux skilithes restant de se concentrer sur elle et de la ramener. Pour s'assurer que la guerrière restera tranquille, l'illusionniste lança un sortilège pour annihiler la volonté et plongea Eleith dans un nouveau coma.

Des holdars ramenèrent son corps jusqu'à la prison, la jetant sans ménagement dans une cellule entre celle de sans-os et celle d'Eryel. La porte verrouillée, celle d'Eryel fut ouverte et une illusion l'accueillait pour l'empêcher de se débattre pendant qu'un malabar l'attrapait pour l'amener dans le laboratoire.

C'était blanc.
C'était ordonné.
C'était propre.
C'était froid.

On remonta Eryel dans pièce stérilisée. Une table blanche munie de sangles de cuir l'attendait. On attacha l'elfe pendant que celui-ci pouvait se questionner sur l'éclairage. Des petits globes luminescents servaient à illuminer la pièce d'une aura blanche et ils semblaient être magiques, Eryel pouvait le parier. La magie appliquée à la décoration, voilà une idée intéressante, quoique peu utile.
Une fois fixé, l'illusionniste lâcha un "commençons".
Un nouveau sort dévasta son esprit. La mémoire de ses proches, de ses amis tombés au combat, de la haine entre les peuples et des massacres comme celui de Tilador, autant de souvenirs douloureux qui submergèrent Eryel dans un flot de lumière éclatant. Les spectres du passé hantèrent le jeune elfe.
-"Raconte-moi tout. Parle moi de l'architecture d'Asteras.
Le sujet semblait bateau mais... même si Eryel ne voulait pas répondre, l'emprise du holdar semblait tellement puissante que ses lèvres bougèrent d'elle-même.
Eryel commença à parler, d'une voix triste, de la beauté de la ville blanche. De ses hautes tours blanches, du dallage ivoire... l'illusionniste prenait des notes pendant ce temps.
-Parfait, parle-moi maintenant de ton style de combat.
Eryel parlait désormais de ses talents d'éclaireurs, de ses techniques de camouflages, de son trait invisible, de son entrainement pour puiser au plus profond de lui des ressources inimaginables et lâchait qu'il maîtrisait la magie en autodidacte.
-Parle-moi d'avantage de ta magie.
C'était de la trahison ! Eryel se retrouvait désormais à livrer des secrets de sa race, sans le vouloir. Les connaissances d'Eryel n'étaient pas complètes mais les travaux de l'elfe pour renforcer trois de ses sorts paraissaient impressionner l'illusionniste derrière son masque. Le mage notait beaucoup plus de détails... au grand malheur d'Eryel.
-Hahaha, rentable ce petit elfe ! Maintenant, avant que mon sort cesse de produire son effet, tu vas avoir l'honneur de tester une potion expérimentale.
Toujours sans défense, Eryel se retrouvait à boire un liquide verdâtre. Une mixture désagréable au goût de fruit de mer brûlait ses entrailles. En plus de cela, le holdar attrapa une seringue(Une grosse en fer et qui fait bien peur.) et l'enfonça dans la jambe de l'archer pour lui injecter... quelque chose.
-Renvoyez-le en cellule ! Au suivant !"

[Eleith]

Le froid fit frissonner l'elfe, la sortant peu à peu de son sommeil. Elle écarquilla les yeux, mais sa vision manquait cruellement de netteté. Le peu qu'elle vit ne la rassura pas : des barreaux, une paillasse sur laquelle elle reposait, un sol de pierre... Elle entreprit de se mettre debout, mais ses membres refusaient de lui obéir. Elle palpa ses jambes lui arrachant quelques grincement de douleur. Au moins, elle connaissait l'origine du froid.

Lorsque sa vision s'éclaircit, provoquant quelques maux de tête, elle inspecta le reste de la pièce, plusieurs cellules, la plupart était vide, d'autres contenaient des elfes qui s'étaient battus à ses côtés. Le seul individu indemne était habillé de noir et portait un masque étrange. Elle n'avait plus aucun doute sur l'identité des geôliers.

La colère l'envahit. La justice était sa raison de vivre, et elle se retrouvait enfermé par des ennemis qui s'empressaient de ne pas la respecter ! Elle se maudissait d'avoir voulu être tendre avec ces enfants du Mal. La mort est la seule réponse qu'on peut apporter aux Holdars. Elle se surprit à énoncer à haute voix ses pensées.

Je vous ferai payer votre malfaisance. Puisse notre Déesse rendre justice.

[Seifira]

Hrp: je tiens a vous féliciter pour ce rp super sympa à lire
J'ai hâte de voir la suite

[Erhan]

On en avait fini avec Eryel, c'était désormais le tour du guerrier nommé Sans-Os.
Le grand illusionniste provoqua le sommeil chez le maître-lame, avec des symptômes proches de ceux d'une bonne cuite. Sans la moindre goutte d'alcool, il était plongé dans le pays des rêves, rêves que l'illusionniste manipulait pour faire un terrible cauchemar. L'illusionniste utilisa son répertoire de sorts : Terreur et hurlement de la banshee, pour façonner les pensées de l'elfe. Désormais Sans-os voyait ses rêves troublés par des fantômes étranges hurlant à lui percer les oreilles.

Pendant ce temps, on ouvrait la cage pour attraper Sans-Os. Les geôliers l'emmenèrent jusqu'à la table du laboratoire. Observant le corps du guerrier, l'illusionniste étudiait attentivement l'important réseau de cicatrices. Comment un homme pouvait endurer autant de blessures dans sa vie ? Voilà une idée d'expérience intéressante. L'illusionniste attrapa son scalpel dans ses affaires et entreprit de rouvrir toutes les blessures du maître-lame.

Le corps se veina de rouge et le sang recouvrit le corps d'un voile vermeil. Cela ne semblait suffisant au goût du mage alors il ajouta des petites doses de poison dans les blessures puis attrapa une seringue, la même que pour Eryel et l'enfonça dans le ventre.

Content du résultat, celui-ci ordonna de ramener Sans-Os dans sa cage. Derrière les barreaux, l'illusionniste attendait avec une certaine impatience le réveil de l'elfe pour observer ses réactions.

Deux étaient déjà passés, il n'en restait plus qu'une.

[Sans-Os]

Le corps tétanisé de Sans-Os était aussi immobile que la pierre et il fallu un certains temps avant qu'il ne recouvre ses esprits et qu'il émerge, brutalement, du brouillard de sommeil dans lequel il semblait enfoui.

Ce que l'illusioniste attendait arriva comme l'hirondelle du printemps, la réaction du guerrier Haut-Elfe fut sans équivoque : un long hululement de douleur, le grincement de ses dents serrées à se briser et finalement un cri grinçant et rauque, un cri d'agonie et de mort. Une telle douleur semblait difficile à imaginer... le cri était tellement cassant que la gorge de l'Elfe semblait sur le point de s'ouvrir de l'intérieur.

Sans-Os prit un long moment pour retrouver son souffle, après quoi il commença à marmonner, fiévreux et enragé, amusé et loufoque. Comme s'il était devenu fou et qu'il ne restait rien de lui sinon un ricanement entrecoupé de hoquets d'une douleur perceptible.
L'Illusionniste dut s'approcher pour comprendre ses paroles, hachées par son souffle épuisé et les crispations de souffrance de son corps tremblant.

"Ho... Hooooooo... mal... telle... 'ment mal... Hohohoho, il... faudra plus... qu'ça ma... grande... J'aime... fais-moi 'core mal... non... si... blague... mauviette...huhuhu... fais-moi mal... ça m'touche... viens... m'fais rire... tu peux... faire mieux... après poison... je peux t'apprendre... ignorant... incompétent... un-con-pétant... peau à vif... et sel... et aiguilles chauffées... la chaux-fée et... huhuhu nerfs... et dents... ongles, trop facile... faire mal... faire bien... huhuhu... si mal..."

Aussi étrange que ça paraisse, il semblait souffrir au-delà de ce qu'il est possible d'endurer et il paraissait "aimer" ça...

Un Haut-Elfe masochiste, voilà qui était inhabituel.

[Eleith]

Le bruit de l'armure raclant le sol réveilla la jeune elfe. Le guerrier inconscient fut ramené dans sa cellule. Sa peau rouge vif était recouverte de blessures à peine refermées, et de certaines s'échappait un liquide inconnu. Le mage ferma la porte de la cage et contempla le corps inerte de sa victime.

Eleith fit un bilan de la situation : trois elfes, trois prisonniers, trois cobayes. Les deux autres prisonniers avaient disparu de nombreuses heures et revenaient dans un état pitoyable. La nature et le but de ces tourments restaient obscurs, mais la guerrière était convaincue que le mage s'adonnait avec plaisir à ces pratiques immorales. Son sadisme n'avait aucune limite, et l'étendue de son imagination laissait présager le pire.

L'elfe réprouva un sentiment de dégoût. Décidément, ces Holdars n'étaient que des êtres abjectes, et les terres d'Ecridel devrait être purifiées de ces abominations. Ses pensées dérivèrent, elle s'imagina empoignant son épée et tranchant les têtes de ses ennemis afin de servir la justice elfique.

Le regard du mage s'était posé sur elle, la sortant de sa rêverie. Elle était la prochaine et il voulait le faire savoir. Ses espoirs de bataille où le bien triompherait des holdars s'évaporèrent. Elle était enfermée dans une cellule attendant son passage dans la salle d'expérimentation. Fuir était utopique, ce cauchemar n'avait pas de fin. Ils n'étaient que les pantins répondant aux moindres caprices de l'illusionniste.

Eleith ne put réprimer un haut-le-cœur.

[Eryel]

- Vous ! aboya soudainement Eryel à l'attention de l'Illusionniste. Vous ne faites qu'attiser la haine entre nos peuples. Plus vous vous attaquez à nos chairs et à nos esprits, et plus vous vous attirerez les foudres de nos semblables. La puissance n'est pas éternelle en ce bas monde. Et tôt ou tard, vous serez confronté à votre destin que vous êtes en train de rendre de plus en plus lugubre.

Le Haut-Elfe inspira profondément avant de poursuivre :

- Il n'est pas trop tard pour racheter votre âme, en partie tout au moins ! Stoppez vos ignominies ! Je souhaite toujours parlementer avec vos autorités !

[Erhan]

L'illusionniste s'apprêtait à ordonner de déverrouiller la cage d'Eleith, la malheureuse venait juste de subir les puissants assauts psychiques du holdar mais il s'arrêta net sur les mots d'Eryel.


-"Stopper mes ignominies ?"

Une pointe de surprise émana de sa voix, pour se changer en colère dans la suite de son monologue.


"Idiot, idiot, idiot ! Vous n'êtes que des cobayes ! Comprenez-vous votre rôle ? Vous êtes là pour faire progresser notre technique ! Vous devriez être heureux de servir un si grand dessein ! Grâce à vous, nous pouvons créer des sorts plus puissants et explorer de nouvelles voies dans la magie ! Nous comprenons mieux la structure des corps créés par les dieux ! Ce n'est pas une question de puissance mais une question de connaissance. La connaissance, cette glorieuse souveraine qui permet de comprendre les mécanismes de notre univers. Votre peuple est aussi avide de connaissances que moi."

Les mots venaient rapidement avec une sorte de ferveur. Cet illusionniste était fou néanmoins, on ne pouvait pas lui reprocher de s'impliquer dans son travail. L'expérimentation semblait être sa passion, un violon d'Ingres morbide.


"Je me suis lassé de vous trois."

Le mage holdar effectua un petit signe de la main aux gardiens de la prisons qui s'approchèrent de leur maître.


"Piquez la dernière, jetez les trois dehors et balancez leurs armes avec. Envoyez Khandran les surveiller jusqu'à la fin de l'expérience."

Deux guerriers attrapèrent Eryel, un autre se chargea de Sans-os. Les deux elfes étaient sortit de leurs cellules et pouvaient difficilement se débattre avec leur convalescence, la menace de la magie et les malabars bleus.


"Demain, la nuit risque d'être agitée. Ahaha !"

L'illusionniste lâcha un dernier sort de sommeil sur les deux hommes. Probablement une précaution pour empêcher les deux elfes de remonter et de retrouver le laboratoire. Le plus inquiétant était cependant la dernière phrase. Cela n'augurait rien de bon.
Dans leur sommeil, Eryel et Sans-os commencèrent à rêver qu'ils étaient des loups. Des loups qui chassaient d'innocentes biches pour les dévorer. Un curieux rêve, surtout qu'ils faisaient exactement le même rêve.
On remonta les deux elfes dans la pièce au dessus de la prison. Pendant ce temps, on amena également Eleith au laboratoire où on la piqua comme un animal pour lui injecter l'étrange substance qui se trouvait dans les veines d'Eryel, de Sans-os et désormais dans les siennes.
L'illusionniste incanta à nouveau pour endormir la guerrière. Elle rejoignait le même rêve que ses camarades.

Une fois que les trois elfes dormaient dans le laboratoire, le mage holdar commença à psalmodier d'étranges litanies. Un dernier sortilège pour accompagner ses trois cobayes.

Les holdars transportèrent les corps jusqu'aux montagnes. Là les guerriers relâchèrent les trois elfes avant de décamper le plus vite possible en direction d'Andoras. Ils donnaient l'impression de ne pas vouloir être là au réveil des elfes.

Le rêve des elfes continuait. Ils avaient l'impression d'être dans le songe. Les trois se percevaient dans le même monde. Les loups les fixaient sans bruit dans une attente interminable et indescriptible -tant le temps pouvait être malléable dans réalité-, interrompue quand l'un des animaux s'approcha d'Eryel et rentra à l'intérieur de lui en disparaissant. Deux autres loups suivirent le mouvement et rentrèrent dans Sans-os et Eleith. Ce n'était pas douloureux mais dans cette monde onirique, ils avaient désormais l'impression d'êtres des loups. Plus forts, plus vifs et doués d'une plus grande perception, ils faisaient un avec cette créature puissante et majestueuse. Une fureur nouvelle coulait dans leurs esprits.

Au moment du réveil, le rêve continua.

[Eryel]

Un loup ! Il était un loup ! Pourtant ce rêve semblait si réel !

Un premier sentiment de peur se propagea dans ses veines face à cette situation inattendue. Puis la rage l'emporta. Il reconnut l'endroit, juste au nord-ouest du royaume holdar. Derrière cette muraille, il y avait les Holdars, dont un en particulier, un Illusionniste qui était à l'origine de sa rage. Le loup Eryel voulut se venger. La colère le fit sauter contre la muraille, tentant de l'escalader. A cet instant précis, ses pensées tournaient autour d'une unique obsession : planter ses crocs dans la gorge de son tortionnaire holdar. Mais ses griffes glissaient contre la paroi de pierre. La tentative était vaine. Au bout d'un certain temps, il se calma, à bout de souffle.

Deux autres loups l'accompagnaient. Ses nouveaux sens bestiaux lui indiquaient que ces deux autres canidés étaient ses compagnons de cellules. Il voulut leur parler, mais un son rauque, presque un grognement, sortit de sa gorge.



Eryel s'éloigna un peu de la muraille en direction du nord. Il aperçut des loups. De vrais loups ! Il s'en approcha pour tenter de communiquer. Peut-être pouvait-il s'en faire de nouveaux alliés. Mais ceux-ci restèrent à bonne distance, visiblement mal à l'aise face à une créature aussi étrange et familière à la fois. Ils grognaient néanmoins pour signaler à Eryel que c'était le territoire de leur meute et qu'il n'était pas le bienvenu.

[Eleith]

Les événements récents tourbillonnaient dans les rêves d'Eleith. Une prison, le froid, un geôlier particulièrement cruel.

gorge...

Elle fait face à un Holdar, les deux autres prisonniers sont mal en point. Elle est la prochaine.

chair...

Sa devise, la justice, saura punir ces mécréants. Son peuple les vengera.

sang...

Oui, pour la cause du juste, Elle ne résistera pas à l'envie de

mordre...

tuer les suppôts du Mal. Qu'est-ce que… Ses songes l'orientaient vers de nouvelles sensations, plus primaires, plus bestiales. Une faim inassouvie, une envie irrépressible de planter ses crocs dans une gorge, de faire couler le sang, de mordre la chair…

Ce besoin poussa Eleith à sortir de son rêve. Le retour à la réalité fut étrangement paisible. Une observation des alentours lui apprit qu'elle était libre, en dehors des murs d'Andoras… Avec cette obsession de vouloir mordre.

Un hoquet de surprise lorsqu'elle découvrit son nouvel aspect. Une fourrure, des crocs, des griffes. Non ! Elle était devenu un démon ! Eleith cherchait à défendre la cause du juste et se retrouve prisonnière dans un corps maléfique. En quête de pureté, elle est désormais souillée par le Mal ! Elle vouait sa vie à protéger les elfes de la corruption, mais ce nouvel aspect contredisait tous ses préceptes !

Que pouvait-elle bien faire ? Mordre, oui, cela semblait être la solution.

Un rapide coup d'œil lui apprit qu'un autre individu lui ressemblant courrait à travers la forêt. Mais elle avait d'autres préoccupations... Un bruit suspect attira son regard, une ombre disparut derrière un buisson. Se léchant les babines, Eleith entra dans une frénésie chasseresse. Sa victime n'était pas consciente du danger, et cette impression attisa la rage du loup garou.

Eleith essuya sa bouche d'un revers de la main, contemplant le loup étendu sur le sol. Cette chasse était une déception, mais elle avait réussi à combler -temporairement- sa faim. Se redressant, elle chercha les autres mi-humain mi-bête aperçus un peu plus tôt. Elle décida de rebrousser chemin, espérant au passage une autre proie à mordre...

Les pulsions bestiales prenaient peu à peu le contrôle d'Eleith. Une petite voix la poussait à la violence gratuite, sapant petit à petit sa volonté.

Ton esprit est à moi, arrogante elfe ! Je vais réduire en miette tes convictions en déchiquetant les elfes que tu cherches tant à défendre...

Elle fournissait de nombreux efforts pour ne pas céder complètement à l'emprise de l'animal qui avait élu domicile dans son esprit.