Deux roses - Tome 1 : Le début de leur histoire.
#1
Introduction

C'est une histoire auquel je tiens particulièrement. L'histoire de deux elfes, un frère et une sœur, à jamais liés par le sang et par un amour fraternel profond.
Ceci est l'histoire de Selena et Erevan Draghronce. Une histoire marquée par les découvertes, la recherche de la paix et de nombreux affrontements.
Avant d'en finir avec l'ère du déclin qui s'abat sur Ecridel, j'aimerai transcrire cette histoire depuis son début.
J'espère que vous aurez du plaisir à lire ces quelques textes.
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#2
[Image: lettrine_C.png]hapitre un - Naissance d'un nouvel astre


Je regarde par la fenêtre pour observer les étoiles. La nuit est bien sombre et le ciel voilé. Et elle s'annonce longue...
Voilà une heure que la sage femme est arrivée à la maison. Une heure qu'elle est dans la chambre avec ma mère. Mon père se trouve devant la cheminée de notre maison et, complètement perdu dans ses pensées, regarde sans le voir le feu d'un air anxieux. Il est comme ça depuis qu'on nous a interdit d'y entrer et que la sage-femme a fermé la porte.
Seuls quelques bruits étouffés nous parviennent de la chambre, mais rien de distinct. Ça n'a apparemment pas encore commencé.

Ma mère est enceinte. Voilà des mois que je regarde son ventre grossir sans cesse, en sachant qu'à l'intérieur grandit une vie. Je ne comprends pas bien comment un être vivant peut apparaître ainsi à l'intérieur d'un autre et passer autant de temps sans respirer. Père a dit qu'il m'expliquera quand je serai grand. Vu l'air embarrassé qu'il avait à chaque fois que je lui ai posé la question, je crois plutôt qu'il ne sait pas non plus.
Mère m'a dit que c'était le miracle de la vie, que chaque être vivant naissait ainsi et que moi aussi, un jour, j'étais né comme ça. Elle a également dit qu'un jour, mes enfants naîtraient de la même façon. Personnellement, je ne suis pas pressé de donner la vie : son ventre a l'air sur le point d'exploser, ça doit être douloureux. Elle a rit quand je lui ai dit, en disant que seules les femmes sont capables de porter un enfant. Elle a sans doute raison, mais je préfère être prudent. On est jamais à l'abri d'un accident.

Un cri retentit dans la maison. Mon père et moi nous tournons ensemble vers la source du bruit : la chambre. Un nouveau cri se fait entendre. Ça a commencé. Je vais bientôt être grand-frère.


Les cris de maman s'arrêtent enfin. Voilà des heures qu'elle hurle.
J'ai peur. Je ne sais pas si ça veut dire que le bébé est sorti ou si c'est autre chose... Père a l'air tout aussi inquiet que moi. Je lui prends la main. Ça ne sert à rien mais ça me rassure un peu. Pas assez.
Ni lui ni moi ne pouvons nous détourner de cette porte redevenue silencieuse. Nous attendons, debout, qu'on vienne nous annoncer une bonne nouvelle... en tout cas, je prie Fryelund pour qu'elle soit bonne.
La porte s'ouvre enfin. J'ai l'impression que ça fait une éternité que les cris ont cessés.
L'accoucheuse nous sourit et nous fait signe d'entrer. Père pousse un petit soupire, me lâche la main et se rue à l'intérieur. Apparemment, la nouvelle est bonne. Bizarrement, j'ai toujours peur. Je ne sais pas pourquoi.

Je me décide finalement à entrer. Père est debout à coté du lit. Il sourit tellement qu'il en a presque l'air bête.
Mère est allongée dans le lit. Elle est en nage, ses cheveux n'ont jamais été aussi mal peignés et lui collent au visage. Même les draps sont pleins de sang. Pourtant, elle a l'air plus radieuse que jamais. Elle est sereine, comme si c'était une autre femme qui avait hurlé à la mort ces dernières heures. Dans ses bras se trouve ce qui ressemble à une boule de linge blanc.
Elle lève les yeux vers moi quand j'entre et me dit :
- Vient Erevan. Vient dire bonjour à ta petite sœur.
Elle me tend la boule de linge une fois que je suis prêt du lit, en me précisant de faire attention. Je prends donc ce linge dans mes bras de mon mieux.

Au milieu du drap, je remarque un petit visage rond avec une mèche blonde sur le crâne. Deux petits yeux verts me regardent : Ma petite sœur. Je pourrai jurer l'avoir vu sourire, mais est-ce qu'un nouveau-né sait vraiment sourire ? Je ne sais pas. En tout cas, toute la peur que je ressentais s'est envolée. Je me sens heureux, maintenant. Je suis heureux de voir ce petit visage et de tenir ce bébé dans mes bras.


Après avoir donné un nom à ma petite sœur, Mère m'a offert un bijou : un joli croissant de lune en argent. Elle dit que je me rappellerai de ce jour à chaque fois que je le verrai. Je ne pense pas que j'oublierai ça de si tôt, de toute façon : je n'ai même pas neuf ans et me voilà grand frère.
Dehors, le ciel s'est éclaircit, la lune éclaire maintenant les hautes tours blanches d'Asteras. La nuit sera encore longue, mais je n'ai plus sommeil. Je préfère rester près de Selena, ma petite sœur que j'aime déjà.
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#3
[Image: lettrine_C.png]hapitre deux - Promenade en ville.

« - Maman, maman ! Viens voir ! »
Les tours blanches sont magnifiques. Elles partent d'une base large puis deviennent plus fine vers le ciel. Le toit des tours est recouvert d'or et de nombreux feux brûlent à leurs sommets. Maman m'avait dit l'autre jour que cela permet aux navires de voir la ville de loin quand il fait nuit. Les gens semblent tout petit depuis les remparts. Ils ressemblent à des fourmis. Le fleuve coule paresseusement. Je le contemple. L'eau est claire et teintée de bleu. Quelques poissons nagent dedans.
« - C'est beaaau.
- C'est l'Erion ma chérie
» rajoute Maman.
Je me cramponne à la manche de Maman. Elle est belle avec ses longs cheveux blonds. Maman me regarde avec ses grands yeux bleus et elle me sourit. Elle est tellement belle.
« - Dit maman, tu pense que je serai douée pour être une mage d'eau ?
- Aucun doute sur cela ma chérie ! Tu deviendra même la plus grande Archimage de tout les temps !
- Ouuuiiii !
»
Je rêve de moi en grande magicienne. Je suis capable de faire pleuvoir comme bon me semble et de faire obéir à tout mes ordres La magie n'a pas de secret pour moi. Je peux soigner les gens et éteindre des incendies.
« - Selena, regarde ! Un bateau. »
Le navire entre dans le port. J'ai de la chance d'être ici ! Je m'attarde sur la vision du fleuve et bateau. Il est beau, élancé et d'un bois claire. Les voiles attachés aux trois mâts sont aussi blanches que la ville. J'aime beaucoup le blanc, c'est une couleur lumineuse et pure. Tout les elfes semblent aimer le blanc car notre capitale est presque entièrement faite de marbre blanc. Le navire hisse haut les insignes de l'empire. Cela me donne envie d'être une grande navigatrice et de découvrir des terres inconnues, tout en étant la plus grande Archimage de tout les temps.
« - Ma chérie, on rentre. »
C'est dommage. J'ai envie de rester un peu plus. Maman a du le remarquer car elle pose un genou au sol pour me dire qu'on retourne ici demain. On doit faire des courses et rentrer à la maison.
« - Pfff. »
Oui, je suis pas contente. Maman garde son sourire.
« - Je vais t'acheter des bonbons.
- C'est vrai ?
- Oui ma chérie.
- Ouuuuuuaaaaaaais !
»
Je commence à tirer sur sa robe.
« - Vite maman ! »
Nous descendons les marches. Les dalles me rappellent le nacre.
Astéras est vraiment la plus belle ville du monde. Les gens sont aimables et nobles. Ils ont des grands sourires mais pas aussi beaux que ceux de Maman. Ma Maman est la plus belle et la plus gentille du monde.
Nous arrivons à la confiserie. Maman pousse la porte en lançant un joyeux « Venntaï » et le marchand lui répond. Il y a pleins de bocaux de toutes les couleurs sur les étagères. J'en désigne plusieurs.
« - Je veux ça, je veux ça, je veux ça et je veux ça ! »
Ma mère sourit et demande au monsieur de nous donner un peu de chaque. Il remplit un sac avec les différent dragées et caramels.
« - Cela vous fera cinq pièces d'or madame. »
Maman paye puis prend le sachet avant de me le donner. Je prends au hasard un bonbon et l'avale.
« - Mmmmm mherchi maman !
- De rien ma chérie. Tu viens ? On va acheter de quoi préparer un bon repas pour Papa et Erevan.
- Vui !
»
Je reprends la manche de Maman. Nous sommes dans les rues pleines de magasins. Nous n'avons pas beaucoup de choses à acheter, ça va aller vite. On passe voir le marchand de légumes. Comment maman l'appelle déjà ? Marèché ? Quelque chose dans le genre. Bref, on va voir ensuite le boulanger puis le poissonnier. On commence à rentrer à la maison.
« - Dis Maman, on mange quoi ?
- Du saumon mariné accompagné d'une salade composée
- Je peux t'aider ?
- Non ma chérie. Il va surtout falloir éplucher et couper les ingrédients. C'est dangereux pour une petite fille.
- Pff.
»
Maman me laisse jamais rien faire car c'est dangereux, c'est toujours la même chose. Au moins, quand je serai grande, elle pourra plus me dire que je suis trop petite. Na !
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#4
[Image: lettrine_C.png]hapitre trois - L'air pur de la campagne


Voilà plusieurs semaines que nous avons quitté la capitale pour nous installer dans ce village, non loin de la bourgade de Féréal.
Père et mère ont refusé de trop s'étendre sur les raisons de notre départ. D'après ce que j'ai compris, ils ont fait quelque chose qui n'a pas plu à des personnes importantes. Rien qui ne vaille la peine de laisser derrière nous notre maison et nos amis, à mon avis, mais bon.
En tout cas, la vie ici m'a l'air bien monotone. Les grandes tours de nacre d'Astéras ont laissé place à d'immenses arbres aux troncs si épais que je n'arrive pas à en faire le tour avec les bras. Les belles et hautes maisons elfique sont remplacées par des chaumières très simple presque intégralement faites de bois. Les grandes artères pavées de la capitale ne sont plus qu'un souvenir devant la rue tellement boueuse qu'elle pourrait passer pour un égout à ciel ouvert si il ne lui en manquait pas l'odeur.

Et pourtant, j'aime déjà ce village.
Cette ville miniature représente une face de l'empire que beaucoup semblent oublier à Astéras : la possibilité de cultiver sa terre et de vivre une vie, certes monotone, mais surtout simple et tranquille, loin des frasques de la cour.
Ici, nul besoin de se rendre à un observatoire ou de se munir d'appareils compliqués pour observer les étoiles. L'absence de toutes les lumières de la grande ville me permet de les observer distinctement depuis la fenêtre de ma chambre. L'air est plus frais, il embaume la rosée et les fleurs sauvages. Et le bruissement des arbres sous le vent sonne comme une musique à mes oreilles.

Mes amis me manquent un peu, mais je m'en suis fait de nouveaux ici. Il n'est plus question du poste occupé par nos pères ou de la richesse amassée par nos aïeux. Tous les enfants jouent ensemble, qu'ils soient fils du forgeron, du boucher, d'un fermier ou d'un simple habitant, comme moi. Enfin, tous... Tous sauf ma sœur.
Selena semble s'habituer moins bien à la vie ici que je ne le fais. Pour l'instant, elle reste à l'intérieur, plongé dans des livres. J'ai essayé de la faire sortir un peu, de lui montrer de belles choses qu'on ne trouve nulle part ailleurs, sans succès jusqu'à présent. Mais je ne perds pas espoir : j'arriverai bien à lui faire lever le nez de ses bouquins et à lui faire prendre goût à notre nouvelle ville.
En attendant, je m'amuse plutôt bien : nous grimpons aux arbres pour y construire des cabanes, on met au point des pièges pour capturer des lapins, ... Je n'avais jamais eu l'occasion de faire des choses pareilles en ville, et j'avoue y prendre beaucoup de plaisir. Nous nous entraînons même avec des bâtons, en imitant les adultes quand ils se battent.

Je me plais beaucoup ici, et j'avoue ne pas regretter la capitale. J'espère que nous y resterons longtemps.
Assez rêvassé, je ferai mieux de rentrer, maintenant. Le soleil commence à se coucher, père et mère doivent sans doute me chercher. Et ils ne me trouveront sans doute pas tout en haut de cet arbre. Mais avant de descendre, un dernier coup d'œil à la nature qui nous accueille ...
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#5
[Image: lettrine_C.png]hapitre quatre - Trouble.

Nous sommes au milieu d'autres elfes. Papa et Erevan nous accompagnent. Je m'accroche à la main de maman. J'ai peur. Depuis quelques jours, Papa rentre à la maison avec ses lames couvertes de sang. Maman et Erevan sont inquiets. Nous partons de la maison. Je ne sais pas où nous allons mais nous avons nos bagages, comme quand nous sommes partis d'Asteras. Je tremble. Maman s'arrête pour me prendre dans ses bras. J'ai peur. Maman me recoiffe en souriant mais elle semble stressée. Elle regarde également Erevan.
« -Selena, Erevan, mes enfants chéris, » commence Maman, « moi et votre père avons quelque chose à faire. Nous devons vous laisser seuls... »
NON ! Pas ça ! Reste Maman !
« -Erevan veille bien sur ta petite sœur. »
Je regarde Erevan. Il semble aussi perturbé. Il essaye de me sourire.
« - Oui Maman.
-Selena, ma chérie...
»
Maman me caresse les cheveux maintenant.
« -… Reste bien auprès d'Erevan. Ne sois pas trop capricieuse avec lui. Ne parle pas aux inconnus. Fais attention à toi. »
Maman me lâche la main. Quelque chose coule le long de ma joue. Je pleure alors que j'essaye d'ordinaire de me retenir, de ne pas être une fillette pleurnicharde, je préfère bouder ou être en colère, pas pleurer. Je n'ai pas envie de me retenir cette fois. Je suis vraiment triste. Je prends la main d'Erevan en même tant que Maman s'éloigne avec un sourire triste comme Papa. Erevan tremble un peu ou alors c'est moi. Je ne sais pas vraiment. J'ai une boule au ventre, j'ai le cœur serré, j'ai mal. Je ne vois plus Maman, c'est la première fois que je me sens autant éloignée d'elle. Je suis seule, seule avec Erevan. Je m'étouffe dans une masse d'elfes inconnus. J'ai peur. Erevan essaye de me rassurer en disant que tout va bien, que nous reverrons bientôt Papa et Maman.
Non ! Tout ne va pas bien mais je ne veux pas lui faire de peine. Je lui réponds « oui » sans y croire. Je ne crois pas à mon mensonge et lui non plus mais il semble l'ignorer. Nous restons plantés là. Je ne sais pas quoi faire. Erevan me tire doucement par la main. Nous suivons le groupe. Je ne connais pas notre destination, seulement la personne qui nous dirige : le gouverneur Pelethor.
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#6
[Image: lettrine_C.png]hapitre cinq - Au clair de la lune

Nous vivons heureux dans la forêt avec nos parents depuis quelques temps déjà. Nous avons emménagé dans une jolie maison construite à l'intérieur-même d'un arbre, comme la plupart des exilés semblent l'avoir fait. Cette ville nouvellement construite et fondue dans la nature a été baptisée Mitriath. La forêt elle-même a reçu le nom de Forêt de Pelethor, en l'honneur du gouverneur qui nous a conduit jusqu'ici, en sécurité.
D'après la rumeur, nous allons définitivement couper les ponts avec les autres Hauts-Elfes et nous renommer "Elfes Sylvains", pour marquer cette rupture et notre nouveau mode de vie forestier.
Je doute que l'empire accepte cette décision avec le sourire. J'espère que le gouverneur Pelethor, qui semble appelé à devenir notre nouveau roi, sait ce qu'il fait.

Depuis l'exil, il n'est pas passé une journée sans que je ne reste au moins une heure auprès de ma petite sœur. Je me plaît en sa compagnie pour une raison que je ne saurai expliquer.
Et puis... je crois qu'au fond de moi, l'exil n'a jamais vraiment cessé. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour Selena quand je ne suis pas avec elle, tout comme c'était le cas quand nous étions laissés à nous-mêmes durant la marche qui nous a amenés ici. Je me sens responsable d'elle, de sa protection et j'avoue à ma grande honte n'oser la laisser seule trop longtemps de peur qu'il lui arrive quelque chose.
Elle est jeune et fragile, plus que son apparence adulte et l'air qu'elle se donne ne le laisseraient croire. Et j'estime que c'est mon devoir de grand frère de m'assurer qu'il ne lui arrive rien de fâcheux.

Malheureusement, ce bonheur pourrait être parfait si il ne subsistait une ombre au tableau.
J'ignore si c'est la longue marche de l'exil qui a eu cet effet sur Selena ou si c'est moi qui l'ai trop exhortée à sortir s'aérer au lieu de rester plongée dans ses bouquins, mais elle s'est mise en tête de partir explorer le monde.
Bien sûr, nos parents sont contre cette idée. Ils estiment qu'elle n'a ni les compétences ni l'expérience nécessaire pour survivre seule dans le vaste monde peuplé de créatures hostiles. Vu que je m'inquiète moi-même en permanence pour ma cadette, ce n'est pas moi qui vais leur donner tort...
Et pourtant, ma sœur s'entête. Elle persiste à croire que le monde regorge de merveilles et elle tient à voir chacune d'elle de ses propres yeux. Quand nous sommes entre nous, elle me parle souvent des choses qu'elle a lu dans les livres et qu'elle souhaite contempler : les hautes murailles enneigées de Karad Zirkomen, la ville naine lovée au milieu des montagnes, le village gobelin d'Esk'Tyki au milieu des marais, les ruines des temples du sud, les plaines enneigées de l'Ingemann, ... J'avoue qu'imaginer tout ça me laisse rêveur, mais jamais je ne laisserai Selena et nos parents seuls pour aller découvrir le monde.

Aujourd'hui, ma sœur et nos parents se sont encore disputés à ce sujet. Je n'ai pas tout compris mais, vu les haussements de voix, je crois que ça s'est plutôt mal passé. J'espère quand même que rien n'a été dit qui pourrait être regretté par la suite. Connaissant Selena, ce ne sont pas quelques cris qui vont lui faire changer d'avis, mais elle a tendance à se laisser emporter facilement par ses émotions et elle serait capable de dire des choses blessantes sans les penser.

Pour l'instant, j'évite de prendre parti. Je me doute que viendra tôt ou tard le moment où ils me demanderont de choisir, mais je ne suis pas pressé que ça arrive. J'aime mes parents et ma sœur tout autant. Et bien que je ne souhaites pas voir Selena partir et la savoir en train de risquer sa vie à chaque instant, son idée de voyage pour découvrir le monde est plutôt séduisante... Je suis partagé entre mes parents et ma cadette, et avoir à choisir entre les deux est la dernière chose que je souhaites.

...

Selena est venue me parler il y a quelques minutes.
Je ne sais pas quoi faire.
Je l'ai écoutée préparer ses affaires dans la pièce d'à-coté.
Je ne sais plus quoi faire.
Comme nos parents sont contre l'idée de la laisser partir en exploration, elle a décidé de fuguer. Elle est venue me demander si je souhaitais partir avec elle. J'ai vu à son regard qu'il était inutile d'essayer de lui faire changer d'avis. Je n'ai pas su quoi lui répondre.
Tout est silencieux, maintenant. Selena, ma petite sœur, est partie.
Je ne sais pas quoi faire...

...

Je cours. Il fait nuit et le temps est plutôt frais. La lune est dissimulée par les nuages et le feuillage des arbres, ce qui rend les pistes plutôt difficiles à suivre. Heureusement pour moi, je sais par où Selena est partie, elle me l'a dit quand elle m'a proposé de la suivre. Pourquoi n'ai-je rien su lui répondre à ce moment-là ? Je l'ai laissée partir seule, sans rien dire ni faire. Quel idiot j'ai été. Je suis incapable de la laisser s'en aller seule, de toute façon...
J'ai passé en vitesse une armure de cuir, ma cape et pris mon épée avant de me lancer à sa poursuite. Mon fourreau me bat le flanc au rythme de ma course effrénée à travers les arbres. Si je me dépêche, je peux encore la rattraper avant qu'elle n'arrive au pont. Si je n'y arrive pas, je perdrai sa trace et je ne pourrai plus la retrouver.
Je t'en prie, petite sœur, attend-moi.

J'approche de la rivière. Voilà Selena, juste devant le pont.

- Selena, attend !

J'ai crié aussi fort que j'ai pu, je ne veux vraiment pas qu'elle s'en aille.
Elle se retourne vers moi. Je peux voir la surprise sur son visage malgré l'obscurité.

- Erevan ?

Je la rejoins, essoufflé mais heureux : j'ai pu la rattraper à temps, elle n'est pas partie sans moi. Je souris malgré la fatigue.

- Tu m'auras fait courir...
- Pourquoi es-tu venu ? Je ne reviendrai pas sur ma décision, tu le sais...
- Je ne suis pas ici pour te faire changer d'avis. Je viens avec toi, petite sœur.
- Tu viens ?
- Oui. Je n'ai pas su quoi te répondre quand tu es venue me demander... Mais je m'inquiéterai trop pour toi si je te laissais partir toute seule. Donc je viens. Au moins, nous serons deux.

Je lui souris toujours. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux de voir sa chevelure blonde depuis longtemps. J'ai failli laisser ma sœur chérie partir toute seule. J'ai failli perdre Selena...

- Tu n'es pas obligé Erevan...

Elle me prend dans ses bras. Je lui rend son étreinte et la serre doucement. Tu n'es pas seule, petite sœur...

... Mais je suis heureuse que tu sois là.
- Et moi, je suis heureux d'avoir pu te rattraper avant que tu ne sois partie. Je m'en serai énormément voulu d'avoir laissé ma petite sœur toute seule.
- Je... Merci grand frère.

Selena me lâche, ce que je fais à mon tour. Ses remerciements me pincent un peu le cœur. Je l'ai vraiment abandonnée et laissée toute seule, même si ce n'est que le temps du chemin jusqu'ici... Plus jamais ça. Je ne veux pas lui causer de peine.
J'affiche mon plus beau sourire pour essayer de la rassurer.

- Tu n'as pas besoin de me remercier. Je suis ton grand frère, non ? Jamais je ne laisserai tomber ma petite sœur.
- Oui, c'est vrai.

Selena sourit enfin. Je ramasse ses bagages et nous commençons à traverser le pont, main dans la main.
Nous nous dirigeons vers l'inconnu, le danger et la nature sauvage. Mais au moins, nous y allons ensemble.
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