Où le regard ne porte pas
#1
Les deux femmes pataugeaient dans les marais depuis plusieurs jours. L'atmosphère lourde et poisseuse avait commencé à leur porter sur les nerfs au bout de quelques heures. Le bourdonnement incessant des moustiques et l'agressivité de la faune locale n'avait qu'ajouté au charme des lieux. Après avoir râlé copieusement, Lynnantheya s'était mise à discuter avec les suceurs de sang. Certains lui répondirent et Merydwïn préféra partir cueillir des fleurs plus loin.

Cependant, même en cette saison incertaine, les elfes avaient remarqué le climat particulièrement désagréable qui s'était installé. Il faisait froid, le temps changeait vite et surtout de fortes bourrasques de vent balayaient les herbes d'ouest en est. Après plusieurs jours d'errances à attendre une tempête qui ne venait pas, les elfes étaient intrigués. Le vent venant d'Occident ne faiblissait pas.

Au final, Lynnantheya résuma la situation.

« C'est un travail pour l'Inquisition. »

C'est peut-être là-dessus qu'elle avait interrogé les moustiques…
Il leur fallut plusieurs jours de marche pénible dans la boue pour enfin rejoindre la côte. Devant eux, l'estuaire de l'Erion s'étalait sur plusieurs miles de large. L'eau était froide, le vent faisait danser les vagues. Un gros orage était peut-être en préparation.

La guerrière ne se dégonfla pas et partit barboter dans les eaux glacées. La mage préférait garder ses pieds dans un chaud relatif. Une onde de détection serait plus utile que des bottes mouillées. L'elfe incanta pendant qu'elles scrutaient l'horizon.
Fixant le couchant et le baie de l'Erion, les deux voyageurs cherchaient dans le ciel, une réponse à cet étrange climat.
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#2
Plongée jusqu'au genoux dans les eaux peu profondes de l'estuaire de l'Erion, Lynnantheya affichait un froncement de sourcils des plus perplexes. Partout dans l'Empire, les petites gens faisaient mention de gigantesques nuages sombres s'avançant près des côtes, symbole d'une catastrophe à venir.
Et si l'Inquisition lui avait appris quelque chose, c'est qu'il fallait toujours vérifier ces rumeurs folles. Ça faisait partie du métier.

Mais ce qui la travaillait, c'était la perspective de s'être déplacée pour rien. Des nuages noirs? Ça pouvait tout aussi bien être un gigantesque essaime de moustique du chaos prêt à ravager Ecridel ... ou bien il allait pleuvoir, tout simplement. Mais il fallait qu'elle en aie le cœur net. Et puis qui aurait surveillé Merydwïn si elle n'avait pas été la?

Solidement plantée au milieu des flots, elle continua à scruter l'horizon à la recherche d'un quelconque indice, en espérant qu'Orageuse ne finirait pas par rouiller.
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#3
Les Elfes n'eurent pas à attendre la réponse bien longtemps. Poussés par les embruns, les sombres nuées furent bientôt sur elles. Fryelund en soit remercié, il ne s'agissait pas là d'un essaim de moustiques, qui n'aurait pas manqué de fondre sur elles pour les laisser exsangues.

La vérité n'était cependant guère agréable. A peine le ciel commençait-il à s'obscurcir que quelques gouttes vinrent crever la surface de l'eau stagnante des marais avec un "ploc" retentissant.

La pluie... tout simplement la pluie. Une simple ondée...

Pas si simple en réalité. En quelques minutes, les "ploc" ponctuels devinrent un véritable concert tandis que les gouttes s'abattaient toujours plus grosses et plus nombreuses sur la mangrove ! Un éclair illumina la zone, rendue presque aussi noire que la nuit par la chape nuageuse qui dissimulait le soleil pourtant haut en cette heure.

Les deux jeunes femmes n'eurent qu'à échanger un regard pour s'accorder sur le fait qu'elles n'avaient pas intérêt à rester sur place...
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#4
Ou bien il allait pleuvoir, tout simplement.
Pleuvoir, tout simplement.
Pleuvoir...

Encore une fois la sagacité de l'Inquistrice avait fait mouche. A un détail près. Il ne pleuvait pas "tout simplement", c'était un véritable déluge avec trombes d'eau et rafales d'éclairs. Dès les premières ondées, elle s'était extirpée de la rivière. Un coup d'oeil à Merydwïn et leur décision fut prise : il fallait partir de la à tout prix.

Les deux elfes se séparèrent et bientôt le manteau de pluie vint les cacher l'une à la vue de l'autre. D'un pas mécanique, la guerrière se dirigea vers l'est sans trop savoir ou elle irait ensuite.

Peut-être à Nim Duin. Toute cette pluie pouvait bien être une fourberie Holdar, après tout.
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