01-08-2012, 14:55:40
Afiralia a écrit :Afiralia galopait aussi vite que ses pattes fébriles lui permettaient, et ce afin d'échapper à ses poursuivants, en l'occurrence des Haut-Elfes écumant de haine, voulant venger la destruction de leur village dont les noirs panaches de fumée qui s'en élevaient indiquaient qu'il brûlait toujours.
La centaure était désemparée comme à son habitude dans pareille situation.
Elle avait certes d'elle-même décidé de se joindre à l'attaque, non pour aider les nains dans un premier temps, mais pour protéger les membres de sa guilde qui avaient acceptés de joindre leurs forces à celles des nains pour se venger des Haut-Elfes.
A cela s'ajoutait la rancune que la druidesse portait aux elfes depuis qu'elle avait entendu les insultes et moqueries qu'ils inventaient à leur propos, et qui ne manquaient pas de blesser son peuple, mais aussi et surtout la déesse.
Cependant, même animée par la colère, elle n'avait pas imaginé que la situation allait dégénérer à ce point, et que les nains (aidés malheureusement par le chef de sa guilde, Arteo) iraient jusque là.
Dépassée par les événements, elle avait néanmoins su garder son calme, soutenue par sa déesse, et avait pu sauver certaines vies et faciliter la fuite de ses alliés en immobilisant temporairement leurs ennemis.
Cependant l'amertume et la frustration l'habitaient, car elle n'avait pu protéger Arteo et Artmal, qui furent bien vite vaincus dès leur entrée dans Tilador Erdana, ville qu'elle ne pourra jamais découvrir car durant l'attaque, elle avait préféré se tenir à l'extérieur en toute prudence, et à présent, le village était en ruines et en cendres.
C'est donc l'esprit confus et désemparé que la druidesse galopait depuis quelques heures déjà, même si elle savait qu'à présent, elle ne risquait rien.
Essoufflée, elle finit néanmoins par ralentir l'allure, et passa à un pas rapide, perdue dans un flot incessant d'émotions.
La peur.
La haine.
La tristesse.
Elle ne comprenait plus ses émotions et ne savait pas ce qu'elle devait ressentir à cet instant précis.
De la fierté ? C'est ce qu'elle avait imaginé avant l'attaque, néanmoins elle ne s'en sentait aucune pour ce qu'elle avait fait.
Cependant, la pensée d'avoir lavé en partie l'affront qui avait été fait à Aletheria et que les Haut-Elfes avaient en première, commençaient les hostilités avec une escarmouche prétentieuse près de Fael'Kaldora lui redonna courage et confiance en soi.
Elle avait bien agit, même si le prix avait été dur à payer.
La fatigue s'emparait peu à peu d'elle, remplaçant l'excitation des combats.
Aussi pensait-elle aller à Naël'Kaldora en une seule traite et en ne faisant que de rares pauses pour arriver à destination le plus vite possible et pouvoir se reposer.
Mais le destin et Aletheria sans doute aussi, n'entendaient pas les choses de la même manière qu'elle.
Alors qu'elle passait près des marais abritant le village gobelin, lasse, Afiralia aperçu un mouvement dans la boue néfaste et putride.
Sursautant, pensant immédiatement à une embuscade tendu par les Haut-Elfes afin d'attraper et éliminer les fuyards, la centaure s'apprêta à incanter, et s'approcha doucement et discrètement de la source du bruit.
Ecartant quelques branches qui lui gênaient la vue, elle découvrit bien vite le (ou plutôt dans cette situation précise, la) responsable : une elfe sylvaine, étonnamment nue, et qui, pataugeant piteusement et misérablement dans les marais, semblait chercher quelque chose.
La crainte d'Afiralia fit place au mépris, et à un certain amusement pervers :
La nudité n'était pas gênante chez les centaures, car il est courant que les femmes se promènent la poitrine nue et recouverte d'aucun apparat, même s'il arrivait bien entendu que d'autres femmes comme elle porte des vêtements, le plus souvent pour améliorer leurs aptitudes magiques, ce qui était son cas.
Néanmoins, la centaure avait entendu dire que la nudité était plus que gênant chez les autres races, voir même parfois offensant.
Afiralia s'imagina donc avec un malin plaisir quelle torture cela devait être pour cette elfe d'avoir à patauger dans les marais et ce dans son plus simple appareil.
Mais pourquoi était-elle nue en fait ?
La druidesse l'ignorait et elle en avait à vrai dire que peu faire : elle était loin de porter les sylvains dans son cœur, et au vu de tous les différents qu'elle avait pu avoir avec eux récemment, elle n'allait sans doute pas bouger le petit doigt pour aider l'une d'entre eux, même si cette dernière semblait en détresse.
C'est pourquoi Afiralia se mit à faire demi-tour, dans la plus totale indifférence… Quand soudain, un détail lui revint à l'esprit.
La centaure revint ses pas pour observer de nouveau l'elfe, et surtout : ses cheveux.
Ils étaient roux.
La druidesse se figea soudain.
Une sylvaine.
Rousse.
Serait-ce elle ? Yava la Rousse ? Cette ignoble garce qui avait osé pénétrait dans Naël Kaldora afin de placarder sur le tableau en face du temple une ode dédiée à Aletheria… A ALETHERIA !
Un tel acte était pire qu'un crime. C'est un affront, un blasphème, une profanation ! Une offense faite à Altheria ! Une démonstration supplémentaire de la cupidité et de la malveillance des sylvains !
Après avoir détruit l'ode et toutes preuves s'y rapportant, Afiralia avait juré devant La Lune elle même qu'elle la vengerait en éliminant de ses propres mains celle qui avait l'impertinence de venir la narguer, et ce en territoire centaure même.
Et à présent, voici que la coupable était là, en face d'elle, désarmée et en mauvaises postures, loin de chez elle, et donc loin de quelconques amis et frères de race qui pourrait venir la soutenir.
La colère monta en elle, cependant la centaure s'obligea à rester calme et à réfléchir froidement.
Il n'existait sans doute pas une seule sylvaine rousse sur Ecridel, or elle ne pouvait pas tuer quelqu'un impunément et de façon hasardeuse.
Ce serait qui plus est, une offense à la déesse que de tuer ainsi gratuitement en son nom, et elle ne pouvait se permettre d'insulter Aletheria.
Elle devait tout d'abord s'assurer que cette elfe était bien celle qu'elle recherchait, afin de ne pas commettre d'erreur qui pourrait par la suite, lui être préjudiciable… Mais comment ?
Dans l'état où elle se trouvait, elle doutait pouvoir réussir à se contenir face à l'elfe.
De plus, les Haut-Elfes étaient toujours à sa poursuite…
De plus, elle avait prit l'habitude de discerner les Elfes Sylvains des Haut-Elfes par leurs vêtements, mais dans ce cas précis, la tâche était ardu, même si certains détails laissaient peu de place au doute.
Soudain elle eu une idée.
Inspirant profondément, elle se calma peu à peu, laissant la passibilité de la nature environnante l'envahir et la réconforter, une technique de méditation qu'elle avait apprise lors de son apprentissage de la magie druidique.
Puis, émettant silencieusement une dernière prière à Aletheria pour qu'elle lui prête sa force, recula de quelques pas… Puis bondit de sa cachette en trombe, comme poursuivit par le diable lui-même.. Ce qui était en quelque sorte, vraie.
Elle galopa quelques mètres, affolée, regardant derrière elle, porta de nouveau son regard devant elle… Puis s'arrêta in extremis à quelques mètres à peine de l'elfe, comme venant à peine de la voir et ignorant jusqu'à alors qu'elle se trouvait ici, ce qui était bien entendu faux.
Feignant la surprise, les sourcils froncés et le regard noir, Afiralia adopta une attitude menaçante, stimulant l'essoufflement, regarda l'elfe, bâton tendu vers elle comme un avertissement, visiblement déconcertée.
Elle tremblait, et ce qui était en vérité de la fureur passait tout aussi bien pour de la peur et de l'épuisement à cet instant précis, ce qui ne pouvait que rendre plus réaliste sa comédie.
Enfin, d'une voix hésitante mais aussi prudente, elle posa à l'individu se trouvant devant elle une question simple mais pour le moins pertinente au vu de la situation:
-Haut-Elfe ou Sylvaine ?
Ou plus généralement: "Ennemie ou amie" ?
Yava a écrit :Juste avant...
C'est la fraîcheur de la rosée qui la réveilla. La fraîcheur lui caressant les hanches la fit frissonner. Elle grommela quelque chose, puis ouvrit brutalement les yeux, sursautant. Sa crinière rousse, en pagaille sur ses épaules, ne la faisait que davantage ressemblait à une sauvageonne ou une nymphe perdue. Ses yeux d'émeraude observèrent rapidement son corps et elle se rendit compte des quelques blessures qu'elle avait sur elle, mais surtout de sa nudité. Sa poitrine ronde et ferme n'avait plus de tunique pour se cacher, et ses cuisses bombées se retrouvaient elles aussi à la vue de tous. Son bâton de buis avait également disparu, et son pendentif également.
Sa peau de lait était alors découpée par le soleil filtrant à travers la canopée de la foret : Halista elle-même devait regarder d'un œil dubitatif l'étrange accoutrement de la sauvage.
Une tâche plus claire attira son attention. Une lettre. Elle tendit la main et l'attira à elle pour la déchiffrer. Cette fois-ci, ce n'était pas un langage codé mais bel et bien une lettre, écrite avec des mots qu'elle comprenait, et venant du Korrigan lui-même. Elle grimaça à la fin de cette dernière. Alors ainsi, le petit fourbe avait piqué ses vêtements – et l'anneau des Holdars – pour la laisser nue sur la rosée ?
Quelle bonne âme, grommela Yava en se redressant.
Si la nudité lui importait peu – et fort heureusement elle n'avait pas reçu l'éducation de Mitriath sur les conventions et les bonnes manières – elle savait pertinemment que la Plaine de Karios était à l'heure actuelle habitée, et que nue, son espérance de vie était fort basse, voir quasi inexistante. Aussi, si les secondes étaient comptées, il faudrait qu'elle retrouve bien vite ses vêtements… ou ce serait à la mort de la trouver.
Le Korrigan lui disait de chercher dans la boue, mais de la boue, aux alentours du village abandonné, il n'y avait que ça, à commencer par les marécages du village gobelin. Elle fit la moue, se demandant si elle avait à s'éloigner autant du village pour retrouver ses vêtements.
Quelques longues secondes d'hésitation plus tard, elle prit la peine d'avancer jusqu'à Esk'tyki, bien décidée à retrouver ce qu'elle venait de perdre.
Elle passa deux jours sur la route, se cachant derrière les arbres et dans l'eau, affrontant un moustique qui laissa sur ses flancs la marque de son poison, avant de voir enfin la couleur du marécage boueux du village des gobelins bleus. Elle posa ses yeux sur le mélange de fange et de terre, avant d'y plonger. Un pied, puis un autre, elle s'enfonça jusqu'à la taille dans la terre crasseuse. Elle était passée ici, des mois auparavant, mais jamais elle ne se serait attendue à revenir ici pour y chercher ses vêtements.
Ses doigts raclèrent le marécage, ne sachant vraiment comment s'y prendre pour trouver son armure et son arme. Elle y plongea le buste une fois, si bien que sa peau, jadis laiteuse comme une pêche, à peine dorée par le soleil qui rarement traverse la forêt, fut marquée du noire de l'eau croupi et de la terre boueuse. Seul son visage restait blanc, et ses longues oreilles perçaient à travers sa chevelure encore humide, ayant traversée l'Erion quelques minutes avant.
Elle se crispa brutalement en entendant le bruit de sabot furieux sur le sol. Tous ses sens lui crièrent qu'elle avait eu raison d'avoir peur, qu'elle avait eu raison de se dire que sa durée de vie était minime à découvert, mais aucun ne lui chuchota de fuir. Elle se retourna, le visage stoïque, ses grands yeux d'émeraude ouverts et fixés sur la nouvelle inconnue qui s'avérait être un centaure – ou tout du moins une centauresse.
Elle semblait avoir peur, elle semblait aussi essoufflée.
Yava ne cilla pas.
On lui avait murmurait que les affrontements aux frontières étaient incessants depuis l'attaque des hauts-elfes, mais elle n'avait jamais eu vraiment en face d'elle la preuve. Peut-être que la centauresse fuyait un animal après tout.
« Haut-Elfe ou Sylvaine ? »
Dans le flot noir et boueux, Yava sembla réfléchir à sa réponse.
Quand elle avait quitté Mitriath, c'était à l'époque où on avait trainée, enchaînée, celle que l'on disait avoir attaqué un sylvain, et c'était une centauresse dont elle ne se souvenait plus le nom. Puis il y avait eu l'attaque sur les frontières, où les elfes sylvains et les centaures s'étaient mis dans le même camp afin de repousser le front haut-elfe.
Dans un cas comme dans un autre, les différents du passé la poussaient à rester méfiante.
En mauvaise posture, nue et sans défense, elle faisait une proie de choix pour un prédateur peu regardant.
Elle se racla la gorge. Ses yeux émeraude la fixaient, grands. Trop grands.
L'archidruide n'avait cependant pas peur. Pas encore.
« Je suis fille d'Halista, brüsein de mon état. »
Elle avait beau regardé la centauresse, elle ne se souvenait pas que Le Loup ait pu un jour lui racontait une histoire avec une femme aux cheveux couleur de terre sec et aux yeux noirs. D'ailleurs, elle ne se souvenait pas vraiment que Le Loup lui ait un jour parlé d'un autre centaure.
« Je… » Elle hésita, quelques secondes, à peine, avant de froncer légèrement les sourcils, comme si elle n'arrivait pas à se décider sur ce qu'elle voulait dire. « Vous êtes une biche. »
Ses yeux ne quittaient pas la centauresse, mais plus elle la regardait, plus elle doutait. Elle n'avait que rarement vu de centaure, mais jamais avec un corps de biche ou de cerf. Peut-être n'était-elle pas une centauresse d'ailleurs. Peut-être était-elle… autre chose ?
Afiralia a écrit :« Vous êtes une biche. »
Si Afiralia pouvait foudroyer d'un simple regard la sylvaine pour son impertinence, elle l'aurait sans hésiter fait.
A ces mots, son visage se durcit, sa mâchoire se crispa, et les jointures de ses doigts tenant son bâton blanchissaient à vue d'œil tant elle les serrait fort sous le coup de la colère.
Son regard, noir et tranchant comme le fil d'une épée transperça Yava, comme si elle sondait son âme même.
Elle n'appréciait jamais que l'on souligne sa différence physique avec les autres centaures, car cela lui rappelait qu'elle était différente, ainsi que de biens mauvais souvenirs.
Heureusement pour elle, ses frères et sœurs de race s'étaient habitués à cette particularité physique et ne faisait guère attention à elle à présent, et généralement les membres des autres races étaient trop aveugles ou ignorants sur son peuple pour constater qu'elle différait d'eux par cet aspect.
Cependant ce "détail" n'était pas passé inaperçu auprès de l'elfe, et elle avait mis que peu de temps à le relever.
D'une voix plus glaciale et sombre que la nuit, elle répondit à la sylvaine sur un ton irrité, en détachant bien chaque mot, luttant pour ne pas céder à la colère:
-Je ne suis pas... une biche.
Je suis et resterait une centaure, fille d'Aletheria, notre déesse céleste.
Je ne suis et ne serait rien d'autre que cela.
Est-ce clair ?
En ébullition, la centaure se demanda si elle ne devait pas punir sur le champ l'effrontée pour son arrogance... Mais elle s'abstint bien de le faire.
Cela serait gâcher les efforts dépensés jusque là pour stimuler sa fuite et entamer la discussion avec l'elfe.
De plus, même méprisante envers les sylvains, la druidesse n'appréciait jamais d'ôter elle-même une vie, ce qui s'expliquait sans doute par sa formation de druide, et ne le faisait qu'en cas d'obligation.
Bien entendu, si par la suite, il s'avérait que cette jeune elfe était bien celle qu'elle recherchait, et elle n'hésitera alors pas un seul instant, et abattra son courroux sur l'impétueuse.
Mais patience, patience... Elle savait que, même si la jeune femme qui était devant elle se révélait ne pas être « Yava la Rousse », elle trouverait bien un jour cette dernière car c'était la volonté d'Aletheria. Et alors, quand ce jour arrivera, elle punira sans pitié ni remords la coupable pour son acte infâme.
Mais pour l'instant, elle devait dissimuler ses véritables intentions, et continuer de jouer la comédie.
Afin déviter d'être trahie par ses émotions, Afiralia tourna la tête pour regarder derrière elle, comme pour surveiller ses arrières... Ce qui était vrai, car quelques instants plus tôt, elle avait aperçu un de ses camarades de l'Irih Aletheria traverser la plaine couvert de blessures. Les Haut-Elfes n'étaient pas loin.
Elle ne devait pas rester ici... Cependant, elle refusait de partir tant qu'elle n'aurait pas confirmer l'identité de la femme rousse.
Si ce qu'elle supposait s'avérer vrai, alors elle n'aura sans doute pas de meilleure occasion que celle-ci.
Se retournant vers Yava, calmée, elle dit d'une voix neutre:
-J'ignore ce que vous faites ici, mais vous ne devriez pas trop traîner dans ces lieux: les Haut-Elfes sont en chemin et ont soif de sang, et ils n'hésiteront pas à massacrer et tuer tout ce qu'ils trouveront sur leur chemin... Comme à leur ignoble habitude.
Il est donc dangereux de rester ici, surtout pour une personne seule et sans équipement ni protections.
Sé sé.
Se redressant, la centaure fit mine de continuer son chemin... Avant de s'arrêter.
Elle ne comptait pas, bien entendu, partir maintenant, cependant une question la taraudait, et cela ne faisait pas partie de sa comédie. N'ayant rien à perdre à la poser, la centaure se tourna une nouvelle fois vers l'elfe, l'examina quelques instants d'un regard presque inquisiteur, puis demanda, à la fois consternée et intriguée:
Pourquoi êtes-vous nue ? Je croyais que les membres de votre peuple portaient constamment des vêtements… Ai-je tort ?
Yava a écrit :Au regard que la centauresse venait de lui jeter, elle avait vu juste. Elle était bien une biche, et visiblement, ce n'était pas une très bonne chose pour la centauresse. Peut-être était là la marque de la laideur, quand bien même Yava trouvait bien plus élégant et joli les jambes graciles d'une biche aux poteaux implacables d'un canasson tel que Le Loup, mais peut-être que cela venait du fait que sa formation de druide la conduisait davantage à vénérer la biche et le cerf aux équidés, moins vigoureux mais plus endurant sans doute.
La rousse ne cilla pas quand la centauresse lui parla. Si elle avait suscité en elle la colère, elle ne l'avait pas fait volontairement, et c'était bien pour cela qu'elle n'irait pas s'excuser de quoi que ce soit. Son regard d'émeraude resta figé sur le visage couleur de terre, droit.
Elle ne répondit pas, et pensa un instant que la centauresse s'en irait sans davantage de bavardage, mais à la place de cela, elle continua de parler. La rousse était restée dans la boue, à tenter de rattraper des vêtements qui visiblement n'étaient pas ici. Sans doute le Korrigan les lui avait cachés plus loin. Elle fit une moue, alors qu'Afiralia reprenait la discussion. Yava leva sur elle ses yeux d'émeraude, silencieuse, un instant.
« J'ose croire qu'il n'y a pas d'hommes et de femmes qui ont si peu d'honneur pour tuer une personne pataugeant dans la boue sans armes et sans vêtements… » Elle marqua une pause, avant de sourire, d'un sourire de renard. « Mais venant de hauts-elfes, ça ne m'étonnerait pas, en effet. Merci du conseil. »
Les yeux verts de l'elfe suivirent les premiers pas de la centaure. Elle s'en allait, enfin.
La rousse tourna le dos et agita ses doigts dans la boue, commençant à regagner la rive. Elle sortit de la boue nauséabonde et regarda pas dessus son épaule. Elle était nue, mais elle n'avait pas honte. Non pas parce que son corps, finement musclé, haut et aux courbes sulfureuses, n'avait rien à envier à qui que ce soit, mais davantage car elle n'avait pas été habitué à voir la nudité comme choquante. Pour avoir vécue en ermite une centaine d'années, elle ne comptait plus les fois où, suite à une transformation en biche trop rapide, elle avait craquelé ses haillons.
Yava eut un sourire, amusée.
« Les gens de mon peuple ont gardé l'héritage des anciens, et portent des robes et des armures c'est bien vrai. Moi-même j'en avais une, d'armure, avant de rencontrer un sale petit gredin… » Elle détourna les yeux, regardant au loin le village, ou tout du moins ce qu'elle croyait être la direction du village. « Un petit Korrigan a dérobé mes habits cette nuit. Je les cherche depuis l'aube, sans succès. Il m'a dit les avoir laisser dans la boue, mais je crois, hélas, qu'il ne parlait pas des marécages… »
Elle se regarda et soupira.
« De l'eau claire me fera le plus grand bien. Si je ne les trouve pas, je quitterais la plaine avant d'apercevoir des hauts-elfes. »
Elle regarda la centauresse, et eut un sourire, calme. Elle s'apprêtait à partir pour le fleuve.
« J'espère que vous regagnerez la forêt avant moi, et ce, sauve. »
La discussion était finie pour elle. Elle tourna le dos, fit quelques pas et entra dans l'eau froide de la rivière, pour se nettoyer de la crasse du marécage où finalement elle n'avait rien trouvé.
Le ciel s'assombrissait, la nuit venait à tomber. Elle venait de perdre une journée entière…
Et au loin se dessinait déjà une troisième présence, qu'elle pouvait sentir sans la voir pourtant.
Afiralia a écrit :Afiralia enrageait.
L'elfe lui filait entre les mains, et elle n'avait pas encore réussi à lui soutirer de nom.
Et pour ne rien arranger, une Haut-Elfe débarqua de la route menant de Tilador à Nim Duin et se mit à attaquer ses frères sans autre forme de procès.
La centaure lança sur la Haut-Elfe quelques malédictions afin de la rendre plus vulnérables, puis l'attaqua avec la magie de La Lune, et même si elle réussit à la toucher, le bouclier de mana de la mage Haut-Elfe absorba une grande partie du sort, minimisant ainsi les dégâts.
Cependant Arteo et d'autres centaures arrivèrent pour assaillir à leur tour l'elfe, qui ne tarda pas à tomber sous leurs assauts combinés.
La centaure jeta un bref regard au corps inanimé et inconscient allongé sur l'herbe, mal à l'aise, puis reporta son regard sur la sylvaine... Qui n'était plus là.
La druidesse commença à paniquer et à s'insulter de tous les noms, punition pour avoir laisser pareille occasion... Quand des bruits de clapotis et d'eau lui parvinrent.
Regardant au loin, elle vit -non sans soulagement- l'elfe au teint blanc et aux cheveux de feu faire une toilette dans la rivière.
Certains s'attarderaient devant ce tableau enchanteur, pouvant penser qu'ils observaient devant eux une véritable et splendide nymphe sortie des eaux, et étant rongés par le dilemme suivant: oser l'aborder ou rester un observateur caché et silencieux ?
Afiralia elle, ne voyait pas les choses ainsi, et devait faire face à un tout autre dilemme: devait-elle insister auprès de l'elfe au risque de devenir suspecte, ou bien la tuer même en étant en proie au doute, en priant pour que le hasard lui soit favorable ?
Elle réfléchissait, réfléchissait, mais jamais elle n'arriva à se décider.
Furieuse face à son incapacité à réfléchir intelligemment et calmement dans pareilles situation, elle décidé d'en terminer avec cette torture inutile qu'elle s'infligeait à elle-même, et laissa sa colère prendre le dessus.
Incantant à voix basse, elle commença à invoquer la puissance de la Lune afin de l'abattre définitivement sur la sylvaine en train de prendre innocemment son bain... Puis s'arrêta net dans son geste et se tut.
Elle avait l'impression d'avoir entendu la sylvaine parler... S'adressait-elle à elle ? L'avait-elle découvert ?
La panique commença à s'emparer de son esprit, mais très vite, elle s'obligea au calme: non, elle ne lui parlait pas, car elle ne parlait pas le commun, mais une langue qu'Afiralia connaissait néanmoins, sans qu'elle arriva à savoir ce dont il en retournait, fouillant dans ses souvenirs en vain.
Puis elle vit la blessure de l'elfe à la hanche qu'elle avait remarqué auparavant, se refermer et cicatriser lentement sous ses yeux.
Elle connaissait cette magie.
La magie des druides.
Afiralia se mordit la lèvre.
Elle avait en face d'elle une druide, sans doute même une archidruide, comme elle.
Et cela ne manquait pas de compliquer de façon non négligente son affaire.
Même si les relations centaures et sylvaines étaient tendues, la communauté druidique elle, constitué d'autant de sylvains que de centaures, faisait fi des conflits et restait soudée, ce qui s'expliquait par le fait que le druidisme avait été appris aux centaures par les sylvains, chose qu'elle avait toujours eu du mal à accepter, mais contre laquelle elle était impuissante et ne pouvait rien faire.
Si elle tuait l'elfe maintenant, l'accident aurait de grandes chances de parvenir aux autres archidruides, et elle pourrait être punie, voir pire, être bannie de la communauté et déchue de ses droits et de son titre.
Et elle ne pouvait pas gâcher volontairement tous les efforts qu'elle avait dépensé jusque là pour devenir ce qu'elle était aujourd'hui, et il y avait une autre raison, beaucoup plus importante: si elle ne restait pas parmi les druides, elle ne pourra jamais retrouver sa forme d'origine.
Mais malheureusement, elle ne pouvait pas non plus offenser la déesse en laissant l'effrontée qui l'avait blessé continuer à vivre.
Que devait-elle faire ? Mais que devait-elle faire ?
Elle devait punir l'elfe, c'était une chose sûre et certaine sur laquelle elle ne reviendrait pas.
Mais elle devait pour cela délaisser la méthode brute, c'est-à-dire la tuer elle-même, et favoriser la ruse.
Mais comment ?
Comment ruser pour entraîner la sylvaine à sa perte ?
Elle n'allait quand même pas devenir son amie pour-
L'esprit de la druidesse s'illumina, tandis que tout un plan se construisait peu à peu dans son esprit.
Oui… En s'y prenant ainsi, elle pourrait réussir à atteindre son objectif.
Mais cela lui demandera des sacrifices… D'importants sacrifices d'elle-même.
Cependant, pour le bonheur de sa déesse, elle était prête à tout.
A tout.
Même mourir.
Un sourire se dessina peu à peu sur le visage de la centaure, qu'on ne pourrait qualifier de bienveillant ou au contraire de totalement malveillant.
S'approchant doucement de l'elfe, sans gestes brusques, elle proposa, d'une voix douce et rassurante :
-Vous voir ainsi dans une pareille situation me fait de la peine.
Laissez-moi vous aider à retrouver vos vêtements et à en terminer avec la mauvaise farce de ce korrigan moqueur.
Après tout, ne devons nous pas nous prêter mutuellement main forte, en tant que consœurs ?
Pour appuyer ses propos, elle se mit à fredonner une petite mélodie.
Un corbeau apparu soudain dans le ciel et se dirigea vers elle, pour se poser enfin sur le bras que la druidesse lui tendait.
Tandis qu'elle caressait avec délicatesse la tête de l'oiseau et lui murmurait quelques mots dans la langue des druides, elle plongea son regard dans les yeux émeraude de son interlocutrice.
Yava a écrit :Il venait de se passer quelque chose derrière elle, mais la rousse ne cilla pas. Elle n'avait pas envie de porter attention à autres choses qu'à ses habits. Elle avait été distraite de nombreuses fois ces derniers temps, et ce n'était certainement pas pour l'être encore et finir plus que nue – ce qui aurait été difficile, il fallait l'avouer. Au moins le Korrigan lui avait laissé une petite besace avec le fruit de ses dernières cueillettes.
Elle entra dans l'eau froide, et passa la même eau claire sur son corps. Ses doigts semblaient caresser, mais c'était davantage l'eau qui avait cet effet. Elle frissonna sous la nouvelle fraîcheur, les joues s'empourprant à peine, alors que l'eau tout autour d'elle devint un peu plus crasseuse. Elle murmura quelques mots d'une langue que peu connurent, et lentement la plaie infligée par le moustique se referma à une vitesse surnaturelle.
Au moins, même nue, elle restait encore divinement dangereuse.
Ses grands yeux d'émeraude se rouvrirent pour se poser sur la centauresse au corps de biche. Elle resta silencieuse, quand bien même le corbeau l'aurait fait sourire en temps normal. Entre archidruide – parce qu'elle était sûre que la centauresse l'était, ou était en voie de le devenir – il y avait cette façon de ne pas parler, ces silences respectueux et plein de sens.
« Oh, c'est très gentil de votre part… » Un petit sourire naquit sur le visage de renard de la rousse. « Le Korrigan m'a volée quand j'étais endormie près du village où Nagoth est passé. Je pense qu'ils ne sont pas très loin. Il m'a juste dit qu'ils baignaient dans la boue… J'avais bien pensé au marécage, mais ils n'y sont pas. Je pense passer l'Erion et retourner au village. Je regarderais dans les écuries, et dans la ferme… »
Elle jeta un dernier regard à Afiralia et s'éloigna.
Elle n'avait pas besoin de noms pour se fier à la centauresse. On aurait pu la croire naïve, mais Yava avait tendance à croire que la méchanceté était inscrite sur le visage, et quand elle regardait la jeune centaure, elle ne ressentait aucune amertume, rien. Peut-être une certaine méfiance, mais elle avait toujours été méfiante, sauvageonne à sa façon. Sa propre guilde ne semblait pas au courant de qui elle était vraiment, de son histoire non plus.
Elle reprit son chemin, silencieuse. Ses yeux d'émeraude cherchaient un coin derrière les buissons, mais une armure aussi belle que la sienne aurait pu disparaître sur le sol même, tant il se confondait avec les feuilles.
Elle marcha quelques temps, sans regarder derrière elle, avant de croiser un autre sylvain. Le jeune Olibrius, qu'elle avait déjà croisé dans la grotte où ils avaient, eux et ainsi que d'autres sylvains, abattus le Cadavre Végétale, un ancien haut-elfe déchu dans la folie des plantes, sans doute. C'est tout du moins ce qu'elle pensait.
« Ne me regardez pas ainsi, je sais. » Elle eut un petit rire. Ses joues s'empourpraient à peine, non pas de gêne, mais elle comprenait bien qu'elle ne laissait pas grand monde indifférent, tout du moins pas ceux de son espèce, et reprit : « Un Korrigan m'a volé il y a peu, je n'ai plus rien… »
« Hum… Heu… Prenez ma cape en attendant. »
Un petit sourire plein de merci s'étira sur le visage de porcelaine de la syvlaine qui enfila sur ses épaules la cape, la ceinturant autour de son buste afin d'en faire une sorte de robe étrange. Elle le regarda, avec un petit sourire timide.
« C'est gentil de votre part Olibrius.
Mais… Que faîtes-vous dans la région ? »
Quand elle avait quitté des yeux les autres sylvains, c'était à Mitriath.
Sous la cape du sylvain, sa peau tranchait, trop claire. Sa tignasse de feu encadrait un visage fin et radieux. Elle n'avait pas honte. Pas le moins du monde.
Olibrius a écrit :Olibrius contenu sa surprise de voir une elfe dévêtue seule, ou presque dans cet endroit dangereux, croisée de mouvements de troupes.
Je me promène dans ce bois. Et je chasse le nain, à l'occasion.
En réalité, il chassait bien plus qu'il ne se promenait.
Comment comptez-vous vous y prendre pour récupérer vos effets ?
Yava a écrit :Un sourire comme toute réponse, la rousse lui aurait bien répondu qu'elle les cherchait depuis deux jours, cela lui semblait évident comme réponse. Elle releva une mèche de cheveux derrière son oreille, calme.
« Je me rendais au village abandonné.
Je pense que le petit gredin a laissé mes affaires dans une des bâtisses, ou dans l'écurie en ruine. J'espère les retrouver au plus vite, on m'a parlé des mouvements des hauts-elfes dans la plaine... »
Elle jeta un regard derrière elle, se rappelant alors qu'Afiralia n'était pas loin.
Cependant elle avait disparu de son champs de vision. Il lui fallu froncer les sourcils et forçait sur sa vue pour pouvoir apercevoir son teint mât, plus loin.
Olibrius a écrit :Olibrius ne paraissait pas insensible au charme de Yava. Quand il ne fixait pas le sol avec une attention toute particulière, ses yeux se perdaient dans sa chevelure rousse. Tentant de se ressaisir, il reprit :
Comment vous êtes-vous attiré les foudres d'un korrigan ?
En tout cas, nous sommes pour le moment en sécurité, je n'ai pas vu d'haut elfe venir ici depuis longtemps.