Extraits du Journal de Kalina, future Archimage au service de l'Empire.
Citation :Douzième jour du mois des Fleurs, Nim Duin.
Daenariel a commencé un journal depuis quelques temps. J'ai l'impression qu'elle fait ça pour se rendre intéressante, mais comme elle est à moitié illettrée, ça ne doit pas être joli. Il ne faudrait pas que l'image de la famille soit trop entachée par tout ça, alors j'ai décidé d'acheter aussi un journal lors de mon dernier passage à Tilador et j'y raconterai nos pérégrinations.
Nous sommes arrivés à Nim Duin hier. C'est plutôt joli comme poste avancé et les murs ont l'air solide. Les frontaliers nous avaient convoqués. Ces gens sont un peu étranges, mais dans le fond j'ai l'impression qu'ils nous apprécient. Il faut dire qu'on fait parfois une partie de leur boulot et que vu la longueur de nos frontières, ce n'est pas toujours négligeable.
La Maîtresse de leur Ordre voulait nous voir, cela m'a ouvert les yeux sur différentes choses. On a eu droit à quelques réprimandes pour l'affaire de la bulette et des nains qui y étaient restés, mais ça s'est vite calmé. Après tout, ce qui est fait est fait et les ennemis de nos ennemis sont nos amis.
La cave du refuge des frontaliers semble plutôt bonne, en tout cas ils n'ont l'air de ne manquer de rien, si ce n'est peut-être d'effectifs pour des patrouilles plus fréquentes. Ca va nous donner l'occasion de nous promener aux frontières avec l'aval de l'Ordre. Il parait que les sylvains et centaures font des troubles aux lisières de la forêt. C'est un peu bizarre quand on pense qu'ils semblent préférer l'abri des arbres aux plaines, mais qui suis-je pour essayer de comprendre un traitre ou un centaure.
Ces centaures m'intriguent, j'aimerais bien en rencontrer un peu plus longuement que ce que j'ai eu l'occasion de voir en Ingemann. Ceux que j'y avais croisés avaient semblé droits et justes. Contrairement aux nains ou aux forestiers, nous n'avons au final eu que très peu d'interactions avec ces hommes-chevaux, mais de ce que j'en ai vu, leurs méthodes, leur artisanat et leur magie diffèrent complètement de ceux des autres races et mériteraient une étude plus approfondie.
Il est naturel de nous montrer méfiants à l'arrivée d'une nouvelle race, mais nous ne pouvons vivre fermés au reste du monde.
Citation :Seizième jour du mois des Fleurs, Plaine de Karios.
Cette idiote de Daenariel a encore réussi à se faire tuer. Est-ce possible d'être aussi peu prudente ? Mais il faut toujours qu'elle aille plus haut, plus loin, plus vite. Et forcément, elle se plante.
On se promenait dans la plaine de Karios, les Frontaliers nous ayant demandé de faire un tour par là. Daenariel, comme d'habitude gambadait un peu en avant, ayant quitté le refuge des frontaliers à peine les ordres reçus. Elle était avec quelques autres, mais ils n'étaient pas assez. Puis nous avons prestement quitté Nim Duin pour les rattraper, mais ils avaient déjà pas mal d'avance.
Le temps que j'arrive sur place, ce n'était pas une, mais neuf flèches qui étaient plantés dans son corps. Une sylvaine était sortie du couvert de la forêt pour la cribler de flèches.
Ils étaient plusieurs à me dire que ce n'était pas une bonne idée, mais il n'y avait rien à faire. Daenariel, morte de ce côté du Sorlin, la sylvaine narguant les hauts elfes de son regard. Et une rage sans égale m'avait envahie.
Trois sorts et l'archère était mort. On m'appellerait sans doute meurtrière dans Pelethor, tout comme on considérait la sylvaine comme telle dans les plaines. Les relations frontalières avec ces cousins sont de plus en plus problématiques.
Citation :Dix-huitième jour du mois des Fleurs, Asteras.
La mort n'est qu'une transformation. Je l'ai effleurée aujourd'hui et ce fut une expérience curieuse. Plus instructive qu'autre chose, je dois le dire. Peut-être y étais-je prête ? Mais j'en suis revenue avec une toute autre compréhension du monde qu'à l'aller. Il faudra que j'investigue cette magie divine dont font usage les centaures, c'était une expérience... étrange.
Mais la mort elle-même, toucher à l'au-delà. Les sensations du mana étaient tout simplement incroyables. C'est difficile à décrire, à croire que la langue elfe n'a pas été faite par les plus grands mages, ou qu'ils ont gardé secrète la terminologie qui donne le nom vrai des choses. Les quelques élus qui les comprennent sont à l'évidence détenteurs d'un grand pouvoir.
Désormais, j'ai mis un pied dans ce cercle.
« Archimage ».
Le nom sonne plutôt bien aux oreilles. Il parait que nul n'a accédé à ce titre depuis une soixantaine d'année, mais j'espère que ma voie sera bientôt suivie par d'autres. Le peuple a besoin de héros qui l'inspirent, et quel art, mieux que la maîtrise parfaite de la magie, peut donner un exemple à suivre ?
Ce n'est en tout cas qu'un pas de plus et non un aboutissement. Plus je découvre la magie, et plus de nouveaux mystères apparaissent. Une quête sans fin... à l'image de notre infinitude.
Citation :Trentième jour du mois des Fleurs, Nim Duin.
Nous les avons enfin repoussés. Depuis plusieurs jours, des nains et sylvains s'en prenaient à la forteresse de Nim Duin. Apparemment, les Frontaliers n'ont heureusement pas subi de pertes, mais ils ont du avoir quelques sueurs froides.
Quel tintamarre ils nous ont servi, avec le tocsin de Nim Duin qui sonnait à tous vents. Certes, ça a permis de faire venir du monde en renfort, cela n'était je suppose pas de refus. La maîtresse de leur ordre était apparemment absente, cela explique peut-être une partie de leur manque de sang froid sur ce coup-ci. Le problème, c'est que si faire un appel aussi criant à tous les aventuriers du Royaume est une chose, si à peine trois jours plus tard, tous les envahisseurs sont en pleine déroute et qu'ils ne restent que quelques fuyards, cela risque de mettre à mal de futurs appel à l'aide.
J'ai entendu plusieurs frères grommeler qu'ils avaient du faire le déplacement pour rien.
Enfin, qu'importe, ce qui compte, c'est que la forteresse soit intacte et ses défenseurs sauvés.
J'imagine que cette affaire est un juste retour de nos patrouilles frontalières récentes du côté de chez les nains ou de chez les sylvains. Etrange que ces derniers s'éloignent autant du couvert de leur forêt, il me semble avoir pu en voir qui se faisaient proprement déchiqueter par des skilites.
Peut-être cet ennemi commun nous rapprochera-t-il un jour par la force de nos cousins sylvains?
Pour l'heure, il va falloir repartir vers chez les nains, le gouvernement semble vouloir leur acheter du bois. Cette affaire ne sent pas bon, mais la pénurie qui se fait sentir atteint apparemment des proportions inquiétantes.
Citation :Dixième jour du mois des Unions, Nim Duin.
Ces remuants voisins que sont les nains ont encore fait des leurs. Alors que nous nous préparions à réceptionner de leur part un convoi de bois arrangé par le marchand Aelindel, il semblerait qu'ils nous aient tendu une embuscade.
Je m'étais avancée vers le convoi pour rencontrer les conducteurs, quand j'ai pu entendre qu'il y avait des nains de toute part. Avant même que j'ai eu le temps de réagir pour activer un bouclier de mana, j'étais criblée de carreaux. J'étais venue pour chercher du bois, mais je ne l'avais pas imaginé sous cette forme.
Un séjour forcé à Andoras et Tilador m'ont permis de faire la connaissance d'Aelindel. Un homme plutôt charmant, mais probablement plus intéressé par ses affaires propres que ses partenaires commerciaux. Je l'ai trouvé plus intéressé par les lots de bois que l'Elendaë pouvait lui fournir que par mes propres questions sur les artisans de la ville.
Il est temps de reprendre la route pour Nim Duin. Il parait que le convoi de bois - désormais sous notre contrôle - est attaqué de toutes parts, par les nains, les centaures et les sylvains. Dans quel guêpier ce marchand nous a-t-il donc envoyé… Il a intérêt à avoir prévu un solide dédommagement.
Citation :Quatorzième jour du mois des Unions, Nim Duin.
Trahison !
Les blessures graves de Lynnatheya et Lirawenn, cause de leur retour vers la capitale ont porté un coup au moral des nôtres, et la dernière partie de l'escorte a été une course pour atteindre Nim Duin, sous les attaques des nains, centaures et sylvains. De plus, ces morts étaient suspectes. Nous avons déjà eu l'occasion de croiser des archers sylvains, mais leurs flèches semblaient anormalement précises ces derniers jours.
Et puis nous l'avons enfin repérée, cette tireuse qui semait le trouble dans notre escorte. Oh, elle n'a pas fait long feu, une fois débusquée, mais le plus troublant est arrivé à ce moment.
Les flèches qu'elle utilisait avaient visiblement été enchantées. Elles dégageaient une aura puissante. Mais aussi une aura familière : celle de la magie elfe. Ce que j'ai senti la première, deux autres archimages ont pu me le confirmer, Itarillë et Anialir : ces flèches ont été enchantées par la magie de l'Air – en le sort d'Arme Légère – et la Magie des Grands Mages – en le sort millénaire d'Arme Enchantée. Les Sylvains ont abandonné ces deux magies il y a bien longtemps, et même dans nos rangs, bien rares sont ceux qui parviennent à les manier.
Dans tous les cas, une chose est sûre. Un ou plusieurs hauts-elfes travaillent avec l'ennemi, trahissant leurs frères et leur peuple.
Une enquête rapide nous a permis de réduire rapidement la liste des coupables potentiels. Il n'en reste à ma connaissance plus que trois: Merydwin, Eledhwen ou Irulan. Trois Arcantistes, évidement. Je me demande s'ils sont tous les trois dans le coup, où si l'une d'elle agit à l'insu des autres.
Cette affaire prend une tournure qui ne me plait guère. Mieux vaut sans doute la remettre dans les mains des autorités, histoire d'éviter un nouveau règlement de compte entre nos deux guildes.
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