Il s'éleva dans l'air le son du clapotis de l'eau, ce bruit si particulier et harmonieux qui ne semblait en rien déranger la nature environnante. L'oiseau continuait de chanter, la biche élégante avançait pour venir s'abreuver au bord du ruisseau. Elle tendait son cou avec grâce et trempait tout d'abord son museau sur le rebord de l'eau avant que sa langue ne vienne laper l'eau douce qui s'écoulait. Le fleuve Elion donnait à boire à bon nombre de créatures, il était un lieu de rassemblement, autant pour l'herbivore sage que pour l'ours qui venait dans les eaux peu profondes se contenter de quelques carpes et saumons. Toute la nature semblait si paisible, calme, comme si jamais le mage noir ne les avait inquiété, comme s'il n'était qu'une petite chose dans ce monde et qu'il ne troublerait en rien leur existence. Comme si Halista n'en avait cure.
Au bord du ruisseau, Yava releva les yeux. Elle venait de courir de longues semaines, tantôt sous la terre, tantôt au-dessus. Elle n'était pas fatiguée du chemin ardu, mais sa patience avait été mise de nombreuses fois à rude épreuve, aussi bien par leurs cousins elfes que par les nains. En sortant de la caverne et en se retrouvant seule, à la poursuite de Nagoth, elle avait retrouvé quelque chose. Un instinct. Un sentiment. Le regard droit sur l'horizon, la bise caressant ses cheveux, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être persuadée d'être déjà venue ici. Cette nature lui semblait familière, cet endroit lui semblait si…. Il n'y avait pas de mot pour expliquer ce qu'elle pouvait ressentir à ce moment. Peut-être était-ce de la tristesse ? Elle fronça doucement les sourcils. Son esprit s'embuait pas de multiples pensées, et elle n'arrivait pas à les dissocier les unes des autres. Elle voyait son père, puis sa mère, mais n'avait-elle jamais ignoré qui était sa mère ? Elle se frotta plus fortement les tempes et rentra dans l'eau. Sa tignasse rousse flottait au-dessus de sa tête alors qu'elle avançait quelques centimètres sous l'eau. Le courant était fort, mais elle avait déjà vu bien pire jadis.
Elle mit un pied sur l'autre rive et regarda devant elle. La plaine s'étendait et elle pouvait voir loin malgré les collines qui parfois s'élevaient. Au fond du plateau verdoyant, les hautes cimes de l'Ingemann se dressaient comme un mur imposant et effrayant, l'aura sombre s'en dégageant détonnant avec le blanc de sa neige. Elle eut un sourire et dans ses yeux se réanimèrent les flammes de l'assurance.
A nouveau elle s'élança.
…
La montagne se rapprochait, et le danger avec. La rousse n'avait pas cessé de courir dès qu'elle le pouvait. Sur une colline perchée, elle avait posé ses yeux sur un nain attaqué par une haute-elfe qui l'accusait d'avoir lui-même agressait un centaure. Yava ne s'arrêta pourtant pas. Les querelles alentours, d'aussi loin qu'elle les avait vu, ne la touchait pas personnellement. Elle avait gardé de son père une nature implacable et juste, aussi il ne lui semblait pas approprié d'intervenir dans le conflit. Un autre, bien plus grand, l'attendait. L'Ingemann était proche. Elle pouvait d'ici même voir la neige, mais elle resta sur l'herbe. Dormir sur le froid même de la montagne ne lui semblait pas une bonne idée de campement, et quelque chose la poussait à ne pas y mettre les pieds. La peur de Callisto ? Peut-être.
L'Ours devait être terré quelque part, la chassant, et Yava devait encore rester prudente. On ne tuait pas un esprit-ours, fût-il démoniaque, comme on tuait un loup. Il fallait bien davantage de force, et ça aurait été s'épuiser que de couper par la neige pour rejoindre le village où Crépuscule se dirigeait – comme il l'avait averti quelques jours plus tôt pour lettre. Elle attendrait au pied de la montagne jusqu'au lendemain, quoi qu'en en dise.
…
Aux rives de l'Elion.
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17-05-2012, 16:23:05
17-05-2012, 16:24:07
Il faisait noir. Très noir. Comme si le soleil ne s'était plus jamais relevé. Yava ouvrit doucement les yeux, et ne découvrit pas davantage de lumière. Au loin quelque chose brillait, mais ce n'était sans doute qu'une luciole tant sa lueur était faiblarde. Elle voulut remuer les doigts, mais elle se sentait prise au piège. Elle désira respirer, mais sa bouche était baignée dans un liquide chaud qu'elle ne pouvait pas avaler. Il se passa de longues secondes sans que rien d'autres ne se passe, puis un étau sembla la prendre, comme pour la brisait. Elle se crispa, brutalement, et le froid qui prit son corps la fit cette fois-ci poussait toute sa colère en dehors dans un grand cri, dans un grand cri de… bébé. |
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