L'Omnirêve et la jarre d'eau
#1

Ce qui va suivre est d'une certaine manière un avant-début. Replaçons le contexte. Dans la nuit noire... « Ferme les rideaux, je te dis !», un souffle d'air frais vous glace le sang. En nombre, les loups garous se réveillent « Loups garous ouvrez les yeux ! », et chacun dans sa maison se glisse sous une couverture de laine, la peur au ventre.
Dans mes entrailles, il n'y a qu'un peu de frayeur, mélangée à des bonbons au miel décomposés et à de la crème fouettée. (Sadomasochistes s'abstenir, l'histoire contée est interdite aux plus de dix ans.)

Pour commencer, un titre reflète toujours l'intrigue mais parfois il fait miroir avec le manque d'imagination des auteurs. Ceux-ci (nous, donc) ont d'ailleurs longtemps planché sur cette bribe de phrase ;


Vardo, poétique Dans les méandres d'une peluche... mais ça veut rien dire en fait ? Les cauchemars d'une peluche ? Pourquoi je reste bloqué sur peluche ?
Louh, exictée : Expédition du capitaine Cousteau ! En avant, bord !
Vardo : Entre l'irréel et le réel. Un truc de ce genre ?
Louh : Je n'aime pas, cela marque un ancrage dans la psychologie un peu trop glauque à mon goût.
Vardo, analytique: Avant toute chose, que veut-on représenter avec le titre : les personnages, l'histoire, l'ambiance ?
Louh : Un peu tout ça à la fois. Et si nous utilisions le mot "illusion" ? A ce propos, nous partagerions le même songe.
Vardo : Oui, je squatte tes rêves !
Louh : L'illusion de l'illusionniste illusoire !
Vardo : Quel titre farfelu ! "Omnirêve" me plaît beaucoup mieux.
Louh : Louh m'nirêve !
Vardo Et le Vardo, si t'as soif ! Je propose le flux de la jarre d'eau dans l'oumnirêve. Chasse d'eau ?




Départ imminent pour le sommeil


Recroquevillée dans son lit, Louh dormait à poings fermés, un ours en peluche à ses côtés. Tandis que l'astre de la nuit s'élevait dans le ciel, ses deux paupières blanc coton se mouvèrent. A l'intérieur même de son corps, se construisait une aventure toute particulière, ponctuée d'obstacles et de rencontres. Une fabuleuse histoire prenait forme dans un imaginaire sans limites ni frontières...

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#2

Guidée par une lueur bleue, Louh avançait d'un pas ferme et alenti. Sous ses pieds, se dessinaient monts et vallées, l'incarnation d'un sol rocailleux plein d'irrégularités. Une flaque l'attendait parfois au milieu du passage et elle déjouait le piège en se collant à la paroi. Là, sa peau se couvrait d'une poussière moite, à la fois volatile et tenace. Aussi, sa tunique s'amourachait-elle d'un rocher qui creusait une blessure sanguinolente, au mieux une éraflure. Toutefois, le corps écorché de l'enfant ne semblait pas souffrir. De fait, il se remplissait peu à peu d'un enthousiasme à la limite de l'euphorie. Bien qu'elle eût peur du noir, rien d'à lors ne l'effrayait et il persistait l'envie d'atteindre cette lumière indigo pareille à un phare dans la nuit.

Soudain, ce qui lui semblait être une étoile s'éteignit. Contrariée, Louh fit basculer sa tête en arrière et balaya des yeux les recoins du plafond. Du noir. Rien d'autre que du noir. Puis, l'objet précieux réapparut. Scintillant de mille feux, il inonda l'endroit de lumière, découvrant de leur voile sombre des peintures pariétales. Dans un large sourire, l'elfe tendit le bras vers la source lumineuse ; cette fois, elle était à sa hauteur, presque pouvait la toucher. Elle allait enfin caresser cet éclat. Louh pourrait l'observer des heures durant et l'apprécier comme un bijou.


Une voix : Tu l'aimes, n'est-ce pas ?
Louh, en sursaut : Qui est là ?
La voix : T'es une vraie gonzesse curieuse toi !
Louh : Hein ?
La voix : Cesse veux-tu ! Tu ne peux me voir car je suis invisible.
Louh : Fryelund ?
La voix : Ne m'insulte pas jeune fille ! Et fais moins de bruit quand tu manges !
Louh : Hein ? et regardant autour d'elle : c'est un rat qui dépèce un… un..
La voix : Un quoi ?
Louh, paniquée : Un… un cadaaaaaaaaaaaaaaaaaavre ! et fronçant les sourcils : euh non, une souche.
La voix : Certes. Que fais-tu dans mon antre ? As-tu le mot de passe ?
Louh : Caput Draconis ?
La voix : C'est du patois elfique ? Je me disais bien que tu avais un petit air de campagne. Donc, tu n'as pas le mot de passe, as-tu au moins la clef ?
Louh : Quelle clef ?
La voix, d'un air exaspéré : Qui l'a amenée là celle-ci ? Qu'on m'envoie quelqu'un d'autre ! Dis-moi fillette, quel âge as-tu ?
Louh : Malpoli ! Une telle question restera sans réponse !
La voix : Et têtue avec ca ! Ma semaine aura été pourrie jusqu'au bout !
Louh : Pourquoi cela ?
La voix : Hmm, je suis le passeur et de ce fait, j'ai beaucoup de travail ! Si je n'y consens pas, personne ne peut franchir la porte de l'Oumnirêve.
Louh, perplexe : L'Oumniquoi ?
La voix : L'Oumnirêve. Vois-tu, il s'agit d'un autre monde, un lieu serein et dangereux à la fois que maints aventuriers comme toi veulent pénétrer.
Louh : Je vois. La visite est-elle payante ?
La voix : Pas pour toi, tu bénéficies du tarif enfant, lequel est gratuit.
Louh, impatiente : Laisse-moi entrer Passeur !
La voix : Non. Avant, je dois m'assurer que tu n'es pas idiote.
Louh : J'écoute.
La voix, mystérieuse : De quelle couleur est le cheval blanc du Thrain ?
Louh : D'aucune. Les nains ne savent pas monter.
La voix, radieuse : Bienvenue, petite.


Sans se faire prier, l'elfe franchit la porte de lumière qui venait tout juste de se former et se banda les yeux avec ses mains. Que trouverait-elle au-delà ? Tout autant qu'elle était impatiente, Louh était pleine d'anxiété. Peut-être croiserait-elle un reptile féroce, ou un minotaure énervé ? Et si la solitude la gagnait, et si ce voyage était sans retour ?
Nul doute qu'avec des ‘si' on pût mettre Louh en bouteille. Cependant, le doute et la crainte allaient bientôt céder la place à l'émerveillement.

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