La marque de la bête.
#1
Dans ses cauchemars, elle avait vu son corps sinueux se tortiller autour de ses rêves. La peau écailleuse luisait des reflets glauques. Le reptile bougeait lentement son corps, tirant à chaque cercle, un haut le cœur dans les cauchemars de l'elfe. Elle sentait la bête se rapprocher chaque jour. Elle lutait soir et matin, même la nuit venue.

La bête était à ses pieds désormais, ses anneaux sinueux frôlèrent ses jambes.

Les elfes ne sont qu'une survivance archaïque d'un passé qu'ils ont perdu. Il n'y a rien à attendre de l'Empire, il se meurt chaque jour. Tu n'es rien.

Les yeux du reptile fixèrent l'elfe. C'était sa propre image. Le calme extérieur face à la brulure intérieur. Elle avait choisi la voie de la diplomatie pour s'échapper. Devoir toujours être maitre de soi, maitre de ses paroles.

La digue de son esprit se rompit.

La vérité …


Elle avait fini par les détester tous. Nains, elfes quelle que soit leur ville, Centaures. Elle n'avait rien à faire dans leur monde. Portée par la douleur, la colère et la rage submergèrent la mage. Elle devait agir. MAINTENANT.

Bousculant presque l'elfe qui s'était poussé, le bras toujours brulant. Elle grogna en direction des nains et de sylvains qu'elle croisait. Sortir d'ici. Sortir de ce fatras mielleux ! Sortir de sa cage mentale !DE L'AIR !

Elle avait sans doute hurlé quelque chose, elle ne s'en souvenait pas. Elle devait sortir de cette grotte, pourquoi était elle si petite. Une autre sortie. Les mages ne se baladaient pas dans les fissures. La cave.

A grande enjambées, indifférente au monde qui l'entourait et mourait, elle se précipita dans la cave. Peut-être par là … il y avait un elfe dans la pièce. Elle le vit à peine et fonça dessus, cherchant une échelle, un passage, quelque chose.

Une porte. Fermé ! Malédiction ! Ivre de rage, tenant toujours son bras, l'elfe hurle :

MAIS OUVRE-TOI SALETE DE PORTE !

Son cri à peine audible entre les projectiles arcaniques qui pleuvaient sur le bois.

Pendant ce temps, la marque sur son bras brule…, brule…
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#2
C'est ouvert, Elfe... Ne vous énervez pas ainsi !

La centaure prit la porte en première, elle n'en pouvait plus des chemins caverneux, il lui fallait visiblement un bon bol d'air.
Elle s'avancé vers la cavité, et de la médénite était sur le sol...
Ne sachant pas ce que cette matière pouvait faire, elle la laissa sur le sol en prévenant l'intéressée.

Il y a un métal étrange derrière ces escaliers, c'est étroit... Je déteste les choses étroites.

Je veux sortir et en finir avec cette histoire, c'est tout !
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#3
La porte fini par voler en éclat. La magicienne restait toujours indifférente à ce qui se passait autour d'elle. Si elle avait vu le centaure passer devant, son esprit fini bien vite pour l'oublier.

Elle se précipita dans la pièce, n'ayant qu'une envie quitter ce lieu empli de malades.

Vide. Il n'y avait rien dans la petit cave. Que des murs et des cartons. Une pile de médénite. MAIS PAS DE PORTE ! L'elfe donna rageusement un coup de pied dans le tas de lingot. La sentence fut immédiate.

Par Fryelund, ça fait mal ! J'veux sortir de ces foutues grottes ! ALORS POURQUOI IL N'A PAS DE PORTE !

Errant comme un lion en cage, l'elfe finit par passer ses nerfs sur le décor. Quelques caisses prirent coup de pied et divers sorts, jusqu'à ce qu'épuisée, la mage se retrouve désespérée au milieu de la pièce.

La médénite c'était important. Elle ne savait plus pourquoi, mais c'était important.

Elle ramassa les lingots au sol, s'assit et pleura.
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#4
Le jeune Elfe des bois était déjà présent dans la cave lorsque la magicienne déboula comme une furie dans la cave. Il était en train qu'examiner la porte déjà abimée, et eut tout juste le temps de se déplacer avant que l'Elfe ne lui rentre dedans.
Il ne put alors que se contenter de l'observer s'énerver contre le pauvre bois du battant, qui n'avait rien demandé. Cette Haut-Elfe... Il l'avait déjà rencontré. Pas ici, mais il y a quelques années... Dans les bois, près de Nim Duin. Oui, ça devait être. Impossible de se souvenir de son nom. Enfin, l'état dans lequel elle était faisait un peu peur. Lindo n'aurait pas aimé être à la place de la porte.

Finalement, celle-ci vola en éclat. Tiens, une centaure passait la porte. Trop absorbé par son observation de la mage, il n'avait pas vu qu'un nain et cette centaure étaient entrés. Juste après l'enfant d'Aletheria entra précipitamment l'Elfe d'Asteras dans l'autre pièce.
La centaure ne mit pas longtemps à ressortir, disant simplement qu'il y avait un étrange métal, et qu'elle voulait juste sortir d'ici. Lindo était d'accord, sortir d'ici était la chose à faire. C'était pour cela au départ qu'il était ici. Mais manifestement, si elle était revenue... C'est qu'il n'y avait pas d'issue vers la surface. Le Sylvain soupira.
Ce qu'il pensait fut confirmé quelques instants plus tard par la mage, qu'il entendit hurler. Bon, il pourrait peut-être ramassé ce métal étrange dont avait parlé la centaure... Et tenter d'apaiser un peu la Haut-Elfe.

Lindo monta donc les quelques marches pour rentrer dans l'autre pièce. Effectivement, pas de sortie, juste du bois, des sacs, des caisses brisées ou non. Mais pas non plus de métal étrange. Il regarda la mage, en train de pleurer. Elle devait l'avoir ramassé, ce métal.
Enfin, il ne pourrait pas le voir alors qu'elle était dans un état pareil... Hésitant quelques secondes, il finit par s'accroupir devant elle et dit d'une voix douce :

Si vous voulez sortir, il paraît qu'il y a une sortie de l'autre côté...

Ne sachant pas quoi dire d'autre, il se dit que quelques plantes ne pouvaient pas faire de mal, et que ça la calmerait peut-être un peu... Alors il utilisa la méthode de guérison du poison sur la mage avec des plantes qu'il gardait sur lui.
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#5
Après plusieurs heures passés seule dans les ténèbres de la cave, les nerfs de la mage avaient fini par se calmer. La rage n'avait pas disparu, mais la colère bouillante avait été remplacée par la froide conviction. Elle détestait toujours autant les elfes et les nains.
Elle perdait son temps ici, les elfes avaient besoin du ciel et des étoiles au dessus de leur tête. Les souvenirs lui revinrent en mémoire, petit à petit. La morsure du serpent faisait une trace rouge sur son bras. Elle avait des gens en venant, un nain peut-être, et elle croyait bien avoir entendu une femme centaure lui dire quelque chose. Puis, il y avait cet elfe qui lui était si familier. Où l'avait-elle vu ?

Soudain, le-dit elfe entra dans la pièce. Tout dans la tenue, la démarche et l'horrible piaf. Puis, il parla :

Si vous voulez sortir, il paraît qu'il y a une sortie de l'autre côté..., dit-il avant de lancer une étrange incantation aidé d'une plante.

On s'est déjà rencontré n'est-ce pas ?

Pour une surprise, c'était une sacrée surprise, elle ne s'attendait pas à voir l'elfe ici.

"Lindo ?! ... et son horrible piaf ?", s'exclama l'elfe ?


_ Heureux que vous vous souveniez de mon prénom, moi je ne me souviens pas du votre. Et Aiwë n'a rien d'horrible.

"_ Merydwïn, je me nomme Merydwïn. Venez, sortons d'ici, de toute évidence, il n'y avait que la médénite ici."

_ La médénite, c'est l'étrange métal dont a parlé la centaure ?

"_ Oui, c'est le métal des démons."

Les deux elfes continuaient à deviser sortant de la cave. Merydwïn appréhendait ce qu'ils allaient trouver à la sortie. Des cadavres des nains, des elfes et de tous les idiots qui étaient passés par là quand il ne fallait pas.
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#6
Plusieurs jours plus tard, porte Nord d'Asteras ...

[---]

« Elsinoristhë!* Il prend quels champignons celui-là ? … Va à gauche, et à droite ton destin tu trouveraaaaaas »

L'elfe maugréait seule dans les ruelles d'Asteras. Elle marchait d'un pas alerte, un p'tit paquetage sous les bras. Ses blessures, à peine refermées, lançaient et tiraient mais elle n'y prêtait guère d'attention. Tout cela se payerait plus tard. Le prêtre elfe, beau garçon au demeurant, avait fait son possible pour la maintenir au repos. Un regard noir et des promesses de tortures atroces impliquant son chat étaient venus à bout de sa résistance. Il l'avait regardé partir en soupirant.

Malgré le repos, malgré la guerre, il n'y avait qu'une chose dans l'esprit de l'elfe. L'étrange marque l'avait démangé tout au long de sa guérison, elle brulait et tirait sans cesse. Depuis cet incident elle avait l'impression que la forme était plus nette. Non, seulement plus nette mais aussi plus grande. Et cela l'angoissait sans commune mesure. Les évènements malheureux de la chasse aux Mages Noirs lui avaient fait perdre son calme.

Maintenant elle se tenait à la porte nord d'Asteras. Elle y avait connu bien des départs. Celui-ci donnait une impression étrange. Quelle que soit la direction que prendrait la mage, le chemin serait long et hasardeux. Dans une main, elle tenait le message arrivé depuis Tilador. Oragie avait besoin d'eux. Puis, il y avait eu cette voix. Merydwïn était convaincue qu'IL se jouait d'elle, ricanant à l'idée de faire marcher un elfe du levant au couchant.

Alors pourquoi hésitait-elle devant cette route ?

Au nord, Tilador Erdana puis l'Ingemann, la suite logique de la mission confiée par l'Empire elfe. Et à l'Ouest une énigme. Aucun elfe sensé n'aurait dû hésiter. La vérité était que la jeune mage se moquait comme d'une guigne de l'Empire elfe. Elle n'y allait que pour sauver Oragie.

Ma pauvre fille, tu es plus un danger pour toi-même et les autres que les bestioles qu'ils croiseront. C'était vrai aussi. La dernière fois, il s'en était fallu d'un rien pour qu'elle attaque indistinctement elfes, nains et autres idiots qui auraient le malheur d'être là.

Tu devras vaincre tes démons seule, personne ne pourra t'aider.

Les paroles de sa mère, déjà consciente que l'existence de sa petite fille serait un chaos emplis d'embuche ? Aucun elfe, aucun Arcantiste ne pouvait lui être d'une quelconque utilité. Elle n'avait pas le droit d'être un danger pour les rares personnes qu'elle avait aimé.

Un peu plus loin, Eledhwen et Amatixë avançaient rapidement dans la plaine. Elle profita d'un bosquet pour se soustraire à leurs regards. Avec de la chance, il leur faudrait plusieurs heures pour se rendre compte de sa disparition.

« Je suis désolée » murmura l'elfe avant de disparaître dans les routes de l'Ouest. Là-bas, elle espérait trouver quelques réponses. Ou botter quelques fesses. Elle n'en était pas encore sûre.




Citation :* Elsinoristhë est une insulte particulièrement vulgaire et archaïque, guère utilisée de nos jours si ce n'est par les elfes des marches les plus reculées.
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#7
Ouest d'Asteras …

Elle avait marché tranquillement dans les plaines et sous bois. Ses blessures l'empêchaient de se presser. Si l'elfe prétendait à elle même profiter du paysage, c'était un mensonge éhonté. Elle n'était pas si pressée que ça de rencontrer son étrange guide.
Les plaines boisées avaient eu un grand effet calmant sur la marcheuse, après les sombres épisodes des grottes, retrouver l'air frais et les étoiles était un pur instant de bonheur. Cette errance solitaire lui avait aussi rappelé sa vie passée. C'était une fille des routes, ayant vécu sur les pas de ses parents. Pendant longtemps, avoir une maison avait été une chose très abstraite. Maintenant, elle repensait avec nostalgie au confort de la petite maison occupée par les Arcantistes. La ville n'avait pas que des désavantages.

Les collines ondulaient en pente souple, avec la douceur du printemps le lieu était assez agréable même si elle n'en profitait pas pleinement. Toujours aux aguets, elle surveillait les animaux sauvages, une traque éventuelle et surtout ce qu'elle devait trouver. Plusieurs fois, elle se disait qu'elle avait eu tort de venir, maudissant son instinct. La créature s'était moquée d'elle sans doute. Elle devait rire en ce moment même, la voyant fouiner dans les buissons au lieu de soutenir ses amis dans la traque au Mage Noir. Pourtant elle n'arrivait pas à renoncer.

Enfin un soir elle était en vue des hautes collines de l'Ouest, qu'elle avait décidé de fouiller. Le matin, des bruits l'avaient attiré vers un coteau où un elfe était menacé par une bête volante. Elle avait abattu la créature de loin, l'homme était vaguement familier, sûrement quelqu'un de l'académie. Peu de jours plus tôt la curiosité l'aurait poussé à venir parler au rôdeur et s'enquérir de sa santé. Aujourd'hui, elle hésitait à approcher. Chercher lui prenait assez de temps sans s'encombrer d'un boulet. Hochant la tête, elle s'éloigna comme elle était venue. Si l'homme avait besoin d'aide, il demanderait. Devant, les grandes pentes rocailleuses promettaient une marche longue et harassante. Elle devait continuer sa quête tant qu'elle voyait encore quelque chose. Tant qu'elle croyait encore un peu.

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