Journal : Barnek, maitre des runes
#1
JOURS 1

Citation :Je m'appelle Barnek et si vous lisez ces lignes, c'est que la rune de protection que l'on m'a autorisé à poser sur mon journal a dû disparaître.

Ce qui, sans le moindre doute, signifie que je suis mort.

Voici trois semaines que je suis en prison et trois semaines que je considère ce journal comme un intrus, comme une provocation.

Il est arrivé dans ma geôle en même temps que mon premier repas, le gardien à dit au travers de la porte que c'était dans les droits de chaque prisonnier nain d'en posséder un.

J'ai hésité à le déchirer, à le briser et à laisser ma haine éparpiller ses pages, mais je me suis contenté de le lancer dans un coin que la faible lumière de ma cellule ne révèle pas.

Aujourd'hui j'ai décidé de l'ouvrir. Trois semaines de prison à tourner en rond et à fulminer m'ont fait changer d'avis, ce journal me permettra peut-être d'y voir plus clair dans mes pensées.

À l'inverse de ce que j'aurai pu imaginer, ma cellule n'est pas si petite. Elle dispose de nombreux renforts en chêne pour éviter que les maîtres des runes tels que moi puissent ouvrir une brèche pour s'évader. La porte est-elle même couverte de quelques runes de dissipations m'empêchant d'utiliser mes compétences à l'intérieur de ma prison.

Une faible lucarne dirigée vers le sud me renvoie la lumière des puissantes torches qui illumine les rues de Karad Zirkomen. La lumière forme un cercle dans lequel je fais les cent pas pendant de nombreuses heures. Je ne les compte plus.

Depuis cette lucarne j'entends passer de nombreux badaud, je les maudis autant que je les envie. Je voudrais tant étancher ma soif dans une taverne ou retourner dans une bibliothèque pour me plonger dans un ouvrage. Tout pour oublier ce qui s'est passé.

Jusqu'à ce jour je suis détenu ici seul, je pense qu'ils redoutent que j'empoigne mes éventuels codétenus et les battent à mort où que mes hurlements de rage les rendent fous.

Je déteste ce que je suis devenu, je ne me contrôle plus et ma colère me fait littéralement disparaître. J'ai l'impression de disparaître de l'intérieur, ne laissant plus qu'une coquille vide.

Pourtant c'est cette disparition qui me permet d'éviter de sombrer dans le désespoir. Je ne veux pas que ça se produise. Je hurle encore et encore j'aimerai que ça sorte de moi, j'aimerai que tout sorte de moi.

Ma hargne est terrible, ma déception aussi, mais les mots ne sont pas assez fort pour les exprimer maintenant, peut-être plus tard.

Si je pouvais tout effacer, tout ce qui était avant mon incarcération, je le ferais sans hésiter.
JOURS 2

Citation :J'ai passé la nuit précédente dans le cercle de lumière à écouter tous les bruits de la capitale. Les chariots qui passent, les chiens qui aboient, les gardes de la ville qui font leurs rondes nocturnes.

Ce matin j'ai relu plusieurs fois mon premier passage de ce journal. J'ai l'impression d'être le spectateur de la vie d'un autre. Cela me simplifie les choses. Du moins, j'aimerai que ça simplifie les choses.

Je constate que je n'ai même pas parlé des doigts que je me suis brisés le premier jour en frappant contre la porte de ma cellule. Le garde est venu voir ce qu'il se passait et j'ai refusé de lui montrer ma main au travers de la lucarne. J'avais mal et j'avais honte.

Il a dû croire que je cachais quelque chose dedans, car il est entré avec quatre de ses homologues et ceux-ci m'ont attaché à une chaîne près du lit pour que je reste tranquille. Ils ne m'ont libéré qu'après une semaine. Cela rend l'écriture délicate, mais j'ai l'habitude de m'appliquer et de porter du soin à mes runes.

Les gardes m'observent avec un mépris si fort qu'on le croirait imprimé au fer rouge sur leurs lèvres.
Ils parlent d'honneur bafoué, de prestige gâché.

Il y a quelques mois j'étais un artisan très respecté. J'avais des revenus qui grimpaient de jours et jours, je mangeais des mets délicieux à chaque repas et j'avais l'immense bonheur d'avoir une femme éblouissante.

J'étais un architecte renommé, j'adorai mon travail, j'ai battit de nombreuses maisons dans la cité de Karad. L'ont m'appréciait pour la solidité de mes œuvres et la richesse de mes finitions.

Parfois j'étais invité par un membre de telle ou telle confrérie pour boire à l'une de leurs prestigieuses tables.

Aujourd'hui je m'émerveille quand un rat passe dans ma cellule et m'offre une éphémère vision sur un autre être vivant. Je loue les dieux quand le repas qu'on me sert sent autre chose que les céréales moisies et je tente de reconnaître des voix dans celle qui me parvient de ma lucarne.

Parfois, quand je pense à ce qui s'est passé, je tente à nouveau d'envoyer mon poing vers l'un des murs de pierre qui m'entourent, mais le fermer me fait si mal que j'ai à peine le temps d'y penser.

À la place je pousse des jurons que personne n'aurait plaisir à entendre. J'insulte le monde entier pour ce qu'il m'a fait. Et je crie pendant longtemps avant de m'endormir assit, abattu par la fatigue, maugréant tout mon fiel. Je me suis surpris plusieurs fois à me réveiller, bavant et prononçant des insultes inintelligibles tel un ivrogne ivre de colère et de fatigue.

Je suis pathétique.

Mon procès est prévu dans 5 mois. Le temps de recueillir les preuves de ma culpabilité et ils me condamneront à mort.
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