De la solidarité fémi-naine...
#1
Une bourrasque et une violente lumière faillirent faire tomber la naine. Elle ne mit qu'un fugace instant à s'assurer que ses courtes jambes allaient bien la maintenir debout. Après quelques clignements, ses yeux s'adaptèrent à la lumière et elle les leva au ciel.
Celui-ci était pourtant sombre, chargé de gros nuages bien gris.
Elle venait d'emprunter le boyau de la mine la menant vers l'extérieur et la confrontation avec le monde réel était à chaque fois comme une nouvelle naissance. Non pas qu'elle s'en souvienne, mais elle avait la sensation que quitter le ventre de la terre nourricière était toujours un peu difficile pour un nouveau-nain.Le ciel était chargé et le vent faisait battre ses longues nattes rousses au vent. La pluie n'allait pas tarder à être de la partie. Elle aurait bien aimé que ce jour soit un peu ensoleillé pour pouvoir profiter des scintillements de l'astre sur sa nouvelle hache. Mimir était une naine, elle avait beau aimer l'obscurité des boyaux, elle aimait que ça brille. Soit, sa hache ne brillerait pas aujourd'hui, mais elle était sûre qu'elle ferait un bel éclat lors d'un combat.

Elle regarda autour d'elle pour s'assurer de la présence de ses frères. Ils étaient tous là, même si Heimda, l'aîné, le sage, était déjà un peu loin. Ils avaient également franchi le boyau et étaient eux aussi en train de s'adapter à l'espace extérieur à leur manière : Baldr pensif et regardant au loin, les jumeaux Tuisto et Tyr se chamaillant, comme d'habitude. Elle sourit en les voyant... Elle aimait et admirait vraiment ces fiers guerriers-au-grand-coeur-mais-il-ne-fallait-surtout-pas-le-dire.

En regardant autour d'elle, elle vit également une naine.


Tiens j'la connais pas, celle-là!

La naine regardait autour d'elle, semblait un peu perdue. Elle ne semblait pas très à l'aise avec sa grosse arbalète. Malgré tout, elle se donnait de la contenance et sifflotait fièrement en n'ayant l'air de rien. Mimir connaissait bien ce regard et cette attitude. Elle l'avait elle aussi lors de ses premières sorties de Karad. Que le royaume était grand et vaste, en comparaison de la cité de Karad, chaleureuse et protectrice. Oui ce monde était vraiment effrayant quand on faisait ses premières sorties...

Mimir se rendit soudain compte qu'elle avait perdu une partie de cette naïveté et de cette innocence qui la caractérisaient : elle avait affronté déjà un petit nombre de créatures plus patibulaires les unes que les autres, elle avait déjà vu ses frères salement blessés au combat; si salement blessés parfois que le mort avait bien failli les emporter. Mais ses frères lui avaient appris qu'en étant solidaires, la fougue des Muspellheim qui coulait dans leurs veines pouvait déplacer des montagnes (même si en réalité les nains aimaient plutôt qu'elles restent à leur place, leur coeur étant si confortable). Mimir avait vraiment de la chance de pouvoir avoir grandi avec ces guerriers. Elle avait beaucoup appris et maniait plutôt pas mal les haches elle aussi, et avait quelques bestioles à son actif maintenant. Mimir n'était pas encore tout à fait une guerrière accomplie, mais elle avait mûri et gagné de l'expérience.

En voyant cette naine qui lui rappelait celle qu'elle était il y a encore un peu de temps, elle eut envie de partager un peu de tout cela avec elle. Surtout que ce n'était pas facile de trouver sa place dans ce monde de barbes lorsqu'on était du genre féminin. Mimir s'éclaircit la gorge, cracha un bon coup par terre et héla :


Hé toi là-bas!

Elle s'approcha d'elle.

T'es nouvelle dans l'coin? Parce que t'as l'air sacrément perdue. J'ai l'impression qu'tu prends la même direction qu'mes frères et moi. J'connais une bonn'taverne à quelqu'jours de marche, on fait route ensemble et on fait connaissance? J'te paierai une bonne bière. Pi moi ça m'changera un peu de mes parties d'osselets avec mes frangins.
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#2
Adounia marchait en direction de Kromgar. Elle avait décidé de se rendre a l'invitation affichée dans tout Karad Zirkomen d'intervenir contre un groupe de mages elfes tentant des rituels magiques interdits. Elle n'avait pas tout compris, mais cela parlait d'elfes, de magie, de démons, et ça se trouvait au sud, ce qui lui suffisait pour aller voir dans cette direction. Adounia avait en effet comme assez mauvais défaut une curiosité maladive, et se mêlait toujours des choses qui ne la concernait pas, cette histoire incluse.

Marchant par les mines, pour éviter de mauvaises rencontres, elle n'avait pu s'empêcher de voir que de nombreux nains marchaient dans la même direction qu'elle. Ils parlaient tous entre eux de cette affaire, il y avait assurément une sacré fébrilité dans l'air. Cela rassura Adounia, qui se dit qu'elle ne serait pas seule face a cette menace inconnue.

Elle avait remarquée particulièrement un groupe de cinq nains - dont une naine a la longue chevelure rousse - qui semblaient assez proches. Peut-être étaient ils de la même famille, ou en tout cas de bons amis? Adounia n'avait pas osé le leur demander, et elle avait continué son chemin, marchant en avant de ce petit groupe. Sur la route, elle continuait a astiquer son arbalète fraîchement achetée a l'armurerie de Karad Zirkomen quelques semaines auparavant. Elle n'était encore pas très précise avec celle-ci, et espérait surtout ne pas trop avoir a s'en servir dans cette histoire de magie elfique douteuse.

Alors qu'elle apercevait la silhouette de Kromgar dans les collines au sud, elle entendit une voix l'appeler. Elle se retourna, c'était la naine de ce groupe de cinq nains. Elle avait une longue chevelure rousse, attachée en deux longues nattes, et arborait deux haches étincelantes, ce qui impressionna fortement Adounia.


T'es nouvelle dans l'coin? Parce que t'as l'air sacrément perdue. J'ai l'impression qu'tu prends la même direction qu'mes frères et moi. J'connais une bonn'taverne à quelqu'jours de marche, on fait route ensemble et on fait connaissance? J'te paierai une bonne bière. Pi moi ça m'changera un peu de mes parties d'osselets avec mes frangins.

Adounia lui rétorqua, surprise.

Non non j'suis pas perdue du tout! Et puis j'suis déjà v'nue a Kromgar, c'est pas la première fois! J'ai même fait une mission pour le maître d'arme de Karad, même qu'il m'a dit que j'avais rendu un sacré service a tous les nains avec ma patrouille. Un peu plus qu'il me donnait une médaille du Thain.

Adounia, sur la défensive, se détendit un peu en voyant la naine sourire a l'énoncé de ces faits glorieux.

Mais je dis pas non a de la bonne compagnie. Surtout que je suis partie pour c't histoire de mage elfe, et même si j'y comprend rien a quoi ça consiste, je vous ai entendu en parler la-bas dans la mine. J'imagine qu'on va donc au même endroit... Ah ... aussi, je m'appelle Adounia.

Sur cette dernier parole, elle accrocha son arbalète a son ceinturon et tendit la main vers Mimir, en se demanda s'il elle allait lui tendre sa hache en réponse.
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#3
Mais je suis où bordel?

Elle s'est perdue, comme d'hab' . Encore une fois. Comme à l'accoutumée. Il en existe des expressions pour dire que Barnabée n'a pas le sens de l'orientation. Et c'est peu dire. La preuve: elle cherche un magasin dans Karad pour renouveler ses couteaux à écailler, elle se retrouve aux portes de Kromgar. Et en plus, il y en a du monde dans le coin. Après tout, elle n'avait qu'à pas prendre des ruelles détournées pour éviter de croiser des gens. Là, elle a tout gagné. Non seulement elle est paumée, mais au milieu d'une foule immense d'au moins quatre nains. Oui, une foule immense. Quand on est asociale, à partir de deux personnes, on a une foule. Et quand on en dépasse trois, elle devient immense. Une seule solution: baisser la tête, aller droit devant, tout en ayant l'air sur de soi. Sinon...

Hé toi là-bas!
T'es nouvelle dans l'coin? Parce que t'as l'air sacrément perdue. J'ai l'impression qu'tu prends la même direction qu'mes frères et moi. J'connais une bonn'taverne à quelqu'jours de marche, on fait route ensemble et on fait connaissance? J'te paierai une bonne bière. Pi moi ça m'changera un peu de mes parties d'osselets avec mes frangins.


Ce qui devait arriver arriva. La voilà prise à partie par une autre naine, étant donné l'intonation de la voix. Elle hésite, trépigne. Barnabée n'aime pas les gens. Mais elle se laisse facilement entrainer. Alors sans relever la tête, elle part en direction de la voix.

Nan, j'suis pas nouvelle dans l'coin. 'fin si, mais nan. Quoi que si. Nan en fait, je voulais pas venir ici, mais j'suis là quand même. Parce que dans la vie, on fait pas que c'qu'on veut.

Parle plus fort Barny, là, y'a que tes poux qui peuvent t'entendre.

Non non j'suis pas perdue du tout! Et puis j'suis déjà v'nue a Kromgar, c'est pas la première fois! J'ai même fait une mission pour le maître d'arme...

Tiens, c'est étrange. Sans qu'elle ouvre la bouche, sa réponse devient audible pour tout le monde. Sauf que sa voix n'est pas comme d'habitude. Etonnée, elle relève la tête, pour voir par quel miracle ceci s'est produit.
Miracle mes fesses. C'est juste qu'une autre naine a pris la parole. Parce que bien sur, ce n'était pas elle qui était appelé. Logique. Qui pourrait vouloir parler à Barnabée...

Marre marre marre de passer pour une andouille trop cuite! Relève le menton Barny! Le front haut, l'allure fière! Et avance! Oui, avance vers tes paires, et dis leur que toi aussi, tu vas participer à cette grande aventure dont tu ne connais ni les tenants ni les aboutissants mais ça on s'en fiche! Devient la guerrière que tu rêves d'être! C'est peut être la chance de ta vie.

Hey compagnones! J'suis Barny la guerrière! J'peux pas vous laisser partir à l'aventure comme ça, parait qu'c'est dangeureux dans l'coin. J'vous escorterais. Non, non, ne me remerciez pas, c'est normal.

En disant cela, elle avance vers la foule, brandissant fièrement sa hache rouillée.

Tu en fais trop Barny... Dans quoi tu t'embarques...
Et revoilà son regard qui pointe vers ses pieds.
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#4
Mimir en voyant cette main se tendre, rangea l'une de ses haches, puis commença à tendre la main...

Avant qu'elle eut terminé son geste, elle remarqua quelque chose sortir derrière la naine, elle retira sa main aussitôt. En voyant arriver une hache sur elle, Mimir se prépara à parer avec sa deuxième hache. La créature qui arrivait bargouinait bien quelque chose.

Un instant plus tard, le temps que tout (les images et les paroles) se remette en place dans sa tête, la situation paraissait plus claire. Il ne s'agissait pas d'une agression mais d'une deuxième naine qui sortait de nulle part et qui se proposait de quoi déjà? Ah oui les escorter...

Houho houho houho! Doucement ma belle, commence par ranger ta hache! On est suffisamment nombreux pour être en sécurité sur ces terres

Mimir, sans quitter son regard, montra l'exemple et rangea la sienne doucement, en signe de paix.

Adounia et Barny? C'est ça? Enchantées les filles, moi je suis Mimir Muspellheim et je voyage avec mes frangins.

Elle se retourna pour désigner le groupe de nains qui voyageait avec elles.

J'vous les présenterai tout à l'heure, quand ils seront plus détendus

Mimir se plaça entre les deux naines et les prit par l'épaule en éclatant de rire.

Bon les filles, je crois qu'on a toutes de beaux et gros exploits à s'raconter, hein? Allez en route pour la taverne! On va s'détendre avec une bonne bière

Puis elle entama la marche, en secouant la tête et en souriant. Elle avait le pressentiment qu'elle allait passer un bon moment avec ces naines qui lui étaient sympathiques.
Malgré son sourire, son regard s'assombrit. Oui, il fallait en profiter maintenant. Ils partaient pour un combat sans précédent, où beaucoup d'entre eux risquaient d'être blessés, voire de tomber. Elle jeta un coup d'oeil à ses frères derrière elle. Le vent souleva ses nattes et l'une d'elle couvrit son visage.
Elle se retourna vers l'avant. Kromgar était tout près, il fallait profiter du temps présent et il valait mieux penser à la bonne chopine qui l'attendait. Elle aurait le temps de se faire du souci plus tard.
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#5
Alors qu'Adounia tendait sa main a Mimir, une autre naine était intervenue, une guerrière brandissant une hache rouillée, qui proposait sa protection au groupe! Finalement cette aventure commençait très bien, surtout que la grande rousse (grande par les nattes) leur proposait maintenant d'aller partager quelques chopines a la taverne du village proche. Le meilleur départ pour une aventure était une aventure qui commençait avec pas-trop-d'aventure, c'était donc parfait pour Adounia.

En marchant, elle ne put s'empêcher de poser quelques questions, sa curiosité étant difficilement rassasiée.


Ah ce sont tes frangins dans le groupe. Ils sont mignons, surtout celui-la, dit-elle en pointant un des nains qui suivaient.

Vous vous baladez toujours en famille? Et mimir, ça vient de quoi? Miranda? Mimira? Ou bien c'est juste Mimir? Moi, si vous voulez, vous pouvez m'appeler Doune. C'est pas que j'aime pas Adounia, mais bon, c'est un peu long et Doune ça marche bien aussi. Y'a Dounia aussi mais ça me fait penser a la pâtisserie donc faut éviter un peu, Doune c'est mieux. Dites, vous êtes déjà allé plus au sud que le village de Kromgar? Il parait que ça continue jusqu'à une grande eau, j'peux même pas imaginer c'que ça doit être!

Tout en marchant, elle avait repris son arbalète en main et lorsqu'elle parlait, elle faisait parfois de grands moulinets pour appuyer ses paroles, de grands cercles qui manquaient de peu de toucher les deux autres naines.
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#6
Gniiiiiiirk!!!

Barnabée réussit tant bien que mal à étouffer un petit cri de j'aime pas qu'on me touche. Heureusement, l'opportunité d'une beuverie, peut être même gratuite, rend la situation plus acceptable. Par contre, raconter des exploits... A tous les coups, les deux naines vont se la jouer gros bras, t'as vu comme j'suis balèze, et tout le toutim. Sauf que Barny, bah... Elle a pas grand chose à raconter. A part comment elle s'entraine en taillant de sa hache rouillée le vent qui souffle ou les mauvaises herbes.

Ouais! En avant, fières guerrières et braves combattants! Allons nous rincer le gosier!

Avoir l'air sur de soi. En voilà une technique que Barnabée applique dès qu'elle en a l'occasion. Sauf que bon, avec son ton qui tremble, et son visage qui se décompose, tout cela n'est pas vraiment convaincant.

La porte de la taverne se rapproche. Il ne reste plus qu'à espérer qu'elle soit pleine, que le brouhaha empêche toute discussion. Comme ça, elle pourra boire sans avoir à converser.
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#7
Après une bonne marche et de brèves présentations échangées, la taverne était enfin en vue.
Mimir se posait encore beaucoup de questions sur les deux naines qu'elle avait trouvé en route. Elle avait vraiment envie de les connaître, mais ne savait pas trop comment les aborder. L'une parlait tout le temps, répondait à ses propres questions tout en formulant d'autres questions, la seconde regardait ses pieds et marmonnait dans sa barbe (il s'agit ici d'une expression bien sûr, car malgré la rumeur qui court chez certaines races, les femmes naines n'ont pas vraiment de pilosité faciale hormis les sourcils) tout en criant une phrase de temps à autre.
Cette rencontre lui avait fait du bien. Pour une fois, elle voyait le monde en dehors de sa famille. Elle prenait conscience qu'elle n'était plus cet enfant protégée. Mimir avait bien grandi (spirituellement parlant, parce que sa taille adulte était atteinte depuis longtemps). Elle avait déjà commencé à voir (un tout petit peu) le monde. Il était temps pour elle d'élargir un peu son cercle jusque là restreint. Et puis, elle aimerait bien discuter de choses de filles, ce genre de choses qu'on n'aborde pas forcément avec ses frangins. Mais c'était encore un peu tôt, il fallait encore voir si ce genre de choses pouvait aussi être abordé avec des filles...

Mimir revint à la réalité en ouvrant la porte de la taverne. Le lieu était rempli de nains, bruyant et enfumé. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour trouver une table libre. Elle se retourna pour faire signe aux naines de la suivre, il en restait une toute petite au fond de la salle près du comptoir et des urinoirs. Ca sentirait la pisse de nain, mais après une ou deux bonnes bières, elles s'en moqueraient.

En passant près du comptoir, Mimir héla l'aubergiste qui était occupé à discuter avec on-ne-sait-qui:

Tavernier! Sers-moi trois de tes meilleures bières pour une bande de fières guerrières.

L'aubergiste répondit quelque chose que Mimir ne saisit pas parmi tout ce bruit.

Rien compris de quoi qu'y cause le bonhomme! Pas grave, installons-nous!

Les trois naines s'assirent donc à la table. Elles se toisaient, pas vraiment méchamment, mais plutôt pour s'observer. Mimir leur sourit pour détendre l'atmosphère. C'est à ce moment-là que la serveuse arriva et distribua les choppes. Mimir empoigna sa choppe, faillit commencer à boire avant de se raviser, leva son verre.

A la vot' les filles, c'est pas souvent qu'on peut trinquer entr'gonzesses!

Les verres s'entrechoquèrent et chacune but une bonne rasade pour étancher sa soif et se détendre (et aussi parce que la bière, c'est vraiment bon!)
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#8
La bière coulait à flots, ça faisait du bien à tout le monde. L'ambiance générale chez les nains était plutôt tendue en ce moment, mais l'heure était à la détente et à la galvanisation des troupes. Mimir en était à sa.... pfff ... elle ne comptait plus ses bières. Elle ne voyait pas encore double mais quelque chose commençait à la picoter. Ce n'était pas encore ses mains ni sa vue.
C'était plutôt au niveau du bas-ventre. Maintenant que sa soif était étanchée, il faudrait l'épancher.

Bon les filles, c'est pas l'tout, mais faut que j'fasse de la place dans mes boyaux pour la prochian'tournée!

Elle mit ses deux mains sur la table et se releva en poussant son tabouret. Finalement, maintenant qu'elle était debout, elle se rendait compte que ça tournait un peu. Cette bière était vraiment bonne. Mais il commençait à devenir urgent de la vider. Elle tituba légèrement vers les toilettes et pousa la porte des ses deux mains.

Sur la gauche, des nains braillaient sur leur pissotière en comparant la taille de leur machin, sur la droite, l'office-à-caca-qui-servait-aussi-de-dévidoir-pour-filles. Mimir se jetta sur la porte. Elle actionna deux trois fois la poignée dans tous les sens avant de se rendre compte que la porte était coincée.

Par Thuri, c'est pas l'moment!

Mimir sortit sa nouvelle hache et la regarda.

Ah non, pas la nouvelle, ce serait dommage!

Elle la rangea tant bien que mal et sortit sa vieille hache qui commençait à rouiller.

Ma chérie, tu f'ras l'affaire!

Elle leva sa hache pour l'abattre sur la poignée de porte. Mais son instrument s'abattit en plein milieu de la porte. En réalisant, Mimir grommela

C'était pas l'effet escompté, je crois que je suis un peu plus bourrée que je l'pensais!

C'est alors que Mimir entendit quelque chose qui venait de l'intérieur. C'était quelqu'un qui venait de gueuler quelque chose d'incompréhensible. La porte commença à s'ouvrir.

sup

En se retrouvant face à face, les deux personnages restèrent interloqués et se reconnurent..

Mimir baissa les yeux et engagea la conversation d'une voix fluette.

Désolée Merc'dhes, je croyais que c'te satanée chiotte était encore coincée.

Cela ne suffit pas, Mimir continua de se prendre une volée de bois vert dans la tronche par Merc'dhes qui hurlait. Mimir devait prendre une décision. Elle attrappa Merc'dhes par les épaules.

Merc'dhes, j'suis désolée. Là, j'en peux plus. J'te propose de me hurler d'ssus tout c'que tu voudras, mais je dois d'abord pisser. J'suis à une table avec deux autres naines, rejoins-nous et j'te paierai cette bière que je te dois.

Elle poussa la naine, et se jeta dans le cabinet.

Pendant qu'elle se soulegeait, elle vit sa hache en travers de la porte et secoua la tête.

Décidément, cette expédition commençait vraiment n'importe comment.
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#9
Merc'dhes n'en croyait pas ses yeux ... elle avait à peine eut le temps de finir sa petite affaire qu'un coup sourd à la porte l'avait fait sursauter. Elle était bien sûr rapidement sortie, en exprimant son mécontentement, afin d'attraper le bougre d'imbécile qui s'amusait à enfoncer les portes à la hâch...

- Mimir ?

La surprise avait réussi à laisser Merc'dhes sans voix plus de trente seconde ... un miracle ! La naine enfonceuse de porte n'avait pas perdu de temps et tandis que Merc'dhes recommençait à grogner, elle était déjà à l'intérieur du lieu de culte au dieu des popos et s'efforçait de prier du mieux qu'elle le pouvait.

- Non mais ça va pas Mimir ? On s'connaît à peine qu't'enfonce d'jà les portes d'mes p'tits-coins à coup d'hâche ? J'pensais pas qu't'étais comm'ça !!!

Son flot de parole semblait inépuisable ... et c'eut été le cas si Merc'dhes ne s'était souvenu d'un détail pas si insignifiant que ça.

- Attention, y a plus d'papier !

Trop tard, elle entendit un soupire de l'autre côté de la porte. Enfin, quelques minutes plus tard la porte finit par s'ouvrir. La naine qui en sortit arborait un visage serein mêlé d'un je-ne-sais-quoi de honte. Sérénité de s'être enfin soulagée ... honte de ne pas avoir fini tel que les conventions le stipulaient. Merc'dhes s'inquiétât...

- Bah, comment qu't'as fait sans pap... ?
- On en parlera plus tard Merc'dhes si ça te ne dérange pas ... merci.

La légère gêne passée, Mimir adressa un sourire à la naine qui lui faisait face.

- Je suis bien heureuse de te rencontrer ici. Donc comme j'te disais, je suis accompagnée de deux autres naines et nous fêtons actuellement ... heu ... rien de spécial, mais on boit quoi. Si ça te dit de nous rejoindre, tu es la bienvenue.
- Boir'un coup ? Bien sûr qu'j'en suis ! Mais y a pas d'beaux mâles qui vous accompagnent ?
- Hein ?...

Elles pénétrèrent ensemble dans la pièce principale. Doune et Barnabée étaient toujours attablées et la plus petite (Doune) semblait en émule. En s'approchant d'elles, Merc'dhes se rendit compte que la naine avait tendance à noyer l'autre de questions, ne lui laissant pas le temps d'y répondre et renchaînant sur de nouvelles questions, plus bizarres les unes que les autres.

- Pourquoi tu t'appelles Barnabée ? Moi je m'appelle Adounia, mais tu peux m'appeler Doune parce que Adounia c'est un peu long à prononcer alors que Doune ça va. Et tu viens d'où ? Moi j'viens de Karad. T'es déjà venue à Kromgar ? ...

Bref, ça n'arrêtait pas, une véritable mitraillette à paroles qui serrait près d'elle une grosse arbalète. L'autre naine semble plus calme et posait ses grands yeux sur les personnes qui l'entouraient, semblant tout analyser.

- Les filles, j'vous présente Merc'dhes, une fière naine qui vient boire un coup avec nous.

Mimir s'attabla, suivie de près par Merc'dhes qui en profita pour se présenter.

- Fraan les filles, j'suis heureuse d'rencontrer des r'présentantes d'la gente féminaine ! On va ‘fin pouvoi' se sout'nir d'vant tous ces machos d'nains ! Allez c'ma tournée ! Tavernier !

Elle accompagna ses paroles d'un geste sûr de la main. Le serveur leur apporta rapidement de quoi se désaltérer. Un beau petit nain auquel Merc'dhes n'oublia bien sûr pas de mettre une légère claque sur les fesses avant qu'il retourne d'où il était venu les bras chargés de bières.

- Beau p'tit cul...

Les heures passaient et les bières tournaient. Quand ce n'était pas l'une, c'était l'autre qui payait sa tournée. Une tournée en appelant une autre, les quatre naines se retrouvèrent rapidement complètement bourrées … sans passer par la case « légèrement éméchées ». Alors que la taverne se vidait doucement, les nains présents allant dormir quelques heures avant le voyage qui s'apprêtait le lendemain, les naines quant à elles n'avaient jamais été aussi en forme de toute leur vie.

Merc'dhes qui avait pourtant l'habitude des bitures de comptoir semblait ce soir là être bien plus avinée qu'à son habitude. Le serveur avait les fesses en compote à force des nombreuses claques qu'il avait pris de la part de la naine et les fûts commençaient à se vider de manière dangereuse.

Bref, ce soir n'était pas un soir comme les autres et il flottait dans l'air comme un parfum de bonne humeur et de camaraderie, en plus des effluves de bière sèche et de vomi.
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#10
La bière coulait à flot depuis un un bon moment déjà et la nuit était tombée depuis longtemps sur Kromgar. Les clients de la taverne étaient pour la moitié ivres. Les naines attablées l'étaient complètement (enfin c'était l'impression qu'elles avaient, parce qu'il était difficile de se rendre compte de son état). La boisson aidant, elles s'étaient toutes détendues. Elles avaient tout d'abord fanfaronné sur "leurs beaux et bons exploits", puis l'alcool aidant, la pression était tombée et les langues s'étaient déliées. Chacune avait raconté d'où elle venait, ses origines, ses bonheurs et ses malheurs. Toutes avaient affronté des situations qui se révélaient plus inextrictables les unes que les autres, douloureuses, grandissantes. Les unes et les autres étaient contentes de s'être trouvées et de partager ensemble au moins pour cette soirée.

Une nouvelle tournée arriva sur la table, le tavernier débarrassa les cadavres (de bière, aucune naine n'étant -encore- morte). Les naines prirent leur choppe pour les entrechoquer et porter un toast à n'importe quoi (toute excuse pour boire étant bonne à prendre). Leurs gestes étant moins précis, de la bière et de la mousse coula sur la table. L'une d'elles jeta un oeil sur la table et désigna la flaque.

- Hé, vous trouvez pas que ça ressemble à un visage?

- Ha ouais c'est marrant regarde on voit bien les yeux et le gros tarin là!

- Mais c'est pas un vrai nain, manque la barbe!

Eclats de rire autour de la table.

- Mais naaaaan, c'est une naine!

- C'est pt'être Thana?

- C'est qui celle-là?

Une petite explication s'ensuivit : Thana est LA déesse naine, la mère de tous les nains. Son culte est tombé dans l'oubli (ou presque) et on ne parle d'elle que dans de rares tavernes.

- En tout cas, si c'est Thana, elle ressemble à Gromir, la prostipute la plus édentée et la plus malodorante de Karad. Y'a qu'elle pour s'coucher dans la bière!

De nouveaux éclats de rire, toutes manquèrent de s'étouffer.

LEs rires retombèrent d'un seul coup, un silence de quelques instants s'installa et toutes se regardèrent.

- J'me sens pas bien là.

- Moi non plus, j'ai senti un truc bizarre.

- Ah moi aussi, un souffle sur ma nuque et un...

- ...espèce de murmure bizarre dans l'oreille?

- Par Thuri, moi aussi, j'ai rien compris!

- C'est p'têtre Thana qui a pas apprécié la plaisanterie.

Les naines sentirent alors une présence. Une nouvelle naine s'était installée à la table. Toutes se regardèrent, et vu leur tête, apparemment, personne ne la connaissait ni de Thuri ni de Thana. La naine avait une longue tresse blanche et était très ridée. Elle promenait son regard bienveillant tour à tour sur l'une et sur l'autre.

Si vous me donnez une petite pièce, je vous chanterai une chanson.


Les naines se regardèrent et on entendis des cliquetis de pièces sur la table.

Un air, quelque peu dissonant, se fit entendre.

Les pièces disparurent de la table et la chanteuse s'éclipsa, comme elle était apparue.

La bière coula de nouveau à flots. La conversation dériva alors sur la déesse oubliée, la condition de la femme naine et de tout ce qu'elles pourraient faire pour améliorer la vie de leurs consoeurs. Jusqu'au bout de la nuit.
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