Au Nom de mon Peuple.
#1
« Le sais-tu Arellwarn ? Tu n'as pas le choix ! Tu es fille de Brimiëls, veux-tu venir en aide à ton peuple ou non ? Là, est ton devoir, ne l'oublie jamais ! Qui donc nous a sauvés, lors de la retraite ? Qui donc nous a permis de s'en sortir en vie ? Qui ? »

Je suis lasse de ce discours, je l'entends bientôt tous les jours. Je ne suis pas de ceux-là. Ceux qui sans broncher, acquiesce à toutes paroles marmonnée par des aráto. Je ne l'ai jamais été, sans doute, parce que finalement, j'ai décidé de prendre ma vie en main, et non pas d'obéir au doigt et à l'œil des Arqueni.

La seule chose qui franchisse le bout de mes lèvres n'est autre qu'un soupire agacé. Je fixe mon interlocuteur avec insistance. Et dans ses yeux, je remarque l'impatience et la contrariété, alors, je décide tout de même d'apporter réponses.

« Oh, je sais très bien ou tu veux en venir Jiawell ! Et tu me connais depuis le temps. Je te considère probablement bien, comme mon propre frère. Bien que, non, bien que rien en définitive.
Tu as tellement changé ces dernières lunes, c'est à se demander ce qui a bien pu t'arriver ! Tu sais que tu peux tout me dire n'est-ce pas ? Et … »


Je n'ai guère le temps de finir ma phrase, qu'il me coupe dans mon élan brutalement.

« Ne change pas de sujet Arellwarn, arrête de faire ça, tu sais très bien que j'en ai horreur, parce que tu … Laisse tomber ! »

Il est étrange, parce que j'ai bien vu ce sourire timide s'esquisser sur ses lèvres. Sa voix même s'est radoucie, et pourtant, il est si remonté. Pourquoi faut-il toujours qu'il soit autant en contradiction ?

« Et là, n'est pas la question ! Vas-tu faire ce qu'on te demande d'exécuter ? »

Son ton, s'est à nouveau durcit, ce qui me mène à la conclusion, qu'il veut m'entendre dire que je serai prête le moment venu de faire ce qu'on m'incombe d'accomplir. Même si, au final, je pourrais très bien changer d'avis.

Alors, avec un sourire mutin, je lui réponds.

« Oui, bien entendu, je vais le faire, si vraiment c'est si important que cela, et puis aussi pourquoi ce n'est pas toi qui t'en charge ? Ce serait bien moins risqué. Moi, je suis ce que je suis, aussi, il est dangereux de me confier ce genre de mission, et ils le savent. Qu'ils ne viennent pas se plaindre alors après … »

Si Jiawell, pouvait lire en mon esprit, maintenant, alors, pour sûr qu'il ne me pousserait pas à faire quelque chose qui ne rapporte rien ! Après courte réflexion, je peux dire, ou peut-être si pour finir, c'est selon… Ce sera selon, ma propre volonté. Que le vent m'en soit témoin, les choses vont leur échapper. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Qu'importe ! Ils pourraient s'en mordre les doigts.

Et c'est tant pis.

Mon regard est toujours posé sur le visage de Jiawell, je le sens quelque peu rassuré, ses traits semblent plus détendus. Et puis, j'ai encore quelques lunes avant de m'en aller. Autant profiter de ce moment, plutôt que de le gâcher en dispute futile. J'attends qu'il relâche la tension qui règne en maître sur ses épaules, avant de me faire enchanteresse en lui proposant de m'accompagner à la rivière. Juste encore une fois, pour m'amuser, avant que je m'en aille. Prendre le temps de s'observer, de s'attirer, faire courir nos doigts sur nos peaux dévoilées. Parce que, plus tard, tout sera différent. Si différent!

« Suis-moi Jiawell, allons donc nous détendre avant que tout ceci ne change. »

Juste avant que le Crépuscule n'envahissent à nouveau ces Terres. Car je le sais, que nous courons à notre perte bientôt …

C'est le chant du corbeau qui m'en a fait part. Celui-ci était accompagné d'une mélopée résonant par-delà la lisière du bois, portée par le vent, abreuvée par la pluie, et tracée dans les Arbre.

Je préfère ne plus y penser pour l'heure.

« Très bien Arellwarn, très bien … Et tu sais pourquoi ce n'est pas moi qu'ils veulent envoyer ! Et tu m'as eu, encore une fois. Je ne vais pas opposer de résistance, tu le sais bien. J'en suis incapable.»

Oh oui, je le sais, très bien même. Jiawell, pourquoi es-tu si faible lorsqu'il s'agit de moi hein ? Qu'essayes-tu donc de me dissimuler ? Car, j'ai le sentiment, qu'il y a bien des choses que tu me caches. Je terminerai bien par le savoir, crois-moi !
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