Une étrange découverte...
#1
Sindaar et la belle Nox'Alba avaient quitté Naël'Kaldora depuis plusieurs semaines.

Après avoir parcouru la forêt et les plaines de l'est, combattu quelques gobelins et trolls, rencontré un elfe sylvain, le premier que Sindaar croisait sur son chemin, un être sensible, souriant, généreux, les deux centaures poursuivaient leur chemin aventureux en longeant les neiges du nord, bordant les monts Relicanth.

Ils avaient croisé un nain, un magicien s'il fallait en croire son accoutrement, qui bien qu'un peu insultant les avaient tout de même salué avec gentillesse, mais Sindaar n'était pas certain de pouvoir décoder avec justesse les émotions de ce peuple inconnu de lui.
Leur rencontre n'avait été que de courte durée, le temps de quelques pas.
Sindaar et Nox'Alba avaient repris leur route d'un trot enlevé, plongeant sous les frondaisons de la forêt, craignant vaguement l'animosité légendaire du peuple nain.

Au soir d'une longue journée de marche, alors que les sabots de Sindaar martelaient la terre afin de s'y préparer une couche confortable, le centaure fit une bien étrange découverte.
Aux trois-quarts enterré sous les feuilles mortes, recouvert de la ramure encore verdoyante d'un arbre foudroyé longtemps auparavant, un corps reposait, depuis de très longues années à en croire les vêtements en lambeaux et l'armure souillée et rouillée qui recouvrait les ossements épars.
On reconnaissait, à la taille des os et à la longueur de la barbe et des cheveux conservant des restes de tressage, le corps d'un nain.

Fouillant les proches alentours, Sindaar découvrit deux haches ensevelies sous une épaisse couverture de feuilles mortes et de jeune terre, encore rutilantes, preuves, s'il en est encore besoin, du savoir-faire incomparable des nains en matière de forge.
Sans oser toucher ni aux ossements ni aux armes du guerrier mort en ce lieu, Sindaar s'interrogeait.
Cela ne lui semblait pas être une sépulture, mais plutôt un lieu sauvage et naturel choisi peut-être par ce guerrier pour y mourir.

En y regardant bien, les vieux arbres entourant l'endroit, leur frondaison harmonieuse s'ouvrant juste assez pour laisser la place au ciel et aux étoiles, la mousse verdoyante et le tapis de feuilles recouvrant rochers et vieux troncs, faisaient de cet endroit un lieu apaisant, hors du temps, propice aux méditations et pourquoi pas à l'abandon nécessaire à celui qui attend (espère ?) son dernier moment.

Immobile depuis plusieurs minutes, observant respectueusement le corps du guerrier nain, Sindaar put contempler un geai, attiré par la terre fraîchement remuée et par les vers alors terriblement tentants pour l'oiseau affamé.
Piquant vivement le sol de son bec, grattant la terre de ses minuscules serres, le geai était convié à un festin de roi. C'était un plaisir de voir l'oiseau profiter de la générosité de cette terre, un ravissement de l'entendre chanter son contentement.

Ce fut lui, ce minuscule habitant du ciel, qui offrit à Sindaar ce qui allait bientôt combler le vide de sens que le centaure prêtait à son existence.
En effet, sous les serres de l'oiseau grattant la terre, le centaure aperçut bientôt un bout de... De quelque chose d'intrigant, comme un tissu épais et presque rigide, sur lequel l'humidité du sol ne semblait pas avoir de prise.

Le geai, craintif, s'enfuit à l'approche du centaure, ce dernier gratta à son tour le sol pour en extraire un chiffon huilé, conçu pour protéger son contenu des agressions du temps. A l'intérieur de ce chiffon, un livre. Une épaisse couverture de cuir s'ouvrait sur des feuillets de bonne qualité, recouverts d'une écriture soignée, régulière, bien qu'au vocabulaire et à la syntaxe imprécise et ne facilitant pas la lecture.
L'ouvrage était encore en excellent état.
A la première page, l'on pouvait lire ce qui était apparemment le titre conféré à son oeuvre par son auteur :

La balade d'Irkedask


Manipulant soigneusement le vieux livre, comme s'il avait été écrit par une légende des temps anciens (et pourquoi pas ?), Sindaar en entreprit la lecture...
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