Les rêves, il faut s'en souvenir.
#1
Le jeune Elfe trottinait dans la rue, regardant dans tous les sens. Pas très grand, il avait l'apparence d'un gamin de six ans. Ses cheveux si blonds qu'ils paraissaient blancs, coupés sous les oreilles, virevoltaient dans le vent et ses yeux bleu océan scrutaient tout ce qui se passait autour de lui. Il était habillé d'un pantalon de lin et d'une chemise en laine, avec des chaussures de cuir nouées autour du bas de son pantalon. Sa peau hâlée paraissait encore plus par le contraste de ces habits blancs. Il observait tout ce qu'il pouvait voir. Quelle beauté habitait Asteras... Ces tours immaculées, cette merveilleuse architecture si fine et raffinée, ces grandes rues dallées remplies d'Elfes de toutes les classes. Cela contrastait bien avec le village Brüsein qu'il habitait.
« Lindo, ne t'éloigne pas trop ! » dit alors une voix féminine.
Le garçon se retourna et revint vers ses parents.
« Désolé maman, mais c'est tellement beau ! »
La mère sourit. Comme toutes les Elfes, elle était d'une beauté admirable, mais elle était un peu plus petite que ses congénères. Son fils avait hérité de sa chevelure, de ses yeux et de son immense curiosité. Le père, quant à lui, dépassait d'une tête sa femme et la tenait par la main. Son allure le laissait transparaître comme un homme vigilant.
« Peut-être, reprit la jeune femme en souriant, mais ce n'est pas une raison pour trop t'éloigner, nous allons te perdre si tu continues ainsi. »
Lindo acquiesça et resta plus près de ses parents, ne pouvant s'empêcher parfois de s'écarter, trop de choses étant à découvrir.
La petite famille finit par arriver au centre de la ville. L'enfant désigna alors un immense parc entourant une belle bâtisse, en demandant ce que c'était.
« C'est la demeure de nos souverains. » lui répondit simplement son père.
Après un long moment passé à découvrir la ville, il fut temps de repartir vers le village. La route était longue et si l'on restait, trop de travail aurait été manqué. Sur la route, Lindo, ne pouvant quitter des yeux Asteras au coucher de soleil, lança alors :
« Quand je serai grand, je viendrai souvent ici ! »



« … Lindo, réveille-toi... Lindo. »

Le susnommé émergea lentement de son sommeil et ouvrit finalement ses yeux bleu océan. Une Elfe se tenait debout face à lui, les bras croisés. Elle avait noué ses cheveux blonds en arrière de sa tête et regardait de ses yeux verts le jeune homme, un sourire sur le visage.
« Bonjour maman... J'ai tant dormi que ça ? »
Se levant doucement, l'enfant ayant bien grandi alla à la fenêtre et l'ouvrit pour recevoir l'air frais sur son visage. Il jeta un coup d'oeil à sa "mère" qu'il dominait d'une demi-tête.
« Oh oui, il était temps que je te réveille. » dit simplement la femme avant de sortir.
Lindo admira encore un peu Mitriath depuis sa chambre puis sombra dans ses pensées, ayant l'impression d'avoir rêvé de quelque chose...
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#2
Région orientale de l'Empire Elfique, lendemain de la Lürü sì Nyx

Dans un village Brüsein tranquille, à l'intérieur d'une maison aux abords du village. La salle principale est occupée par une cheminée, une table, des chaises et d'autres meubles. Trois Elfes y sont installés. L'homme est vêtu d'une armure et de tout l'attirail d'un soldat.
« Allons Lindo, ne t'en fais pas tant. »
L'enfant leva la tête vers son père, les larmes aux yeux. Il approchait des huit ans d'apparence.
« Mais tu avais dit que tu veillerais toujours sur moi !
- Je n'ai pas d'autres choix, je m'étais engagé. Et puis, je ne serai pas long. »

Finissant sa phrase par un petit sourire, l'Elfe prit son fils dans ses bras et le souleva pour le serrer contre lui. Il murmura à son oreille :
« Et puis, ta mère est là pour veiller sur toi. »
La mère, qui avait entendu, leva la tête avec un faible sourire.
« Sans toi, ce sera plus difficile. Avec un chenapan pareil, j'aurais du mal. »
Elle se leva et s'approcha de son fils et de son mari. Ce dernier prend sa femme par la taille et dit en souriant :
« Ne vous en faites pas, ça ne devrait pas durer bien longtemps. »
Après avoir serré une énième fois Lindo dans ses bras et embrassé sa femme, l'homme sortit de la maison et rejoignit d'autres Elfes près à partir.
Lindo suivit son père jusqu'au groupe puis les regarda partir, des larmes coulant le long de ses joues infantiles.

Quelques jours plus tard, au même village, en milieu d'après-midi.

Un messager militaire toqua à la porte de la même maison. La jeune femme vint ouvrir et regarda le soldat devant elle, une lueur d'inquiétude dans les yeux.
« Bonjour madame Eresseä. Je viens pour votre mari.
Qu-que s'est-il passé ? »

Lindo, qui avait entendu parler à la porte, s'approcha de sa mère et s'accrocha à sa jambe, observant le messager.
« Madame, je suis au regret de vous annoncer que... Votre mari est décédé, comme tous les membres de son unité. »


Le jeune homme se réveilla en sursaut, allongé sur le sol de la forêt, les yeux embués de larmes. Près de lui dormait encore Elenna. Cela faisait longtemps que tout deux attendaient le retour de leurs amis partis avec la délégation Sylvaine auprès des centaures. Il esquissa un faible sourire et se redressa.
« Pourquoi donc ai-je encore fait ce rêve ? … »
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#3
Peu après

Le jeune garçon foulait silencieusement l'herbe de la forêt de ses pieds fins, laissant à peine celle-ci couchée après ses pas. Voilà quelques heures qu'il s'était absenté du village pour porter un message à une autre bourgade. La plupart des hommes adultes était parti... Sans revenir. Alors il s'était proposé comme messager.
Près du chemin s'étalaient quelquefois des tapis de fleurs, devant lesquelles Lindo s'arrêtait parfois, pris dans ses pensées. Non, il ne pensait pas aux gentianes étalées face à lui. Il pensait à son père. Même s'il avait pu atténuer son chagrin en peu de temps, il ne pouvait en détacher son esprit. Il n'avait jamais vu sa mère si triste. Elle était inconsolable.

Divaguant toujours sur ses réflexions maussades, l'enfant avait repris sa route. Arrivant en vue du village, il s'arrêta immédiatement. De la fumée noire s'élevait de nombreuses maisons. De loin, on pouvait voir les flammes lécher les habitations. D'abord interloqué et les yeux écarquillés, l'Elfe restait immobile.
Soudain, il se mit à courir aussi vite que possible vers le patelin, se rapprochant des demeures qui se consumaient peu à peu. Il finit par arriver à la limite des habitations, ou du moins ce qu'il en restait. Outre les crépitements du feu, pas un bruit ne perturbait l'atmosphère chargée. Chancelant, l'enfant s'engagea lentement dans la rue, regardant autour de lui. Des corps inertes, cadavres ensanglantés ou brûlés, jonchaient le sol. Sur l'un de ceux-ci avait été laissée à l'abandon une épée, d'origine orque. Dans l'air régnait une odeur... de mort.
Effaré, il avança jusqu'à sa maison, dont les flammes étaient presque éteintes. Trébuchant, il s'étala sur le sol. C'est à cet instant que les larmes jusqu'alors bloquées se mirent à couler abondamment. Restant face contre terre, Lindo pleura toutes les larmes de son corps.
Après un petit moment, hoquetant encore, il se releva lentement et difficilement. Titubant jusqu'à la maison, il y entra lentement. Tout ce qui restait n'indiquait en rien la présence de sa mère au moment où ça s'était passé...
Mais à l'arrière, son corps était là. Pas tant sanglant que ça. Un seul coup de glaive, qui avait transpercé la femme au niveau du ventre. … Mais pour un enfant, voir le corps de sa mère, morte, ça se révèle... Traumatisant, non ?



Lindo rouvrit les yeux. Il ne dormait pas, il ne pouvait pas. Il devait se contenter de se reposer... Affalé contre un mur de la caverne, recouvert de blessures et de bandages, une pensée amenant une autre, il n'avait pu s'empêcher d'y repenser. Il ne souvenait même plus pourquoi.
Ça, il aurait préféré l'oublier, comme toutes ces autres réminiscences effacées de sa mémoire. Oublier est toujours une façon simple de ne plus penser aux souvenirs tels que celui-ci.

Tentant de chasser de son esprit tout cela, le jeune Elfe se releva lentement, grimaçant quelques instants de douleur. Il marcha alors vers un tréant qu'il apercevait plus loin, puis se mit à courir vers lui. Arrivé en face de lui, il s'attacha à entailler l'écorce de la créature, sans lui faire grand chose. Avant qu'il n'ait pu faire d'autres mouvements, le tréant lui donna un violent coup de ce qui lui servait de bras, l'envoyant à plusieurs mètres. Restant au sol, Lindo chercha à déterminer si l'esprit de la forêt détraqué lui avait cassé une ou deux côtés. Il ne put s'empêcher de penser qu'il devait souffrir sans mourir... Comme de nombreuses personnes certainement. Mais la mort devait être sympathique à accueillir. Pas grand chose ne le retenait ici après tout. A part ses amis.
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