Rends-moi mon doudou !
#1

Une chevelure cendrée, des yeux aussi ronds et luisants que des bonbons au caramel, un teint pâle comme les neiges d'hiver. Si je devais me décrire, c'est par là que je commencerais. C'est d'ailleurs la seule chose que je dirais. Malgré le morceau de miroir qui traîne dans ma besace - éclat récupéré au hasard d'une rue -, je ne contemple jamais mon reflet.
Les adultes, eux, commentent encore et toujours ma silhouette, s'entêtent dans leurs observations futiles. « Fragile » lancent-ils, « Minuscule », dit-on encore. Avec toute leur condescendance, ils me toisent et surtout s'imaginent que je n'ai pas encore appris à penser.


Quel âge faut-il avoir pour contester ? J'suis pas petite d'abord ! Suffit de voir une fourmi ou un nain ; je suis bien plus grande. Pourquoi diantre m'obstiné-je à justifier ma taille ? Ca me reprend ! Encore une fois, je me surprends à piailler sur ma petitesse...ma petiteur, ma ... Apprenez toutefois qu'elle me permet de me faufiler nimporte où, de me glisser gentiment derrière les comptoirs des tavernes et d'y chiper un paneton, ou mieux encore d'assister aux assemblées des grands. Lors de celles-ci, on évoque les affaires du Royaume, parle stratégie, critique certains aménagements de la Cité et tout cela dans un impossible jargon.




Ce jour, j'ai bien plus important en tête.


J'ai perdu mon doudou.



Sniiiiiffff.

Pour vous en faire la description, c'est un lapin de fourrure brun clair, au poil soyeux, avec par endroits des tâches citrouille et brou de noix. Son expression est figée sur un sourire timide et des paupières closes. Comme s'il passait ses journées à faire la sieste. Aussi, deux longues oreilles tombent tout contre son visage et viennent chatouiller son ventre, une surface bombée et tiède qu'il me plaît de toucher. C'est une peluche unique. Même, je saurais la reconnaître entre mille. Et pour cause, j'ai enrubané son cou de jolis noeuds en soie, en plus d'avoir marqué sa patte de mes initiales.



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