Le message du Renouveau
#1

S'il n'était pas rare de croiser sa silhouette entre les arbres de la cité, la voir entièrement à découvert, s'affichant clairement, était bien moins fréquent. Elle ne parlait pas encore, cherchant du regard à capter l'attention de plusieurs personnes, levant parfois une main pour inciter à venir auprès d'elle. Quelques regards se perdirent sur ses formes peu couvertes, mais lorsque sa voix froide et ciselée comme une lame s'éleva, elle trancha net les quelques pensées coupables que sa tenue avait pu faire naître. Elle avait le ton sûr et lent de ceux rompus aux sermons.

"Mes frères, mes aimés. Accordez-moi quelques instants de votre journée. J'ai un message à vous adresser."

Elle garda le silence quelques instants, dardant un regard à chaque elfe qui s'était arrêté.

"Mon sang, mon peuple, puisses-tu considérer mes mots avec bienveillance. Avez-vous entendu le murmure des vents ? Avez-vous entendu les rumeurs, ces dangers qui rôdent dans la forêt, notre forêt, autour de nous ? La Nature notre Mère est en colère.

Et, mes frères, elle a raison de l'être ! Il est temps pour nous d'agir. Il est temps pour nous de l'écouter, plutôt que de seulement l'entendre. Il est temps pour nous de comprendre, plutôt que de seulement constater. Il est temps pour nous de vivre, plutôt que de seulement survivre. Nous avons pansé nos blessures, nous avons pu croître, trouver nos racines.

Assez, assez d'attente ! Les ennemis de notre Mère sont nombreux, et il est de notre devoir sacré que d'aller porter la fureur de la Nature dans leur gorge. Nous sommes une poignée déjà, prêts à tout sacrifier pour apaiser ne serait-ce que d'une goutte l'ire de la Nature qui nous a choisi, chacun d'entre nous, pour la défendre, l'aimer et la parcourir. Et vous, mes frères, vous, vous tous, avez été désigné comme nous pour être de Son peuple.

Nous sommes, pour l'heure, une poignée déterminée. Une maigre poignée, mais vous pouvez en décider autrement. Prenez les armes à votre tour. Soyez prêts à aller pourfendre ceux qui ne La respectent pas, avant même qu'ils La maltraitent. Car laisser faire est une faute, non une preuve de patience. Ce n'est que dans le sang et le labeur que Ses plaies seront pansées. Elle ne nous a pas voulus en agneaux, mes frères. Regardez autour de vous, voyez les signes qu'Elle envoie : prédateurs affamés, griffes promptes, instinct de tuer. Elle nous montre le chemin à prendre, et c'est celui des armes.

La paix ne sera que lorsque tous sauront la respecter. Ce sera le temps du Renouveau. Nous en sommes les Hérauts."

Joignant ses mains au devant de son ventre, la frêle elfe pâle avait fini de parler.

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