Un nain saoul neige ça sang le sapin.
#1
La mission qu'on leur avait confiée aurait pourtant dû être enfantine. Contrôle démographique de la faune locale : une colonie de type fourmifère mettait l'environnement en danger de par sa prolifération trop importante. Il fallait rétablir l'équilibre.

Daenariel s'était munie de ses plus belles bottes, toute prête qu'elle était à en écraser par dizaines. Quelque part dans la description que lui avaient refilées les autorités d'Asteras, elle avait dû sauter le passage qui signalait que ces "insectes" faisaient 20 pieds de hauts et pouvaient vous couper un bras en une flexion de mandibule.

Mais soit, la réalité avait eu vite fait de se rappeler à ses bons souvenirs. D'une part par l'intermédiaire d'une sorte d'ermite timbré nommé Felférine obsédé par la chasse à la kryrch (comme en attestaient ses innombrables cicatrices), et d'autre part par la mort de plusieurs de ses camarades dans la caverne qui semblait être l'habitat de prédilection de ces bêtes sanguinaires.

Les hauts elfes devaient être sur place depuis deux semaines environ lorsqu'elle entraperçut la chose.
Un beau matin, alors que Felférine astiquait frénétiquement une patte de kryrch (il en faisait collection, ce gros taré, Eliondir leur avait même juré l'avoir entendu parler amoureusement à une carapace pendant la nuit), Daenariel décida d'aller se dégourdir les jambes dans la forêt. Les provisions qu'ils avaient emmenés d'Asteras étant presque épuisées et malgré l'oppressant regard de Felférine qui semblait dire à chaque fois qu'ils abattaient une de ces créatures à six pattes "mangeons-la-mangeons-la-mangeons-la-hmmm-ouiiii-mangeons-laaaaa", une bonne chasse au gibier s'imposait.

Les traces d'un phacochère l'entraina vers le nord, là où les arbres commençaient à se couvrir de leur doux manteau blanc, et c'est à une demi-douzaine de lieues des premières neiges qu'elle entrevit enfin sa proie. Sauf qu'elle n'avait rien d'un cochon sauvage.
Ou plutôt si, il était très ressemblant avec son gros bedon et ses courtes pattes, mais ce n'était pas celui qu'elle avait suivi durant l'après-midi. Le cuir de son ventre était imberbe alors qu'on voyait à peine son museau au travers de tout son pelage facial.

Immobile, elle le crût tout d'abord trépassé mais à y regarder de plus près cette chose produisait de petits nuages de vapeur à intervalle régulier, et pas que de par la bouche. C'est alors qu'en s'approchant un peu plus elle aperçut le fer qu'il portait à ses côtés. Une hache, pas de doute là dessus. Ses cours de "nature sauvage et monstruosités diverses" lui revinrent d'un seul coup : petit, rond, tête poilue et hache, il ne pouvait s'agir que d'un nain ! Ou d'un sanglier avec une hache... Mais plus probablement d'un nain !

Et tout fit sens. "Mission prioritaire", "Contrôle démographique de la faune locale", "insectes", pour sûr, on ne les avait pas réellement envoyés là pour chasser quelques fourmis, fussent-elles de véritable machines à tuer sorties d'un conte horrifique. Non. On les avait envoyés là pour tuer des nains. Mais c'est bien sûr. Tout était parfaitement clair.
Les autorités d'Asteras ne pouvaient bien évidemment pas le dire de la sorte, il existait encore une partie de la population qui, après s'être faite lâchement abandonnée par les sylvains et après avoir attendu les renforts nains jusqu'à ce que mort s'en suive pensait toujours que toutes les races étaient égales et méritaient de coexister en harmonie. Et puis il y avait ceux qui aimaient simplement copuler avec des chevaux. Bref, des dégénérés, mais des dégénérés bruyants, comme toute minorité mécontente. Il fallait donc procéder avec des pincettes pour ne pas trop les énerver. Jusqu'au grand soir, il va de soi...

Daenariel se saisit de son arbalète avec un vague sourire de contentement et mit un peu de couleur dans ce paysage monotone avant de crier

"On aime pas votre genre par ici !"
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#2
Le froid se faisait sentir au fur et à mesure que l'on s'approchait du nord, on devinait la violence du froid glacial en voyant au loin les manteaux neigeux sur les collines. Elrin avait pour mission de ramener des minerais qui se trouvaient juste à proximité de l'entrée de la grotte. L'extraction se passait sans problème jusqu'à ce que Dame Daenariel-Syndra passa à côté de lui. Les traits de méfiance mélangée à de la détermination de la Haute-Elfe en disait long sur son attitude. Comme de plus il vit un autre Haut-Elfe Lirawenn monter plus au nord abandonnant tout comme Daenariel leur expédition sur les Krytchrs, cela voulait tout dire quant à ce danger imminent.

Alors Elrin s'arrêta de piocher et jeta un regard vers l'horizon. Il pu apercevoir des tâches mobiles mais sa perception était certainement moins précise que la Haute-Elfe. La surprise s'empara soudainement. Que faire? Prévenir ses compagnons? Mais par quel moyen? De plus son apprentissage n'étant pas terminer, il ne serait jamais prêt au combat...
- [Et puis d'abord, y a-t-il vraiment un danger? Songea-t-il.
Certes par le passé ces petits êtres étaient trop occupés à rester dans leur trou qu'aujourd'hui on n'éprouve que du mépris pour des lâcheurs! Mais ne seront-ils pas nos remparts et nos soutiens si nous arrivons à les faire rallier avec nous... Un jour ou l'autre ils devront nous prouver leur valeur devant un danger bien plus terrible : les Holdars!!]
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#3
*CHTONK*

La nuit était déjà tombée lorsqu'un carreau vint se ficher contre un arbre non loin de Daenariel-Syndra. Un parchemin y était enroulé.

Citation :Fraan, Elfe.
Vous avez aujourd'hui tué l'un d'nos frères, Tuisto Muspellheim. Ce crime a été commis lâch'ment, sans déclaration préalable, aucune mise en garde ou aut'ultimatum. Nous n'avons rien fait cont'vous, notre attitude n'était nullement m'naçante et nous espérions qu'il en était d'même pour vot'groupe d'Elfes, qu'nous avions repérés.

Ainsi, vous v's êtes déclarés ennemis des Nains sans raison aucune. Peut-on savoir d'quel droit v's avez attaqué Tuisto, qu'n'avait pourtant montré aucune hostilité à votre égard? Ne m'faites pas croire qu'vous n'voulez pas d'nous sur ces terres: c'foutu territoire gelé n'appartient pas plus à Asteras qu'à Karad Zirkomen. Nous sommes en terrain neutre et nos peuples n'sont pas en guerre.

Vot'forfait vous déshonore, mais je n'suis pas étonné par un tel comport'ment d'la part d'oreilles pointus. Vous vous montrez comme un peup'fier, mais vous comportez comme d' vulgaires bandits. J'vous demande d'réfréner vos pulsions et d'arrêter tout d'suite vos attaques honteuses. Nous avons aut'chose à faire que d'nous battre pour l'moment.

Sachez c'pendant qu'en c'jour vous v's êtes souillés les mains avec du sang. Et c'sang là s'ra difficile à laver, soyez en sur. Nous n'oublierons pas c'crime. Les Nains ont une bonne mémoire.

J'vous salue, assassin. Votre nom rest'ra synonyme de honte et d'déshonneur pour nous. Tâchez de n'pas aggraver encore plus vot'réputation.

Hagnûr Krajnisson
La réponse de l'elfe ne se fit pas attendre :


Citation :Sieur Krajnisson,

Aujourd'hui j'ai tué l'un de vos frères. Demain ce sera sans doute votre cousin.

Vous parlez de mémoire, laissez-moi donc rafraichir la vôtre.

Il y a septante ans, vous avez cru bon de vous terrez derrière vos murs alors que les Holdars ravageaient Ecridel. Ce jour-là c'est vous qui avez déclaré la guerre.

Nous arrêterons de vous scalper le jour où votre Thain viendra présenter ses excuses au peuple elfe, en baisant les pieds du général Avelys d'Alcascy devant le Temple de Fryelund.

D'ici là, je vous crache cordialement dans la bouche.

Daenariel-Syndra
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#4
Hagnûr reçut la missive et la parcourut rapidement. Il en resta estomaqué. Quelle était cette Daenariel pour parler sur ce ton hautain et méprisant? Une des ces traînées d'Asteras sans aucun doute, qui pour la seule raison d'avoir des oreilles pointues se prenait pour la lumière qui éclaire le monde. Les Hauts-Elfes... Cette race putride et pathétique. Hagnûr éprouvait presque plus de pitié que de haine pour ces êtres pathétiques qui ignoraient jusqu'à la signification de l'honneur.

Ces grands donneurs de leçon, moralisateurs du haut de leur ridicule fierté... Cela n'était pas nouveau, Hagnur le savait bien. Il en avait toujours été ainsi. Jusqu'à ce jour, le maître des runes était simplement méfiant envers eux. Ce meurtre avait changé sa perception. Et pas en bien. Une haine profonde s'ancra dans son coeur. Il répondit avec une écriture rageuse.

Citation :Qui êtes vous pour donner vos leçons au monde entier? Croyez vous que vous valiez mieux que nous? L'invasion des Holdars n'était pas notre guerre. Pour quelles raisons auraient-on envoyés nos guerriers se faire massacrer pour protéger VOTRE empire? Vous êtes plus suffisants encore que je ne le pensais. Vous n'êtes pas le phare qui guide le monde, il serait temps que vous le compreniez. Nous ne sommes pas vos vassaux, et encore moins vos serviteurs, ce n'est pas à nous de mourir pour votre cause. Ce n'est pas nous qui avons causé la chute d'Asteras, mais la vanité de votre peuple. Lorsque vous avez étendu votre Empire jusqu'aux confins d'Ecridel, vous êtes vous demandés ce qu'il en était des intérêts et de l'intégrité du royaume Nain? Je ne pense pas. Maintenant qu'un autre envahisseur à pris la place de cet empire, ne vous étonnez pas que Karad n'intervienne pas.

Regardez le tas de fumier que vous appelez Asteras, et les parasites qui s'y sont développés avant de chercher des coupables hors de vos frontières.

Et même si votre colère était justifié, l'honneur dicte des règles à la vengeance. C'est du moins le cas chez nous, mais sans doute êtes-vous une créature trop misérable pour n'avoir ne serait-ce qu'entendu ce mot. L'Honneur. Un comportement si pathétique m'inspirerait presque de la pitié. Tuer un Nain sans avertissement et sans provocation est pour moi un assassinat, pas une revanche. Maintenant que je vois de quoi est fait votre peuple, je ne peux que me réjouir que les Holdars vous aient poussés au bas de votre piédestal.

Je pisse sur votre Avelys d'Alcascy. Vous-mêmes ne méritez même pas cette honneur. Que la vengeance de Grungar vous poursuive jusqu'en enfer, au delà de la mort.
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#5
Dès la première ligne, Daenariel sentit la bile envahir sa bouche. A la huitième elle cracha par terre et arrivé à la fin de la missive, l'elfe soupira en fermant les yeux. Elle plia soigneusement le message et le mit dans sa sacoche.

Elle prit un instant pour se calmer. La chasse allait bientôt reprendre.
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#6
Lorsqu'il apprit les raisons du meutre sur sa personne, Tuisto failli étrangler le pauvre messager qui lui apportait cette nouvelle... Puis il se réfréna et jurant que c'est le cou de cette Daenariel-Syndra qui devrait apaiser sa colère...

Des cours d'histoires nourris d'interprétations, des passions exacerbées par le racisme et la bêtise, et au bout du compte un meurtre, ainsi qu'un crime contre la nanité qui nécessite un procès. Afin que pareille injustice ne se reproduise plus.

Tuisto se rappelait ses cours d'histoire, un certain édit de bienveillance signé par un roi elfe en 2502 et établi en 2751. Si Tuisto était certain que la sentence prévue par ceux là mêmes qui l'avaient créé, ne serait jamais appliqué à leur semblables, Tuisto se surprit à rêver d'un duel qui rétablirait enfin la justice entre lui et cette inquisitrice qui se prenait pour une sainte...
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