Un voyage en Ingemann
#1
Deux jours sous la terre, deux! Non pas que Hagnûr n'aimait pas les tunnels; comme tous ceux de sa race, il aimait parcourir le réseau minier qui courait sous les Relicanth. Mais il appréciait plus que tout l'air pur des montagnes, cruellement absent dans les souterrains.

Le Nain avait décidé de rentrer de sa petite excursion à Kromgar en passant par les mines pour gagner du temps. Le voyage avait été rentabilisé, d'ailleurs: il avait repéré par hasard un petit filon de pierres de bonne valeur à revendre sur le marché de Karad. La vue de la lumière, et l'arrivée dans la capitale par les immenses portes de pierres qui ouvraient littéralement la montagne, lui réchauffèrent le coeur. Le voyage lui avait fait du bien, mais l'alcool lui manquait déjà. Cependant, avant d'aller à la taverne, il décidé d'aller voir son ancien maître à l'école de magie.

"Oh, Hagnûr!" S'exclama le vieux Nain en voyant son ex-disciple entrer dans la grande salle. "Content de te revoir, tu n'étais pas venu depuis longtemps.
-J'reviens d'un p'tit tour à Kromgar, maître. J'voulais prendre d'vos nouvelles!
-Tu tombes bien, alors. Le Conseil de Karad Zirkomen m'a fait part de sa volonté de rencontrer les jeunes Nains prometteurs pour voir ce qu'ils ont de le ventre. J'ai pensé à toi tout de suite. Tu devrais aller faire un tour là-bas!"


Et c'est suite à cette discussion, et à quelques bières échangées dans les alcôves de l'École, que débuta le périple de Hagnûr. Le Nain, conformément à la décision de son ancien maître, l'une des rares personnes qu'il admirait vraiment dans Karad, se rendit dans le Hall du Conseil.

Là se trouvaient déjà quelques jeunes Nains, à qui parlait le Grand Échevin du Conseil. Celui-ci proposait aux Nains de valeur de faire un voyage jusqu'à la table des Géants, au coeur de l'Ingemann. Un voyage initiatique, ou autre chose de ce genre. L'échevin ayant terminé son discours et donné congé aux Nains, Hagnûr se retrouva à nouveau seul, sans trop savoir par où prendre le problème. Un voyage en Ingemann? Tout cela s'annonçait dangereux. Un tel périple ne s'improvisait pas, et puis ç'aurait été de la folie de partir seul.

Hagnûr avisa deux nains, ou plutôt, un nain et une naine, qu'il avait repéré dans la salle du Conseil et qui s'éloignaient. Il courut pour les rattraper.

"Hé, hé! Vous deux là!" S'époumona t-il. "J'vous ai vu dans le Hall d'Conseil. J'sais qu'c'est un peu abrupt de d'mander ça à des inconnus, mais vous comptez aller à c'te table des géants? Ç'vous dirait pas qu'on y aille ensemble?"
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#2
Komodo vit un jeune nain avec une barbe blanche qui l'interpellait. Il portait une lourde armure et une énorme masse. Les runes qui ornaient ses vêtements lui titillèrent l'esprit. En ce creusant les méninges il se souvint : il l'avait déjà vu fureter dans l'école de magie.

Fraan Maître nain, nous n'avons pas eu l'occasion de discuter mais je t'ai déjà observé une ou deux fois, quand tu apprenais les runes. T'avais l'air de savoir faire quelque chose de tes dix doigts. Je t'ai vu passer des heures à tenter de dessiner une rune inconnue pour la comprendre. Ça m'avait intrigué. Tu m'as l'air téméraire, c'est pas une mauvaise chose."

Komodo regarda Hagnûr Krajnisson de haut en bas, de long en large avec un pti sourire : du fer partout.

"Faut admettre que la calligraphie runique en armure ça aide pas. Si encore c'était du mithril, je dis pas, mais là, ... enfin bon je sais que certains n'arrivent pas à faire le choix entre les armes et les runes, et le mithril j'ai jamais pu m'en payer. "

Komodo se remémora sa jeunesse, lors de la découverte de la dernière grosse veine de mithril. A l'époque les guerriers de renommée pouvaient encore s'offrir des armes faites de ce métal. Les maîtres des runes aussi. Ses lointaines pensées lui occupaient l'esprit, quand Komodo croisa le regard du nain qui semblait attendre une réponse.

" Euh, qu'est ce que tu disais déjà ? Ah oui, la table des géants ! Tu veux qu'on y aille ensemble, bah ma fois pourquoi pas. J'ai toujours voulu voir comment un nain qui aime le corps à corps se débrouille avec les runes, et comme la route n'est pas des plus sûrs, c'est l'occasion de faire un pti bout de chemin ensemble."

Komodo chercha du regard Brukia, une naine qui l'accompagnait et qu'il connaissait depuis quelques temps.

" Envolée. Il y a des jours où elle ne tient pas en place, et où elle disparaît sans prévenir. Elle devait passer au magasin mais elle aurait pu prendre le temps de te donner une réponse avant de filer. On est sur le départ alors on la croisera bientôt."
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#3

Au même moment Barnek était engagé dans une discussions animée avec un commerçant itinérant lui proposant divers articles en les lui agitant sous le nez.


250 pièce d'or c'est du vol mon petit monsieur ! Un scandale ! Et cette couture là, ça tiendra pas deux jours de marche !! Jamais je n'achèterai une crasse pa ...

S'interrompit il en stoppant net un index inquisiteur. Il avait reconnu la voix de Hagnûr Krajnisson interpellant Komodo et Brukia.

Il posa alors son index sur les lèvres de son interlocuteur qui s'apprêtait à répliquer et écouta la conversation.


Chut-chut ! La table des géants ? Qu'est ce que c'est que ça pour des machins ? Et ... mais c'est ...

Dit il en reconnaissant Komodo, il rendit alors les bottes aux marchand d'un air sec, sans lui accorder un regard et se rendit d'un pas assuré vers les deux nains.

Non mais je rêve éveillé, qui voilà donc ? Ce voleur de Komodo ? Vous me devez toujours 100 pièces d'or ! Ne croyez pas que j'ai oublié la manière dont vous allez triché à cette partie de carte, canaille !

Expectora t'il, toujours un cigare éteint à la main, un simili-sourire en coin au bout des lèvres.

Et vous pensez partir et courir la montagne avec le jeune Hagnûr ? Mais vous allez vous faire dévorer par des souris mes pauvres amis, si vous partez ainsi.

S'amusa t'il à expliquer. Puis il s'adressa à Hagnûr d'un air plus sévère.

Je vous accompagne, prendre l'air me fera du bien et on ne sera pas de trop si vous voulez aller à la table mon garçon.

Mais méfiez vous quand même de ce brigand.

Dit il en pointant Komodo avec son cigare terni.

Ne jouez jamais aux cartes avec lui, il est beaucoup trop chanceux que pour être honnête.
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#4
Cela ressemblait fort à une farce, ou un espèce de rêve. Le dénommé Komodo qui acceptait la compagnie d'un parfait inconnu, alors qu'Hagnûr se serait tout de suite montré méfiant, voire hostile. Puis, cette vieille connaissance de Barnek Mornepierre, plusieurs fois compagnon de beuverie à la taverne de la Veine de Mithril, et accessoirement camarade à l'école de magie, qui arrivait là sans crier gare et s'invitait à leur voyage avec son assurance encore jamais démentie.

C'est ainsi qu'en l'espace d'une dizaine de minute, un véritable petit groupe de voyage était formé. Le divin Thuri avait du bénir d'une rune céleste Hagnûr pour que tout cela se passe si rapidement. Le jeune nain n'en revenait tout simplement pas.

"Bon, eh bien, j'suppose qu'on est prêts pour partir... Mes avis qu'ce sera une drôle d'équipée! Moi j'aime bien les départs précipités, ç'vous dit d'partir dès d'main? J'pas beaucoup d'matériel à rassembler."

Et la compagnie se mit en effet en route le lendemain, tant bien que mal. Le premier soir, ils avaient déjà atteint les rives gelées de l'Erioss, et les murs de Karad n'étaient plus visibles à l'horizon. Premier bivouac entre ces Nains que le hasard le plus pur avait rassemblé...
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#5
C'est lors de ce bivouac que Brukia, la naine qui s'était éclipsée rapidement a Karad, réapparu. Elle avait marché dans la nuit en direction du feu qu'ils avaient allumé. Arrivée a quelques pas du feu de camp, elle ne reconnut tout d'abord personne jusqu'à ce qu'elle aperçoive Komodo. Elle s'avança alors rassurée.

Fraan, voyageurs !

A la lueur du feu, les nains présents purent voir des traces de terre et de sang couvrant ses avant bras, ainsi qu'une peau de loup attachée a sa taille. Elle s'assit prêt du feu, et posa son arbalète au sol.

Faut faire gaffe les amis, y'a de nombreux loups blancs qui rodent dans les parages. J'en ai transformé un en hérisson, dit-elle en montrant la peau de loup a sa taille, mais y en a sûrement d'autres qui m'suivent la dans le noir. Chui ben contente d'vous avoir trouvé en tout cas, v'savez? Vous allez tous a la tab' des géants?

Tout en les regardant tour a tour, sans leur laisser le temps de répondre, elle continua:

Komodo, tu les as trouvé ou ces bizarres la?

Elle enficha un morceau de viande de loup qu'elle avait sorti de sa besace sur un bâton sec et le porta sur le feu.

Ah, au fait, moi c'est Brukia. Et si vous aimez la viande d'loup, j'en ai plus que pour une, faut pas s'gêner pour me l'dire
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#6
Komodo fût heureux de voir son amie Brukia réapparaître. Il mis à griller le morceau de loup qu'elle lui tendait et salivait à l'avance à l'idée de ce petit repas entre nains aux pieds des montagnes.

Puis il expliqua à Brukia.

" Je me fais vieux et cela fait des années que je ne peux plus compter sur mes doigts combien de décennies j'ai à mon actif. Je ne cours plus aussi vite qu'avant et comme tu as pu le constater, les loups rôdent. J'ai autrefois voyagé seul ou à deux et mon corps s'en souvient, surtout quand je pioche ou que j'abats un arbre. J'ai croisé bien des nains qui ont payé de leur barbe une rencontre malencontreuse avec des elfes trop nombreux. Quand je regarde ces nains qui nous entourent, je ne veux pas que ça leur arrive. Mes plus anciens compagnons de voyage n'étant plus aussi avides de voyage qu'avant, et ne voulant rester croupir dans cette ville quand tant de choses se passent à nos portes, j'ai décidé de m'entourer de nouveaux visages. J'espère que cela te conviendra. "

Il se retouna vers Barnek Mornepierre qui le regardait toujours de travers, et le fixa attentivement pendant de longues minutes, tout en avalant sa part de viande.

"Quant à toi, qui a connu presque autant de printemps que moi, que je ne te reprenne plus à m'associer au mot tricheur, en le déclamant publiquement. Ce soir là, il y a exactement 62 ans, 13 semaines et 4 jours, tu étais rond comme une barrique, bien pleine. Tu braillais tellement fort qu'on parlait de te bâillonner. Tu avais ingurgité bien plus de bière qu'un nain normalement constitué ne peut ingérer avant de s'effondrer sur sa table et dormir. Et pourtant, rien n'y faisait, tu continuais à boire, à brailler, et à défier tout le monde de ceci ou cela. Tu m'as défié aux carte en disant que j'étais incapable de l'emporter contre toi. Mon honneur était en jeu. Rond comme tu étais, ce n'a pas été difficile de ganger le contenu de ta bourse. J'ai par contre évité de justesse la hache avec laquelle tu as voulu me couper la barbe, convaincu que je trichais. J'ai dû rembourser la table avec mon argent, et donner ta bourse à l'aubergiste, à qui tu avais bien avant promis de rembourser ton ardoise. Tu peux lui demander il te le confirmera. J'avais pris soin de le lui faire noter. Ceci étant, j'ai moi aussi maintes fois été ivre et je ne t'en tiens pas rigueur, mais garde toi bien de revenir sur ce sujet avant d'avoir eu vérifié mes dires sur le livre de compte de l'aubergiste, sans quoi je risque d'être moins arrangeant. "

Komodo entendit du bruit vers l'ouest. Des pas dans la neige, mais bien trop rapides pour être ceux d'un bipède. Probablement un des loups dont Brukia parlait. Un hurlement confirma sa suspicion. Une forme blanche s'approcha. Komodo pris son morceau de viande entre ses dents pour être certain que personne ne lui vole, et commença à tracer des runes pour se fortifier lui même ainsi que ses compagnons. La bête le fixait droit dans les yeux et Komodo était prêt à se battre pour sauver la fin de son repas.
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#7
Au moment ou Brukia était arrivée parmi les nain déjà présent, Barnek reconnu la naine pour l'avoir déjà vue dans les rues et les établissements bien fréquentés de la capital. Il lui adressa donc un bref mouvement de la main, que d'aucuns aurait pu qualifier de relativement froid.

Néanmoins son visage et ses traits s'éclaircir légérement en voyant de la viande de loups entre les doigts de la demoiselle. La nourriture est un mode de communication bien différent de la parole et ne s'embête pas de beaucoup de détails. Au plus profond de lui Barnek appréciait donc d'une certaine manière (la sienne) la nouvelle arrivante.

Ainsi, il s'avança vers elle et lui serra brièvement la main pendant que Komodo lui adressait la parole. Entre deux phrases de ce dernier il glissa un court :


Barnek, -'chanté

Et il en profita pour prendre un morceau de viande à Brukia

Ensuite, armé d'un morceau de viande dans une main et de son indémodable cigare dans l'autre, il reposa son attention vers Komodo après son long monologue.


« Curieux » se dit Barnek en sont fort intérieur. « Il ne dit rien, il ne réagit pas, il pourrait dire quelque chose quand même le bougre ».

Accompagné de ses pensées, ses sourcils se froncèrent d'eux même.

«Il me dévisage, il va forcément dire quelque chose »

Barnek tapa doucement du pieds sur la neige, légèrement impatient. Il souffla alors une fumée vers le ciel, continuant à se demander si Komodo allait ou non se manifester.

« Il s'est coincé un os dans la gorge peut être ? Non, impossible il aurait changé de couleur depuis».

Enfin, Komdo répliqua.
Barnek ne l'interrompit pas, il avait trop attendu pour ça. Cependant il manifesta une lourde contestation durant la réponse. Ainsi il saupoudra le discours de son interlocuteur de « bah! », « peuh ! » et autres onomatopées courtes mais lourde d'objection. Il allat même à ne plus le regarder directement, à croiser les bras et en levant les yeux au ciel de temps à autre laissant monter crescendo une colère non dissimulée.

Barnek s'empourpra donc. Ce qui n'était pas bien compliqué pour son visage car celui était relativement habitué à prendre des couleurs pour un oui pour un non. Son tempérament lui donnait ainsi les fabuleuses capacités d'insuffler dans tous son corps en quelques particules de secondes l'énergie nécessaire à s'emporter violemment.

Chose relativement peu courante pour un pour un maitre des runes. Mais toutes les pierres de la montagne ne se ressemblent pas. Dans le cas de Barnek c'est de la quiétude dont il aurait fallut se méfier, mais c'est une autre histoire.

Affublé de l'un de ses éternels cigare, il perçut lui aussi la présence d'un loup s'approchant. La cocotte minute que représentait son esprit sembla perdre un niveau de pression sans toute fois cesser de siffler.
Il lâcha son morceau de viande et décrocha ses yeux de son compagnon pour plonger son poing dans la terre comme si celle-ci était liquide.

Des runes légèrement bleutées se formèrent à la surface du sol et entourèrent l'avant bras du nain.

Ceci étant, ça ne l'empêcha pas d'offrir tant bien que mal, une réponse à Komodo :


BAH ! C'était du bluff ! L'astuce de l'homme ivre fonctionne parfaitement sur tous les nigauds. Mais même si vous n'en n'êtes pas un vous auriez du perdre ! Impossible autrement !

Dit il sortant brutalement un rocher de la taille d'un chat du sol qui se craquela au niveau des runes.

A l'époque le tenancier était un ami, il ne me servait que du lait de chèvre dans ma chopine pour mettre de l'ambiance dans son bouge sans perdre le contrôle de l'affaire. Rien à voir avec l'ALCOOL !

Termina t'il en envoyant la lourde pierre en effectuant un simple mouvement rotatif qui aurait du l'envoyer à pas plus d'un mètre. Pourtant celle-ci s'envola brutalement vers le loups qui, surpris la reçu directement dans les côtes le faisant vaciller légèrement.

Barnek répétât l'opération et replongea son poing sous terre pendant que le reste de ses compagnons s'activèrent.


Et il vous à fait payer sa table ? Cette épave croulante ? Haha quel vieux brigand celui-là ... Voila un détail de l'histoire que j'ignorais et ...

Réfléchit un instant Barnek en soutenant une nouvelle pierre imposante à bout de bras. La faisant légèrement vaciller sous le poids de sa distraction.

Mais ... IL AURAIT PU ME RENDRE MA BOURSE ALORS CE DAMNE CORNICHON !!!

Il lança alors plus férocement que jamais son projectile vers le loups qui l'encaissa en roula sur un mètre cette fois-ci. Le destin de ce dernier semblait scellé au vue des nombreux coups et autres projectiles plantés dans sa carcasse.

JE T'EN VAIS ME LE TROUVER CET AUBERGISTE DE PACOTILLE ! CE NAVET DÉGARNI ! CETTE ORDURE ! CE MISÉRABLE DÉBAUCHÉ !

Il se retourna alors, fou de rage retournant d'un pas rageur vers la capitale dans la direction opposé au loup. Il attrapa son morceau de viande, son sac rajouta à l'adresse du groupe.

PARTEZ DEVANT JE VOUS RETROUVERAI, J'AI TRAVAILLE 5 ANS AVEC CE ... CE ... CETTE CHOSE ET JE NE LA LAISSERAI PAS VIVRE UN JOURS DE PLUS AVEC MON OR !

La comparaison suivante semble judicieuse, un train lancé à toute allure, munit de dents de croc et de jurons salés s'élançait maintenant, le poing brandit vers le ciels, braillant de toute sa force vers la grande Karad. Heureusement pour cette dernière ce n'était qu'une métaphore douteuse.

On pu encore l'entendre longtemps s'énerver et brailler après qu'il soit parti.
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#8
Hagnûr avait salué Brukia bien plus chaleureusement que ne l'avait fait Barnek. Il avait déjà quelques bières dans le nez et l'alcool faisant son effet, il était d'humeur très joviale. L'ambiance fut pourtant bien vite refroidie par le monologue de Komodo. Ne sachant trop où se placer, le jeune maître des Runes resta bien en retrait, sirotant quelques nouvelles pintes.

Il but si bien que, lorsque le loup arriva, il était saoul comme une barrique et crut presque voir toute une meute fondre sur le petit groupe. Le sang bouillonnant, n'entendant même pas les répliques de Barnek, mais trop émmeché pour pouvoir graver proprement la moindre rune, il attrapa son marteau et fonça en criant sur la bête. Les grammes d'alcool qui parcouraient ses veines et son manque d'entraînement avec cette arme lui valurent de ne frapper aucun coup sur l'animal. Son marteau tombait toujours à côté mais Hagnûr ne s'en apercevait même pas. Si bien que, lorsque le loup s'effondra, Hagnûr poussa un cri triomphant:

"Par les c*** d'Grungar, j'l'ai bien eu c'te bestiaux! F'sais pas l'poids cont'moi, j'vous l'dit!"

Et le jeune nain d'éclater de rire à se rompre l'échine, avant de vomir pitoyablement à côté du cadavre et de s'endormir comme une masse dans la neige.

Il se réveilla le lendemain avec un mal de crâne si violent qu'il ne parvint à se lever que parce qu'il menaçait de geler sur place, bien que ses compagnons l'aient apparemment enveloppés dans une couverture. Brukia et Komodo étaient déjà levés et mangeaient un morceau autour des dernières braises encore chaudes du feu de la veille.

"Euh, s'lut à vous! 'xcusez moi pour hier, j'crois bien qu'j'ai un peu abusé... J'me dois d'vous dire quelqu'chose avant qu'on aille plus loin ensemble. J'ai un vrai problème avec la boisson. Même pour un nain j'veux dire. J'me sens comme obligé d'finir rond comme un trou tous les soirs que Thuli fait. J'espérais qu'ce p'tit voyage me f'rait du bien et m'aiderait à r'trouver des habitudes plus saines. Aussi, s'vous plaît, essayez d'm'empêcher d'trop boire à l'avenir."

Le nain marqua une très courte pause.

"Mais au fait il est passé où l'Mornepierre? Et qu'est qu'c'est qu'ce cadavre de loup, on a été attaqués p'dant la nuit??"
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#9
Brukia écouta Hagnur attentivement, puis lui tendit un morceau grillé de viande de loup qu'elle venait de passer au feu. Puis, elle remit la main sur un autre bâton garni et le mettant au feu, se remit dans sa position assise, impassible. Elle ne commenta pas sur l'attaque du loup, mais sur les deux autres commentaires d'Hagnur.

L'Mornepierre, il est parti comme un nain patient vers Karad. Une histoire a n'pas tenir debout a propos du tavernier et une histoire d'honneur nain. Bref un truc qui peut faire partir un nain sans l'voir revenir tant q'l'histoire l'est pas réglée.

Elle remua les braises qui commençaient maintenant a diminuer, faute de bois.

Pour ton histoire d'boisson, mmm, j'comprend ben. J'aime pas trop c'tabitude qu'on a d'habituer les nourissons a l'alcool dans leur toute première année. C'est presque comme qu'on leur donnerait a siroter des biberons d'bière, par Thana! Tu sais c'doit avoir un lien chez certains nains quand y devien' adultes, alors t'couvre pas de honte pour ca.

Elle mordit un bon morceau de viande en y prenant apparemment plaisir puis reprit.

Et pi, si on va loin, nos gourdes seront bien vides a un moment donné. Donc t'aura pas l'choix que d'pas boire autre chose que l'eau de l'Erion, finit-elle en lâchant un rire sonore.
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#10
Komodo, qui fréquentait les auberges avec modération (son foie était moins permissif que dans ses jeunes années) savait à quel point ce problème pouvait être délicat à gérer à la fois en cas d'excès ou de pénurie. Il n'avais pas à juger Hagnûr Krajnisson pour cela, mais s'inquiétait des conséquences possibles : Il avait dû ce reculer plusieurs fois pour éviter de rencontrer le marteau d'Hagnûr.

" J'espère que lorsque ton tonnelet sera vide tu n'iras pas dans la ville (Elfe, d'après la carte) la plus proche pour trouver de quoi boire. Sinon on risque vraiment d'avoir des soucis. Si ça arrivait que veux tu que l'on fasse ? J'ai bien un morceau de corde pour t'attacher à un arbre le temps qu'il faut mais je doute que cela te plaise. Une idée meilleure ? Quand à ce loup, il nous a attaqué cette nuit. Tu as essayé tant bien que mal de nous aider à l'affronter mais sans parvenir à le toucher. Sobre ou ivre, il va falloir qu'on s'entraîne un peu au corps à corps tous les deux. Sans mes runes je n'aurais pas non plus réussi à le toucher."

Komodo s'accroupit près du loup et le dépeça avant qu'il ne gèle. Il découpa et désossa la carcasse, découpa la viande en lamelles qu'il emballa dans un sac avec de la neige, pour qu'elle refroidisse plus vite.

"Avec tout ça nous aurons de quoi grignoter pour nos prochains bivouacs. Mais la viande ne sera vraiment plus tendre que dans quelques jours. Un fois grillée ce sera parfait.

Il est temps de se remettre en marche, en route compagnons."
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#11
Le voyage reprit. Quelques jours passèrent sans incidents notables, mais Hagnûr se sentait honteux à cause de son comportement l'autre soir, où il s'était rendu ridicule, voire dangereux face à ses compagnons de route. Quelle image ceux-ci allaient-ils garder de lui après une mésaventure si pitoyable? C'est en ruminant dans sa barbe qu'il se fit le serment de prouver à Komodo, Brukia et Barnek qu'il n'était pas qu'un sac à vin (et à bière) mais qu'il était capable de très bien agir.

L'occasion lui en fut donné rapidement. La petite compagnie avait été rejointe un jour par Parnel, un guerrier, connaissance de Komodo et qui voulait lui aussi se rendre jusqu'à la fameuse table. Après avoir fait brièvement connaissance, les quatre Nains se mirent rapidement en route. Personne n'avait la moindre idée de la distance qui les séparait de la Table, ni l'emplacement exact de celle-ci, et ils voulaient se hâter pour la trouver. L'ambiance était de moins en moins gai. La troupe arrivait au coeur même de l'Ingemann, et chacun savait les dangers que recelaient cette contrée glacée. À commencer par les...

"Gobelins!" Hurla Hagnûr. "Attention, gobelins!!!!"

Le jeune Nain était tombé nez à nez, au sortir d'un petit bois, sur des gobelins. Guerriers, lance-javelots... Une véritable petite troupe. La surprise passée, il invoqua à la hâte quelques runes sur ses compagnons et sur lui-même pour essayer de tenir tant bien que mal le premier choc. Un groupe de lance-javelot le prit pour cible, et il fut forcé de reculer pour se mettre à l'abri. Un javelot l'avait touché en pleine cuisse. Un peu plus loin, Parnel, qui avait courageusement foncé au corps à corps, se retrouva sévèrement blessé en peu de temps. Les gobelins étaient trop nombreux.

"Ç'commence mal c't'histoire! Très mal, même..."
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#12
Des gobelins, des gobelins et encore des gobelins. Au nord, à l'ouest et au sud.

Ces créatures répugnantes et puantes qui braillent sans cesse nous avaient pris par surprise. Plus nombreuses que nous, nous assiégeant de toutes part, leurs premiers assauts firent mal. Mais les nains sont coriaces, et se se laissent pas prendre au dépourvu bien longtemps.

Au lieu de riposter sur les trois fronts, les maitres des runes organisèrent les défenses, en protégeant les combattants, et en améliorant leurs performances. Les combattants formaient alors un mur, insensible aux attaques des gobelins. C'est alors que la chance tourna pour les peaux vertes.

"Ça va saigner ! Tremblez gobelins, vous commencez à me les briser, je vais vous pulvériser !" Cria Komodo. "Compagnons, j'offre une bière à celui ou celle qui en fait tomber le plus grand nombre."

Aidé par ses compagnons, Komodo se mit à aligner les gobelins, un à un, pour garder sa bière. Les nains ont une affinité naturelle pour la roche, mais lorsque les gobelins partagent magiquement cette affinité, ils se retrouvent vite ensevelis. Ça embellit le paysage et le débarrasse de ces puanteurs.

Le cercle de gobelins qui les entourait devint plus diffus, écrasé par la puissance des nains, travaillant main dans la main.

C'est alors que le Chef Tribal, qui dirigeait les gobelins, arriva dans les rangs nains.

"Compagnons, la chance tourne peut-être momentanément mais je refuse que la bière que j'ai promise soit destinée au Chef Tribal plutôt qu'à l'un de nous."
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#13
La situation était critique. Les gobelins arrivaient de toute part!

Ils avaient réussir a faire tomber trois gobelins. Brukia armait sans cesse des carreaux dans son arbalète, et n'avait aucun répit. Quatre carreaux se fichèrent dans le ventre d'un autre gobelin, armé de javelots, qui s'effondra au sol. Mais déjà deux autres gobelins arrivaient derrière lui!

La naine n'esquivait pratiquement aucun coup, mais son armure amortissait bien. Par contre, elle commençait a fatiguer, et se demandait si elle pourrait tenir ainsi longtemps, lorsque un gobelin particulièrement bien bâti arriva en chargeant contre eux. C'était sûrement leur chef, allaient ils tenir contre ses assauts? Deux de ses compagnons saignaient abondamment, elle-même avait a la cuisse gauche une plaie qui aurait besoin de son attention.

Par Thana! Ces mouches vertes sont vraiment agaçantes !
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#14
"Maudits gobelins je vous hais, bandes de pleutres, de lâches, de bouffeurs de rats, retournez d'où vous venez, vous n'avez aucun sens de l'honneur, vous attaquez à quatre un adversaire isolé et blessé, alors qu'à un contre un vous vous cachez ! Si j'n'avais pas besoin de toute mon énergie runique pour faire tenir mes morceaux, je vous anéantirais jusqu'au dernier !"

Essouflé par sa tirade, et accessoirement par les blessures qui parsemaient le cuir de sa peau, Komodo regardait le Chef Tribal, qu'il avait réussit à semer, se diriger vers Parnel, déjà bien mal en point. Il ne pouvait pas le laisser se faire massacrer sans rien faire et rassembla ses dernières forces pour boire sa dernière potion de soins. Les effets se firent sentir rapidement, ses plaies commençaient à cicatriser mais une grande fatigue l'envahit. Komodo se tourna vers le Chef Tribal et commença à tracer des runes sur le sol en rassemblant ses dernières forces. Il devait contrer son ennemi avant que celui-ci ne s'en prenne à nouveau à Parnel, mais n'avait pas encore la force nécessaire pour l'atteindre. Komodo s'allongea sur le sol au milieu des runes, pour puiser dans celui-ci la puissance magique de la Terre. Il cherchait à ne faire qu'un avec cet élément, et fit le serment d'exterminer ces viles créatures, dès qu'il en aurait la force.

C'est alors qu'il vit Barnek Mornepierre qui s'approchait à grand pas, prêt à lui prêter main forte. La Terre l'avait donc écouté et lui avait envoyé des renforts.

"Fraan Barnek Mornepierre, je ne vois pas la tête de l'aubergiste pendre à ta ceinture. Tu lui as finalement laissé la vie sauve ? Si tu veux te défouler il y a de quoi faire, ces mouches-vertes pullulent, ton aide va nous être précieuse. Les gobelins rôdent tout autours de nous."

Autrefois les environs de Karad étaient bien plus sûres, on pouvait s'y aventurer sans crainte. Désormais, dès qu'on franchissait les portes ouest, des loups des neiges nous attaquaient. Une fois l'Erion traversé, les gobelins s'attaquaient aux voyageurs isolés. Komodo pensait alors aux habitants des hameaux autour de la capitale naine : vivre au milieu des loups et des gobelins, ne pas pouvoir se déplacer sans risquer sa vie. Ces hameaux étaient vulnérables, il le savait bien : il n'avait pas pu aller rendre visite à sa soeur, qui vivait dans un patelin isolé, depuis au moins 2 ans, car les gardes sont trop peu nombreux pour patrouiller hors de la ville. Penser à elle lui redonna le courage de se relever.

"Une fois qu'on aura décimé ces gobelins, faudra qu'j'me penche sur ce problème. C'est pas possible de laisser autant de créatures malsaines autour de notre si belle ville. Faut faire quelque chose. En attendant, ça va pas être une partie de plaisir."
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#15
Le combat faisait rage. Le recul de Hagnûr ne lui avait servi à rien, ou presque: le chef tribal l'avait aperçu immédiatement et avait délaissé Parnel pour le charger, lui.

"On dirait qu'i'm'aime bien ç'ui-ci..." Grommela le maître des runes

Épuisé, il ne parvint même pas à parer le premier coup: le guerrier gobelin était bien trop fort et entraîné. Son énergie magique était à un niveau extrêmement faible, et Hagnûr ne parvenait à lancer aucun sort. La rage au coeur, car il ne haïssait rien de plus que passer pour un lâche, il se redressa tant bien que mal pour fuir, priant pour que le chef tribal s'en prenne à quelqu'un d'autre. Et la prière fut entendue, car ledit chef ne prit pas la peine de le poursuivre. Hagnûr s'écroula dans la neige. Il était faible, très faible, son sang teintait la neige tout autour et ses blessures lui faisaient souffrir le martyr. Même plus la force de sortir sa potion de soin pour la boire. Mais il était sauf, et c'était cela qui comptait.

Sauf? Pas pour longtemps. D'un bosquet enneigé à quelques pas de là sortirent deux autres gobelins. Hagnûr sentit à peine un javelot, puis deux, et enfin un troisième, se ficher dans son dos. Grungar avait décidé de rappeler l'un de ses fils...



Le jeune Nain se réveilla dans le temple de Karad. Grungar l'avait rappelé pour le renvoyer aussitôt sur terre. Le Dieu de la Vengeance l'envoyait pour la Vengeance.

"Maudits gobelins! J'vais vous r'trouver, et j'espère bien qu'mes compagnons m'laisseront quelqu's'uns d'entre vous à pourrir!" Hurla t-il au milieu du temple, sous les regards effarés des prêtres.

Ses blessures n'étaient pas encore refermées, et il se sentait aussi faible que dans la neige, peu de temps avant. Mais la colère valait mieux que tous les sommeils réparateurs et tous les soins prodigués par les prêtres. Le Nain se leva et, ignorant un prêtre qui le suppliait de rester, il sortit résolument du saint édifice. Il repartait vers l'Ouest.
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#16
Le Chef Tribal avait envoyé Hagnûr Krajnisson voir Grungar, puis avait laissé Parnel et Brukia agonisants, et Komodo gravement blessé. Ils avaient réussi tant bien que mal à ramper hors de portée. L'heure était grave.

Mais les cris des combattants, des carreaux d'arbalète qui déchiraient le cuir, des armes qui s'entrechoquaient, des appels à l'aide et des malédictions, le bruits des roches qui s'effondraient sur les gobelins avaient ameuté d'autres nains dont les rangs se renforçaient. En effet ces combats se déroulaient juste devant les portes ouest de la capitale naine, en traversant l'Erion.

Les Gobelins les plus faibles avaient pour la plupart trouvé la mort, les nains étaient de plus en plus nombreux, se soutenant les uns les autres, commençant à organiser un plan d'attaque. La particularité de ce combat reposait dans le contexte : Des flots incessants d'aurochs chargés de marchandises passaient au travers du champ de bataille, et les blessés reposant sur le sol devaient rester vigilants pour ne pas être recouverts par une couche de neige, sous peine de se faire écraser par l'un de ces lourds bovidés.

Seuls les gardes de la ville manquaient à l'appel, pourtant avec l'agitation qui régnait à Karad Zirkomen ils étaient toujours plus nombreux et plus vigilants.

"Il va vraiment falloir faire quelque chose un de ces jours. Mais c'est quoi ce grand bazar là ? oust du balais ! Allez garer vos aurochs ailleurs, on se bat ici, un peu de respect pour ceux qui se battent pour sécuriser la zone. Pff les marchants c'est plus plus ce que c'était. Bah voilà, ça devait arriver, il y a un auroch qui s'est pris une hache perdue, qui se vide de son rumen en plein milieu du champ de bataille. Le Thain va pas être content du retard. Tant qu'il n'y aura pas de route ça sera la même chose de toute façon."
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#17
Brukia un peu inconsciente, était restée parmi le groupe de 4 gobelins lorsque deux de ses compagnons avaient du s'éloigner pour récupérer. Elle avait ensuite pris d'énorme coups du chef gobelin, qui s'était retourné sur elle. Bien malgré elle, elle du se rendre a l'évidence qu'il lui fallait battre retraite. La jambe salement amochée, elle fit du mieux qu'elle put pour échapper aux gobelins, qui la suivaient en ricanant. Sa vision commençait a se brouiller, et la neige était très froide, ses forces diminuaient.

C'est avec soulagement qu'elle vit un groupe de nains s'approcher. Elle ne les reconnut points, mais elle passa parmi eux et les entendit charger contre le chef gobelin. Vu qu'ils l'occupaient, elle pouvait enfin récupérer. Elle eut juste le temps de détacher la peau de loup qu'elle avait a sa taille et de s'envelopper dedans avant de s'écrouler sur le sol parmi la neige poudreuse.
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#18
Brukia arriva a voir tant bien que mal des explosions de rochers. Des maîtres des runes se lâchaient sur le chef gobelin qui pour une fois n'arrivait pas a tout esquiver. Les Muspelheim, qui avaient apparemment été prévenus du besoin urgent de renforts, étaient la en première ligne a encaisser les attaques du chef gobelin.

Devant tant de bons efforts, Brukia arriva a se relever et après quelques minutes, a tenir debout dans la neige. Elle n'allait pas les laisser seuls se battre s'il lui restaient quelques forces. Armant son arbalète, elle tira un trait vers le gobelin, qui lui rentra dans le ventre. Celui-ci, occupé déjà par les autres nains, ne l'avait pas vu venir. Un dernier trait qu'elle envoya juste après l'acheva et le fit tomber au sol. Tant bien que mal, elle s'approcha du corps pour s'assurer qu'il était mort, et après lui avoir envoyé un bon coup de bottes, récupéra un anneau brillant qu'il avait au doigts.

Avant d'enfin s'asseoir dans la neige pour se reposer, elle embrassa sur les joues les deux guerriers nains qui étaient a un pas du chef gobelin.

Merci beaux guerriers, y vous a pas fait froid aux yeux, l'gob

Sur ces mots, assise, elle se mit a manger un bon morceau de pain avec un peu de viande froide pour reprendre des forces
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#19
Les 2 frères Muspellheim, Tyr et Tuisto, avait tenu la première ligne sans broncher. Ils avaient l'habitude de prendre des coups, et d'en rendre aussi. On pouvait voir qu'ils n'étaient pas entièrement satisfait de leur combat. En effet, il avait été court, trop court, et leurs compatriotes s'étaient détendu avec les petits gobelins. Pas grave, il y en aurait d'autres. La déception était plus importante chez Mimir et Bladr car ils avaient été retardé par un loup des neiges de belle taille.

Cependant, parmis ceux qui étaient partis plus tôt que nous, je pouvait remarquer l'absence de Hagnûr. D'un regard, on me fit comprendre qu'il était tombé au combat.

Bien, maintenant qu'nous sommes plus nombreux, nous allons traverser ces plaines plus facilement. Afin d'éviter d'autres pertes, il serait sage de s'organiser un peu mieux, non ?
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#20
Hagnûr arriva en courant, essoufflé. Il redoubla ses efforts en voyant à l'horizon le groupe de Nains. Ils étaient bien plus nombreux que lorsque le chef gobelin les avait attaqué, et nombre de visages lui étaient inconnus. Il mit même un certains temps avant de repérer Brukia, Komodo et Barnek dans le lot.

"Pffff, pfffff" Souffla t-il. "Reste quequ'gobs à poutrer j'espère? M'dites pas qu'vous m'avez pas attendus pour les finir?!"

Sans attendre de réponse, Hagnûr s'approcha encore et vit tous les cadavres, et surtout celui du chef tribal qui l'avait renvoyé (pour peu de temps) auprès de Thuli.

"Par les co*** de Grungar! Vous m'l'avez pas laissés? Et ma vengeance, hein?! Qu'est c'qu'vous en faites d'ma vengeance?!"

Le Maître des runes se laissa tomber à côté de Brukia et sortit de son propre sac un morceau de pain pour l'accompagner dans son repas.

"Et dire qu'j'ai couru cme un fou d'puis l'temple de Karad... T'ça pour arriver trop tard. M'enfin j'suis d'retour et j'me laisserais pas déboiter si facilement la prochaine fois!"

Puis, il murmura à l'oreille de Brukia:

"Au fait, qui c'est tout ces inconnus? Qu'est c'qui viennent faire ici?"
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#21
"Fraan Hagnûr, ça va mieux ? Rah il t'a pas loupé le bougre, t'es encore décoiffé. Un peu plus et ta barbe y passait. Pour les gobelins, ne t'inquiète pas, il y en a d'autres, j'en vois 2 qui gesticulent au Nord-Ouest, et j'en reconnais un, que j'avais meurtri il y a une semaine. Il est encore plus moche que les autres."

"Trinquons, buvons et mangeons à notre santé, avant d'aller exterminer ces répugnantes créatures. Mais avec modération quand même, la digestion ça déconcentre pendant les combats. C'est que le loup des neiges, c'est aussi coriace à manger qu'à tuer."

"Tous ces gens autour de nous, le visage radieux et la sueur qui perle au nez malgré le froid, c'est tous les nains qui sont venus nous aider à te venger."

"Parmis eux voici Tyr , Tuisto et Heimda Muspellheim, ainsi que Rogral. D'autres nains arrivent, mais ont été retenus par des loups des neiges. Ils ont réussi à stopper la progression du chef tribal, avant qu'on l'épuise et l'achève ensemble. Beau travail, compagnons d'armes ! On se retrouvera sur le champ de bataille ou devant une bière, à l'occasion !"

"C'est pas tout de parler mais il faut que je prenne le temps de manger moi, j'ai un gobelin à finir, c'est le petit tout moche là-bas, avec son strabisme, celui qu'est tout plein de poussière depuis que je l'ai enpierré vivant."


Komodo avala rapidement quelques morceaux de viande et repris une bière, avant d'aller finir sa besogne.

"Il est vraiment trop moche pour rester en vie celui-là. Faut faire quelque chose."
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#22
Après le combat difficile contre le "grand gob", comme l'appelait Brukia maintenant, les nains réunis avaient fait connaissance, et ils avaient décidé de marcher ensemble vers la table des géants, en deux groupes qui pourraient se prêter main forte en cas de besoin.

Il semblait que l'échevin les avait tous envoyé vers cet endroit perdu! Brukia se demandait si ce nain emplumé n'envoyait pas la bas tous les p'tits jeunes qui venaient lui poser des questions, pour s'en débarrasser peut-être? Il savait sûrement les dangers que comportaient le chemin. Et il ne devait pas trop aimer les aventuriers qui n'aimaient pas lire, ça devait être sa façon de leur faire une blague.

Komodo et Barnek, a ses cotés, prévenant qu'ils avaient vu deux nouveaux gobelins arriver vers eux, Brukia arma a nouveau son arbalète. L'heure de la réflexion sur l'échevin attendrait
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#23
Les deux gobelins n'avaient pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui leur tombait dessus. À peine virent-ils la compagnie que Barnek, Komodo et Brukia étaient déjà sur eux, rapidement suivis par Rogral et Hagnûr. Les Nains n'en firent qu'une bouchée. Le groupe (plus si petit que ça) devenait vraiment efficace. Il était désormais temps d'établir le campement pour la nuit.

La conversation allait bon train et les Nains firent plus ample connaissance dans une bonne humeur entretenue par quelques pintes de cervoise et de bière. Assez tard dans la soirée, tout en mâchant une des saucisses qu'il avait acheté à Karad, assaisonnée de bonne bière des Collines Sanglantes, Hagnûr regarda ses compagnons pour lancer une conversation plus sérieuse.

"M's'amis! J'suis bien content d'faire c'voyage avec vous. J'vois qu'vous êtes tous d'joyeux compagnons, habiles à manier les armes autant qu'à vider des pintes. J'crois qu'on fait une bonne équipe. Mais j'voudrais vous faire part d'mes inquiétudes. Trouver un tel groupe de gobelins, à même pas deux jours de marche de Karad?! D'la folie! C'genre de choses ne devrait pas arriver, c'n'est pas normal. Les alentours d'notre capitale devraient être bien plus sûrs que ça!

En fait, j'ai d'jà pu remarquer qu'les choses ne tournent plus ronds d'puis quelque temps, lorsque j'ai passé un an dans l'armée. J'ai visité en tant qu'soldat quasiment tout l'royaume. Et bien c't'une pitié! Les sentiers dans les montagnes n'sont plus entretenus, et ont presque disparus! Les avants postes tombent en ruine! J'ai même vu en hiver des villages entiers décimés par la famine, car trop loin d'là capitale, oubliés et non ravitaillés! Si vous voulez mon avis, le royaume est sur le point d'tomber en panne. Et v'savez pourquoi? Parce que depuis quelqu'générations les Nains ont oubliés le pilier d'notre civilisation: une économie solide. C'est chacun pour soi désormais: chacun garde ses propres richesses pour lui.

Oh, vous m'direz, les Nains ont toujours eu tendance à amasser des richesses! Je n'dis pas l'contraire, et c'est dans not'nature. Mais autrefois, les riches Nains savaient utiliser leur or dans l'intérêt général. C'n'est plus l'cas aujourd'hui. Et j'suis convaincu qu'il faut que quelqu'un fasse quel'qu'chose pour ça!"


Ce brillant plaidoyer, preuve d'une grande éloquence, enjolivée par une bruyante mastication et quelques rots bien placés, étaient une délivrance pour Hagnûr. Depuis un moment il ruminait ses idées dans son coin. Ce soir là, l'alcool et la confiance qui régnait dans la compagnie improvisée avaient ouverts le coeur du Nain. Celui-ci s'aperçut que soudain que, pendant qu'il parlait, il s'était levé et s'était avancé en titubant, sa saucisse dans une main et sa chope levée bien haut dans l'autre, au point de frôler le feu. Se sentant un peu ridicule dans cette posture, il recula et se rassit à sa place rapidement.
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#24
Brukia avait bien aimé le discours d'Hagnur, mais elle de son coté était pas trop douée pour la parlote. Elle leva sa cuisse de loup grillée en l'air pour montrer son approbation et lança quelques mots.

Chui ben d'accord avec toi, Hagnurrrr! Le royaume il va a la dé-ban-da-de. C'est sûrement parce que trop d'nains ils passent leur temps a utiliser des plumes pour écrire dans d'gros livres ou y font que compter leur sous. Ils oublient que si leur or est en lieu sûr, c'est grâce aux autres nains autour, a la co-mmu-nau-té d'nains quoi.

Elle avait syllabé lentement les deux mots qui lui tenaient le plus a cœur.

Euh... En tout cas, sache que chui prête a mettre mon arbalète au service d'ta cause, le nettoyage j'aime bien ça! Et j'ai quelqu'zidées de stratégie pour ca. Faut encore que j'les travaille dans ma tête mais je vous les donnerai au bon moment.

La naine regarda sa cuisse de loup qui refroidissait dans ses doigts. Elle arrêta de parler et se remit a l'ouvrage, elle n'aimait pas manger froid.
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#25
Les 3 Muspellheim c'étaient mis un peu à l'écart du groupe car ils en attendaient 2 autres, Mimir et Baldr.
Heimda écouta les paroles de Hagnûr puis celle de Brukia. Il s'avança vers leur feu et fit signe à ses frères de le rejoindre.

J'savais bien qu'un truc tournait pas rond pour notre peuple. Mais j'arrivais pas à mettre l'doigt dessus. T'as raison Hagnûr, faut bouger.
Par contre, t'as tord sur un point. C'est pas à quelqu'un de faire quel'chose. Mais faut l'faire ensemble. Y'a qu'à voir comment on s'fait des gobelins quand on est groupé.
En plus, c'est vrai que tout l'monde l'a oublié : l'or c'est comme les nains, faut qu'ça fasse des petits.
Faut quand même des gros livres, Brukia, mais faut qu'ça bouge aussi la'dans car qui sème le houblon récolte la bière et n'oublions pas que l'argent fait le bonheur du nain
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#26
En écoutant Heimda, Brukia ne put s'empêcher de penser:

Il a du apprendre beaucoup d'choses dans sa vie ce nains la, il connait le même genre de phrases que ma grand-mère elle répétait a longueur de journée, avec la phrase sur l'truc qui sème et récolte de l'bière

La seule chose qu'elle ajouta fut un "Humum" approbateur
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#27
Komodo écoutait Hagnûr en buvant des bières. Le combat ça donne soif.

Mais c'est fou ça, pensa Komodo, ils sont complètement bouchés quand ils combattent ! Ils répètent ce que j'ai dit y'a à peine environ longtemps, pendant le combat contre le chef tribal, comme si c'était une idée nouvelle qu'j'avais pas déjà dite :

"Les alentours de la capitale ne sont plus sûres" qu'il dit, "C'est pas possible de laisser autant de créatures malsaines autour de notre si belle ville" qu'j'avais dit.

Les villages isolés, les chemins pas entretenus, avec les aurochs qui déambulent partout parce qu'il n'y pas de route. Tout ça tout ça quoi, je l'ai déjà dit. J'sais pas comment il fait ? Pourtant Hagnûr était parti voir Grungar quand je disais ça. Si ça se trouve c'est Grungar lui même qui a parlé à Hagnûr de mes idées. Ou alors ... C'est forcément ça. Grungar. Je vois pas d'autre explication.

"Hagnûr... Grungar... Hûgnar... Gragnur... Hûngar ... Ragnûr ... Hrungar ... Hagnûr ... Grungar ..." marmonna Komodo.

Puis Komodo dévisagea Hagnûr pendant un bon quart d'heure, oubliant de boire sa bière, avant de marmonner dans sa barbe :

"Ah ouais ! Sacré Grungar quand même ! Petit cachotier. Il nous envoie un messie prêcher ma bonne parole, c'est fou ça. T'inquiète pas je dirais rien. N'empêche le messie de Grungar qu'arrive après la bataille, sans pouvoir se venger, povr bête."

Komodo essayait de boire sa bière qui avait gelé dans sa choppe, sans se rendre compte que rien ne coulait.

"Pareil que c'que dit le petiot. Faut faire un truc. Une route, un pont, je sais pas moi. Y'en a marre des Auroch qui font n'importe quoi, c'est devenu dangereux de se promener au grand air. Et puis c'est chiant ce fleuve mouillé là ! Moi je veux des ponts partout. Là bas ! Là, là, là, là, là bas, et puis là aussi. Mais ici là on peut laisser comme c'est, c'est joli et puis c'est loin. Et un pont là aussi. Et une route aussi, autour du pont, pour décorer. Avec un grand terrain pour les aurochs, un peu comme un marché avec des emplacements parce que là rien ne va plus... Et là pof, une échoppe. L'échoppe du Roc. Avec des trucs à vendre dedans."

Komodo se leva et parti recycler son trop plein de bière un peu plus loin.

"Ça fera de l'engrais pour la neige, pour qu'elle pousse bien."
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#28
Hagnûr regarda Komodo un instant avec un regard circonspect. Qu'est ce que c'était que cette histoire de Grungar et de messie?? Le pauvre Komodo ne devait pas avoir toute sa tête... Ou bien avait-il trop d'alcool dans le sang. Krajnisson décida de faire abstraction de ces élucubrations étranges pour se concentrer sur les paroles suivantes, sur les ponts et autres routes. Bon, le projet de construction de pont n'était pas défendu avec une rigueur scientifique inébranlable, certes, mais l'idée était là. Et Hagnûr était tout à fait d'accord.

"J'vois qu'on s'comprend. Ça m'fait plaisir d'voir qu'j'suis pas l'seul à penser ça! Tout l'monde n'est donc pas dev'nu fou à Karad, c'est rassurant! On est un certain nombre. Comme l'a dit l'Muspellheim, c'est en groupe qu'on pourra tenter d'faire quelque chose. Faudra réfléchir à ça. Quand on s'ra revenu d'cette foutue table, et qu'on s'repointera d'vant l'Conseil d'Karad, ce serait bien qu'on est des suggestions à leur faire sur c'point.

Enfin pour ce soir, fini d'parler, j'vais me coucher."
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#29
Les jours suivant furent plutôt mouvementés. Un groupe de marchands nains revenant des forêts de l'Ingemann affirmèrent à la compagnie que des Elfes en très grands nombres se trouvaient plus à l'ouest, s'affairant autour d'une grotte cachée à travers les arbres. Ce que les longues oreilles venaient chercher par ici, nul n'en savait rien, mais cela constituait un nouvel obstacle.

Les Nains décidèrent donc de se séparer quelques temps afin d'être moins facilement repérés par d'éventuels éclaireurs elfes. La famille Muspellheim décida de contourner les montagnes de l'ouest par le sud, tandis que les autres passèrent par la vallée.

Mal leur en prit. Dans la vallée se trouvaient deux gobelins. Ils furent tous deux facilement écrasés. Mais alors que le petit groupe continuait sa route, cernés par les montagnes à leur gauche et à leur droite, l'air glacial brûlant le visage des Nains et la neige leur arrivant au genou, un grand guerrier orc surgit de derrière un bosquet et chargea Hagnûr.

Le Maître des Runes eut à peine le temps de se mettre en position de garde. Garde que l'orc balaya allègrement pour frapper deux grands coups sur son épaule gauche. Serrant les dents pour ne pas hurler de douleur, Hagnûr appela ses compagnons à l'aide et recula du mieux qu'il pouvait. Ses chutes de pierre semblaient faire l'effet d'un massage à la créature, qui continuait d'avancer. Fort heureusement, Komodo arriva à temps pour pétrifier l'orc. Cela laissa un peu de répit aux Nains pour courir vers les hauteurs, où ils pensaient être plus à l'abri.

Ils traversèrent donc les montagnes non pas par la vallée mais en suivant les crêtes. De là, ils avaient une vue imprenable sur l'Ingemann, et sur la grande forêt qui cachait leur objectif. La table des Géants était quelque part au milieu de ces arbres. Du moins, tous l'espéraient. Au cours de la marche, Hagnûr repéra de nombreux filons de métaux.

"D'abord d'l'or. Hier d'l'argent, maintenant du fer! Jamais vu des montagnes aussi riches! Et tout ça visible à ciel ouvert! Qu'est c'qu'ça doit être à l'intérieur?" S'émerveillait le nain. "Je n'm'explique pas qu'personne n'ait jamais eu l'idée d'creuser des mines ici! On est pourtant pas les premiers nains à v'nir ici!"

Il fallait faire quelque chose pour exploiter tout cela. Ces ressources appartenaient à la montagne, et la montagne appartenait au peuple Khazad. Progressivement, tout au long de la route, le projet de Hagnur mûrissait. Un projet très ambitieux, et il s'étonnait lui-même, lui qui avait toujours voulu être discret. Il lui faudrait pour le réaliser de nombreux alliés. L'union faisait la force. Il lui faudrait également le soutient et la confiance des autorités...
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#30
L'orc n'avait pas l'air fin, avec son armure de pierre. Il n'arrivait plus à nous suivre, surtout dans les montagnes. Les compagnons auraient pu s'arrêter pour l'affronter, mais ils avaient déjà assez trainé sur le chemin et leurs réserves de nourriture faiblissaient. Ils fallaient qu'ils se dépêchent d'arriver à la table des géants, car dans les parages il n'y avait que des orcs et des gobelins à chasser.

"C'est ptet à cause des elfes qui rodent dans les parages qu'on a jamais construit de mine dans les parages... Mais vu tout ce qu'on voit affleurer à la surface, ça vaut ptet le coup de revenir avec une troupe de guerriers et une troupe de mineurs."

Une chouette Harfang des neiges que Komodo avait apprivoisé quelques années auparavant vint se poser sur son épaule. Un petit rouleau de papier était accroché à l'un de ses pattes. Il décrocha le message et donna un morceau de viande à l'oiseau qui poussa un cri de remerciement avant de s'envoler en tournoyant dans les airs.

"Compagnons, le Thaïn a besoin de nous, nous devons retourner à la capitale au plus vite. Si quelqu'un veut lire le reste du message ... Je vais essayer de ralentir les prochaines créatures que nous rencontrerons pour qu'on ne soit plus retardés, hâtons-nous !"
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