Déréliction
#1
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ilence venait de franchir les portes de la capitale. L'elfe était grand, large d'épaules mais dépourvue de taille, accentuant d'autant plus les traits de sa race. A peine quelque pas que déjà il se sentait oppressé par la foule qui se faisait d'autant plus dense qu'il approchait de la place principale. On y trouvait le temple ainsi que le grand palais et ces jardins. La ville pourtant était connue pour être le joyaux d'Ecridel, les beaux quartiers n'étaient que villas en marbre gardées de portes massives sculptées dans un chêne centenaire ou tout autre essence plus noble encore. La nuit de nombreuses lanternes, dansant au bout de crochets ouvragés en bronze, baignaient albâtres et griottes d'une lumière chatoyante, faisant durer le crépuscule jusqu'au petit matin.



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Tout dans la ville portait à l'émerveillement et pourtant le mage était hagard. Chaque rire d'enfant, sourire d'une mère, franches accolades, chaque expression et émotion le renvoyait à lui même, à sa solitude. Pourquoi l'avare veut-il toujours plus d'or, le don Juan plus de femmes...pourquoi le renard égorge-t-il plusieurs volailles pour finalement ne se repaître que d'une seule. Chaque âme sur ce monde était avide de richesse, de chair, d'attention, de respect, d'affection ou encore d'amour. Le désir de prendre paraissait universel et nul ne semblait donner assez pour nourrir cette soif insatiable...sauf peut-être la mère nourricière. Le monde avait-il toujours été ainsi ou l'évolution ne menait-elle qu'à une frénésie destructrice ?



Une forte odeur de poisson vint arracher le jeune homme de ces songes, il avait bifurqué légèrement à gauche et se trouvait à présent sur les quais. Il respira alors profondément, les embruns frappant son visage. Peu à peu l'angoisse le quitta et alors qu'un marin accort venait lui proposer du poisson encore frétillant il déclina d'un signe de tête et se dirigea vers une des tours qui dominaient la ville. Silence s'était construit une bulle, l'image d'un homme indifférent, mesquins pour certains, le protégeant de ce monde qui ne lui laissait de place. Bien sûr il avais fait des rencontres la bulle s'était effacée, devenue poreuse, mais tout cela n'était qu'éphémère. Trahisons ou simple déceptions ne faisaient que ramener inlassablement ses tourments à la surface. Ceux la même qui érodaient ses espoirs à la manière des vagues qu'il surplombait, battant les murs de la tour, grignotant quelque infime fragment de roche à chaque déferlement. Aujourd'hui la bulle était devenu imperméable et l'étouffait, le consumait à petit feu.




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En cet instant il se demanda s'il était possible qu'un jour un être parvienne à sonder son âme et chasser la noirceur qu'il côtoyait...Une caresse le fit se retourner...mais ce n'était qu'un chat. Le pauvre animal avait les côtes saillantes et le poil terne. Il commença par lui donner la couenne de la tranche de jambon qui constituait son repas puis sourit quand il constata avoir finalement partagé plus de la moitié de sa tranche avec félin. Il ramassa alors ses affaires et abattit son capuchon... il n'était pas mort.....pas encore...

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#2

Par une nuit de nouvelle lune, des milliers d'étoiles illuminant un ciel vierge de nébulosité, le mage était allongé. Elle s'était envolée, partie, faisant place à un vide que le mage supportait avec peine. Il avait réalisé à quel point il tenait à elle progressivement, au fur et à mesure que leurs contacts s'espaçaient. A présent lancée dans une grande aventure elle était hors de portée. Scrutant le cortège d'astres il se demanda si le ciel était différent là-bas, quelles odeurs et formes pouvaient avoir les fleurs ou encore à quoi ressemblait la faune... Tant de questions sans réponses … la rêverie l'avait arraché des bras Morphée.

Confidente ou petite sœur, il n'aurait su expliquer par un seul mot ce qu'elle représentait pour lui d'autant plus qu'il n'avait jamais eu ni l'une ni l'autre. Il sourit, les mots … encore une chose qui le ramenait à elle, son goût pour l'écriture. Après quelques minutes de songes, sentant le sommeil insaisissable, il sortit un calepin et une plume de son sac puis se mit à l'ouvrage.

Les jours passèrent et avec eux de nombreuses ratures et manuscrits chiffonnés mais le résultat était potable ou tout du moins c'est ce que Silence se disait. Les rimes étaient pauvres mais l'ensemble se tenait. Sans fioritures mais sans toutefois être dépourvu d'une certaine calligraphie il prit alors sa plus belle plume avec laquelle il caressa un vélin qu'il avait acquis dans la capitale.


Spleen
Sur les rives de l'Erion nous nous sommes croisés
A tes yeux un intérêt j'avais gagné
Rapidement j'ai pu goûter
A ton caractère bien trempé

Originale par de multiples autres aspects
Ta personnalité suscite mon respect
Faisant fi de ma nature farouche
Ton charme sans nul doute a su faire mouche

Petit à petit dans mon intimité
Délicatement tu t'es invitée
Finalement je me suis constaté
Inévitablement apprivoisé

Heureux je me suis retrouvé
Ton enthousiasme m'a inspiré
Dans un élan passionné
Telle une muse tu m'as plongé

Indubitablement j'en sors grandis
Et affectueusement t'en remercie
Aujourd'hui je te raconte tout cela
Car me défaire de toi je ne veux pas

Egaré en terrain inconnu
En ces vers je découvre une vertu
Me voici à la fois serein et en émoi
Dans ce silence effarouchant je pense à toi
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