Que serait un monde sans Rose?
#1
...Un immense empire Barbare.

Frappe, tue, mutile, frappe, tue, mutile. Puis l'on s'enfonce dans l'eau, on essaye de crier, mais aucun son ne vient, on sent la respiration qui ne vient plus, on s'agite... On meurt.

Tely'o se réveilla en sursaut, haletant, couvert de sueur, il avait vu nombre d'atrocité dans son existence, il avait connu enfant la chute de l'empire, il avait vu s'élever un roi, il avait vu s'élever un peuple. Lui n'avait que peu de souvenir des monstres, mais il gardait la vision des batailles contre les autres peuples, les gobelins et autres infamies, il gardait le souvenir des frères morts, il gardait leur visage ancré dans son esprit, déformés par la douleur, la rage, la peur, la haine, la mort.

Sortant de cette torpeur qui l'habitait, il se releva de sa demeure, maison familiale où ne résonnait depuis longtemps plus les cris des enfants. Il était seul dans sa chambre, assis sur le rebord du lit, bougeant son épaule endoloris, massant l'impressionnante blessures qu'il avait au-dessus du coeur. Une main plus bas et il en aurait été fini pour lui de ces cauchemars qui le hantaient nuits après nuits. Il inspira profondément, faisant entrer l'air frais dans ses poumons, les faisant s'ouvrir comme une fleur au printemps. Cela lui était désagréable, il avait l'impression de prendre une bouffée d'air après avoir pris un bain glacée. L'eau, il avait toujours eu une certaines peur de l'eau, il avait ces raisons pour ça mais ce n'est pas le propos.

Se relevant totalement, il commença sa prière matinal en haut Silië, sa voix s'élevant tel une lente mélopée primaire, recommandation aux dieux de le protéger. Les dieux, existaient ils vraiment? Et surtout les entendaient ils?

C'est sur ces questions que commença la méditation, plusieurs sablier se renversèrent avant qu'enfin Tely'o ne sorte doucement de l'état de relaxation dans lequel il s'était mis. Il lui fallait marcher en ville maintenant, il avait envie d'aller dehors. Méthodiquement, comme mugit par un mécanisme ancestrale, il commença à se vêtir, enfilant les habits puis l'armure, enfin, il mit les épées aux fourreaux avant d'engoncer ses mains dans ses gants, lassant avec minutie ces derniers. Lors de ses premiers pas dehors, le soleil était déjà haut, et il sentait ses rayons caresser sa joue avec autant de délicatesse que l'aurait fait la main d'une amante.
Répondre
#2
Se promener dans les rues de la cité, slalomant entre les arbres, saluant les gardes, taillant le bout de gras avec ceux que l'on avait connu, ceux avec lesquels l'on s'était battu. Cela faisait un an, oui, une année entière qu'elle avait disparu, le traînant dans les méandres des abysses, elle avait été sa lumière, sa muse, son inspiration, sa raison de vivre.
Mais elle l'avait abandonner, le jetant en pâture à sa solitude. Tout avait un goût de cendre depuis ce jours, la vie avait perdu toutes attirances, il ne faisait que marcher parmi les autres pou mimer un simulacre de vie alors qu'au plus profond de son être tout était mort. Tout?

Non, tapis dans le plus profond de son être, il y avait ce infime espoir, cette envie impossible, cette folie qui le maintenait à flot, cette bouée jetée dans l'océan déchaîné à laquelle il était accroché dans la plus grande des terreurs.
Et cette bouée venait de monter à la surface, au début, ce ne fut qu'un parfum, celui d'une rose, un parfum léger qu'emporte le vent doux et vicieux, il y a ensuite la surprise de retrouver ce parfum, comment? Pourquoi? Était-ce réel? Il y a alors les yeux qui cherche, traquant l'origine de la délicate odeur, et les yeux qui trouve, ce mouvement fugace dans la foule. Elle? Oui? Etait-ce un rêve éveillé? Elle avançait, doucement, ne lui offrant que son dos et sa longue chevelure d'acajou. Il n'arrivait pas à articuler un mot, il brûlait d'envie de l'appeler, d'hurler son nom, de la poursuivre, mais rien n'y faisait, il était là, pétrifié par un mélange de peur et d'appréhension.
Soudain, il sort de sa stupeur, il se met à courir, il sent dans son être la peur, il sent sa respiration haletante alors qu'il pousse les badauds pour arriver à elle.
Soudain, il la perd de vue... L'angoisse commence à le submerger. Pourquoi? POURQUOI!
Une rage commence à l'envahir alors que ses yeux continuent désespérément à la retrouver. Il a besoin d'elle, elle ne peut pas de nouveau l'abandonner, non, elle n'a pas le droit, elle doit rester près de lui, il en a besoin, il le faut... Par pitié...
Pitié... pitié...
Répondre
#3
Savez-vous ce qu'est le désespoir? Cette vague, que dis-je, cette déferlante qui vous emporte, qui nous submerge, qui vous noie.
Tely'o est à la dérive, une nouvelle fois, il est dans l'immense désert de la solitude, errant sans but ni espoir, n'attendant qu'une fin tragique, n'attendant rien des hommes ou des dieux, n'attendant rien d'autre que la délivrance de l'esprit par une lame acérée. Ses jambes lâchent, d'un bruit sec ses genoux frappent le sol dans un crie d'agonie. Qu'on l'achève par pitié, qu'on cesse de le torturer avec les visions du passé.
Il reprend alors doucement conscience de son environnement, la conscience, cette maladie qui nous sépare chaque jour un peu plus de l'animal. Lui s'éloigne de plus en plus de l'humanité, laissant sa nature primaire prendre le dessus, pourquoi? Pour arrêter de penser. Malheureux sont les hommes d'esprits car ils ressassent sans cesse les tourments du passé ne pouvant se décoller de ces instants de bonheur qui les ont jadis quitté.
Lentement, il se relève, il avait encore agit stupidement sous le diktat du coeur, obéissant à ces pulsions stupides et irréfléchies. Il fallait qu'il l'accepte, jamais plus il ne la reverrait, jamais plus il ne sentirait la douceur de ses caresses, jamais plus il ne sentirait son doux parfum... Non, jamais plus il n'entendrait ses mots tendres qu'elle lui murmuraient au creux de l'oreille, promesse d'amour infini et d'étreinte sans fin. Non, jamais plus.
Ce jamais avait un goût de cendre dans sa bouche.

Ses pas le menèrent vers le pont, embouteillé à cette heure comme toujours, il regarda autours de lui sans pourtant poser ses yeux sur un passant précis, soudain, il s'arrêta sur la berge, là où quelques audacieux préféré traverser à la nage pour gagner du temps. Ce n'était pas une mauvaise idée.

Mais parmi les nageurs, elle... Oui, elle était là! Etait-ce son esprit malade et torturé qui tentait de lui jouer de nouveau un tours? Etait-ce une crise de démence qui lui offrait la vision cruelle de sa bien aimé décédée?
Il ferma les yeux trois fois de suite mais à chaque instant, son corps voluptueux nageant à travers les flots ne disparaissait pas. La quatrième fois fut de trop et sans se poser de question, il bondit.

Prenant son élan, il se jeta du pont pour arriver vers elle. Chacune de ses brasses ne faisaient que faire battre son coeur un peu plus fort. Il sentait le tambourinement violent de ce dernier, il sentait son torse qui allait éclater tant a pression se faisait forte.

Il arriva près d'elle enfin...
Répondre
#4
Le coeur qui ralenti, un battement, un seul, puissant, tellement puissant que son bruit en est assourdissant, il entendre le sang battre dans ses oreilles, il sent sa propre respiration difficile, lente. Il sait que ce ne peut être elle, il sait qu'elle est morte, ses yeux lui envoient en flash les images du corps brisé, lacéré. Il sait que cela ne peut être possible.
Oui, il sait qu'il se ment à soi-même pour être en paix. Y a pas de mal à ça, tout le monde le fait. Il sait que lorsqu'il ferme les yeux le monde est toujours là.


Sur cette pensée, il regarde cette inconnue qui n'est pas elle. Est-ce que le monde est toujours là maintenant? Il les garde fermé, les crispants. Est-Il vraiment là?
Les souvenirs sont malléables, ce sont des interprétations, rien de plus. Ils ne font pas le poids face à la réalité...


Les yeux de Tely'o s'ouvre, il la regarde, ce n'est plus cette inconnue, c'est celle qui l'a tant aimé. Il la fixe sans souffler mot. Nageant avec entrain, il se met à la suivre, il ose commencer à lui parler. Elle lui sourit, elle lui répond, par les dieux, ce sentiment dans son fort intérieur. C'est ça être heureux? Il l'avait oublié, oui, il avait oublié ce sentiment, il avait oublié combien elle était importante pour lui.
Mais... Il ne veut pas la quitter, pas encore, non, il fallait qu'il réussisse à s'enchaîner à elle, qu'il s'accroche à elle sans pour autant passer pour un détraqué, il en avait besoin, c'était une nécessité!


Sans rien dire, il commença à se laisser couler, la laissant l'aider, sentant avec plaisir la douceur de ses bras l'attraper. Nivalis, si elle voulait se faire appeler ainsi, comme elle le souhaitait, elle restait toujours sa femme, sa beauté, sa magnifique Nessa...
Répondre


Atteindre :