Transition troublante
#1
Ehluine avait attendu le retour de l'arpenteuse, et elle serait toujours en train de l'attendre si un chevalier n'était pas apparu subitement demandant à lui parler. Il semblait peu enclin à la discussion mondaine, mais au contraire était mandaté par l'ordre du temple d'Asteras pour lui demander de venir à Asteras afin d'être jugée pour le meurtre d'Isaldur.

Elle se demandait comment il pouvait l'avoir reconnue, et également comment la nouvelle de la mort d'Isaldur avait pu parvenir si vite aux oreilles des autorités d'Asteras. Mais ne voulant pas engager une lutte verbale, ni physique, avec ce chevalier imposant, elle obtempéra et le suivi presque sans discuter.

Durant le voyage, le chevalier garda le silence, et lorsqu'ils arrivèrent aux portes d'Asteras, dame Ajila les attendait à la grande porte. Celle-ci lui expliqua qu'Ehluine devait rester dans l'enceinte de la ville jusqu'à nouvel ordre.

Depuis, elle avait erré en ville en attente de ce procès dont elle ne comprenait pas vraiment les tenants. Elle s'était occupée a l'académie de magie, et dans quelques magasins, mais cela ne suffisait pas a faire baisser la tension du procès à venir. Ses pas la menèrent sur les hauteurs des remparts où elle aimait venir lorsqu'elle avait besoin de méditer sur son futur.

Si elle avait agi en tirant sur Isaldur, et le tuant par la même occasion, c'était pour arrêter un conflit imbécile entre elfes et nains autour de l'arpenteuse, et non pas avec pour intention de tuer un elfe pour le plaisir. Elle se rendait compte a nouveau qu'elle ne supportait plus l'air de suffisance de ses frères de race, leur arrogance, leur envie d'imposer leur ligne de conduite. Le chevalier même qui était venu la chercher avait eu une façon de délivrer son message qui ne lui convenait plus.

Ehluine ne savait pas comment elle pourrait défendre sa position face a des accusateurs, justifier son geste qui n'était peut-être pas si facilement justifiable. De plus, il faudrait qu'elle cache ses propres sentiments qu'aucun jury n'approuverait. En effet, elle n'avait eu aucun remord à tuer Isaldur et y avait même prit plaisir. Elle ne comprenait pas d'où venait ce goût pour le sang, mais il semblait que depuis ce sentiment ne disparaissait pas dans son cœur, malgré tous ses efforts.
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#2
Asteras. La nuit était presque noire. Elle avait prit sa décision, elle quitterait la ville sans attendre le procès. Celui-ci tardait a venir, et elle n'avait de plus aucune envie d'avoir a justifier son geste.

De toute façon, je n'ai rien qui m'attache a Asteras, pourquoi faire des efforts pour entretenir des relations qui ne m'apportent rien?, pensa t'elle alors qu'elle franchissait les grandes portes. Étrangement, il n'y avait aucun garde cette nuit la. Ou bien avait-elle été suffisamment discrète pour ne pas être vue? La direction qu'elle prendrait, elle y avait réfléchi pendant les jours ou elle attendait ce procès qui ne venait pas.

La capitale naine? Elle ne semblait pas très hospitalière ces temps-ci. Zohran, ou Orryk, elle ne savait plus qui des deux, leur avait dit que n'importe quel elfe n'y était pas les bienvenus.

Rejoindre les compagnons? Elle ne se considérait plus vraiment liée aux compagnons. Elle ne savait pas trop pourquoi, ce lien semblait brisé, et elle n'avait plus de nouvelles d'Irkedask et de Kdashkani. Les autres, les liens n'avaient pas eu le temps de se former suffisamment.

Rejoindre l'arpenteuse? Elle ne savait pas ou elle était. Elle pensait que son amie Gwendolwenn était avec elle, mais elle n'avait pas eu de nouvelles de Gwen depuis un moment déjà, et ne savait pas comment la rejoindre.

Elle avait finalement choisi d'aller vers la foret ou elle avait l'habitude de se retrouver pour réfléchir, et peut-être même s'y installer définitivement. En tout cas, elle avait besoin de se mettre en retrait du conflit elfe-nain qui bien que non officiel, était toujours omniprésent depuis qu'elle parcourait les terres d'Ecridel.
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#3
Alors qu'elle avait fait quelques pas dans la nuit noire, en direction du nord, elle sentit une présence, et une elfe habillée d'une lourde armure lui barra le chemin. Ehluine était surveillée, la liberté de mouvement qu'elle avait a Asteras n'était qu'une apparence!

L'elfe lui demanda pourquoi elle s'éloignait d'Asteras alors que le jugement était prévu dans la ville, puis ajouta que si elle n'y revenait pas, elle s'exposait a une exécution pure et simple. Ehluine tenta de s'expliquer, et aussi d'expliquer ses sentiments vis-a-vis du peuple elfe en général. A ce moment la, Ajila apparut également pour soutenir Ewaren, l'elfe en armure.

A vrai dire, Ehluine n'avait pas vraiment envie d'expliquer ses sentiments, qu'elle même ne comprenait pas vraiment, et devoir en parler ainsi ne lui plaisait pas. A cet instant, elle s'attendait a se faire arrêter et jeter en prison pour haute trahison, mais les paroles d'Ajila la prirent par surprise.

La peine requise pour ce genre de crime est le bannissement. Qu'elle parte maintenant ou plus tard, il n'y aura qu'un tribunal entre deux.
La seule différence, est que lors d'un jugement, elle sera reconnue traîtresse à sa race. Ehluine reconnaît déjà ce fait en se déclarant n'être plus elfe. Alors autant la laisser partir, cela nourrira son ego en lui donnant l'impression qu'elle a fait son choix.


C'était en effet ce qu'elle venait de déclarer a Ewaren. Ajila la laissait donc partir libre! Bien entendu, elle ne savait pas ce qu'elle encourait si jamais elle remettrait les pieds a Asteras, mais ce n'était de toute façon pas son intention.

Ewaren tenta d'autre mots pour faire changer d'avis Ehluine, mais elle venait d'entendre ce qu'il lui fallait. Elle rabattit sa cape et disparut sans un bruit dans la nuit en direction de la foret du nord. Pour elle, une nouvelle vie commençait.
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#4
Elle était soulagée de sortir d'Asteras, et de pouvoir enfin éviter la présence d'elfes autour d'elle. Ce n'était pas qu'elle ne les supportait pas, mais plutôt que certaines attitudes la mettait en colère facilement maintenant, surtout les attitudes vis a vis des nains.

Elle marcha par intermittence durant toute la nuit, s'arrêtant plusieurs fois pour se reposer. Lorsqu'elle faisait cela, elle se mettait dans un état proche du sommeil mais qui lui permettait de se réveiller au moindre danger. Enfin, le matin pointait a peine lorsqu'elle commença a voir le début de la foret, but de sa marche.

C'est alors qu'elle aperçut une elfe approcher. Elle hésita a bifurquer pour l'éviter, mais finalement continua dans la même direction. Arrivant a sa portée, elle s'arrêta pour la dévisager. Faisait-elle partie des flèches d'argent? Dans ce cas, elle pourrait très bien vouloir l'attaquer? C'était une possibilité, et Ehluine garda la main sur son arc, prêt a l'utiliser si besoin.

L'elfe était d'une taille moyenne, a la peau pale, et avait de longs cheveux longs qui tombaient jusqu'au niveau de ses hanches. Elle portait une epee qui devait être lourde mais pourtant ne semblait pas faire d'effort pour la tenir. Elle ne semblait pas agressive, et Ehluine se détendit un peu.

Ventai, elfe.

Elle fit un signe signifiant qu'elle était une amie. Elle ne voulait pas trop dire plus avant de connaître les intentions de l'elfe aux cheveux blonds. Celle-ci avait quelque chose de mystérieux. A ses habits, elle ne semblait pas venir d'Asteras, peut-être était elle une fille de Tilador, ou bien qui vivait dans les bois?
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#5
En été les bois sont secs et odorants. L'elfe marche sur un parterre d'herbes brulées et des fleurs aux couleurs vives. A l'entrée des sous bois, toute la nature rayonne de teintes vives et de rayons d'or. Elle n'y prêtre aucune attention. Son regard porte sur un autre monde. Il ne ressemble en rien à celui-ci.
Elle marche mécaniquement, le pas assuré par les longues heures d'entrainement. Seule une petite chanson, qu'elle fredonne, la relie à cette réalité.


*Lorsque viendra l'hiver, l'hiver sauvage qui tuera colline et forêt ;
Lorsque les arbres tomberont et que la nuit sans étoiles dévorera le jour sans soleil

Les bois sont déserts. Ceux de sa race sont loin, le champ de bataille n'est plus qu'un lointain souvenir pour Orme. Il n'est pas dans sa réalité immédiate, elle a déjà oublié les raisons de ce conflit. Ce monde est devenu absurde.

*Lorsque le vent sera à l'est mortel, alors dans la cinglante pluie,
Je te chercherai et t'appellerai ; je reviendrai vers toi !

Elle ne voit pas approcher la silhouette. La guerrière n'aurait pas vu venir un ours. C'est avec le même regard vide qu'elle bouscule la femme elfe. Elle n'y aurait pas prêté attention en temps normal. Un elfe ce n'est pas très intéressant, il y en a plein partout.

*Lorsque viendra l'hiver et que les chants finiront ; lorsque les ténèbres tomberont enfin;
Lorsque sera brisé le rameau stérile, et que seront passés la lumière et le labeur

Orme aurait continué son chemin sans l'étrange regard, à peine entre-aperçu de la voyageuse. Ses yeux semblaient ternes et vides. Mais en même temps, une petite étincelle étrange luisait faiblement au fond des yeux. Comme si elle cherchait son chemin dans l'esprit embrumé de l'archère.

*Je te chercherai, et je t'attendrai, jusqu'à ce que nous nous rencontrions de nouveau ;
Ensemble nous prendrons la route sous la cinglante pluie !

Dans un autre monde, l'elfe s'arrête et salue la rencontre inattendue. Qui aurait fait attention à ce genre de détail ? ... Orme avait toujours subit cette malédiction. Les gens étaient comme des images ouvertes pour elle. Cela faisait longtemps qu'elle n'aimait plus ce qu'elle pouvait y voir.

« Tu as l'air complètement perdue. Pourquoi tant de craintes ?»

La bretteuse dévisage maintenant la belle jeune femme qui a tant d'émotions contradictoires dans les yeux.


(*Le poème est un extrait de la chanson des Ent, de J.R.R Tolkien, les Deux Tours.)
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#6
L'elfe l'avait bousculée, cela fit sourire intérieurement Ehluine. Elle ne semblait même pas faire attention au monde qui l'entourait.

Perdue?

Ehluine répondit d'un ton sec.

Non, je sais très bien ou je vais. Je me rend dans ces bois.

Elle fit un signe de la main indiquant les bois derrière Orme, regrettant presque tout de suite son geste. Si elle commençait a montrer ou elle allait, comment pourrait-elle espérer y être tranquille?

Elle dévisagea l'elfe qui soutenait son regard. C'était la première fois qu'une autre personne lui demandait ce qu'elle ressentait. Elle avait été surprise par cette question simple, et ne savait comment y répondre.

Pour la crainte ... tout le monde a peur. Que ce soit sur des dangers réels, ou de la crainte de ne pas savoir que faire face au monde ou a ceux qui le peuplent.

Mais ... il me semble que tu ne m'as pas dit ton nom?
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