L'enfant de l'aube rougeoyante
#1
Le soleil s'élevait peu à peu dans le ciel teinté de mille roses, réveillant tout en douceur la faune et la flore de la forêt de Tilador. Dans un bruit imperceptible, les tiges des plantes s'étiraient et tournoyaient sous la brise du matin. Une brise invisible qui emportait les effluves de toutes les fleurs sauvages qu'elles fussent minuscules ou imposantes, solitaires ou foisonnantes. Les lieux transpiraient de liberté. Aussi, quelques fruits mûrs pendaient gaiement des tiges, menaçant de tomber. Leur chair sucrée attirait les papillons dont les battements d'ailes sous l'aube rougeoyante étaient pareils au clignotement des étoiles. Les feuilles trilobées des hibiscus venaient chatouiller les nervures blanches des boutons floraux pubescents. Les belles hermaphrodites s'ouvraient alors, déployant leurs pétales mauve comme les oiseaux s'apprêtent à voler. Dans chaque recoin, s'éveillaient un rongeur et une fleur, à l'ombre d'un champignon ou d'un rocher. La végétation, toute luxuriante, recelait de nombreux trésors dans un amas confus de couleurs et de formes. Invisible dans ce fatras, une jeune plante s'épanouissait loin de l'herbe grasse. Seule à s'ouvrir au-dessus d'un tapis d'aiguilles, surplombée par les hauts conifères de la forêt, la fleur découvrit ses pétales rouge pourpre. Sa gorge carmin attirait l'oeil sur son coeur doré. Au milieu des étamines jaune d'or, apparut un petit être à peine visibile à l'oeil nu.

Un insecte?
Non.
La forme du bel objet était élégante et inhabituelle. Maintes fois, les ménestrels avaient conté les récits des fées, laissant croire que ces dernières existaient. Peut-être que cette chose-là, au coeur des pétales fraîchement dépliées, était une fée.

Toutefois, on s'apercevait après bon nombre de lunaisons que la fée n'avait point d'ailes. Seule une aura densément magique se dégageant de l'enflant des fleurs indiquait quelque singularité. Toujours, la fillette semblait baigner dans une lumière tiède et volatile. Ses cheveux avaient poussé incroyablement vite. Ceux-ci s'arrêtaient dans le creux de son dos, preuve qu'elle avait grandi. Intensément bleue, la chevelure était imprégnée de magie. Néanmoins, tout chez elle n'avait pas cette odeur particulière. Elle portait des vêtements, comme chacun - une robe modestement brodée, rien de très extravagant - et possédait des loisirs ou autres occupations. La famille qui l'avait recueillie habitait le très sympathique village Tilador. Les habitants s'étaient d'abord interrogés sur la venue de l'enfant puis ils avaient fini par l'accepter. De fait, les artisans de la ville, et en particulier le forgeron réputé de fort caractère, chérissaient la fillette. Dès que ceux-ci la remarquaient sur la grande place, ils délaissaient leurs activités pour la rejoindre et lui remettre quelque présent. Une petite pièce d'or, un morceau de pain de seigle, une friandise, parfois-même une fiole.
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